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Six jours pour démontrer qu'un autre monde est possible

vieuxcmaq, Miércoles, Enero 24, 2001 - 12:00

BENITO PEREZ (journal@attac.org)

FORUM SOCIAL MONDIAL. Le "Davos du Sud" s'ouvre jeudi prochain à Porto Alegre, Brésil. Des milliers de délégués des mouvements sociaux opposés au néolibéralisme tenteront d'y coordonner leur lutte pour une autre société. Qui reste à inventer.

Dix mille participants, trois mille délégués représentant un millier d'organisations, quatre cents ateliers... Le premier Forum social mondial (FSM), qui se tiendra du 25 au 30 janvier à Porto Alegre, réveille les plus grandes expectatives parmi ceux qui défendent l'idée qu'"un autre monde est possible". Un slogan qui résume bien les deux ambitions que se sont fixées les promoteurs du Forum: fortifier la résistance face à la "mondialisation néolibérale" et élaborer des alternatives.

Article publié par Attac en collaboration avec Le Courrier

FORUM SOCIAL MONDIAL. Le "Davos du Sud" s'ouvre ce jeudi à Porto Alegre, Brésil. Des milliers de délégués des mouvements sociaux opposés au néolibéralisme tenteront d'y coordonner leur lutte pour une autre société. Qui reste à inventer.

Dix mille participants, trois mille délégués représentant un millier d'organisations, quatre cents ateliers... Le premier Forum social mondial (FSM), qui se tiendra du 25 au 30 janvier à Porto Alegre, réveille les plus grandes expectatives parmi ceux qui défendent l'idée qu'"un autre monde est possible". Un slogan qui résume bien les deux ambitions que se sont fixées les promoteurs du Forum: fortifier la résistance face à la "mondialisation néolibérale" et élaborer des alternatives.

LE DAVOS DU SUD

Conçu comme un contrepoids au Forum économique mondial, qui se déroulera simultanément à Davos, l'idée du FSM a germé à Genève lors du Sommet social alternatif en juin dernier. La rencontre genevoise, convoquée pour jeter les bases d'un mouvement citoyen planétaire, avait mis en lumière la nécessité de poursuivre la mise en commun des expériences locales et l'élaboration de stratégies communes. Et, surtout, l'importance d'ouvrir plus largement au Sud des réseaux militants encore largement dominés par les organisations sociales des pays riches. "Seattle, Prague, Washington, Genève, tous les moments qui ont marqué la naissance d'une opposition mondiale au néolibéralisme se sont déroulés au Nord", rappelle Juan Tortosa, du Comité pour l'Appel de Bangkok (CSAB), relais helvétique des organisateurs du Forum.

Au mois d'août dernier, huit organisations brésiliennes -dont la faîtière syndicale (CUT), les travailleurs ruraux sans terre (MST), une commission de l'Eglise catholique et une large coalition d'organisations non gouvernementales (ONG)- prenaient l'initiative de convoquer un "Forum social mondial", appelé à offrir, chaque année, "un espace international pour la réflexion et l'organisation de tous ceux qui s'opposent aux politiques néolibérales et construisent des alternatives". Clairement ciblés, les acteurs sociaux non gouvernementaux doivent en être le principal moteur, selon le manifeste adopté par ces organisations.

Ambitieux, ce programme a eu un écho spectaculaire dans les pays de la périphérie. "C'est la première fois depuis longtemps que des organisations du Sud sont à l'avant-garde d'un tel mouvement politique, analyse M.Tortosa. Une telle rupture avec la dépendance militante du Sud envers le Nord a fait naître un immense espoir! Bien plus important que chez nous." Au point que "près d'un millier d'organisations ont répondu à l'appel, dépassant largement nos attentes", se réjouit Francisco Whitaker, de la Coordination brésilienne de justice et paix, l'une des ONG signataires. Des inconnues subsistent toutefois quant à la réelle participation au Forum des délégués en provenance d'Afrique et d'Asie, tous les problèmes logistiques n'étant pas encore résolus (lire ci-dessous).

PRINCIPE LIBERTAIRE

La présence européenne s'annonce également imposante. Sous l'impulsion notamment du puissant réseau ATTAC et du mensuel Le Monde diplomatique, plus de 500 Français sont, par exemple, attendus à Porto Alegre. Et, avec 50 à 60 délégués, la Suisse n'est pas en reste, "une des plus fortes délégations proportionnellement à la taille du pays", remarque le militant du CSAB.

Cette impressionnante mobilisation, qui pourrait déboucher sur la participation de plus de 10000 personnes aux diverses activités dans et autour du Forum (voir le programme ci-contre), résulte également de sa nature résolument libertaire, seule capable d'agréger des mouvements aussi divers que des organisations humanitaires, des groupes d'intellectuels ou des partisans de l'action directe anticapitaliste. "Le FSM n'est pas une instance de délibération", expliquent les promoteurs brésiliens du FSM. Entendez, les organisations participantes gardent toute leur autonomie. "Le but n'est pas de signer un Xe document à ranger dans un tiroir après le Forum ou d'institutionnaliser le mouvement, développe Juan Tortosa, mais simplement de se rencontrer pour essayer de voir ce qui nous unit, nous marxistes, chrétiens, anars, sociaux-démocrates, qui nous opposons à l'idée que le système actuel est indépassable." Reste que les participants sont invités à se coaliser autour d'initiatives ou de stratégies communes. Au "laboratoire d'idées" que veut être le Forum de les susciter.

RENDEZ-VOUS EN... 2002

Des conclusions finales, dont la forme reste à déterminer, devraient toutefois être élaborées par consensus. Elles seront ensuite "apportées" à la réunion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, à Washington, en avril prochain. Et complétées lors du 2e Forum social mondial de Porto Alegre, d'ores et déjà programmé pour janvier 2002.

Quatre sessions et 400 ateliers

Le Forum social mondial (FSM) s'articulera autour de deux axes principaux. Cour de la rencontre, les quatre sessions du FSM se tiendront le matin, du 26 au 29 janvier, dans l'immense Centre de conférences (2500-3000 places) de l'Université catholique de Porto Alegre. Y participeront uniquement les délégués mandatés par leurs organisations respectives et des "personnalités internationalement reconnues". Quatre sujets seront débattus successivement: "La production de richesses", "L'accès aux richesses", "L'affirmation de la société civile", et "Pouvoir politique et éthique pour une nouvelle société". L'après-midi, ces réflexions seront étayées et complétées par une centaine d'ateliers. Proposés et gérés de manière autonome par des organisations associées au FSM, ces groupes de travail sont ouverts à tous.

De leur côté, les jeunes militants pourront se rassembler autour d'un "Campement international", organisé par le Comité jeunesse du FSM. Le Plan Colombie et le rôle de la jeunesse dans "la déroute du néolibéralisme et dans la construction d'un autre monde" seront les thèmes phares des conférences, ateliers et tables rondes prévus.

Les journées d'ouverture et de clôture, les divers forums parallèles (lire ci-contre) et des réunions informelles compléteront le programme de l'énorme ruche que sera Porto Alegre dès la semaine prochaine.

Pour en savoir plus: http://www.forumsocialmundial.org.br/frances/

Visas et finances bloquent le Sud

Les organisateurs attendent 10000 participants aux diverses activités du Forum social mondial (FSM). Pourtant, à mesure que la journée d'ouverture se rapproche, l'inquiétude grandit: "Beaucoup de délégués n'ont toujours pas de visas", explique Juan Tortosa, du Comité suisse pour l'Appel de Bangkok. Le coordinateur du FSM pour la Suisse dénonce "la politique de limitation" des autorités brésiliennes, qui risque de pénaliser en particulier les délégués asiatiques et africains.

Autre obstacle pour eux, les limites financières. Le prix du voyage à Porto Alegre est souvent prohibitif pour ces délégués potentiels et "le Forum ne peut payer qu'une toute petite partie des trajets", regrette M.Tortosa. Sans compter que certains financements promis par le Nord ne sont toujours pas versés, à moins d'une semaine du Forum.

Culture alternative et esprit festif

Laboratoire d'idées, le Forum ne pouvait dédaigner le foisonnement culturel qui s'exprime dans les marges du système. La présence de nombreux représentants du monde artistique - cinéastes et écrivains essentiellement - est d'ailleurs annoncée. Des ateliers aborderont chaque après-midi des problématiques culturelles ou spirituelles. Sous l'impulsion de l'Institut Paolo Freire, des "Cercles de culture sur l'éducation et la société" offriront notamment un espace à l'élaboration d'un "Manifeste de l'éducation face à la pensée unique".

Mais l'aspect festif et convivial ne sera pas oublié. 50000 personnes sont attendues lors de la soirée d'ouverture du Forum pour une grande fête-concert "latino", en présence de Manu Chao. Le chanteur franco-espagnol de la Mano Negra donnera ainsi le coup d'envoi à une série de spectacles qui rythmeront les soirées de Porto Alegre, durant les six jours que durera le Forum social.

Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens.
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