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#OpSyria : détournement de l’internet Syrien afin de briser la censureAnonyme, Jueves, Septiembre 15, 2011 - 17:42 (Reportage ind. / Ind. news report | Droits / Rights / Derecho | Media: Liberte/Freedom | Repression | Solidarite internationale) Depuis maintenant plus d’une semaine se déroule l’une des phases les plus audacieuses de #OpSyria, une initiative globale destinée à venir en aide à travers internet au peuple Syrien à laquelle Telecomix s’est joint afin de briser la camisole numérique qui coupe le pays du reste du monde. Les lecteurs de Reflets.info et de Fhimt.com ont pu suivre, durant le mois qui s’est écoulé, la première phase de l’opération (OpSyria s01) : l’identification des technologies utilisées en Syrie pour surveiller les citoyens et exercer une répression numérique en ligne, qui mène dans les geôles des Mukhabarat toute tentative de cyber-dissidence, immédiatement repérée par la technologie Bluecoat. A ce stade, nous avons commencé durant plusieurs semaines a faire part de nos découvertes au plus grand nombre, afin d’alerter l’opinion internationale sur la collaboration entre une société occidentale et une dictature sanguinaire. Mais étant donné la situation en Syrie, il ne pouvait être question d’en rester là. Le principe – un peu utopique – qui motive de telles actions est que tout être humain a droit à la liberté d’expression et d’information, qui consiste à pouvoir consulter toutes les informations qu’il souhaite de façon à pouvoir se forger sa propre opinion sur toute chose. OpSyria season 2 : La seconde étape consistait à porter secours aux Syriens, et pour cela, il fallait avant tout leur donner les moyens de communiquer sans risques, aussi bien pour leur permettre d’accéder à de l’information normalement censurée en Syrie que pour en faire sortir sans prendre de risque. L’entreprise s’est avérée complexe. Contrairement à la Tunisie, nous ne disposions pas de réseau humain sur place, de personnes de confiance avec qui nous aurions pu avoir le temps de nouer des relations avant qu’une répression ne s’abatte sur eux. Il fallait commencer par envoyer un « manuel de survie », permettant aux Syriens de s’équiper en technologies destinées à échapper à la surveillance afin, avant tout, d’établir un contact. Hors de question de communiquer directement avec qui que ce soit, ni même d’utiliser Facebook, la surveillance aurait immédiatement transformé cela en piège mortel pour ceux qui auraient tenté de répondre. Il fallait trouver autre chose. La solution la plus évidente a consisté à spammer la population Syrienne, dans la nuit du 11 au 12 aout, avec un document expliquant ce qu’était Telecomix, quels étaient nos intentions, et ce que nous recommandions en matière de protection de l’anonymat et de contournement de la censure. Si cette étape n’a pas permis d’établir une véritable passerelle avec la Syrie, elle a eu le mérite de rassembler autour de cette initiative des forces bien plus nombreuses. D’une poignée d’activistes, nous somme passé à une bonne centaine de personnes. L’étape suivante était plus complexe. Pour toucher les internautes Syriens en masse, et sur une échelle bien plus large, afin de ne désigner personne aux tortionnaires, il fut imaginé de détourner l’ensemble des connexions internet en Syrie afin de les rediriger vers un site web conçu pour faire passer non seulement un message d’alerte et de solidarité au peuple Syrien, mais également pensé pour mettre à leur disposition en téléchargement un ensemble d’outils leur permettant de se protéger. Cette étape aura nécessité près d’un mois de travail. Entre la conception et le design d’un site très allégé (les connexions sont lentes en Syrie), de nombreuses itérations en terme de design, de travail sur le message et sa traduction, et de nombreux tests destinés à s’assurer qu’il soit bien perçu, et bien sûr, la mise en place d’une série de sites miroirs (19, au total) destinés à accueillir une copie du travail final, ainsi que d’un système de gestion de charge destiné à répartir le trafic Syrien entre les miroirs afin de leur permettre de tenir la charge. Le 5 septembre à 1h53 au matin, KheOps enclenchait l’opération et l’ensemble du trafic de l’internet Syrien était détourné. Des milliers de requêtes arrivèrent instantanément sur le dispositif mis en place, un flux de plusieurs megabyte par seconde s’établit avec les miroirs : le système a tenu le choc. Lancement réussi Le channel IRC vit rapidement débarquer une multitude de nouveau arrivants parlant arabe, et d’autres volontaires se mirent immédiatement à l’œuvre, chargés de les accueillir et d’établir le contact. Premiers témoignages, les informations sortent désormais de l’internet Syrien, et ceux qui, sur place, font office de journalistes, le font désormais en prenant un minimum de risques, échappant à toute surveillance de la part des autorités. Une récompense incroyable pour tous ceux qui avaient œuvré en ce sens depuis de longues semaines. A ce stade, l’opération de détournement de l’internet Syrien est toujours en place, et les autorités Syriennes n’ont pas encore trouvé le moyen d’interrompre le hacking de leurs installations, mais le but est atteint : un nombre conséquent de citoyens Syriens sait désormais comment contourner la censure sans prendre de risque et dispose désormais de tous les outils nécessaires pour le faire, afin d’accéder à des informations et également pour en transmettre. La cyber armée d’Assad n’est plus la seule à pouvoir sortir du pays. Elle a perdu une bataille significative. Il nous faut cependant de l’aide pour continuer l’opération : des volontaires – de préférence arabophones sur le channel sécurisé capables d’assister techniquement ceux qui ont besoin d’aide (assister à la mise en place de Tor, surveiller les connexion https pour prévenir des attaques « man-in-the-middle »…), nous disposons d’un bot assistant à la traduction mais son fonctionnement est encore aléatoire, et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour aider à la mise en place de communications efficaces entre l’arabe et l’anglais. Nous avons mis en place des nœuds Tor destinés à renforcer les capacités à contourner la censure, des tunnels VPN, des Wiki et des sites compilant les conseils de sécurité à destination du peuple Syrien, des canaux IRC de secours ainsi que des emails anonymes afin de sécuriser les communications. L’effort technique en ce moment se concentre sur l’accroissement du nombre de nœuds Tor et de tunnels VPN. Si vous êtes disposés à offrir un peu de puissance de calcul, de la bande passante, ou de l’espace disque, vous pouvez encore vous joindre à cette opération d’assistance au peuple Syrien qui a réuni jusqu’ici des citoyens de France, des États-Unis, d’Allemagne, de Suède, de Tunisie et bien sûr de Syrie. Il est également impératif d’avoir sur le channel IRC des personnes disponibles en permanence afin de porter assistance à tout citoyen Syrien dans le besoin. Depuis maintenant une semaine, ceux qui souffrent depuis des mois en Syrie savent que derrière la censure qui les isole du reste du monde, des citoyens du monde entier sont solidaires et prêts à leur venir en aide. Il faut continuer cet effort, tous ensemble. * Fabrice Epelboin » Reflets.Info |
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