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Grands basculements et alternatives à la mondialisation

vieuxcmaq, Jueves, Febrero 22, 2001 - 12:00

Nynon Lessard (lnynon@hotmail.com)

Compte-rendu de la conférence de Pierre Mouterde, le 18 février 2001, à l'occasion du colloque "La ZLEA: un outil au profit de qui?" à l'université Laval, organisé par l'EUMC-Laval, OQP 2001 et la CAECQ.

(CMAQ) Compte-rendu de la conférence de Pierre Mouterde, le 18 février 2001, à l'occasion du colloque "La ZLEA: un outil au profit de qui?" à l'université Laval, organisé par l'EUMC-Laval, OQP 2001 et la CAECQ. Le conférencier : Pierre Mouterde, professeur de philosophie, journaliste, chercheur, intérêt pour la sociologie des mouvements latino-américains.

À l'heure où le monde semble poursuivre un idéal de restructuration de la société actuelle; à l'heure où les effets inquiétants du néo-libéralisme se font sentir, des luttes s'engagent. Afin de se battre, il convient de faire une réflexion critique et de comprendre le contexte historique pour un combat valable et efficace.

Mise en Contexte

Après la guerre de 1945, trois grands mouvements de pensée, trois grands modèles de lutte alternative, anti-systémique prennent de l'ampleur : le communisme, dans le bloc de l'Est, le social démocrate, en Europe et en Amérique latine et le national populaire, surtout dans les pays colonisés tel l'Algérie, l'Égypte ou l'Inde. L'idéal est le changement en profondeur du système capitaliste.

Combinée à ces idéologies, une vague de démocratisation s'effectue et cette période est nommée les "30 glorieuses". De 1960 à 1970, on remarque une ébullition sociale, un guérillisme farouche. En fait, les couches populaires participent désormais à la politique. Un vent d'espoir balaye les classes populaires.

Pourtant, même si les trois régimes sont prêts à rendre efficiente leurs politiques, en 1970, tout est arrêté. Une régression s'amorce, causée par l'arrivée du néo-libéralisme...

En Amérique latine par exemple, les dictatures s'imposent, marquées par une répression sauvage (présence militaire) des couches populaires. Ces dictatures acquièrent leur liberté totale en matière économique. L'embryon néo-libéral se développe donc et cherche la dislocation des mouvements populaires, anéantissant les efforts de plusieurs années. En Amérique centrale, certains pays étant plus faibles requièrent même les services des États-Unis toujours pour l'écrasement des classes populaires.

Qu'en est-il de l'Amérique du Nord : Mexique, Canada et États-Unis? Il est question d'exception, aucune force militaire n'est nécessaire. Au Mexique, les syndicats corrompus aveuglaient la population. En bref, les couches populaires n'étant pas aussi actives directement, elles avaient déjà assimilé l'embryon du néo-libéralisme; son intégration fût plus aisée, alors le recours à la violence hors contexte.

En 1980, la démocratie redevient sous tutelle (militaire ou internationale) et restreinte. Les revendications populaires ne constituent plus l'essence des prises de décisions. L'argent, les investissements deviennent le moteur de cette démocratie et ce de façon sournoise.

Luttes contemporaines

Il y a donc décomposition des idées passées et recomposition à partir de nouvelles perspectives libérales. Trois attitudes principales sont observées. Premièrement, l'intégration, l'adaptation au modèle néo-libéral avec l'élaboration de clauses sociales. Tout ceci est quelque peu ironique alors que cette nouvelle idéologie ne tient nullement compte des droits humains. Deuxièmement, la crispation défensive sur les acquis qui ne prend pas en considération le contexte actuel, bref hors réalité. C'est notamment le cas de Cuba. Troisièmement, certains groupes comme les Zapatistes au Mexique ou les Indigènes en Équateur recherchent de nouvelles avenues:

- impliquer de nouveaux acteurs sociaux et changer le discours actuel (discours néo-libéral);
- instaurer une démocratie politique et non économique;
- exercice du pouvoir et non la prise du pouvoir;
- perspective éthique, idée d'une politique honnête;
- luttes internationales, le souci de conciliation entre le national et international.

Face à la mondialisation, de nouvelles pratiques sont observées. Certains remettent en cause la disparition culturelle, le questionnement face à la propriété des terres. On retrouve les radicaux se défendant avec les armes, s'attaquant à la logique de fond et finalement d'autres créent de grandes alliances pour disséminer les sectes de mécontentement.

Stratégies envisagées

Afin de préparer la lutte, il est primordial de comprendre la structure du modèle néo-libéral mis en place et surtout d'observer les points nébuleux de cette structure : absence de démocratisation économique, centralité du travail, exercice du pouvoir par l'État et au-delà de l'État (difficilement identifiable) et problème à préciser ce qui est du ressort national ou international. Ces points représentent une "force" pour eux car pour être en mesure de changer les perspectives futures, il faut les tenir en considération et n'étant pas clairs aux yeux de la population, il ne faudrait pas que les attaques soient vaines.

Ces difficultés deviennent donc des nécessités, de là l'importance de ne pas en faire des oublis. Lors d'une bataille, la stratégie s'impose, la connaissance de l'adversaire permet un renversement plus total. Il est question de bataille, mais il s'agit avant tout de politique. Les gens ne croient plus en la politique et il est possible de leur prouver qu'elle peut être propre.

Que les efforts soient fructueux: les mouvements sociaux populaires pourraient s'allier aux luttes plus radicales; se remémorer les expériences passées et les combiner aux nouvelles réalités et finalement s'adosser aux luttes réelles.

Page du colloque sur la ZLEA (16-18 février 2001)
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