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Arrêtons la guerre impérialiste, non au plan Colombievieuxcmaq, Sábado, Noviembre 11, 2000 - 12:00
LG La Gauche (maison1@total.net)
Le sens du Plan Colombie et de l'offensive américaine contre les peuples d'Amérique latine Arrêtons la guerre impérialiste 1. Avec l'approbation par le congrès des États-Unis du dit Plan Colombie, le conflit politique, social et militaire colombien peut se convertir en l'une des principales scènes de confrontation antiimpérialiste à l'échelle du tiers-monde. La décision nord-américaine de financer et de commander directement le Plan Colombie est présentée comme une opération de lutte contre la drogue et contre le narcotrafic, néanmoins quatre-vingts pour cent dès 7 5000 millions de dollars du Plan Colombie, ont un objectif politique contre-insurrectionnel et de destruction des cultures de subsistances de 400 000 familles paysannes. La destruction des cultures et les dépradations écologique, ethnique et culturelle comptent sur l'expérience similaire de l'"Opération Dignidad" en Bolivie, opération conduite par les "conseillers" américains, les militaires de ce pays et l'Agence USAID. Le Plan Colombie constitue la plus grave agression étrangère de ces derniers temps contre un pays du continent et confirme la volonté impérialiste d'assurer son hégémonie sur l'Amérique latine et la Caraïbe. Il s'inscrit dans la vision nord- américaine selon laquelle "le désordre colombien se transforme en un risque régional" augmentant "l'insécurité hémisphérique" et mettant en danger la "sécurité nationale" des États-Unis. En ce sens et avec l'arrogance habituelle, l'empire a décidé de convertir la Colombie - et la région andine" en un nouveau terrain de guerre. 2. Le décret du 23 août émis par l'administration Clinton approuvant "l'aide" militaire de 1 319 millions de dollars au gouvernement du président Pastrana, ne peut être compris que comme une déclaration de guerre contre le mouvement armé (FARC, ELN, EPL) mais aussi contre les mouvements syndical, paysan, populaire, des droits humains, les partis politique de gauche et, enfin, contre tous les acteurs démocratiques de la société colombienne. Dans le cadre d'un conflit politique, social et armé qui dans les seules dernières années a provoqué 35 000 morts, 1000 000 de "déplacés internes" (un chiffre dépassé que par le drame ruandais/congolais) et 800 000 exilés, le Plan Colombie, loin d'être une option de paix, est un instrument pour renforcer la capacité répressive de l'État et des organisations criminelles des paramilitaires. 3. Ce redéploiement de la stratégie interventionniste nord-américaine se fait dans un paysage latino-américain marqué par la crise économique, le développement des résistances sociales et la perte de légitimité du "modèle néolibéral". Dans quelques pays, les élites gouvernementales affrontent des situations d'ingouvernabilité et de crise de domination (Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie). Les soulèvements successifs des indigènes en Équateur, populaires et paysans en Bolivie, ainsi que la décomposition du régime de Fujimori d'une part et les pronunciamientos nationalistes de Chavez d'autre part, ont soulevé les vents de la tourmente dans la région andine. Simultanément, on assiste à une augmentation du mécontentement et de la résistance antinéolibérale dans d'autres pays d'Amérique latine et de la Caraïbe. L'impérialisme nord-américain joue alors, toutes ses cartes pour obtenir une "stabilisation" à n'importe quel prix. Le Plan Colombie n'est pas seulement un pari pour modifier de façon décisive les rapports de force dans le conflit interne colombien, mais vise à établir un contrôle sur l'Amazone et les richesses pétrolières de l'Orénoque, et réaffirmer la présence militaire dans la zone du Canal de Panama et dans la Caraïbe. 4. L'argument de la "sécurité nationale" des États-Unis exprime la manifestation de la mise en tutelle et de la méconnaissance la plus complète et l'arrogance face à toute intention de souveraineté nationale sur des affaires qui peuvent "affecter" les États-Unis. Cette politique soumet les pays et les peuples latino-américains au contrôle économique et au pillage néocolonial des organismes financiers internationaux et des entreprises multinationales (paiement de la dette externe, échange inégal, privatisations) et accélère la voie vers la création d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) qui cherche une "intégration" subordonnée aux intérêts nord-américains et sous de nombreux aspects remettant en question les blocs régionaux actuellement existants, en particulier le Mercosur. On prétend en cela, discipliner encore davantage les gouvernements latino-américains et fermer la voie à tout projet alternatif de développement démocratique et souverain proposé par la gauche et le camp populaire. En même temps, le Plan Colombie poursuit un partage des zones d'influence avec les impérialismes de l'Union européenne, dans la concurrence pour les marchés latino-américains, les richesses bio-énergétiques et les stratégies sur l'Amazone, assignant aux gouvernements de l'Union européenne le rôle de donateurs "humanitaires" surtout pour équilibrer les dérèglements macroéconomiques, le paiement de la dette publique et privée, et les effets sociaux "collatéraux" de la politique de la terre conquise. 5. A la différence des autres opérations interventionnistes nord-américaines, le Plan Colombie utilise la pression militaire pour s'assurer de l'application du Plan d'ajustement antipopulaire et antinational que le gouvernement Pastrana et le FMI ont signé en 1999. Cet accord établit les conditions pour avancer dans les contre-réformes qui visent à désarticuler l'éducation et la santé publique gratuite et les systèmes de sécurité sociale de solidarité, d'approfondir la flexibilisaiton de la main-d'oeuvre, la privatisation des entreprises publiques, des routes et des rivières, la vente de la biodiversité: l'exploitation privée des ressources énergétiques et la négation des droits des peuples indigènes. Ce plan d'ajustement aggrave le chômage et la misère dans un pays où 50 pour cent de la population survit avec moins de deux dollars par jour et où une petite minorité oligarchique (3 pour cent) possède 70 pour cent de la propriété. Ces contre-réformes qui ont un caractère antidémocratique - et elles ne peuvent être appliquées qu'en niant les droits sociaux de base et en violant les droits humains élémentaires- sont contestées par les mouvements sociaux par des arrêts civiques, des grèves et par différentes manifestations de masse. 6. Devant la gravité de la situation, et en tenant compte que l'"Opération Sud" est déjà en marche dans la région de Putumayo (comme lieu pilote du Plan Colombie) les organisations, réseaux et mouvements syndicaux, paysans, indigènes, des barrios, des femmes, religieux, Amnistie internationale et le Service Paix et Justice, de même que les partis et les fronts politiques d'Amérique latine (en particulier ceux regroupés dans le Forum de Sao Paulo), commencent à se mobiliser contre cette agression nord-américaine et en solidarité avec le peuple colombien. Aussi, différentes ONGs, groupes de solidarité en Europe, aux États-Unis et au Canada, avec des personnalités comme Noam Chomsky, Eduardo Galeano, Jose Saramago, Diario Fo et Danielle Mitterand, en autres, ont signé un manifeste.Manifeste pour la Paix et les droits humains en Colombie. Toutes ces mobilisations et campagnes se rejoignent pour exiger le respect plein et entier de la souveraineté nationale et les droits humains, le démantèlement des forces paramilitaires, l'arrêt immédiat du terrorisme d'État et la fin de l'impunité pour les coupables des innombrables massacres; le retrait des 300 "conseillers" militaires nord-américains et le rejet de toute intervention étrangère, ainsi que le respect de l'autonomie des mouvements sociaux, paysans et indigènes, y compris dans les zones contrôlées par les forces rebelles armées - et la revendication d'un "dialogue pour la justice sociale" comme condition de la paix. 7. Les sections, organisations sympathisantes et fraternelles de la Quatrième internationale participent à ces mobilisations et campagnes et dans la bataille contre l'intoxication médiatique, qui sous le prétexte de la lutte contre le narcotrafic, cherche à neutraliser les actions d'un grand nombre d'ONGs et de mouvements sociaux et démocratiques. Simultanément, nous insistons sur la nécessité de s'impliquer dans le développement d'une campagne de solidarité large, pluraliste et unitaire, avec les mouvements et les organisations populaires et indigènes tant en Colombie, qu'en Équateur et au Pérou qui sont touchés directement par la stratégie répressive du Plan Colombie. Les forces de la Quatrième Internationale se retrouvent aussi sur la nécessité de mettre l'emphase sur la nature de classe de cette guerre et sur la légitimité des luttes insurrectionnelles qui, de fait, sont des luttes de résistance anticapitaliste contre les oligarchies locales et l'expression d'un antiimpérialisme concret. Dans de telles conditions, la réalisation du prochain Forum Social Mondial (Porto Alegre, janvier 2000) est une opportunité militante pour lier les conséquences du conflit colombien et régional aux réflexions et aux débats contre la mondialisation capitaliste et sur les projets politiques et sociaux de transformation radicale de la société. CEI de la Quatrième Internationale
Journal pour l'indépendance, le féminisme et le socialisme
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