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Que faut-il entendre par « mondialisation » ?

vieuxcmaq, Domingo, Abril 22, 2001 - 11:00

Danic Parenteau (parenteau@hotmail.com)

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Essai d'une définition du terme de « mondialisation » ?

Que faut-il entendre par « mondialisation » ?

Qu’entend-on par la « mondialisation » ? À titre provisoire, limitons, d’une manière restrictive, l’emploi du terme « mondialisation » pour désigner ce phénomène récent et qui gagne de plus en plus en force, celui du développement des échanges entre les hommes : échange de messages (communication), de valeurs (échanges culturels), de marchandises (commerce), de capitaux (transaction financière), etc. Il faut reconnaître dans ce phénomène deux éléments qui permettent d’expliquer le caractère « mondial » qui le distingue de tout développement similaire qu’a connue l’humanité dans son histoire : d’une part, développement des moyens d’échange, et d’autre part, augmentation des agents participant à ces échanges. Analysons-les séparément.
Premièrement, c’est d’abord une augmentation de la portée géographique des moyens d’échange qui a rendu possible ce développement des échanges. C’est bien d’ailleurs dans la mesure où ces moyens d’échange ne connaissent aujourd’hui plus de limites géographiques, puisque désormais aucun des bouts du monde ne peuvent leur échapper, que l’on peut à ce titre parler d’une « mondialisation ». Ensuite, ce développement des échanges tient à une augmentation quantitative des moyens d’échange disponibles, en termes absolus, leur nombre, et en termes relatifs, d’une plus grande accessibilité de ceux-ci. Enfin, il faut reconnaître une amélioration de la qualité et de l’efficacité de ces moyens d’échange, en termes de volume et de vitesse d’échange. La raison de ce développement des moyens d’échange tient essentiellement en un progrès technologique (Internet, téléphonie mobile ou par satellite, télévision, transport aérien, routier, etc.).
Deuxièmement, l’augmentation du nombre des agents qui prennent part à ces échanges tient d’abord en une plus grande diversité dans la provenance de ceux-ci. Bien que ce soit encore majoritairement les riches ou les occidentaux qui participent le plus à ces échanges, de plus en plus de gens de toutes provenances sociales, culturelles ou linguistiques peuvent maintenant y accéder. La cause de ce phénomène tient assurément en une plus grande accessibilité de ces moyens d’échanges, mais fondamentalement, cela tient en une raison plus profonde. C’est un changement dans les esprits, d’une ouverture de l’horizon de tous et chacun qui permet, en partie, d’expliquer la mondialisation. En effet, depuis la chute du second monde, celui du Bloc de l’est, il n’existe plus qu’un seul monde, tant au niveau de l’espace géographique, mais aussi au niveau de l’espace culturel. Le tiers-monde ayant disparu, emporté par la disparition du premier monde, lui-même emporté par la chute du second monde, il ne reste donc plus qu’un seul monde. Notre monde, c’est aujourd’hui le monde entier. En plus d’une mondialisation des moyens, il convient donc aussi de reconnaître une mondialisation des horizons.
Ainsi, d’un développement des moyens d’échange résulte une augmentation du nombre des agents et par ailleurs, l’augmentation du nombre des agents se traduit par un développement des moyens d’échange. Bref, la machine s’emballe et c’est ce qui explique que ce phénomène gagne de plus en plus en force.
Mais pourquoi pareil phénomène doit-il faire l’objet de tant d’opprobre ? Deux raisons essentielles. Dans un échange, il faut distinguer le moyen, ce qui transmet, de ce qui est transmis, l’« objet » échangé (par exemple dans une communication, le mode de transmission du message, dans une transaction financière, l’opération du capital, dans le commerce, la distribution de la marchandise, etc.).
Premièrement, le moyen. On pourrait s’opposer à ce phénomène en arguant du non-intérêt de vouloir échanger avec tout le monde alors même que bien souvent on n’entretient que peu d’échanges (échanges entendu dans son sens de communication) avec son propre voisin. Nous devrions donc chercher à mieux échanger avec notre proche entourage plutôt qu’avec ceux de l’autre bout du monde. Contre pareil argument, on pourrait affirmer qu’un plus grand échange tout azimut devrait se traduire par un meilleur échange partout et ce même au niveau local.
Deuxièmement, l’objet échangé. Puisque dans un échange, il n’y a que très rarement un rapport d’égalité entre les divers agents, c’est donc toujours le plus fort des agents qui parvient à maîtriser l’échange en sa faveur. L’échange devient domination. Et c’est ici que surgit le problème du néo-libéralisme (J’entends par « néo-libéralisme », un système de valeurs en provenance du domaine de l’économique, celui du libéralisme, qui cherche aujourd’hui à déborder de ce strict milieu afin de s’imposer dans des domaines autres, tel que l’éducation, la culture, la vie familiale, etc. On peut aussi parler de « marchandisation »). Puisque les plus puissants des agents prenant part aux échanges sont ceux qui dirigent l’économie mondiale, les « grands décideurs du monde » et que ce qu’ils cherchent à « échanger », c’est leur néo-libéralisme, voilà pourquoi nous ¾ nous tous, de partout sur la planète ¾, sommes de plus en plus confrontés à ce néo-libéralisme. Pour le dire autrement : nous sommes de plus en plus forcés de nous plier à cette domination néo-libérale. Et face à cette domination, il n’y a que deux solutions : la soumission et ainsi devenir à son tour un « petits décideurs du monde » ou la résistance.
Toutefois, bien en deçà de ce qui est transmis à travers ce moyen, c’est-à-dire, le néo-libéralisme, on pourrait aussi reconnaître que dans le moyen lui-même ¾ et nous revenons de cette façon à notre première critique de la mondialisation, comme moyen ¾ est déjà à l’œuvre le néo-libéralisme. Le néo-libéralisme, n’est-il pas justement cette volonté de toujours plus échanger, avec le plus grand nombre possible d’agents, le plus grand nombre d’objets possible ? Y a t-il de projet plus néo-libéral, que celui du plus d’échanges, c’est-à-dire du libre-échange ? La mondialisation, comme phénomène, n’est-elle pas la manifestation par excellence du néo-libéralisme ? La mondialisation, ne serait-elle pas l’arme utilisée par les « grands décideurs du monde » afin de conquérir le monde ? En effet, puisque la mondialisation, c’est le développement d’échanges qui sont fondamentalement favorable au plus puissants de ceux qui prennent part à ce processus et que ceux-ci sont aujourd’hui les « grands décideurs du monde », leur conquête du monde ne passerait-elle pas précisément par le développement des échanges entre les hommes ? Cette analyse permettrait ainsi d’expliquer la grande difficulté d’échapper à la mondialisation quand bien même l’on tentait d’y résister. Ce phénomène de la mondialisation n’aurait donc rien du phénomène neutre, puisqu’il serait le résultat d’une action animée par des intérêts particuliers : quand bien même nous cherchions à y résister, à rester dans notre monde (en supposant que celui-ci n’a pas encore été conquis par le néo-libéralisme), nous finirions par être rattrapé par cette mondialisation de la domination néo-libérale ou plus justement par ceux qui cherchent à nous trouver, animé qu’ils sont du désir ardent d’« échanger » avec nous ?
Pour conclure, le caractère confus du terme de « mondialisation » ne tiendrait-il pas de ce double rapport entre néo-libéralisme, en tant que valeurs et mondialisation, en tant que simple phénomène, celui du développement des échanges entre les hommes ? Ne tiendrait-il pas de la complexité de ce double rapport moyen-objet : le moyen qui transmet un objet d’échange qui n’est nul autre que le désir de développer ce moyen d’échange ? Cela ne permettrait-il pas d’expliquer l’emploi souvent inapproprié du terme « mondialisation » afin de désigner ce qui est en vérité du néo-libéralisme ou a son emploi moins restrictif afin de désigner ce double rapport confus — rapport qui n’est pourtant pas lui-même, la « mondialisation » —, qu’elle entretient elle-même avec le néo-libéralisme, à savoir la mondialisation de la domination néo-libérale. Comment, dès lors que ces distinctions ont été établies, chercher à résister non pas à la mondialisation, tout court, mais au néo-libéralisme, donc à la mondialisation de la domination néo-libérale ?

Danic Parenteau
Attac-Sorbonne
pare...@hotmail.com



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