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Le Diktat américain au Moyen-Orient et à l’ONU

vieuxcmaq, Sábado, Marzo 24, 2001 - 12:00

Gwendal Hameury (gwendal82@hotmail.com)

Le colloque de deux jours intitulé « IRAK, prendre la pleine mesure de la guerre et des sanctions », organisé par le réseau québécois pour la levée des sanctions contre l’Irak, prenait fin hier à l’Université de Montréal.

Parmi les invités, Phyllis Bennis, chercheure à l’Institute for Policy Studies de Washington, a longuement décrit les conséquences des sanctions américaines sur la population irakienne depuis la fin de la « Guerre du Golfe » il y a dix ans. Spécialiste des questions relatives aux Nations-Unies, elle a en outre expliqué comment les États-Unis avaient pris le contrôle sur cette organisation afin de l’utiliser comme outil de sa politique expansionniste.

L’embargo américain

Sur le plan international, on observe actuellement un mouvement d’opposition grandissant à la politique de sanctions américaines à l’encontre de l’Irak.

Selon Phyllis Bennis, ces sanctions font mourir, chaque mois, près de 4000 enfants irakiens. Les services essentiels de santé et d’éducation sont dans un état déplorable, l’Irak est exsangue et certains n’hésitent pas à parler de génocide. Pourtant les Nations-Unies n’interviennent pas…

Le 12 mai 1996, Madeleine Allbright, alors ambassadrice des États-Unis à l’ONU, expliquait à la télévision américaine que pour se « débarrasser » de Saddam Hussein, cet embargo et la vie d’un demi-million d’enfants « en valait la peine ».

Or on sait que les dirigeants irakiens sont toujours en place. Les sanctions n’ont touché que la population civile et n’ont pas eu les conséquences politiques escomptées. Malheureusement les États-Unis refusent de lever l’embargo.

Est-ce à dire que les Américains décident quand bon leur semble si les droits humains doivent être respectés ? Madame Bennis en est convaincue.

États-Unis et ONU

« L’ONU est utilisée et abusée par les États-Unis », explique l’auteure de How Washington dominates today’s UN. Cette institution créée pour garantir la paix, n’a servi, selon elle, qu’à maintenir la domination des vainqueurs de la dernière guerre. À la chute du bloc soviétique, le monde est devenu unipolaire et les États-Unis, en utilisant « une politique de menaces et de pots de vin », ont pris le contrôle des Nations-Unies.

« Si vous voulez convaincre le monde entier que vous êtes une super-puissance, il vous faut une guerre, explique la chercheure, l’invasion du Koweït par l’armée irakienne a fourni aux américains une prétexte pour intervenir militairement et justifier leur statut d’unique super-puissance». Il y avait pourtant une solution politique à ce problème, mais il fallait aux Américains une victoire éclatante.

Cette intervention au Koweït a été négocié avec la Chine et la Russie au sein même du siège des Nations-Unies. « Seuls Cuba et le Yémen ont voté contre cette résolution. Et ils en ont payé le prix, car actuellement on ne peut pas aller à l’encontre de la politique américaine sans risquer des sanctions », ajoute-t-elle.

Mais l’Irak n’était pas le premier pays a envahir son voisin depuis l’avènement des États-Unis comme super-puissance. Le Maroc dans le Sahara occidental, Israël au Liban ou encore la Turquie à Chypre l’avaient fait précédemment. Et on remarquera que les États-Unis n’ont pas trouvé nécessaire, à l’époque, d’intervenir pour régler ces conflits.

L’expansionnisme américain

La « Guerre du Golfe » était donc préméditée et visait à l’établissement d’une politique expansionniste américaine au Moyen-Orient. Selon Madame Bennis, cette politique se basait sur trois points : renforcer la position de leur allié israélien au Moyen-Orient, « pacifier » la région, et enfin, prendre le contrôle sur le pétrole.

On sait que le contrôle de « l’or noir » est un élément important dans l’évaluation de la puissance d’un pays. Un pays exportateur tel que l’Arabie Saoudite en tire de très gros bénéfices et, de facto, un statut de puissance régionale incontesté.

Mais le pétrole revêt également une importance capitale pour des puissances occidentales dépendantes des fluctuations du prix du baril. Les États-Unis, en intervenant au Koweït, ont mis un pied dans une région qui était traditionnellement sous influence européenne. Mais surtout, en prenant le contrôle de l’OPEP, ils ont montré au monde entier que désormais ils étaient les «maîtres du monde».

Gwendal Hameury



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