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Lettre ouverte à José BOVE:vieuxcmaq, Miércoles, Abril 4, 2001 - 11:00
Jamila EL IDRISSI (urfig.jel@noos.fr)
Nous t’écrivons parce que nous venons de lire un article dans le journal " Le Monde " daté du 25 mars qui nous plonge dans l’incompréhension la plus totale. Comme nous ne sommes pas de ceux qui aboient avec les chiens et comme nous préférons vérifier auprès de l’auteur d’un propos plutôt que de faire confiance à ceux qui le rapportent, nous nous permettons de te demander des clarifications qui s’imposent. Paris, le 27 mars 2001 A l’attention de José BOVE Bien Cher José, Nous t’écrivons parce que nous venons de lire un article dans le journal " Le Monde " daté du 25 mars qui nous plonge dans l’incompréhension la plus totale. Comme nous ne sommes pas de ceux qui aboient avec les chiens et comme nous préférons vérifier auprès de l’auteur d’un propos plutôt que de faire confiance à ceux qui le rapportent, nous nous permettons de te demander des clarifications qui s’imposent. Dans cet article, qui te cite à plusieurs reprises, tu sembles étroitement associé à la création de Global Citizen Initiative (CGI). Or, toujours selon cet article, CGI semble se résigner au lancement d’un nouveau cycle de négociations à l’OMC. CGI considère l’adaptation de l’OMC à la nouvelle dimension des problèmes comme " inévitable et logique ". L’OMC serait même, grâce à son universalisation progressive, contrainte inéluctablement à instaurer la " démocratie économique en son sein ". Selon " Le Monde ", tu apporterais ta caution à cette analyse. Il nous semble pourtant que cette analyse s’éloigne terriblement des constats partagés par tous ceux qui se sont lancés dans la remise en cause de l’OMC, que ce soit avant Seattle ou après. Un nouveau cycle de négociations n’est pas inéluctable. Ce qui est incontournable, c’est la réunion statutaire d’une conférence ministérielle. Mais la formidable résistance des pays du Sud, si elle se maintient, notamment grâce au soutien de tous les mouvements, peut faire barrage à un nouveau cycle de négociations et imposer ce qui a été exigé sans relâche sous le slogan des 3 R : review, repair, reform. L’OMC ne se réformera pas d’elle-même. Elle l’aurait déjà fait. Au contraire, et les propositions de réformes avancées par la Commission européenne vont dans ce sens, c’est le renforcement du statu quo qui est l’obsession de ses responsables. Mike Moore a déclaré qu’on ne renoncerait jamais à la technique de la " green room " et la Commission européenne, en langage plus diplomatique, ne dit rien d’autre. Les pays du Sud ont eu la preuve éclatante de l’égoïsme et du cynisme des acteurs influents de l’OMC tout au long des épuisantes négociations sur la mise en œuvre des accords existants au terme desquelles ils n’ont quasi rien obtenu. Comment placer dès lors sa confiance dans la capacité d’une telle institution à prendre en considération le point de vue de la majorité de ses membres ? Ce n’est pas de démocratie économique dont a besoin le commerce mondial et tu l’as dit toi-même si souvent et avec quelle éloquence. C’est de démocratie tout court. Les règles du commerce doivent être insérées dans une hiérarchie des droits qui font passer le vivant (animal, végétal et humain) avant l’argent. L’OMC doit cesser de concentrer des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires, concentration qui est à l’origine de son caractère oligarchique. L’Organe de règlement des différends doit être sorti de l’OMC et réformé de telle sorte qu’il obéisse aux principes généraux du droit. Certains accords doivent échapper à la compétence d’une OMC même réformée. Rien ne peut être acquis à l’OMC si, d’emblée, on cède sur le principe d’un nouveau cycle de négociations, ce à quoi se résigne GCI. Les ambassadeurs d’un certain nombre de pays du Sud viennent de le redire, arguments à l’appui, lors d’un séminaire organisé par Third World Network (voir SUNS du 16 mars 2001). Au même moment où, avec la bénédiction du directeur général adjoint de l’OMC, était lancé GCI, à l’initiative de Public Citizen se réunissaient soixante militants venus des cinq continents pour préparer la stratégie en vue de la conférence ministérielle au Qatar. Au même moment aussi, et pour la première fois, c’est l’OMC qui réagissait à une initiative de l’internationale civile en publiant 16 pages d’une argumentation spécieuse et fallacieuse pour dénoncer notre campagne contre l’AGCS. Dans une tel contexte, la démarche de GCI apparaît comme une brèche dans une résistance qui offrira désormais les marques de la division. Pascal Lamy et Mike Moore doivent être fous de joie ! Voilà, Bien Cher José, ce que nous pensons et ce que nous ressentons. Nous souhaitons vivement que l’article du journal " Le Monde " ne corresponde pas à la réalité. Mais dans cette hypothèse, à laquelle nous osons encore espérer, il t’appartient de mettre les choses au point. Reçois, Bien Cher José, l’expression de nos sentiments fraternels |
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