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Première partie: Proposition pour un front libertaire ou proposition pour une campagne de recrutement...

Prolectures, Miércoles, Diciembre 14, 2011 - 20:11

Prolectures

Non seulement l’anarchisme s’enfarge dans les fleurs de sa plate-forme, mais, en plus, il bégaie toujours les mêmes propositions qui au final ne donne aucun résultats. Mais puisque nos anarchistes organisationnels sont convaincus de la justesse de leur programme et de leur organisation, la faute doit venir d’ailleurs, de ces individus qui n’ont pas encore compris l’importance de l’organisation anarchiste et de son programme, mais certainement pas de l’organisation elle-même ni de son programme.

 

PROPOSITIONS POUR UN FRONT LIBERTAIRE DANS LA REGION DE QUEBEC

par le Collectif anarchiste La Nuit

Prol: PROPOSITION POUR UNE CAMPAGNE DE RECRUTEMENT DÉGUISÉE EN APPEL POUR RÉINVENTER UNE NOUVELLE ORGANISATION QUI A TOUTES LES CARACTÉRISTIQUES DE L’ANCIENNE… Non seulement l’anarchisme s’enfarge dans les fleurs de sa plate-forme, mais, en plus, il bégaie toujours les mêmes propositions qui au final ne donne aucun résultats. Mais puisque nos anarchistes organisationnels sont convaincus de la justesse de leur programme et de leur organisation, la faute doit venir d’ailleurs, de ces individus qui n’ont pas encore compris l’importance de l’organisation anarchiste et de son programme, mais certainement pas de l’organisation elle-même ni de son programme. Organisation et programme qui ne semble pourtant pas répondre aux besoins des individus à qui elle s’adresse puisqu’elle est contrainte à chaque fois de réinventer la même organisation avec le même programme dans le but d’intéresser et de recruter des nouveaux membres et de donner un peu de substance à cette coquille vide. Il faut être borné pour proposer toujours la même formule magique qui ne fait rien apparaître de nouveau… au contraire, au rythme où renait l’organisation, c’est son propre membership qui va finir par disparaître et, comme la plupart des organisations gauchistes, va promener ses banderoles et ses pancartes dans les manifs afin de se faire visible et ainsi faire croire que les luttes se radicalisent grâce à leur organisation… et leur programme.

CL: Mise-au-jeu.

Prol: Attention, les surréalistes feraient bien de se tenir, il y a ici un mot dont le jeu n’est pas de mise.

CL: Le Collectif anarchiste La Nuit (UCL-Québec) soumet une proposition aux militantes et aux militants libertaires présent-e-s dans les mouvements sociaux : la création d’un nouveau collectif régional capable de peser sur la conjoncture sociale et politique et faire avancer nos luttes.

Prol: Mandat que c’était déjà donné la NEFAC lors de sa fondation, il y à peine dix ans. Et depuis, la NEFAC n’a influencé pratiquement aucune lutte. Comme à la pêche, la NEFAC-FL-UCL, tire sa ligne à répétition, en espérant qu’un jour le prolétariat morde à l’hameçon.

CL: RESUME DE L’ANALYSE DE LA CONJONCTURE

Québec est une ville plus riche que la moyenne provinciale mais il y persiste d’importantes inégalités sociales, notamment dans l’arrondissement La Cité-Limoilou.

Prol: Et qu’est-ce qu’on fait des autres quartiers ? Les travailleurs pauvres, les chômeurs, les B.S., les mères monoparentales, les locataires, les précaires, les étudiants qui n’habitent pas Limoilou, ils font quoi eux. Ils entendent de pouvoir déménager dans le quartier le plus paumé et ainsi ils auront l’attention des gauchistes du coin. Désolé ! Nos services militants populaires ne se rendent pas jusque chez vous, ce n’est pas encore dans le programme.

CL: Au plan politique, la situation est instable. Il n’y a toujours pas de bloc politique dominant.

Prol: Donc, la domination du Parti libéral au Québec et du Parti conservateur au Canada depuis plus de 10 ans n’est pas suffisant pour définir un bloc politique dominant. Ce qui est instable actuellement c’est l’économie. La politique, elle, est la même partout : préparer la population à une misère et une répression accrues.

CL: Des mouvements sociaux se radicalisent. Il y a une nouvelle dynamique unitaire.

Prol: Où ça ? Qui s’est manifesté assez massivement pour créer une dynamique unitaire avec les postiers en grèves ? Ce qui unit les révoltes, c’est davantage la crise économique qui touche pratiquement tout le monde (même les capitalistes) et qui pousse patrons et gouvernants à concentrer leurs attaques de plus en plus sur l’ensemble de la classe prolétarienne et non seulement sur quelques catégories du capital… Pas juste les locataires de taudis, les étudiants révoltées, les travailleuses de la santé et ainsi de suite.

CL: L’ennemi est multiforme. Dans les luttes quotidiennes, nos ennemis sont le gouvernement et le patronat. Dans la bataille des idées, notre ennemi c’est la droite populiste.

Prol: Il est tellement multiforme cet ennemi, qu’en trois sujets bien définis, il se résume bien. Quant à moi, gouvernement et patron me suffise pour définir une ennemi qui, peu importe sa forme, est toujours de classe. Comment vouloir dire que le rapport de classes détermine tout la réalité vécue (donc il est multiforme) mais que finalement il est visible sous la forme de propriétaire des moyens de production (patron) et gestionnaire du rapport d’exploitation (gouvernement) sans être capable de le dire vraiment de cette façon.

Prol: Bataille des idées… Il fut un temps où l’organisation anarchiste était nécessaire pour contrer sur le terrain des manifs et des grèves la présence des organisations marxistes-léninistes. Maintenant que le crédo gauchiste MListe semble épuisé, la NEFAC en mutation à Québec voit dans la manifestation des cols rouges, un nouvel ennemi : la droite populiste radiophonique qui bourre les oreilles des ouvriers de shop à journée longue. Mais comment rejoindre ces ouvriers qui n’ont ni le goût, ni le besoin, ni le temps, ni l’énergie et encore moins l’intérêt immédiat d’assister à une conférence anarchiste quel qu’elle soit. Bon, d’accord, ils ont pris la rue en dehors du carcan gauchiste et syndical, ce qui ne veut pas dire systématiquement que la droite populiste contrôle la conscience des manifestants... la droite essaie de saisir les opportunités politico-publicitaires qui se présentent à elle et à bâtir sur cette gronde une base électorale à ses organisations politiques. Oui, donc, la droite populiste existe, mais elle n’est pas pire qu’une démocratie à sauce trotskiste ou une dictature à la méthode stalinienne chinoise. Il va sans dire que la droite populiste est d’actualité, mais associer les banlieusards à cette idéologie, comme le font répétitivement les gauchistes anarchistes de la vieille capital, c’est chercher ni plus ni moins à exclure ou du moins à se mettre à dos une grande partie des travailleurs de shop, des fonctionnaires et autres travailleurs syndiqués et, par conséquent, pousser volontairement ces prolétaires dans le camp ennemi afin de confirmer ses jugements ridicules de citadins chauvins. Mais alors, pourquoi continuer à parler de luttes syndicales puisque la classe ouvrière habite la banlieue et écoute Radio Poubelle.

CL: RESUME DES DEFIS POSES PAR LA CONJONCTURE

Développer une culture de mobilisation,

Prol: Qu’est qu’une culture de mobilisation ? Est-ce une capacité de mobiliser les troupes pour une guerre ou pour une parade ; de mobiliser les citoyens pour défendre des valeurs culturelles ou participer à événements politiques ; de mobiliser les jeunes révoltés pour grossir la NEFAC-FL-UCL et porter des banderoles dans les manifs ? Ou est-ce une simple obligation morale exigeant des anarchistes d’être toujours au aguets pour le jour J ? Pour moi, la culture a toujours fait vendre les programmes électoraux, alors, ici, une culture de mobilisation ne peut que servir à vendre la salade programmatique des différentes organisations en concurrence : anarchistes inclus.

CL: réinventer une critique radicale du statu quo,

Prol: Là, je suis subjugué. Comment peut-on réinventer une critique radicale qui justement a pour fondement d’être le produit de l’objet qu’elle critique et l’objet en question, soit le statut quo, évoluant historiquement, sa critique ne peut faire autrement que découvrir des nouveautés et modifier sa façon de comprendre les rapports de classes derrière le statut quo présent. La critique qui va à la racine des choses à pour objet cette chose. Si cette chose est le statut quo, c’est donc dire que tout ce qui considère ce statut quo comme limite de sa propre action devient invention pratico-critique contre ce même statut quo. Il faut donc définir le statut quo, si l’on veut comprendre de quelle critique il s’agit. De plus, le statut quo dominant est toujours le statut quo de la classe dominante dans une époque particulière du capitalisme : on ne se noie jamais deux fois dans le même statut quo. Bref, avant même de réinventer une quelconque critique, faut-il s’entendre sur l’objet critiqué, c’est-à-dire le statut quo dont il est question ici. Statut de pierre, de sel, de bronze ou statut de plâtre ?

Prol: Donc, réinventer quoi au juste ? Est-ce un désire de se retrouver dans l’époque actuelle où certaines positions de la NEFAC-FL-UCL font office de dinosaures théoriques ? J’en doute. En quoi réinventons la critique radiale quand la proposition finale est de créer un groupe qui sera membre de l’UCL ? Ou comme disait l’autre au crane chauve et à la volonté de fer : un pas en avant, deux pas en arrière.

CL: reposer la question du projet de société et relancer la réflexion stratégique sur la transformation sociale.

Prol: Et pour la lutte finale : réinventer la roue et le bouton à quatre trous.

Prol: La NEFAC-FL-UCL est doué dans l’art de se répéter pour rien dire. Pète pis répète s’organise, le pet sort du… et ceux et celles qui restent se répètent.

Prol: Il est évident que poser un projet de société, autrement qu’autour d’une table de réunion, nécessite une transformation sociale qui a pour particularité de contraindre l’ensemble de la population à une réflexion stratégique sur des situations inédites qui sont produites par des groupes d’individus divers qui proposent des projets sociétés au fur et à mesure que la transformation sociale progresse. Bref, la NEFAC-FL-UCL nous propose de faire comme si la révolution cognait aux portes et qu’enfin nos projets de société pouvaient être autre chose que du blabla. En dehors des mordus de la révolution, ce genre d’activités n’intéressera personne tant et aussi longtemps que la révolte ne deviendra pas un fait socialement admis. Mais malgré tout ça, pourquoi proposer ce genre d’activité ? Pour éduquer les prolétaires, voyons !

CL: RESUME DE LA PROPOSITION

Les libertaires sont à la croisée des chemins. Il leur faut trouver le(s) moyen(s) de rompre avec l’impuissance politique pour peser sur le cours des évènements. Le Collectif anarchiste La Nuit propose aux libertaires impliqué-e-s dans les mouvements sociaux de se réunir pour fonder un nouveau collectif anarchiste s’inspirant des meilleures pratiques de nos mouvements, comme l’éducation populaire autonome.

Prol: Sérieux, ils n’ont rien trouvé de mieux que ce concept éducationniste flou pour rompre avec l’impuissance politique. Les gens travaillent, se font du souci, sont malades, ils s’endettent et mangent mal, et en plus on leur demande de venir apprendre c’est quoi la révolution quand ils ont juste envie de dormir, de se reposer devant la TV ou de s’amuser un peu pour oublier leur misère quotidienne. De plus, est-ce que ces gens peuvent remplir leur frigo de bouffe en participant à une manif ? Est-ce que leur chèque de paye ou de B.S. sera augmenté en assistant à une conférence d’un syndicaliste anarchiste de Santiago… Habituellement, non ! C’est pourquoi les gens n’ont pas tendance à s’intéresser à ces trucs de militants… sauf les militants et ceux et celles qui aime se retrouver en collectif. L’impuissance politique du prolétariat est un fait que confirme chaque jour la reproduction du capital, c’est dans la lutte qu’elle peut disparaître. L’impuissance politique ne se combat pas à coup d’agit-prop et d’éducation populaire.

Prol: Mais qui éduque qui ? Selon cette vision éducationniste, la révolution passerait par des leçons que dictent des individus qui ne connaissent rien de plus que ce que le monde présent leur offre comme horizon : l’exploitation du travail ; ce qui n’est guère différent pour le banlieusard qui se fait chier à la shop, finalement ! Ces gauchistes anarchistes de service qui croient avoir solution à tout viennent pour nous apprendre comment autogérer démocratiquement les conditions présentes de la société capitaliste. Comme des missionnaires de l’anarchisme, ils cherchent à convertir les prolos sauvages ; ils professent à qui veut l’entendre les règles démocratique du politiquement correct ; ils bourrent le crâne de leur militants avec leur catéchisme révolutionnaire du tout le monde a sa chance et font pratiquer l’autogestion en assemblée collective ; et pour terminer la messe, ils promettent un mode de production qui puisse satisfaire nos besoins déterminés par cette même production… car il faut bien travailler ! Sinon, à quoi servent les syndicats ? En attendant, il faut se mobiliser afin de réinventer la critique du statut quo tout en se reposant sur une stratégie de transformation sociale qui a pour projet la même société divisé en moyen de production collectif d’un côté et en travailleur libre de l’autre… « Donnez-moi… Donnez-moi un programme de transition », pour paraphraser Diane Dufresne.

CL: Le but étant d’alimenter nos luttes dans l’objectif radicalement nouveau de... gagner.

Prol: Donc, avant, il n’était pas possible de gagner. Mais pourquoi donc ? Qu’est-ce qui empêchait les luttes de ne pas pouvoir gagner et comment la situation actuelle transforme-t-elle des luttes pessimistes qui ne peuvent que perdre en luttes devenues maintenant optimiste parce qu’elle annonce la victoire ? À ma connaissance, la plupart des ouvriers luttent pour gagner. Celui qui lutte pour perdre, ne lutte pas ou il détruit la raison pour laquelle il lutte : par exemple, il brûle son usine. En sommes, avant on luttait pour rien et maintenant, Dieu merci, grâce au Front Libertaire de Québec, nous savons qu’il y a une raison pour lutter : on va gagner… mais quoi ? Qu’est-ce qu’on gagne ? La boule de cristal est-elle en panne ?

CL: ANALYSE DE LA CONJONCTURE
UNE VILLE RICHE ET FORTE... DE SES INEGALITES

La ville de Québec a été relativement épargnée par la grande crise économique qui a frappé le monde occidental en 2008-2009. Une brève et bénigne récession a touché Québec au début 2009 mais les taux de croissance et de chômage sont rapidement revenus à «la normale», autour de 3% et 5% respectivement.

Prol: Une fois de plus, la NEFAC-FL-UCL nous prouve sont incapacité à comprendre l’économie capitaliste. Quiconque lit les journaux économiste et s’attarde aux analyses sérieuses de la situation actuelle mondiale, se rend bien compte que rien n’est joué et que la crise frappera tout-le-monde à moyen terme. Croire que le Petit Québec s’en sort, c’est indirectement miser sur une autonomie régionale qui est plus que relative.

Prol: Les raisons pourquoi le Canada s’en sort tient essentiellement à sa position économique sur l’échiquier mondial. Le canada a réussi à tenir la force de sa monnaie grâce en grande partie à sa production et son exportation de matière première. Le Canada peut se permettre la compétition des prix de la matière première et donc garder la demande à un niveau supérieur par rapport à d’autres pays économiquement moins stables. Les entreprises canadiennes profitent donc à la fois d’une monnaie forte et d’un prix de matières premières relativement bon marché. Ce qui permet à certaine entreprise de baisser le coût de production sans trop diminuer la production elle-même et augmenter le chômage rapidement ou encore sans baisser drastiquement le salaire des ouvriers. Ainsi, plusieurs entreprises qui aurait subi la faillite autrement, peuvent se permettre de maintenir un taux de profit tolérable, un marché intérieur encore solvable pour amortir la chute des exportations et donc de grader les investissements actifs à court terme. Sauf que justement, à long terme et sans reprise pour les pays importateurs, cette stratégies est voué au cul-de-sac. Car le coût de la vie risque quand-même d’augmenter, la demande intérieure de diminuer, l’exportation de stagner ou même de chuter et finalement de forcer nombres d’entreprises à réduire la production, à licencier ou carrément à fermer. Incapables de vendre à l’extérieure du pays parce que la monnaie est trop forte et incapable de maintenir un taux de production rentable à moyen terme, le Canada sera frapper de pleins fouet par la crise de ses capacité de surproduction face un écoulement des stocks stagnant. Déjà, l’augmentation continue du chômage et du travail précaire sont les premiers signes de ce blocage, mais temps aussi longtemps que les entreprises capitalistes canadiennes ou québécoises seront en mesure de maintenir la production à un moindre coût sans affecter trop radicalement la masse salariale, le prolétariat sera divisé entre les jeunes précaires entrants dans une économies en crise et ceux et celles qui possèdent encore un travail stable ou syndiqué et qui chercheront par conséquent à conserver leur privilège de travailler.

CL: Globalement, Québec est une ville riche, blanche et relativement âgée d’un demi-million de personnes. Le revenu médian des familles y est sensiblement plus élevé que dans le reste de la province, il y a une très faible immigration et peu d’enfants et de jeunes.

Prol: Bon, le petit Québec n’est pas le Grand Montréal. La situation y est spécifique… comme à Val d’or ou à Sept-Îles. Partir de là où on est, quand on parle de lutte et de révolution, est une évidence matérielle pas la stratégie géopolitique d’un programme révolutionnaire… Un âne n’est pas un coq.

CL: Bien que toujours dominée, à 90%, par le secteur des services, la capitale n’est plus (seulement) une «ville de fonctionnaires».

Prol: L’a-t-elle déjà été ?

CL: De fait, «l’administration publique» ne pèse plus «que» 14% dans le marché de l’emploi de la capitale. L’économie de Québec s’est diversifiée depuis une dizaine d’années. À priori, il semble que les bonnes jobs au gouvernement ont été remplacées par des emplois équivalents dans les secteurs de «la finance et des assurances» et dans les «services professionnels, scientifiques et techniques». Il ne faudrait pas croire, toutefois, que tout le monde est dans le même bateau.

Prol: En effet, selon cette analyse, il y a beaucoup de monde à la mer. Le bateau du secteur des services à Québec ne s’est jamais limité à la fonction publique. Ce secteur a toujours inclus la restauration ainsi que l’industrie du tourisme et du spectacle. De plus, Québec n’a jamais été qu’une « ville de fonctionnaire », elle fut aussi une ville pionnière avec son développement maritime, industriel et agricole propre qui fait contraste avec la vie parlementaire et administrative de l’État. Elle a eu ses chantiers navals, ses quartiers ouvriers, ses révoltes prolétariennes contre la guerre, ses luttes contre le béton fonctionnaliste et la destruction des quartiers populaires… Oui, la loi des autoroutes fut dessinée en fonction des infrastructures gouvernementales, mais ce fut un règne de courte durée (et un long désastre urbain) qui finalement avait beaucoup plus rapport avec le développement géo-concentrique de la ville (ainsi qu’avec un producteur de béton) qu’avec la fonction publique en elle-même. Il faut aussi mettre en contexte que le boom de la fonction publique à cette époque n’est pas unique à Québec ; déjà le gouvernement provincial prend en charge d’énorme secteur de la société : santé, éducation électricité, pour ne nommer que ceux là ; mais cette bureaucratisation de la société est généralisé à l’ensemble des sociétés occidentales. Bref, l’économie du Québec ne pourra jamais vivre qu’en dévorant la caste des fonctionnaires et ça, depuis toujours. Pas plus que l’industrie du tourisme qui pourtant fut une meilleure stratégie pour relancer le secteur des services à Québec mais qui à la fâcheuse tendance à concentrer et nourrir avantageusement le seul réseau des PME qui ont lieu plus ou moins directe avec le centre-ville. Toutes les autoroutes mènent au centre-ville, pourrait-on dire… mais Québec ne se limite pas à son centre-ville qui lui-même ne se limite pas à sa fonction administrative et à son tourisme, loin de là ! Sinon, d’où viendrait cette xénophobie gauchiste contre les travailleurs de shop banlieusards qui écoutent distraitement derrière leur machine bruyante les discours imbéciles de la droite populiste.

CL: Un bon quart de la population travaille dans les secteurs historiquement peu payant du commerce ainsi que de «l’hébergement et de la restauration». Il s’agit là du «petit côté tiers-monde» de la ville (comme disait un animateur de radio et député déchu).

Prol: Il y a un petit bout temps que la division du monde ne se détermine plus seulement par nation ni même par région, mais essentiellement par zone d’exploitation qui traverse les anciennes structures nationales et régionales ; et c’est pour cette raison qu’on parle de mondialisation. Aujourd’hui, les bidonvilles peuvent côtoyer les villes les plus riches du monde ou encore les régions les plus florissantes côtoyer la plus grande pauvreté. Donc, par conséquent, chaque pays et plusieurs villes tendent à produire leur propre « tiers-monde ».

CL: LES CLASSES POPULAIRES MARGINALISEES

Si Québec a pu échapper à la crise économique, les classes populaires de la ville, elles, sont en crise depuis maintenant plus de dix ans.

Prol: Pourquoi dix ans ? Sans compter que personne n’a échappé à la crise puisque la crise n’est pas finit. Même les petit-bourgeois sont contraints de serrer leur portefeuille et tirer plus d’argent de ceux et celles qui sont en-dessous : les classes populaires de ce monde, pas seulement celle de la ville de Québec ; et tout ça, pour la simple raison que depuis toujours les pauvres payent pour les riches, crise ou pas.

CL: Statistiquement, de plus en plus de gens travaillent et, donc, la pauvreté visible recule. Mais la pauvreté est bien présente : il y a plus de 25 000 adultes sur l’aide sociale et 13 000 chômeurs et chômeuses. À Québec, les inégalités sociales se portent très bien merci. Alors qu’un peu moins de la moitié des ménages de la ville ont un revenu inférieur à 40 000$, à l’autre bout de l’échelle sociale, il y en a 20% qui font 100 000$ et plus. Dans le même ordre d’idées, le revenu moyen des hommes est supérieur de 12 524$ à celui des femmes. Par ailleurs, dans une société de plus en plus individualiste, la présence de forts contingents de «ménages» composés de personnes seules (36,6%) et de familles monoparentales (17% des familles) a tout pour encourager l’accroissement des inégalités.

Prol: En quoi cette réalité diffère-t-elle des autres villes ? Oui, d’accord, le Canada s’en réchappe bien pour l’instant, pas seulement le Petit Québec, mais pourtant tout le monde se rend bien compte que l’épicerie coût plus cher, que les facture augmente plus rapidement que le salaire, qu’aller travailler en char devient une dépense supplémentaire... Même une famille de banlieusard peut ressentir ce genre de réalité sans lire le journal Cause Toujours. Eux aussi s’appauvrissent et leurs conditions de vie se détériorent. Limoilou concentre son lot de misère, soit ! Mais je ne vois pas en quoi ce quartier de Québec mérite particulièrement toutes nos énergies… à moins de vouloir recruter dans ce coin. Mais à quoi ça rime de donner tant d’importance à son nombril ? Les fantasmagories de la NEFAC-FL-UCL ne concernent pas le mouvement anarchiste et encore moins la lutte du prolétariat. À trop vouloir grossir, on finit par prendre un œuf de grenouille pour un bœuf.

CL: Comme toutes les villes du monde, Québec est marquée par une forte ségrégation spatiale. Bien que présente sur tout le territoire, les inégalités sont plus concentrées dans l’arrondissement La Cité-Limoilou. C’est dans cet arrondissement que l’on retrouve le plus de chômage et de pauvreté, les plus bas revenus, le plus de locataires, d’immigrant-e-s, de jeunes et de personnes seules.

Prol: Et en quoi Limoilou doit-il devenir plus stratégique que le reste de la ville ? Et pourquoi pas les anciens quartiers ouvriers comme Saint-sauveur et Saint-Malo dont la piètre qualité de l’immobilier est signe de pauvreté… à mon avis. Et pourquoi juste Limoilou, pourquoi pas le quartier Vanier qui prolonge Limoilou vers l’ouest et qui divergent très peu de son quartier voisin en ce qui a trait aux conditions socio-économique ; la différence tient davantage à la géographie urbaine de la ville qu’à une question socio-économique de sa population. Et que dire finalement des vieilles banlieues (comme Ancienne-Lorette, Loretteville ou Neuchâtel) qui ont servi et servent encore de bassin de main-d’œuvre pour les quartiers industriels proches. Pourquoi donc Limoilou ? Parce ce quartier est le prolongement direct de Saint-Roch par le nord, malgré la rivière St-Charles qui les sépare… donc plus facile d’accès pour les résidents du centre-ville que Vanier, séparé par une rivière, une autoroute et un immense parc ? Mais ça n’explique pas pourquoi Limoilou devient soudain un espace stratégique dans la lutte du prolétariat contre le capital. Saint-Sauveur et Saint-Malo prolongent aussi St-Roch mais par l’ouest et possèdent probablement une population beaucoup plus ouvrière qu’à Limoilou, mais cette population est probablement aussi très vieillissante par rapport à Limoilou… pas très winner pour une organisation militante anarchiste… mais pourtant la proportion de pauvres doit être passablement proche. Serait-ce que Limoilou offre la clientèle parfaite pour mener une campagne de logements sociaux ? Des jeunes locataires, immigrant et étudiants, pauvres, plus facile à mobiliser que des vieux ouvriers pleins de préjuger et d’orgueil qui n’ont pas envie de changer leur habitude pour si peu ou encore des jeunes travailleurs de shop qui écoute Radio Poubelle et trouve normal d’avoir des idées réactionnaires sans trop savoir ce que ça veut dire... Choisir Limoilou comme lieu géostratégique arbitraire ne fait que confirmer la manœuvre politique qui se cache derrière cette proposition minable d’un front au toupet libertaire et qui répond aux besoins de recrutement que ce fixe en permanence une organisation anarchiste se voulant une organisation de masse. Viens-tu dans mon « lit moelleux », je vais te montrer mon programme de transition.

CL: L’envers de la médaille de la richesse de la ville, c’est aussi une crise du logement qui s’est installée durablement dans le paysage. L’enrichissement immobilier des uns amène irrémédiablement l’appauvrissement des autres (la hausse de la valeur foncière se répercute sur le compte de taxe qui influe sur le prix des loyers).

Prol: Et maintenant que la crise fragilise le prote-feuille de la petites-bourgeoisies commerçantes autant que foncières, il est à prévoir que le coût des loyers et des produits de consommation augmenteront rapidement aux détriments des pauvres.

CL: En plus de faire face à une pénurie aiguë de logement, les locataires doivent maintenant composer avec l’un des loyers médian les plus cher de la province (le plus cher, de 1$!, étant à Gatineau). Les classes populaires et les locataires, fortement majoritaires sur le territoire de l’ancienne Ville de Québec, sont maintenant minoritaires depuis les fusions municipales. Québec est maintenant dirigée par les banlieusards et les nouveaux riches qui constituent la nouvelle majorité sociale.

Prol: Ça y est, ce qui était à craindre, arrive… Les divisons que la société capitaliste produit deviennent le terrain sur lequel la NEFAC-FL-UCL construit son programme. À force de côtoyer le milieu communautaire et de défendre ses brebis citoyennes selon les catégories sociales mêmes du capital, ils en sont venu à confondre les oppositions internes à la société capitaliste et la lutte de classes. À Québec, la lutte de classes se traduit maintenant en conflit entre, d’un côté, les vieux quartiers historiques qui abritent les locataires, les immigrants, les personnes seules, bref, la clientèle préférée du FRAPRU, sans compter les artistes et les gauchistes et, de l’autre côté, les banlieues où se prélasse les nouveaux petit-bourgeois, les fonctionnaires, les ouvriers syndiqués, les travailleurs de shop qui écoutent Radio Poubelle et les matantes et les mononcles qui écoutent la TV et dirigent la ville sans le savoir. Le conflit de classes s’est donc incarner dans une opposition chauvine absurde entre la droite populiste banlieusarde et la gauche populaire citadine. De même qu’il fut un temps où il était commun de travestir la révolution dans un conflit entre paysan réactionnaire et prolétaire révolutionnaire, de même la NEFAC-FL-UCL veut nous faire avaler la couleuvre des conflits spatiaux.

CL: SABLES MOUVANTS POLITIQUES

La montée de la droite semble s'essouffler. Bien que jouissant toujours d'une capacité de mobilisation sociale importante (marche des cols-rouges, marche bleue), la droite populiste n'a pas su consolider ses gains politiques dans la région. Les députés adéquistes et conservateurs, hier si triomphants, ont presque tous été renvoyés. Même la mairie leur échappe (le maire, bien que populiste et autoritaire, n'est pas exactement un «conservateur fiscal», encore moins un libertarien). L'adhésion populaire aux idées de la droite serait-elle plus superficielle qu'on aurait pu le penser?

Prol: Premièrement, ce qui s’essouffle, ce n’est pas la politique mais seulement le démocratisme radical. Depuis la crise économique, la revendication est devenu illégitime, c’est-à-dire qu’il est impossible et donc inacceptable pour la bourgeoisie de donner quoi que ce soit à la classe prolétarienne… car c’est elle le problème dans la comptabilité du taux de profit ! Gauche ou droite, rouge ou bleu ou vert ou encore orange, la situation est la même pour chaque gouvernement. Mais ceci dit, je ne vois pas en quoi la droite libérale et conservatrice est moins triomphante qu’avant puisque chacune respectivement a désormais la majorité de leur gouvernement. Définitivement, cette boule de cristal ne vaut rien !

Prol: Deuxièmement, la capacité de mobilisation dont il est question ici est quelque chose de plutôt nouveau. Aller chercher des votes dans la classe moyenne et voir cette même classe moyenne descendre dans la rue pour participer à une manif, c’est deux choses. Il est plus facile de laisser les autres s’occuper de faire pression en votant pour eux que d’aller soi-même faire pression contre le gouvernement. Les circonstances changent et cette capacité de mobiliser en dehors des élections est significatif de la situation actuelle. Mais pour comprendre ça, il faut déjà abandonner l’idée qu’une mobilisation est identique aux discours de ses protagonistes. Si la droite populiste mobilise c’est parce que la situation est favorable, si la gauche en arrache c’est peut être parce qu’elle ne répond pas aux nouvelles circonstances.

CL: La «social-démocratie» nationaliste traditionnelle est en déroute, voir en voie d'extinction. S'il y a une famille politique qui a été rejetée avec force par la population, c'est bien celle-là. Après le sabordement du Renouveau municipal de Québec et la débandade du Bloc Québécois, il ne reste plus qu’une élue du Parti québécois d'un peu solide dans la région (Agnès Maltais, et encore, pour combien de temps?). Fait relativement nouveau, ce courant n'a à peu près plus de relais dans les mouvements sociaux (sauf peut-être dans le mouvement syndical, et encore). De plus en plus, même s'il tente vaguement de donner le change de temps en temps, le mouvement souverainiste n'est plus porteur de progrès social et n'est que nationaliste. Le Parti québécois est-il vraiment en train de mourir comme certains le prétendent?

Prol: En effet, le mouvement des cols rouges a eu plus de succès que la marche des souverainistes. Mais le nationalisme n’est pas mort pour autant… il se régionalise, se localise… il se peut même qu’il défende les quartiers centraux contre la main mise des banlieusards sur la ville.

Prol: La chute du mouvement souverainiste est symptomatique d’un changement dans le cours quotidien de la lutte de classes et de la crise actuelle du capitalisme mondiale. La dite social-démocratie nationaliste était déjà morte en 76 lorsque le P.Q. gagne les élections et devient par le fait même le mouvement souverainiste qui n’est en rien un mouvement de classe. Ensuite, le mouvement souverainiste tout comme sa base syndicale et communautaire travaille de concert avec le gouvernement et la bourgeoisie nationale à défendre les intérêts de la Nation. Mais dans le contexte actuelle d’une économie mondiale en crise, les intérêts nationaux entrent vite en contradiction avec l’interdépendance qui relie chacun des pays dans une production mondialisée ; la mondialisation qui détruit toute autonomie de l’État-Nation renvoie, en période de crise, à cette même autonomie comme le seul moyen de défense pour la petite-bourgeoisie nationale contre le contrôle monopolistique des grands intérêts capitalistes qui règlent l’économie mondiale. Le nationalisme va renaître mais de façon contradictoire avec la mondialisation économique qui ne reconnait plus se genre de replie national. La relance de la production industrielle nationale que la petite-bourgeoisie a intérêts à défendre, non seulement elle sera matérielle plutôt que spéculative, mais cette dévalorisation de la sphère financière et spéculative implique une dévalorisation de l’ensemble du capital productif mondiale… ce que ne permettra pas la bourgeoisie internationale, puisqu’aucun de ces capitalistes ne désirent voir tous ces investissements se volatiliser juste pour sauver l’économie de quelques États-Nations en faillite; c’est donc les petit-bourgeois en faillite qui auront recours à ce genre de stratégie nationaliste… qu’elle soit de droite ou de gauche. Tout ceci peut aider à expliquer les bouleversements politiques comme la faillite du Bloc Québécois, la tempête Orange du NPD et la mobilisation Rouge ou Bleue à partir de laquelle l’ADQ cherche à se relancer comme Parti. Au finale, tout ça ne fait qu’annoncer la nouvelle conjoncture mondiale dans laquelle le mouvement souverainiste n’a plus lieu d’être ou du moins doit laisser la place à des mouvements nationalistes plus rigoureux face à la crise et à la révolte qu’elle produit.

CL: Malgré un gain parlementaire qui lui donne une visibilité sans précédent, et une certaine assise organisationnelle, la mouvance de Québec solidaire semble démobilisée. Après un processus d'unification qui a duré plusieurs années, et qui lui a permis de faire des progrès non-négligeables, Québec solidaire est moins actif qu’avant à Québec. Dans les faits, le parti a profité du moment de répit offert par un gouvernement libéral majoritaire pour souffler un peu et faire beaucoup de travail interne (sur le programme, entre autres). Il n’empêche qu’on ne les voit pas beaucoup sur le terrain, ce qui pourrait suggérer une certaine stagnation. Le succès inespéré et inattendu du NPD sur la rive-nord et la popularité indéniable de leur député leur donnera-t-il un regain d'énergie et de popularité?

Prol: C’est pourtant les fans électeurs de QS qui participent aux manifs de la gauche. Tout comme un Comité populaire ne se résume pas à son cercle de militants, la gauche politique ne se résume pas à QS et le mouvement anarchiste à la déroute organisationnelle de la NEFAC-FL-UCL.

CL: Ceux et celles qui ont des yeux pour voir constatent un regain de certains mouvements sociaux et une radicalisation. C'est particulièrement évident dans le mouvement populaire, le mouvement des femmes et le mouvement étudiant. Ça se voit dans les slogans qu'on entend --il y a de l'anticapitalisme et de la lutte de classe dans l'air-- et dans les actions qui, bien que non-violentes, dépassent régulièrement le strict cadre légal.

Prol: Mais où ça ? J’ai beau regarder avec les yeux grands ouverts pour voir… et je ne vois pas. La police a peut-être prit des mesures spécifique contre les anarchistes (GAMMA), mais autrement, il n’y a rien qui laisse suggérer une radicalisation des luttes sinon qu’elles sont désormais confrontées à l’obsolescence de leur caractère revendicatif. Bien-sûr qu’il y a regain depuis la crise, puisque la bourgeoisie ne peut rien offrir au prolétariat pour se sortir de la crise, par conséquent les luttes ne peuvent que se multiplier et s’approfondir. Mais pour l’instant, aucune grève du secteur privée ni du secteur publique n’a vraiment dépassé la voie légale et pour ce qui est des étudiants, du mouvement des femmes et du mouvement populaire, il n’y a rien qui sorte de l’habituel : manifs qui débordent quelque peu de son cadre revendicatif, quelques actions éparses et des discours enflammés, mais pas de trace qui suggère cette fameuse radicalisation supposément visible à l’œil nu. Une chose est sûr, si les luttes se radicalisent, c’est parce que la conjoncture de la crise contraint les classes à l’affrontement… et non, parce que trois, quatre bozos anarchistes distribuent « Cause toujours » dans les manifs ou se pointent à une ligne de piquetage avec des drapeaux noirs et rouges.

CL: Ce qui est curieux c'est que cette radicalisation se fait globalement en vase clos, sans jonction avec la gauche radicale (hormis via quelques militant-e-s et permanent-e-s). Par contre, les mouvements syndicaux et écologistes semblent carrément essoufflés et incapables de (se) mobiliser. Il n'y a pas encore de mouvement de masse sur le terrain mais, fait important à noter, une nouvelle dynamique unitaire est en branle avec la formation de la Coalition régionale opposée à la tarification et à la privatisation des services publics et d'un comité de mobilisation régional.

Prol: Quoi ? C’est ça leur dynamique unitaire : une bande de para-fonctionnaires qui se branlent en réunion pendant que les grévistes de Poste Canada se font imposer une loi spéciale anti-grève ? L’unité du prolétariat se trouverait donc dans une coalition syndical et communautaire qui cherche avant tout à défendre leurs propres organismes ainsi que la clientèle et les salaires qui vont avec ; organismes qui, d’autant plus, sont voués à disparaître pour laisser place à des organisations répondant plus adéquatement à la nouvelle conjoncture. S’unir sur la base même qui nous divise comme classe… Bravo !

Prol: Moi, je ne vois rien de curieux dans le fait que les luttes qui commence à émerger face à la crise ne soit ni le résultat, ni en rapport direct avec l’activité de la gauche. Ça prend juste des militants pour s’imaginer que les luttes dépendent de leur propre activité militante… comme si la révolte et sa manifestation était le fruit de l’activisme. De toute évidence, la NEAFC-FL-UCL ne peut voir le mouvement de révolte autrement que comme une adhésion massive à des organisations et donc saisir le pouls du mouvement qu’à partir d’une évaluation de la capacité de mobilisation des organisations concurrentes sur le marché des idéologies de masse. Si la droite mobilise, c’est donc que la gauche est en déroute et pourtant, quand on est hors de la route, ce n’est sûrement pas de faire un pas en avant dans la même direction qui est la meilleur solution : sortir de l’UCL pour y revenir.

CL: La mouvance libertaire de Québec est à la croisée des chemins. D'un côté, on n'a sans doute jamais vu autant d'anarchistes, avec un grand ou un petit a, dans la région. Le mouvement peut même compter, c'est une première, sur un café-bar, une librairie autogérée, une fanfare, deux émissions de radio, un blogue d'actualité... Toutefois, cette force relative ne doit pas nous éblouir. Un nombre important de personnes quittent le mouvement sur la pointe des pieds (ou l'ont déjà fait). Heureusement, on (re)commence à voir des jeunes reprendre le drapeau (ce qui n'était vraiment pas gagné il y a deux ans). Il n'empêche que plusieurs projets sont en péril ou fragilisés. Mais il y a pire.

Prol: Ce n’est pas la quantité de projets alternatifs qui se réclament de l’anarchisme dans une ville qui fait la force du mouvement anarchiste mais le contenu de ses projets. On pourra accumuler autant de coopératives de travail, de logement ou de solidarité et autant de centres sociaux autogérés tant qu’on peut, cela nous approche en rien de l’anarchie… l’autogestion des conditions présentes n’a jamais abolie la séparation fondamentale entre le travail et les moyens de production. Abolir les classes nécessite beaucoup plus que de savoir qui prend les décisions… car ce sont les décisions elle-même qui importe.

Prol: On peut quitter le militantisme gauchiste à grands pas sans pour autant quitter l’anarchisme sur la pointe des pieds. Il ne faut pas confondre. L’activité militante est une spécialisation de la révolte quant cette dernière n’apparait pas sous forme de luttes prolétariennes. En dehors des luttes, la révolte ne peut que devenir de l’agitation et de la propagande, donc du militantisme. Demander aux prolétaires de devenir militants pour la Cause Commune est donc pure utopie. La grande majorité des prolétaires ont bien d’autre chose à faire que de se présenter à une assemblée publique, à une manif ou même à une réunion syndicale, à moins que leur situation normale soit profondément menacée. Seule un mouvement de luttes à le pouvoir de contraindre l’ensemble des prolétaires à se positionner par rapport au mouvement, car un mouvement de luttes implique nécessairement un changement de circonstance qui embarque tous ceux et celles qui sont touché de près ou de loin par ce mouvement. Bref, même si beaucoup de militants et militantes anarchistes quittent la scène de l’activisme ou tout simplement ne font que passer (ce qui me paraît normal quand la majorité de ces activistes sont des jeunes et que la seule façon de rester dans le milieu tout en vieillissant est de devenir salarié d’une job qui te permet de rester près du milieu : organisme communautaire, institution scolaire et secteur parapublique principalement), cela ne nous renseigne que très peu sur l’anarchisme en particulier et la lutte de classes en général. Il faut arrêter de prendre son arrière cours organisationnel pour le mouvement anarchiste.

CL: Malgré une croissance numérique indéniable, malgré une présence assumée dans la ville, malgré, même, une certaine implantation dans la gauche sociale, la mouvance anarchiste n'a pas encore réussi à surmonter son impuissance politique. Si les slogans et les actions dans les mouvements sociaux sont plus radicaux qu'avant, l'argumentaire, lui, reste réformiste par défaut. On peut supposer que plusieurs anarchistes ont de facto, sinon ouvertement, abandonné toute perspective révolutionnaire. L'impuissance politique en amène un nombre croissant à succomber aux sirènes électorales (il y en a même un, et pas des moindres, qui se présente carrément aux élections). Finalement, faute de perspectives et d'alternatives politiques, des camarades de lutte pourtant proches de nos idées et de nos pratiques ne font pas le saut et ne nous rejoignent pas.

Prol: Question réformisme, je ne crois pas que la NEFAC-FL-UCL soit en position de juger. Je ne vois pas ce qu’il a de révolutionnaire à revendiquer du logement social et l’autogestion des services publics.

Prol: Encore là, on prend des vessies pour des lanternes. Le fait que quelques anarchistes succombent aux sirènes électorales ne prouve pas que PLUSIEURS anarchistes aient abandonné toute perspective révolutionnaire. C’est du sophisme que d’évaluer l’état d’un mouvement seulement à partir de ces symptômes les plus visibles : la scène militante. Avec de tel sophisme, il est facile de conclure que si la NEFAC-FL-UCL perd ses membres, c’est parce que le mouvement anarchiste est un corps décapité.


 

2e partie: Les défis posés par la conjoncture: Identifier l'ennemi et les moyens de l'abattre



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