ZLÉA: un chèque en blanc

Du 20 au 22 avril prochain se tiendra à Québec le Sommet des Amériques qui réunira 34 chefs d'états des Amériques (à l'exception de Cuba). À ce sommet sera négocié l'établissement d'une zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) qui mènera vraisemblablement à la signature d'un accord qui étendrait les termes de l'Accord de libre-échange nord-américain (L'ALENA) aux trois Amériques.

L'accord de libre-échange des Amériques (ALEA) vise une plus grande libéralisation des marchés, donc l'élimination de tout ce qui pourrait constituer un obstacle au commerce. Le problème c'est que parmis ces "obstacles", il y a des choses aussi importante que les droits humains, les droits des travailleurs et les lois environnementales ! Des items comme le salaire minimum, les congés parentaux et l'équité salariale pourraient être considérés comme des obstacles !

Les négociations seront tenues à huis clos sans que la population puisse y avoir accès et y donner son avis. De plus, on refuse de rendre public les textes des négociations avant que le Sommet ne soit terminé, en évoquant les besoins de traduction, comme si personne au Québec ne comprenait l'anglais!

Si l'accord de la ZLÉA est signé, les gouvernements qui "nuiraient" au commerce en invoquant un droit humain, ou une loi environnementale s'exposerait à des poursuites de la part des compagnies ainsi "lésées". L'article 11 de l'ALENA permet d'ailleurs déjà aux compagnies de le faire. Ainsi "... la compagnie américaine Sun Belt Water poursuit la Colombie Britannique (entre 1,5 et 10,5 milliards de dollars) (...) pour lui avoir refusé un permis d'exportation d'eau par vraquiers..." (Recto Verso, nov-déc 2000).

De plus, "Le Canada a dû verser une compensation de 19 millions de dollars à la compagnie (américaine aussi) Ethyl parce qu'il avait interdit l'aditif à carburant MTT, dangereux pour l'environnement et la santé publique (...) Le Canada a même dû présenter des excuses (...) et affirmer que son produit était sans danger..." (même source). Le conflit du bois d'oeuvre est un autre bon exemple. Si un gouvernement a le choix entre le mépris d'une loi environnementale ou humaine et des poursuites, il est aisé de deviner quel camp il choisira...

En outre, un gouvernement voulant favoriser une industrie locale (par une subvention, par exemple) pourrait être accusé de protectionnisme ! Avec ZLÉA, les pays perdront leur souveraineté et nombreux seront les domaines ou ils ne pourront plus légiférer! La ZLÉA est un chèque en blanc donné aux compagnies, un contrat signé les yeux bandés ! Et ce genre d'accord est généralement signé pour de très longues périodes (20 ans, par exemple).

Des mesures de sécurité dignes de la crise d'octobre 1970 ont été prises pour la tenue du sommet. Un périmètre de sécurité de 3,8 km composé de clôtures barbelées (!) entourera le lieu des négociations et les citoyens habitant à l'intérieur du périmètre devront se munir de laisser-passer pour entrer et sortir! On va également vider la prison d'Orsainville afin de faire de la place pour les manifestants qui pourraient être arrêtés. Si on ajoute à tout ça le poivre de cayenne, les gazs lacrymogènes et les matraques, nous avons une bonne idée du sens que le gouvernement donne à la liberté d'expression...

À ce sujet, le Réseau québécois pour l'intégration continentale (RQIC), Alternatives et d'autres regroupements organisent le second Sommet des Peuples, qui se tiendra du 17 au 21 avril à Québec. Ce sommet alternatif se veut un outils d'information et de sensibilisation qui permettra à la population de s'informer et de s'exprimer. Au programme: conférences, teach in, théâtre de rue et manifestations.

Il nous faut réagir! Nous devons lutter pour que la population puisse donner son avis et exprimer sa désaprobation! Nous devons nous informer, lire des journaux alternatifs, consulter des sites web, en parler autours de nous! On peut écrire à des émissions de télévision et de radio, des bulletins de nouvelles, des journaux et des magazines pour leur dire que nous voulons de la vraie information! Écrire à des regroupements ouvriers, écologistes ou féministes, à des forums de discussion!

En terminant, quelques petits conseils aux manifestant-e-s: des pancartes au lettrage clair, épais et contrasté par rapport au carton (blanc sur noir ou noir sur jaune). De quoi faire du bruit, une liste de slogans, de bonnes chaussures de marche, de la monnaie, callepin et crayons! Il est conseiller d'écrire le nom de notre avocat ou d'un proche sur l'avant-bras et d'apporter de la nourriture riche en protéine (c'est pratique d'avoir mangé si en cas d'arrestation.) Les filles concernée devraient s'amener assez de serviettes sanitaires (les tampons portés trop longtemps peuvent causer un choc toxique et la mort)

En cas de grabuge, plusieurs couches de vêtements solides aux couleurs discrètes, une encolure large, (pour éviter de se faire étrangler), le moins de boutons possible (et je ne parle pas d'acné!), pas de foulard ni bijoux, les cheveux long attachés ou rentrés dans les vêtements, des lunettes de sécurité (style menuiserie) en cas d'aspersion poivrée et/ou de l'eau pour les yeux ou pour aider les autres aspergé-e-s, casque de vélo (en cas de coup de matraque) et, pourquoi pas, proègs-coudes et protège-genoux! De plus, pas de drogue ni rien qui ressemble à une arme, même jouet. On manifeste PACIFIQUEMENT! Pas de vandalisme ni d'insultes! L'escouade tactique serait trop heureuse qu'on lui fournisse un prétexte aux abus! Bon militantisme à tou-te-s! Certains de ces conseils proviennent d'Opération SalAMI.

Voici quelques sites utiles:

-www.sommetdespeuples.org
-www.alternatives.ca/rqic
-www.quebec2001.net
-www.OQP2001.org