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"Les médias veillent, dormez citoyens"vieuxcmaq, Domingo, Abril 22, 2001 - 11:00
Julien Boisvert (boisvert@caramail.com)
Voilà le slogan qu’on peut lire sur des autocollants qui tapissent la ville de Québec depuis l’ouverture du Sommet des Amériques, le 20 avril. Il en dit long sur l’humeur des manifestants à l’endroit de la couverture médiatique, déplorée pour son sensationnalisme et son indifférence face au message lancé par les citoyens " Les médias veillent, dormez citoyens ! " Voilà le slogan qu'on peut lire sur des autocollants qui tapissent la ville de Québec depuis l'ouverture du Sommet des Amériques, le 20 avril. Il en dit long sur l'humeur des manifestants à l'endroit de la couverture médiatique, déplorée pour son sensationnalisme et son indifférence face au message lancé par les citoyens. " C'est pathétique, on n'est vraiment pas si loin du roman 1984 ", regrettait hier Geneviève Bouchard, une étudiante en linguistique venue de Montréal. Chose étrange, les journalistes rencontrés dans la rue partageaient une opinion semblable. Ils reconnaissaient volontiers que les enjeux de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) se sont faits voler la vedette par les émeutes policières. Aucun d'entre eux n'acceptait pourtant la responsabilité d'un tel traitement médiatique, préférant rejeter le blâme sur les règles du marché. " La rédaction d'un journal ne fait qu'anticiper le goût des lecteurs, pour lui offrir ensuite le type d'information qu'ils demandent ", répondait Carole Duffrechon, envoyée du journal français Libération. Plutôt inconsciemment, les journalistes interviewés ont donc tous souligné les effets que la marchandisation du monde engendrent sur leur profession. Les idées sont évacuées au profit d'images spectaculaires, bien meilleures vendeuses. Et la compétition entre les médias exacer- D'autres facteurs joueraient également en faveur d'une couverture déficiente des événements. Plongés dans une manifestation, les journalistes ne rencontreraient pas des conditions propices à la cueillette de témoignages consistants. " Tout va toujours trop vite ", répondait une journaliste du Vancouver Sun. Selon Carole Duffrechon, la longueur des articles y serait aussi pour beaucoup. La tendance étant aux articles de plus en plus petits, seuls des informations sans développement y trouveraient leur place, par exemple les chiffres concernant le nombre d'arrestations ou le montant des dégâts matériels. Ailleurs dans les Amériques, les médias sont tentés tout autant de détourner l'attention vers les affrontements violents. À Sao Paulo, nous disait une journaliste de la Brazil News Agency, la journée du 20 avril a été ponctuée d'une soixantaine d'arrestations au cours de manifestations de solidarité avec l'opposition présente à Québec. Dans la presse nationale, près de " 80% du contenu des nouvelles a porté sur les heurts entre les deux camps, et 20% environ sur les revendications des militants ". La journaliste brésilienne ajoutait néanmoins que les abus policiers étaient largement rapportés dans les médias, en raison des ressentiments toujours vifs hérités de la dictature militaire. Reste qu'une couverture médiatique, qui se concentre de façon équitable sur les violences commises et par les manifestants et par les forces de répression, n'en continue pas moins à évacuer le message et les idées à l'origine même de la manifestation. Pire encore, le caractère illégitime des contestataires est renforcé auprès de la majorité silencieuse. Partant de cette phrase de Noam Chomsky : " La propagande est aux sociétés démocratiques ce que la matraque est aux dictatures ", quel qualificatif pouvons-nous maintenant donner à l'État canadien, lequel emploie à la fois la propagande et la matraque ?... |
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