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Non à la dollarisation, oui à la dignitévieuxcmaq, Viernes, Abril 20, 2001 - 11:00 (Analyses)
Catherine Lavoie (cj_lavoie@hotmail.com)
Compte-rendu de la conférence sur la dollarisation, organisée par Alternatives, le 19 avril 2001. Non à la dollarisation, oui à la dignité Par Catherine Lavoie On dit souvent que le néolibéralisme et la mondialisation ont la capacité de détruire la souveraineté nationale des États. Certains pays d’Amérique du Sud – le Panama, l’Équateur et le Salvador, par exemple, sont déjà victimes de ce phénomène alors qu’ils ont abandonné leur monnaie nationale au profit du dollar américain. Une conférence sur la dollarisation, organisée par Alternatives le 19 avril, a permis à plusieurs de mieux comprendre ce phénomène économique, complexe en apparence, et dont les coûts sociaux sont extrêmement élevés. Michel Chossudovsky, célèbre économiste à l’université d’Ottawa, a fait la remarque que la dollarisation – comme un grand nombre d’autres sujets – n’étaient pas à l’ordre du jour Sommet des Amériques. Selon lui, la raison est simple : la ZLEA entraînerait de facto la dollarisation des Amériques. Il est évident qu’un accord de libre-échange panaméricain contiendrait des clauses sur la déréglementation des services financiers. Ce sont les puissantes banques américaines qui contrôleraient alors la création monétaire et les pays du continent se verraient ainsi forcés d’adopter la devise américaine. Mais la dollarisation peut également se faire de manière plus subtile. Selon monsieur Chossudovsky, le FMI, en échange de prêts accordés à des pays dont la situation économique est difficile, peut exiger la dollarisation de l’économie nationale. Blanca Chancoso, vice-présidente de la CONAIE (Confédération des nations indigènes de l’Équateur) est bien placée pour parler de dollarisation. En janvier 2000, le président équatorien annonçait la dollarisation de l’économie nationale. Selon madame Chancoso, les effets de la dollarisation ont été dévastateurs. On sait par exemple que les prix des biens de consommation ont connu une forte augmentation – jusqu’à 60% à Quito, la capitale du pays. La dollarisation nécessite une grande discipline fiscale : si les impôts ont augmenté, l’accès aux services sociaux demeurent extrêmement limités. Les salaires et le pouvoir d’achat sont en chute libre. Mais pire que tout, Blanca Chancoso affirme que l’Équateur a perdu sa souveraineté nationale et sa dignité en abandonnant sa monnaie. La dollarisation implique effectivement la perte de contrôle national sur toute politique monétaire. Les Américains, responsables notamment de frapper la monnaie, détiennent alors l’ensemble du pouvoir macroéconomique. Paulo Vizentini, professeur dans la maintenant très célèbre ville de Porto Alegre, est tout à fait en accord avec monsieur Chossudovsky en affirmant lui aussi que la ZLEA conduirait à la création d’un Empire américain. La dollarisation est une des étapes de l’hégémonie puisqu’elle constitue un changement culturel. Les jeunes générations qui utilisent la devise américaine dans leur vie quotidienne sympathisent plus facilement avec l’américan way of life. Selon monsieur Vizentini, les gouvernements latino-américains suivent un chemin extrêmement dangereux en considérant la dollarisation de leur économie nationale. Les problèmes sociaux et économiques qui en découlent sont trop nombreux pour que cette solution soit envisageable. Sachant que l’Amérique latine constitue pour les États-Unis la première étape de la construction d’un Empire à l’échelle mondiale, lutter contre la ZLEA et la dollarisation devient une véritable question de survie. |
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