Le cégep du Vieux-Montréal a depuis longtemps une tradition d’engagement. Personne ne sera alors étonné alors qu’il soit le cégep le plus mobilisé du Québec en vue du Sommet des Amériques.

Montréal- La mobilisation pour les manifestations qui se tiendront à Québec en marge du Sommet des Amériques va bon train au cégep du Vieux-Montréal. Au moment de mettre sous presse, les inscriptions pour les autobus dépassaient tous les espoirs. En tout, plus de 400 personnes se seraient inscrites sur les listes de transport de l’association étudiante. Et c’est sans compter le syndicat des professeurs qui a nolisé un autobus et les nombreux étudiants qui se rendront à Québec par leurs propres moyens : en auto, en vélo ou « sur le pouce ».

« Ça va super bien ! On a rempli les dix autobus qu’on avait réservé… » explique Rémi Bourget, responsable générale de l’association étudiante. Même que la mobilisation est victime de son succès : « Financièrement, comme les autobus ont augmenté, il ne reste plus beaucoup de marge de manœuvre, mais on va s’arranger, soit avec d’autres associations étudiantes, soit avec des syndicats pour que tous puissent se rendre à Québec», enchaîne-t-il.

Le financement est effectivement un problème de logistique énorme pour les organisateurs. C’est que les propriétaires d’autobus ont augmenté leurs prix de façon considérable pour l’événement (près du double dans certains cas). Pour expliquer cela, les propriétaires affirment qu’ils sont victimes d’une hausse de prime de la part de leurs compagnies d’assurance qui craignent de la casse. Pour les groupes antimondialisation, il s’agit d’une opération menée par les forces de police pour empêcher les gens d’aller manifester. Manifester est un droit démocratique garantit par les chartes des droits et libertés.

C’est Opération Québec Printemps 2001 (OQP 2001) qui est en charge de coordonner l’hébergement et l’approvisionnement des manifestants. Grâce à eux, les étudiants du cégep pourront être logé au cégep Félix Garneau, à Ste-Foy. Pour l’instant, 8000 personnes ont fait des demandes de logement à OQP. Comme tous les hôtels, auberges, motels de la région sont déjà loués aux participants des deux sommets, l’organisme a dû se tourner vers les institutions scolaires pour loger les manifestants. Seulement 3000 places ont été trouvées jusqu’à maintenant.

La Ville de Québec n’aide pas du tout les choses même si son maire, Jean-Paul L’allier, s’est dit en défaveur de la mondialisation des marchés. Craignant d’évacuer la ville en cas de force majeure, Québec a réservé tous les espaces libres en banlieue de la capitale. Si rien n’est fait, des milliers de militants devront coucher à la belle étoile entre le 20 et le 22 avril. Chez OQP, on se dit quand même confiant de résoudre le problème.

Autre aspect qui a de quoi donner des mots de têtes aux organisateurs des protestations : la nourriture. Alors qu’à OQP ont prépare de la nourriture, au cégep, l’association étudiante organise présentement une guignolée (!) pour rassasier le plus de gens possible à Québec. « On demande quand même aux étudiants d’amener des gamelles ou de l’argent au cas où », prévient Rémi Bourget de l’AGECVM.

Une grève pour le sommet

Un peu comme ce fut le cas lors du sommet du Québec et de la jeunesse, il se tiendra le 18 avril prochain, à 13h30, une assemblée générale dans le but de déclencher une grève pour permettre à tous les étudiants désireux de se rendre manifester sans manquer de cours. La grève devrait durer deux jours, jeudi et vendredi puisque le sommet se tient en grande partie en fin de semaine, bien que certains étudiants parlent de la prolonger jusqu’à lundi. Aucun étudiant ne devrait être pénalisé par cette mesure puisque le syndicat des professeurs a lancé un mot d’ordre qui va dans ce sens. Même l’administration aurait fait sa part en conseillant aux professeurs de ne pas donner d’examens dans la semaine suivant le Sommet. Pour que la grève soit légitime, elle devra être votée par au moins 10% des membres de l’AGECVM, soit 615 étudiants.

Ailleurs en province, la mobilisation suit son cours. Il y a une semaine, la moitié des associations étudiantes collégiales de la province se sont réunis à Sherbrooke pour lancer un appel à la grève. On y a aussi discuter stratégie.

La majorité des cégeps affiliés à la FECQ (13 en tout) ne devraient pas débrayer. Depuis l’annonce de la publication des textes de la ZLÉA, la fédération ne juge pas opportun d’agir ainsi. Elle préconise plutôt des levées de cours étant donné que les 34 pays ont accepté de dévoiler les 900 pages de textes de négociation. Les textes ne seront dévoilées toutefois qu’après le Sommet des Amériques car les textes ne seraient pas traduits en anglais et en portugais. Curieux, puisque la ministre des relations internationales du Québec, Louise Beaudoin, a pourtant entre ses mains ces textes dans la langue de Molière.

Des milliers d’étudiants issus de cégeps et d’universités québécoises devraient tout de même converger vers Québec la semaine prochaine.