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La lutte des paysans sans terres du Brésil : parce qu’un autre monde est possiblevieuxcmaq, Martes, Abril 17, 2001 - 11:00 (Analyses)
Richard Fecteau (rfecto@hotmail.com)
Pour le Sommet des peuples, nombre d’organisations paysannes d’Amérique latine sont présentes pour exprimer d’une même voix un message très clair : l’agriculture est intouchable. Son caractère fondamental pour toute société ne saurait permettre qu’elle se désagrège dans une mondialisation des marchés où la nourriture est vue comme une banale marchandise. Le Mouvement des paysans sans terre du Brésil est un des porte-parole de ce ras-le-bol généralisé au sein des paysanneries d’Amérique latine. CMAQ (Québec), 17 avril 2001 Pour le Sommet des peuples, nombre d’organisations paysannes d’Amérique latine sont présentes pour exprimer d’une même voix un message très clair : l’agriculture est intouchable. Son caractère fondamental pour toute société ne saurait permettre qu’elle se désagrège dans une mondialisation des marchés où la nourriture est vue comme une banale marchandise. Le Mouvement des paysans sans terre du Brésil est un des porte-parole de ce ras-le-bol généralisé au sein des paysanneries d’Amérique latine. La lutte pour la terre, une lutte pour la vie Le Brésil est une terre de contrastes vertigineux. La meilleure illustration de l’inégalité qui y règne est certes la concentration de la propriété de la terre : 1% de la population y détient près de 50 % des terres cultivables, essentiellement à des fins de spéculation et pour fuir une inflation encore galoppante. La redistribution des terres, une revendication traditionnelle des mouvements paysans latino-américains, est restée lettre morte malgré les promesses flateuses de tous les gouvernements qui se sont succédé. Face à cette inéquité, une seule solution : lutter. Lutter pour la terre, parce que sans elle, aucun salut n’existe pour les 8 millions de paysans exclus par les oligarchies depuis des siècles. Depuis 20 ans, les paysans s’organisent, et le Mouvement des paysans sans terre constitue leur fer de lance. Au cours des dernières décennies, le MST s’est fait connaître par sa stratégie très claire : occuper et produire. En masse, les paysans sont résolu à prendre leur destin en main et compenser pour l’absence de volonté d’agir où l’État brésilien. Si les propriétaires des latifundios, ces vastes propriétés axées sur l’exportation, ne veulent pas se départir de gré de leurs terres, il devront être mis devant le fait accompli. Tel est le contexte dans lequel le Brésil se trouve alors qu’il doit aujourd’hui affronter une concurrence internationale féroce : inutile de dire que les dés sont pipés et que les populations rurales se sont forgé une opinion sur une mondialisation excluante. Les raisons de rejeter le projet de ZLÉA… Vilson Santin, du Mouvement des paysans sans terres du Brésil (MST), n’y va pas par quatre chemins : "La Zone de libre-échange des Amérique est à rejeter puisque les principes qui la guident sont créateurs de pauvreté. En plus d’acccroître des injustices héritées de l’époque coloniale, l’intégration économique mine la souveraineté des États et leur enlève toute possibilité de promouvoir un développement plus humain." De son avis, le projet de ZLÉA est l’expression d’une tendance séculaire, celle de l’impérialisme américain sur tout l’hémisphère. Dans le cas précis du Brésil mais aussi pour l’ensemble de l’Amérique latine, cet impérialisme est un dragon à plusieurs têtes : il est non seulement économique mais, aussi et surtout, politique et culturel. Ainsi, "la ZLÉA serait la porte d’entrée pour la création d’un continent où le dollar américain s’imposerait à tous les pays." … parce qu’un autre monde est possible Telle est la conclusion à laquelle en sont venus les participants au Forum Social Mondial tenu à Porto Alegre, au sud du Brésil, au cours du mois de février 2001. Face à l’intégration des marchés, les participants au Forum ont mis de l’avant un projet qui place l’être humain au centre des préoccupations. Nous nous trouvons visiblement en présence de deux mondes qui ne parlent pas le même langage. Alors que les chefs de gouvernements parlent de croissance, d’exportations et de produit intérieur brut, des paysans aux yeux brillants comme Vilson Santin continuent une lutte éternelle : celle de la dignité humaine, une nécessité impérieuse souvent oubliée qui rime avec éducation, avec santé, avec logement. |
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