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Le monde changevieuxcmaq, Miércoles, Marzo 21, 2001 - 12:00 (Analyses)
Pierre-Olivier Parent (poparent@hotmail.com)
Tentative de vulgariser les enjeux de la mondialisation pour LE MONDE CHANGE Pierre-Olivier Parent et Antoine Bélair, "Aujourd'hui, en toute démocratie (…), on oblige chacun des gouvernements nationaux à privatiser les profits et à socialiser les déficits. On les entend dire tous les jours, on veut votre bien… pis on va l'avoir!" Quotidiennement nous sommes confrontés à un discours qui clame la réussite des démocraties industrialisées d'Occident. D'autres analyses nous décrivent pourtant simultanément un monde en perdition dans lequel le pouvoir serait concentré entre les mains d'une très faible minorité. Où se situer face à ces deux visions contradictoires? Les journaux, la radio, la télé abordent parfois le thème de la mondialisation pour ne finalement parler que des escarmouches entre policiers et opposant " anti-mondialisation " et ce sans jamais traiter de ce qu'elle implique réellement. Nous parlons de globalisation et de mondialisation à tort et à travers sans en cerner les véritables enjeux. Mais qu'est-ce que la mondialisation? Bien en tant que telle, la mondialisation n'est pas mauvaise en soi, c'est l'ouverture sur le monde et ses beautés, sur les cultures des autres peuples ainsi que sur de nouvelles réalités. Dans un monde aussi complexe que celui dans lequel nous vivons, cette ouverture sur le monde constitue une occasion d'améliorer la condition humaine. Ce qui se passe aujourd'hui à l'échelle planétaire se veut beaucoup plus une globalisation économique qu'un véritable développement des relations humaines entres les différents peuples. Cette globalisation vise tout d'abord l'ouverture des marchés et ce, en uniformisant les sphères culturelles et sociales de la vie humaine. Selon cette logique, tous les domaines de l'activité humaine se doivent d'être rentables quoi qu'il en coûte. Ce processus est le résultat d'une démarche ayant débuté il y a beaucoup plus longtemps qu'on pourrait le croire. Auparavant, il était davantage question de mobilisations locales visant à contrer un aspect spécifique des mesures en œuvre, par exemple une manifestation voulant dénoncer des coupures dans les services sociaux dans un pays en particulier. En 1999, pour une la premières fois on assista à Seattle à une mobilisation monstre qui fit converger les revendications de divers groupes vers une seule et même cause. Les institutions créées à la fin de la Deuxième Guerre mondiale à Bretton Woods ( New Hampshire) furent identifié comme étant à la source d'une grande partie des problèmes socio-politiques actuels. On parle ici du Fonds Monétaire International (FMI) , de la Banque Mondiale (BM) et du Gatt (General Aggrement on tarif and trades), devenu depuis l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ces organisations avaient à l'origine un but louable, celui de reconstruire l'économie mondiale suite à l'écroulement de l'Europe pendant la Guerre. Les statuts du FMI nous montre le mandat précis qu'il s'était donné : " Faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce international et contribuer ainsi à l'instauration et au maintien de niveaux élevés d'emploi et de revenu réel et au développement des ressources productives de tous les états membres, objectifs premiers de la politique économique" Une telle définition des objectifs s'avère malheureusement très peu en accord avec la réalité. Le contexte économique et social ayant changé, les objectifs ont eux aussi changés. Au début des années 80, le FMI est devenu un agent de contrôle des créanciers sur les pays sous-développés, de telle sorte qu'il assure la domination économique de l'Occident sur ces pays. Cette mise sous tutelle se fait au moyen du contrôle de l'endettement et des prêts, les pays bénéficiaires se voyant dans l'obligation de modifier leur politique nationale pour répondre aux exigences des créanciers. Il est important de noter que les États-Unis ont un pouvoir décisionnel prépondérant dans cette institution car dans le conseil d'administration du FMI, chaque pays détient un nombre de votes proportionnel à sa richesse. À l'heure actuel, l'endettement des pays pauvres est estimé à plus de 2000 milliards (!) de dollars US. Ce fardeau énorme empêche ces pays de se développer et contribue à les maintenir dans un état de dépendance constant. Ils se retrouvent ainsi aux prises avec de graves problèmes de famine, de maladies contagieuses que l'on croyait bien souvent éradiquées ainsi qu'une désorganisation des institutions nationales. Pourtant, à l'aube du 21ième siècle, nous aurions les moyens technologiques d'enrayer une bonne partie des problèmes de malnutrition et de fournir un niveau de vie décent pour la population mondiale. Alors quels sont donc les impacts de l'application d'un cadre économique sur les différentes sphères de l'activité humaine? Les politiques d'ajustement structurel du FMI, principal outil de contrôle sur les pays sous-développés, entraîne un chaos social se reflétant dans de nombreuses révoltes populaires souvent très violentes. À Caracas (Venezuela), en février 1989, le prix du pain ayant augmenté de 200%, le président Pérez décréta l'état d'urgence et dépêcha l'armée dans les quartiers pauvres suite à des manifestations populaires violentes. Celui-ci avait pourtant dénoncé le FMI qui met en œuvre " un totalitarisme économique qui ne tue pas avec des balles mais avec de la famine". Les sources officieuses estimèrent à environ 1000 morts le nombre de victimes suite aux émeutes qui sévirent pendant 3 jours. Tout ce processus de globalisation de l'économie entraîne les pires inégalités jamais connues depuis la révolution Industrielle. Par exemple, les Américains dépensent 30 milliards de dollars en Pepsi et Coca-Cola, soit presque le double du produit national brut du Bangladesh. Un paysan philippin doit travailler pendant deux ans pour obtenir ce qu'un avocat de Wall Street gagne en une heure! Les trois personnes les plus riches du monde possèdent une fortune supérieure au PIB des 48 pays les moins avancés du globe. Ce processus ne touche pas uniquement les pays sous-développés, même ici, nous constatons que les citoyens ont de moins en moins de contrôle et de choix dans leur vie quotidienne. Par exemple les conglomérats agro-industriels contrôlent en grande partie la nature des produits que l'on retrouvent sur les marchés. En Amérique du Nord, 70% de l'industrie de la viande dépend de 4 conglomérats : Iowa, Conagra, Cargill et Framland. Aux États-Unis, 96% des bovins abattus et vendus par ces mêmes compagnies sont traités aux hormones. La consommation de ces hormones fut estimée dangereuse pour la santé humaine par la Commission européenne en 1988, qui décréta l'interdiction totale de ces hormones dans l'élevage des animaux. Selon la revue Science, l'administration de ces hormones provoquent de nombreux problèmes et handicapes chez les porcs, notamment des claudications, et une mauvaise coordination des mouvements . À quand un amendement à la Charte de l'ONU octroyant le droit du citoyen à décider du contenu de leur assiette? Le cadre socio-économique que l'on tente de nous imposer manque gravement de vision à long terme, on cherche entre autres à réduire le vivant à un état de marchandise et à enlever tout pouvoir décisionnel au citoyen, faisant de lui un simple consommateur. J'achète donc je suis résume bien la philosophie occidentale de surconsommation. Pourtant, en adoptant le sens commun, on pourrait bien se conforter en se rappelant que nous vivons dans une "démocratie" donc que nos représentants gouvernementaux veillent à nos intérêts et qu'ils ne prendraient pas certaines orientations qui pourraient s'avérer réellement nuisible pour la majorité. Nos gouvernements entretiennent en fait un véritable dialogue de sourd avec la société civile. À l'aube du sommet des Amériques en avril 2001, qui s'avèrent une étape primordial dans tout ce processus de globalisation des marchés, il est interdit au simple citoyen de consulter les textes de négociations de l'entente. Le gouvernement fédéral a refusé dernièrement de rendre public ces textes lors d'un vote à la Chambre des Communes le 19 février dernier. En ce moment, les seules personnes ayant accès aux documents sont les membres du Congrès américain à Washington et il y a fort à parier que les grande firmes transnationales ont eu la chance d'approuver ces accords… Certains se demanderont pourquoi on entend si peu parler de ces enjeux qui auront un impact majeur sur notre vie à tous. Ainsi lorsqu'on jette un coup d'œil à la structure de nos médias on voit bien que leur organisation ne peu assurer une objectivité totale de leur contenu informatif. À l'échelle nationale, 95% des informations qui nous parviennent est contrôlé par deux méga-entreprise Power Corporation (La Presse) et Quebecor (Journal de Montréal) qui totalisent ensemble un avoir de plus de 26 milliards de dollars. L'agence de presse Associated Press fournit quant à elle mondialement 1800 journaux et 7000 stations télés et radios avec les même images et communiqués. Nos médias se retrouvent entre les mains d'immenses conglomérats ayant divers intérêts parfois contradictoires, ce qui altèrent l'objectivité du contenu et contribue à modifier et détourner notre perception du réel. Un excellent exemple de cette concentration est le géant General Electric, un conglomérat de 111,6 milliards possédant entre autres des intérêts dans l'électroménager, l'industrie médicale et l'armement, eux qui sont les principaux actionnaires du réseau américain NBC. Tout ceci est très inquiétant lorsqu'on sait que l'accessibilité à une information juste et de qualité est à la base de l'exercice même de la démocratie. Lorsque les médias d'information sont sous contrôle corporatif, il y a lieu de se demander pour quels intérêts ils travaillent . Le monde change. Les théories marxistes qui étaient, il y a encore quelques années, le credo de ralliement des opposants au capitalisme ne tiennent tout simplement plus la route depuis la chute du Bloc Soviétique. On entend la gauche usée qui nous parle encore de lutte de classes entre bourgeoisie et prolétariat. Le contexte socio-économique actuel s'inscrit dans une réalité qui est complètement différente de celle décrite par Marx en 1848. L'histoire est en marche et l'avenir qu'elle nous réserve n'est peut-être pas aussi rose que certains pourraient tenter de nous le faire croire. Dans des réunions comme celles qui aura lieu à Québec en avril prochain, les grands de ce monde bâtiront notre avenir sans qu'on soit consulté. Il nous appartient à nous, la jeune génération, de faire savoir dans quel monde nous voulons vivre plus tard et d'utiliser tous les moyens possibles pour que notre avenir nous appartienne. Nous devons d'abord comprendre le monde dans lequel on vit pour le changer, même si les réalités qu'on y trouve ne sont pas toujours belle à voir. Le monde dans lequel on vit est en mouvement et il devient impératif que les jeunes prennent conscience du rôle décisif qui leur incombe. Source : 1. La mondialisation de la pauvreté - Michel Chossudovsky |
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