|
Santé et mondialisation au Québec et au Canada - De quoi être maladevieuxcmaq, Miércoles, Noviembre 29, 2000 - 12:00
Jacinthe Barabé (jacinthe@alternatives.ca)
Si on veut parler de santé aujourd’hui, on doit tenir compte de la mondialisation. Cette grosse " machine " met décidément son nez partout ! Depuis le temps, on a compris que les urgences sont bondées, que les hôpitaux ont fermé des lits, que les travailleuses et travailleurs de la santé sont débordés et fatigués, on a même compris qu’il faut injecter plus d’argent dans le système de santé. Cependant, il semble que les véritables causes de tout cela soient restées obscures. Depuis le temps, on a compris que les urgences sont bondées, que les hôpitaux ont fermé des lits, que les travailleuses et travailleurs de la santé sont débordés et fatigués, on a même compris qu’il faut injecter plus d’argent dans le système de santé. Cependant, il semble que les véritables causes de tout cela soient restées obscures. Marchandise SANTÉ Les représentants populaires accusent clairement les politiques néolibérales. Marie Pelchat, porte-parole de la Coalition Solidarité Santé (CSS), indique, entre autres, comment un document de la Banque Mondiale (BM) " vient heurter de front toute notre conception des services publics", redéfinissant le rôle de l’État. " Au Québec, explique-t-elle, le gouvernement de Lucien Bouchard applique religieusement les grands principes de la BM. " Ces derniers sont la privatisation, la déréglementation, la tarification des services, la décentralisation, etc, pour cause de manque de ressources. " Il s’agit d’habituer lentement mais sûrement la population à acheter les services de santé ", poursuit la porte-parole de CSS. Selon Sylvie Boulanger, première vice-présidente de la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ), l’objectif est de faire de la santé une marchandise : " On doit payer pour consommer. Le but est de convaincre les gens que le privé est la seule solution pour de meilleurs services. De cette façon, on glisse insidieusement vers la privatisation et la marchandisation du système de santé. " Elle rappelle que dans la région de Montréal seulement, 2 000 lits ont été fermés à la suite des coupures et d’autres mesures semblables : " Ensuite, on se demande pourquoi les urgences débordent ! " L’exemple de l’Alberta En Alberta, cette marchandisation de la santé se concrétise par le projet de loi 11 portant sur les soins de santé, adopté l’hiver dernier et promulgué cet automne. En adoptant une définition limitative de ce qu’est le privé, cette loi rend possible la privatisation graduelle des soins tout en affirmant l’interdire. En fait, la loi 11 contrevient, selon une analyse légale faite par l’étude d’avocats Arvay Finlay de Colombie-Britannique, à quatre des cinq principes de la Loi canadienne sur la santé. Santé et campagne électorale La santé est l’un des thèmes souvent évoqués au cours de l’actuelle campagne électorale. Mais les réels enjeux sont-ils abordés ? " Le problème, répond Marie Pelchat, c’est que les chefs détournent le débat en parlant, par exemple, du vieillissement de la population. " Comme s’il s’agissait d’un impératif à la privatisation. " Mais les soins de santé doivent être offerts en fonction des besoins des malades et non des moyens ", rétorque la porte-parole de CSS. De son côté, Stockwell Day, chef de l’Alliance canadienne, répète que son parti ne veut pas d’un système de santé à deux vitesses. Claude Généreux rappelle cependant que Day était ministre des Finances en Alberta au moment d’adopter le projet de loi 11 : " Il a donc participé concrètement à la mise en place d’un système à deux vitesses. " À l’époque, Ralph Klein, premier ministre de l’Alberta, avait littéralement fait exploser l’hôpital général de Calgary, " recevant de l’argent d’Hollywood qui a récupéré l’événement pour un tournage ! " s’exclame le vice-président du SCFP. D’autres destructions d’établissements de santé ont suivi et quelques hôpitaux en moins plus tard, les files d’attente avaient évidemment triplé. " Afin de réduire ces files, on a mis sur pied la loi 11, explique Claude Généreux. De cette façon, la personne qui en a les moyens se tourne vers le privé. Ça en fait une de moins sur la liste d’attente. Le problème, c’est que les médecins, aussi, s’en vont vers le privé. Bref, on ne règle rien. " Opposition populaire Afin de consulter la population sur le système public de santé et de services sociaux, le gouvernement québécois a mis sur pied la Commission d’étude sur les services de santé et de services sociaux, appelée Commission Clair. Sylvie Boulanger raconte que lors des audiences publiques de la Commission, on leur disait qu’il faudrait faire des choix : " Choisir entre quoi et quoi ? Choisir entre acheter de la machinerie ultra spécialisée qui coûte ultra chère, et référer les gens qui ont besoin de services très spécialisés à des cliniques privées ? Ça n’a aucun sens ! " Le travail de sensibilisation sur les réels enjeux de la santé n’est pas toujours facile. Malgré tout, tant Sylvie Boulanger que Marie Pelchat gardent espoir parce qu’elles sont convaincues que la population québécoise tient à son service de santé public, universel et gratuit.___ |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|