Un original et audacieux article à thèse qui fait un rapprochement entre la célèbre série StarTreck et le communisme... L'auteur Alain Dubois tente ainsi de démystifier les idées reçus, teinté en autres par les préjugés véhiculés par les médias bourgeois. Le marxisme est-il mort ou a t'il toujours sa place comme idéologie vivante ?
Voilà un titre qui en étonnera plus d’un. Ceux qui me connaissent le seront moins car il savent que je suis un fan de cette célèbre série de science-fiction et politiquement plutôt à gauche …
Je cherchais à écrire sur le socialisme sans immédiatement entendre des voix disant: « Ha ! regarde ce qui s’est passé en Russie, en Chine … », « Le communisme c’est de l’histoire ancienne, pourquoi parles-tu de cela ». J’ai donc choisi d’aborder le sujet par le biais d’un série TV que presque tous et chacun ont regardée au moins une fois : StarTreck; Next Generation.
Déjà la première série de StarTreck, diffusée dans les années 60, innovait en mettant en scène un équipage composé entre autres d’une officière noire et d’un officier russe. Et ce, dans une période de l’histoire américaine encore marquée par la ségrégation raciale et la guerre froide !
Dans StarTreck : Next Generation ,qui a débuté dans le milieu des années 80, Gene Rodenberry, l’auteur de la série, pousse encore plus loin ses réflexions sociales qu’il transpose à l’écran. On apprend qu’à une période de barbarie et de guerre où dominait sur terre un capitalisme sauvage, la découverte d’une technologie permettant des voyages interstellaires à la vitesse de la lumière, permit les premiers contacts avec des civilisations extraterrestres. Ces contacts allaient provoquer sur terre une véritable révolution sociale. Rodenberry dit peu de chose sur les processus de changements qui s’opérèrent alors sur notre planète. Mais nous savons tout de même qu’il s’installe un gouvernement mondial, que les guerres cessent et que le capitalisme est remplacé par un autre mode de production. Dans un épisode particulièrement révélateur de ces changements, l’équipage du vaisseau Enterprise retrouve une capsule spatiale où sont cryogénisés des habitants du début de l’an 2000. Dans une scène, le capitaine Picard explique, au grand désarroi d’un financier fraîchement dégelé, que sa compagnie n’existe plus, comme d’ailleurs toutes les autres, qu’il n’y a plus de banque ni même de monnaie ! Il ajoute que maintenant les principales motivations pour les terriens sont la réalisation de soi et le bien-être commun de l’ensemble de la société. Une société sans classe sociale, ni discrimination d’aucune sorte a donc vu le jour. Si l’auteur ne craint pas de faire état de certaines influences qui l’ont inspiré, dont celle du célèbre physicien anglais Stephen Hawkins, qui apparaît même dans un camée, jamais il n’abordera les influences idéologiques qui l’ont animé. On le comprend bien car une seule référence au socialisme aurait fait perdre à Rodenberry le financement de la série. L’auteur a donc dû faire preuve de beaucoup de subtilité. Le fait que la série se déroule dans le futur lui a permis d’exprimer des idéaux sociaux, qu’il n’aurait pu démontrer dans une série se déroulant à notre époque. La société qu’il met en scène est néanmoins tout à fait conforme à celle d’une société communiste.
Aujourd’hui on discrédite le marxisme en donnant les exemples de la Russie ou de la Chine. Pourtant ces
gouvernements étaient (ou sont) à des années lumières de cette théorie. Il faut savoir que pour Marx, et plus tard pour Lénine et Trotski, le socialisme n’était possible qu’après une série de conditions que jamais la Russie de Staline ou la Chine de Mao n’ont respectées. Alors que pour Marx, Lénine, Trotski, le socialisme était impossible dans le cadre d’un seul pays, surtout pas si celui-ci, comme la Russie ou la Chine, sortait à peine du féodalisme. Ils prévoyaient donc une longue période de transition entre le capitalisme et le socialisme. Le communisme, tel que celui décrit dans la série StarTreck, est l’aboutissement d’un long processus de transformation économique, culturel et social de l’humanité entière.
Octobre 1917 :
la révolution russe
Lénine, Trotski et tous les autres révolutionnaires bolcheviques ont bien tenté de construire une société inspirée par les théories de Marx. Sans abolir totalement la propriété privée, ils ont tout de même «nationalisé» l’industrie et les grandes propriétés foncières dont ils ont remis la gestion aux ouvriers et paysans. Des Soviets, sorte de coopératives de travailleurs furent créés pour gérer ces propriétés collectives. Ce mode de gestion fut appliqué à l’État entier : républiques, municipalités, hôpitaux, etc. La nouvelle Russie Soviétique fut le premier pays au monde à légaliser et permettre le divorce et l’avortement, à créer un réseau de garderies gratuites, à donner le droit de vote aux femmes et à décriminaliser l’homosexualité. En arts, ce fut une explosion de la recherche picturale: les artistes maintenant salariés de l’État pouvaient créer sans contrainte d’aucune sorte. Des artistes comme Chagall, Malevitch, Larionov ou Tatline opéraient une véritable révolution des formes et de l’univers pictural.
Malheureusement, cette merveilleuse expérience ne durera que quelques années. Les armées blanches (Tsaristes), financées et appuyées militairement (50 000 hommes) par les puissances occidentales qui craignaient l’effet de contagion que cette révolution pourrait avoir chez eux, entraînèrent la nouvelle Russie Soviétique dans une tragique et sanglante guerre. Un état de crise permanent régnait sur la Russie. Le gouvernement adopta, pour faire face à cette crise, une série de mesures visant à renforcer son rôle et ses pouvoirs. L’exercice du droit d’expression et d’association fut durement touché par ces mesures qui devaient être temporaires, le temps de mettre fin à la guerre. Mais la mort de Lénine et l’existence même de ces mesures ont permis à Staline d’opérer une véritable contre-révolution et d’éliminer ainsi les Bolcheviques du pouvoir. Des milliers de révolutionnaires, dont tous les membres du bureau politique et du comité central, furent assassinés ou éliminés de différentes façons. Même d’anciens alliés de Staline, tel Boukharine, le grand théoricien du Socialiste dans un seul pays, connurent le même sort. Staline voulait régner sans partage. Trotski, dirigeant bolchevique et commandant de l’Armée Rouge, n’eut d’autre choix que de s’exiler. Il fonda la 4ème Internationale, parti socialiste mondial. Il dirigea aussi, de son exil, l’opposition à Staline. Il fut plus tard (1940) assassiné à coup de pic à glace chez l’artiste mexicain Diego Rivera, par un agent de Staline qui s’était infiltré dans son entourage. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer un retour idéologique du marxisme et ce même si j’en suis sûr, personne d’entre vous ne peut croire que le capitalisme représente le stade achevé de la civilisation humaine. Pourtant, si vous fermez les yeux et rêvez à la société du futur dans laquelle vous aimeriez vivre, je suis certain que vous verrez alors une société semblable à celle imaginée par Gene Rodenberry et… Karl Marx ;-)
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