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Journée internationale contre la brutalité policière: Compte-rendu de la manif du 15 mars 2001 !

vieuxcmaq, Lunes, Marzo 19, 2001 - 12:00

CitoyenNEs OpposeEs a la Brutalite Policiere (cobp@hotmail.com)

MONTREAL, 18 mars 2001- Environs 250 personnes prennent les rues de Montreal lors de la manif du jeudi 15 mars 2001 organisee par CitoyenNEs OpposeEs a la Brutalite Policiere (COBP) dans le cadre de la Journee Internationale contre la Brutalite Policiere.

Tout au long de la marche, qui dura pres de deux heures, une certaine retenue fut constatee tant du cote des manifestantEs que de celui des flics. Il n'y a donc aucune arrestation, ni aucune action directe d'entreprise contre la propriete privee ou contre les flics, contrairement aux deux dernieres annees. Deux aspects, sur lesquels nous reviendrons plus loin, distinguent la manif du 15 mars 2001 de celle des autres annees.

CitoyenNEs OpposeEs a la Brutalite Policiere (COBP)

Communique de presse
Pour diffusion immediate
JOURNEE INTERNATIONALE CONTRE LA BRUTALITE POLICIERE
CINQUIEME EDITION

*Compte-rendu de la manif du 15 mars 2001 !

plus :
*Tensions avec les cameras de television !
*Papa-Manseau en remet !
*La situation des accuseEs arreteEs durant les 15 mars 2000 et 15 mars 1999 !

MONTREAL, 18 mars 2001- Environs 250 personnes prennent les rues de Montreal lors de la manif du jeudi 15 mars 2001 organisee par CitoyenNEs OpposeEs a la Brutalite Policiere (COBP) dans le cadre de la Journee Internationale contre la Brutalite Policiere.

Tout au long de la marche, qui dura pres de deux heures, une certaine retenue fut constatee tant du cote des manifestantEs que de celui des flics. Il n'y a donc aucune arrestation, ni aucune action directe d'entreprise contre la propriete privee ou contre les flics, contrairement aux deux dernieres annees. Deux aspects, sur lesquels nous reviendrons plus loin, distinguent la manif du 15 mars 2001 de celle des autres annees.

Premierement, la volonte, exprimee par COBP et partagee par l'ensemble des participantEs, de maintenir a distance les camera-video des reseaux de television de la manif; deuxiemement, l'ombre de la repression policiere, celle contre la manif du 15 mars 2000 en particulier et contre les manifs radicales en general, qui a plane lourdement au-dessus de la tete des opposantEs.

L'evenement annuel debute a 17h00 par une serie de discours au carre Berri, le lieu du point de rendez-vous comme c'est maintenant devenu une tradition. Les activites se deroulant dans le cadre de la Journee Internationale contre la Brutalite Policiere furent enumerees: Autriche, Colombie, France, Grande-Bretagne, et plus pres de nous, Drummondville, Toronto et Winnipeg.

Ensuite, le porte-voix fut offert a quiconque voulait prendre la parole, et un manifestant descendu de Quebec pour la cause en a profite pour annoncer la marche funebre, qui s'est deroulee deux jours plus tard dans la vieille capitale, contre le perimetre de securite du Sommet des Ameriques.

Avant meme ces prises de parole, deux agents se sont approches de la foule pour tenter de denicher des "leaders" qui auraient accepte un tete-a-tete avec eux. Leur tentative s'etant soldee par un echec previsible, l'un des agents s'est adresse a la foule avec un minuscule megaphone a peine audible, pour demander aux manifestantEs de marcher dans le sens du trafic automobile, et a meme pousse l'ironie jusqu'a souhaiter "bonne chance" aux participantEs. Bien entendu, les deux flics ne s'eternisent par sur les lieux.

Toutefois, si les forces de la repression se soustraient discretement a la vue des manifestantEs tout au long du parcours, la colonne de vehicules de l'escouade tactique (1) suit parallelement les deplacements a seulement quelques rues d'intervalle, demeurant ainsi prete a intervenir en tout temps.

Le premier arret durant la marche est sur le boulevard Saint-Laurent, a l'endroit meme ou le policier Michel Garneau a abattu d'une balle dans la nuque le jeune Martin Suazo, le 31 mai 1995, alors que ce dernier n'etait pas arme et cooperait avec les agents procedant a son arrestation pour une plainte suite a un vol de bermudas. En guise de "sanction", le flic Garneau a recu 45 journees de conge de la part du comite de deontologie policiere, le 1er mars dernier.

Les manifestantEs commencent par se rendre devant le Shed Cafe, le bar yuppie sur le boulevard Saint-Laurent ou Jean-Pierre Lizotte est sauvagement battu, le 5 septembre 1999, tout d'abord par le portier Steve Deschatelets, ensuite, par le policier Giovanni Stante, a l'epoque constable au poste de quartier 19, avec l'aide d'un de ses collegues dont l'identite est toujours cachee au public par les autorites.

J-P Lizotte, qui est itinerant et atteint du VIH, meurt de ses blessures le 16 octobre suivant a l'hopital, mais la nouvelle n'eclate qu'au mois de decembre en raison d'une tentative de cover-up de la part de l'etat-major du Service du Police de la Communaute Urbaine de Montreal (SPCUM), avec le silence complice des autorites politiques municipales et provinciales.

Stante et Deschatelets doivent retourner comparaitre au Palais de justice le 30 avril prochain pour repondre aux accusations d'"homicide involontaire", de "voies de faits graves" et "voies de faits avec lesion". Puis, les manifestantEs se remettent en marche, et, apres un long detour, aboutissent devant le nouvel edifice qui hebergera d'ici peu le quartier general du SPCUM, au 1441 Saint-Urbain. Les travaux de reconversion de l'edifice en une forteresse high-tech abritant 450 employeEs du SPCUM couteront au moins 13 millions$.

Le nouveau QG disposera, entre autres, d'un centre de controle pour gerer les "crises majeures", comme les catastrophes naturelles et les emeutes. Ainsi, une fois le dispositif en place, l'etat-major du SPCUM pourra diriger les operations policieres en les suivant en direct sur des grands ecrans qui projetteront des images "live", et a l'aide de cartes geographiques detaillees de la metropole mesurant 22,7 metres.

Des l'arrivee devant le 1441 St-Urbain, plusieurs manifestantEs se mettent a bombarder les vitres avec des balles de neige. Toutefois, la foule ne traine pas longtemps devant les lieux etant donne que des informations pour le moins alarmistes laissaient croire a l'imminence d'une intervention de l'escouade tactique.

Le COBP a ensuite annonce qu'il terminait la manif a l'angle des rues Sainte-Catherine et de Saint-Denis, car le parcours qu'il avait prevu s'arretait a cet endroit. D'ailleurs, au coin de rue suivant, a l'Est, l'ensemble des vehicules de la force de frappe repressive etait stationne la, et des dizaines de flics en tenue de combat attendaient l'ordre pour intervenir. Cependant, un groupe d'une vingtaine d'opposantEs refuse que la manif s'arrete la ("une journee, ca a 24 heures!") et decident de continuer a bloquer cette intersection fort achalandee. Un autre groupe, encore moins nombreux, fait de meme a l'intersection suivante. Le groupe se disperse peu apres avoir ete repousse sur le trottoir par la ligne de police anti-emeute, sans affrontements, ni arrestations.

Tensions avec les equipes de television

Comme on pouvait s'y attendre, de nombreux reseaux de television avaient decide de braver la decision de COBP a l'effet que les cameras de TV ne seraient pas les bienvenues lors de la manif du 15 mars 2001, tel qu'exprimee dans un communique de presse envoye deux jours auparavant.

Le communique en question blamait le laisser-aller des reseaux de television face aux saisies systematiques de la part du SPCUM de leurs images filmees lors de manifestations mouvementees a Montreal. Le COBP s'attardait plus particulierement au fait que l'essentiel de la preuve de la poursuite deposee contre 68 des 112 personnes arretees a la fin de la manif du 15 mars 2000 consiste en six cassettes videos de la SRC, de TVA, TQS et de CBC.

Ainsi, des le debut, un des porte-parole de COBP demanda aux manifestantEs si elles et ils etaient d'accord pour refuser de consentir aux cameras de television le droit de les filmer. La reponse fut un OUI tres clair. Si, de facon generale, les cameras maintiennent une bonne distance d'avec la manifestantEs, a l'instar des flics, certaines equipes de television se montrent plutot dures d'oreille. A plusieurs reprises, des manifestantEs sont obligeEs d'obstruer les lentilles des cameras de tele pour leur rappeler le mot d'ordre en vigueur pour ce 15 mars.

Sur la rue Maisonneuve, une bagarre passe pres d'eclater avec une equipe de TVA qui ne veut absolument rien entendre. L'un des salauds de journalistes va meme jusqu'a donner des coups de trepieds au ventre de plusieurs manifestantEs, qui n'avaient pourtant pas utilise de force physique contre lui.

Cette position face aux cameras de television, qui constitue en quelque sorte une premiere au Quebec et peut-etre meme au Canada, a neanmoins permis d'obtenir un des resultats recherches, c'est-a-dire de poser publiquement le debat sur la saisie par la police du materiel journalistique pour fins d'incriminer des manifestantEs en cour. Des articles dans Le Devoir et dans La Presse du 15 mars 2001 demontrerent que la question ne fait pas l'unanimite dans le milieu journalistique. Dans La Presse, on pouvait lire le commentaire suivant de l'avocat Marc-Andre Blanchard, qui conteste les mandats de saisies devant les tribunaux:

"Le communique [de COBP] prouve ce qu'on a toujours dit: que les gens assimileraient un jour les journalistes a des officiers de police parce qu'on utilise leur materiel a des fins d'enquete ou de preuve". Dans le Devoir, le journaliste Brian Myles reconnaissait qu'il s'agit la d'"Une realite qui suscite bien des debats mais peu d'action au sein de la profession journalistique.

S'il y a tant de "debats" que ca, alors comment se fait-il alors qu'il a fallu attendre un communique de presse du COBP pour que des services d'information daignent soulever la question devant l'opinion publique? Reste a voir maintenant quel impact aura ce debut de debat sur les relations entre l'appareil policier et les reseaux de television, et entre ces derniers et les groupes militants.

En effet, la decision de la Cour superieure du Quebec de valider le mandat de perquisition du SPCUM visant la saisie des cassettes de la manif du 15 mars 2000 avait fait tres peu de bruit, pour ne pas dire qu'elle a ete completement passee sous silence par les principaux interesses de la question de l'"independance et de l'impartialite" des medias...

Papa-Manseau en remet

Le groupe communautaire l'Itineraire et le Mouvement Action Justice (MAJ) ont souligne de leur cote et a leur facon la Journee Internationale contre la Brutalite Policiere en tenant une vigile pacifique en la memoire de Jean-Pierre Lizotte. Quand a Yves Manseau, le dirigeant et unique porte-parole du MAJ, il n'a pas cache son desaccord profond avec la position du COBP sur les cameras de tele.

"Que les cameramen de television soient la, c'est bon pour les citoyens [sic]. Les medias, c'est notre arme la plus importante.", plaide Manseau. Malheureusement, il n'est pas le seul a defendre son a-plat-ventrisme devant l'autorite televisee en entretenant l'espoir naif que sa loyaute envers elle sera recompensee par un gentil clin d'?il de la camera.

Manseau, ce "respectable" opposant, qui a longtemps fait partie de COBP, devrait pourtant etre bien place pour admettre l'evidence: que cette "arme" est davantage controlee par la police que par qui que ce soit d'autre. Par contre, papa-Manseau ne se gene pas de pointer cette arme contre le COBP en lavant son linge sale dans les pages du Devoir en tenant des propos pour le moins denigrants a notre endroit et que nous ne nous abaisserons pas a repeter ici.

Il est desolant, mais point surprenant, que Manseau salisse l'esprit de solidarite qui est suppose animer les opposantEs a l'occasion de la Journee Internationale contre la Brutalite Policiere, dont il a voulu se reclamer apparemment a des fins de recuperation politique.

Manseau et le reste de son groupe semblent trop bornes par la quete de leur propre credibilite pour realiser que, d'un point de vue strictement strategique, d'etaler nos divisions devant l'opinion publique est un manque flagrant de respect qui nuit a l'ensemble des opposantEs impliqueEs, peu importe leur degre de radicalisme ou de moderation.

La situation des accuseEs arreteEs durant les 15 mars 2000 et 15 mars 1999

La manif du 15 mars 2000 avait donne lieu a la casse des vitres du poste de quartier no.19, ainsi que celles de trois McDonald's et d'une banque et s'etait terminee par 112 arrestations. Sur ce nombre, 34 des arreteEs etaient des personnes mineures. Dans tous les cas, sauf dans celui de deux arreteEs, le tribunal de la jeunesse a opte pour des "mesures de rechange", c'est-a-dire aucun casier judiciaire ou probation.

Une des personnes mineures arretee s'est vue imposer une sentence d'interdiction de manifester sur le territoire de Montreal pour une duree d'une annee. L'autre a recu une probation de "garder la paix" pour une annee.

Quant aux arreteEs d'age adulte, 68 d'entre eux et elles ont comparu a la cour municipale de Montreal pour assister a leur enquete preliminaire les 12, 13 et 15 (!) mars derniers. Chacune des 68 personnes accuseEs sont poursuivies sous neuf chefs d'accusation, a savoir "participation a une emeute" et "attroupement illegal" et sont de meme accuseEs d'avoir participe a chacun des "mefaits" qui sont survenus contre la propriete privee ou publique l'an passe. La poursuite, representee par la procureur de la couronne Isabelle Masse, dispose d'un important moyen de pression contre les accuseEs en imposant a chacunEs d'eux et elles d'etre obligatoirement presentEs a chacune des etapes du processus judiciaire. Comme il y a une grande proportion d'accuseEs habitant a l'exterieur de Montreal, en Outaouais, a Quebec et a Drummondville et ailleurs, ces comparutions obligatoires posent toutes sortes d'inconvenients evidents. Par ailleurs, quelques accuseEs qui n'ont pu etre presentEs font desormais l'objet d'un mandat d'arrestation.

Durant l'enquete preliminaire, qui n'est d'ailleurs pas encore terminee, les avocatEs de la defense ont tour-a-tour contre-interroge celui qui est, jusqu'a present, le principal temoin de la poursuite, le commandant du poste de quartier no. 21, Jean-Pierre Symette, qui dirigeait 110 policiers et une quarantaine d'auto-patrouilles lors de la manif du 15 mars 2000. A plusieurs occasions durant les longues et penibles journees d'enquete preliminaire, le baratin du commandant Symette, qui etait souvent si douteux qu'il ressemblait a de la pure provocation verbale, a parfois souleve des reactions houleuses de la part de l'assistance.

Parallelement aux procedures, une reunion de coaccuseEs a pu se tenir apres une des journees de l'enquete preliminaire et, pour la premiere fois depuis les arrestations du 15 mars de l'an dernier, des coaccuseEs de differentes villes ont pu discuter et debattre de la poursuite dont ils et elles font l'objet. De son cote, le COBP a jusqu'a date recueilli 600$ pour un fonds de defense destine aux accuseEs, par des activites benefices.

La prochaine date fixee est le 30 mars, qui n'est qu'un pro-format pour lequel aucunE accuseEs ne sont obligees d'etre presentEs et dont l'objet sera de fixer d'autres dates qui conviendront aux agendas des onze avocatEs travaillant au dossier.

Quant aux personnes toujours accuseEs pour la manif du 15 mars de l'an 1999, le "hasard" a voulu que l'une des trois dernieres accusees ait recu sa sentence le 14 mars dernier, suite a un plaidoyer de culpabilite fait le 30 novembre precedent. Rappelons que, apres que la fin de la manif du 15 mars 1999, cette femme avait ete arretee alors qu'elle tentait d'expliquer les droits a une autre personne qui se faisait menotter, qu'elle a ete plaquee au sol et que quatre gros flics anti-emeute l'ont ecrasee de tout leur poids et que toute cette scene avait ete filmee et diffusee a la television. La sentence imposee, a saveur tres politique, est un couvre-feu de 18h00 a 6h00 AM uniquement en vigueur pour la journee du 15 mars 2001, ainsi qu'une interdiction de se rendre dans le district judiciaire de Quebec du 15 au 25 avril prochain, une "sentence suspendue" de trois mois et une probation de trois ans.

Quant aux deux autres personnes toujours accuseEs, incluant un membre de COBP peu aime des policiers du centre-ville, leur proces s'est ouvert le 30 novembre dernier et se poursuivra a la Cour municipale de Montreal le 22 et 29 mars prochain. Les accusations sont de participation a un "attroupement illegal", "troubler la paix", "bris de probation" et "entrave au travail d'un policier".

LA PROCHAINE ANNEE, IL FAUDRA QUE NOUS SOYONS ENCORE PLUS DE GENS DANS LA RUE! ET EN TOUT TEMPS DURANT L'ANNEE, IL FAUT CONTINUER CHAQUE JOUR LE COMBAT, CAR CHAQUE JOUR AMENE DE NOUVEAUX ABUS QUI FONT DE NOUVELLES VICTIMES! C'EST PAR LA SOLIDARITE ENTRE VICTIMES DE LA REPRESSION, C'EST EN TISSANT DES LIENS ENTRE LES OPPOSANT-E-S DES AUTRES VILLES ET DES AUTRES PAYS QUE NOUS BATISSONS NOS FORCES!

CitoyenNEs OpposeEs a la Brutalite Policiere
Pour rejoindre le COBP
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COBP
a/s La Librairie Alternative
2035 Saint-Laurent 2ieme etage
Montreal, Quebec
H2X 2T3
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boite vocale:
(514) 859-9065
courriel: c...@hotmail.com
Site web: http://www.tao.ca/~cobp/barre.html

(1) Police anti-emeute, specialisee dans le "controle de foule", qui sera
bientot demantelee suite a une decision de la direction du SPCUM.

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