Pour rétablir la confiance du public envers les politiciens, il faut donner plus de pouvoir aux simples députés, selon Jean-Pierre Charbonneau, président de l'Assemblée Nationale. Pour le fondateur du Forum des parlementaires des Amériques, il est primordial que les chefs d'états cessent de se comporter comme des monarches élus, comme dans le cas des négotiations de la ZLEA. Mais pour obtenir ces changements, la marche sera longue, de dire Charbonneau.

QUÉBEC (PUIQ)--Revitaliser le processus démocratique au Québec et dans les Amériques doit prendre la forme d'un engagement à long terme, selon Jean-Pierre Charbonneau, président de l'Assemblée Nationale.

"Il ne faut pas que vous veniez militer juste dans les prochains jours [pour plus de démocratie] et ensuite arrêter. Si vous êtes a Quebec juste parce que c'est un gros trip ou juste parce vous voulez vous faire du fun, c'est mieux que vous restiez chez vous," de dire Charbonneau, qui s'adressait à quelques dizaines de militants lors d'une conférence sur la démocratie dans les Amériques tenue au cégep de Limoilou le 17 avril.

Le président de l'assemblée parlementaire provinciale a fait des vagues la semaine dernière alors qu'il publiait une lettre ouverte au Devoir critiquant les chefs d'état américains. Ces derniers se comportent comme des "monarches élus" dans le contexte des négotiations de la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA), soutient Charbonneau.

"En agissant comme s'ils étaient des monarches élus à la tête d'oligarchies politico-technocratiques, les chefs d'état des 34 pays d'Amérique ne contredisent pas seulement leur but premier de renforcer la démocratie, mais ils accentuent aussi la tendance mondiale vers la marginalisation des parlements," écrivait Charbonneau.

La vraie democratie ne prévaut pas, à " des comportements absolutistes et autoritaires," ajoutait-t-il.

Si la population en général a une si grande méfiance des politiciens, c'est que ces derniers brisent sans cesse leurs promesses. "Lorsque je suis devenu président de l'Assemblée Nationale, l'Actualite publiait un sondage indiquant que seulement 4% de la population faisait confiance au politiciens. Et la marge d'erreur du sondage était de 4%."

"Pour moi, l'essentiel de mon message c'est qu'il n'y a rien de pire pour qu'un politicien perde son honneur que de faire le contraire de ce qu'il dit ou de ne pas être assez courageux et prendre les décisions difficiles."

Par exemple, le libéraux de Jean Chrétien avait promis de ne pas signer l'Accord de libre échange nord-americain (ALENA) durant les élections fédérales en 1993. Cependant, aussitôt au pouvoir, il ont signé l'ALENA. Ils sont maintenant en bateau, faisait la promotion de la Zone de libre échange des Ameriques (ZLEA) à plein poumons. Et le processus de négotiation de la ZLEA, qui se fait a huis clos, n'a rien pour augmenter la confiance de la population envers les politiciens.

Charbonneau demande plus de pouvoir pour les parlementaires élus. Un pouvoir qui est plus souvent qu'autrement concentré entre les mains des ministres et du premier ministre seulement. Cependant, il n'est pas prêt a se prononcer sur une démocratie representative qui donnerait une voix à plus de partis d'opposition.

"Mes collegues disent que le président de l'Assemblée Nationale ne devrait pas se prononcer à savoir si on devrait avoir un vote proportionnel ou pas."

Charbonneau ajoute que la ligne de parti devrait être à tout le moins dessérée afin de permettre un vrai débat parlementaire. Il donne l'exemple du sénat américain qui a vote contre une loi proposant des exemptions fiscales sur l'héritage des familles riches. Ce projet de loi, soutenu par George W. Bush, est mort au sénat, car trois senateurs républicains ont decidé de voter avec leur conscience, avance Charbonneau.

Pour rétablir la confiance du public envers les politiciens, il faut donc donner plus de pouvoir au simples députés. Pour le fondateur du Forum des parlementaires des Amériques, il est primordial que les chefs d'états cessent de se comporter comme des monarches élus, comme dans le cas des négotiations de la ZLEA. Mais pour obtenir ces changements, la marche sera longue, de dire Charbonneau.
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