Quand le Vatican fera-t-il face à son passé sombre ?

Malgré une protestation massive des survivants de l'Holocauste, pape Joseph Ratzinger a prié à Zagreb, le 5 Juin 2011, sur la tombe d’Alojzije Stepinac (1898-1960), collaborateur fasciste et cardinal. Ratzinger a, il est vrai, condamné lors de son voyage en Croatie la dictature catholique-fasciste de Croatie des années 1941-1943 en la qualifiant de « régime inhumain », mais parallèlement il continua à affirmer que Stepinac avait défendu le « véritable humanisme », qu’il était un « intrépide témoin du Seigneur ressuscité », un « homme d’un humanisme exemplaire », un « grand pasteur et un grand chrétien » qui ne faisait pas de politique.

« Tenir de tels propos, ce n'est pas seulement se moquer du véritable christianisme qui, comme on le sait, est fondé sur la non-violence », a expliqué Matthias Holzbauer, porte-parole des « Freie Bürger für demokratische Werte » (Des citoyens libres pour des valeurs démocratiques), une organisation critique envers l’Eglise, « il s’agit d’un mensonge historique grossier. Stepinac, en tant que Primat croate et évêque militaire de la milice fasciste des Oustachis, a dès le début été impliqué dans la mise en place de ce régime brutal et génocidaire ayant toute la faveur d’Hitler. » Fin avril 1941, dans une lettre pastorale, le cardinal appela les fidèles « à soutenir le nouveau gouvernement parce qu'il représente la Sainte Eglise » et à être obéissant à Ante Pavelic, dirigeant fasciste responsable de massacres, ainsi qu’à « prier pour son excellent travail » dans lequel on peut « reconnaître la main de Dieu ».
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Holzbauer poursuit en disant que si Ratzinger prétend que le cardinal a « défendu le véritable humanisme contre ce régime, défendant les Serbes, les juifs, les tziganes », il jette de la poudre aux yeux et participe ainsi à la falsification de l’histoire catholique. « Si, au sein même du régime, le cardinal a formulé des critiques, ce dont on peut douter, aucune des centaines de milliers de victimes n’en ont en tout cas tiré profit, car personne n’en a pris connaissance, que ce soit par une lettre pastorale, l’excommunication des responsables des massacres, la destitution des nombreux tortionnaires et meurtriers présents dans les rangs des prêtres catholiques et des moines franciscains. Rien de tout cela ne s’est passé ! » Au contraire, Stepinac remercia expressément les Franciscains pour leurs « mérites » dans la « conversion » des orthodoxes serbes, qui souvent se terminait en massacre bestial faisant même frémir d’horreur certains des militaires fascistes italiens et nazis allemands.

« Si Ratzinger essaie désespérément de blanchir Stepinac », continue Holzbauer, « c’est qu’en réalité il cherche à couvrir quelqu’un d’autre : son prédécesseur Pie XII (1876-1958), dont il prépare la béatification depuis des années. Le Vatican était soigneusement informé des massacres commis en Croatie catholique. Le pape Eugenio Pacelli reçut malgré tout plusieurs fois en audience Pavelić, responsable des massacres. Il le qualifiait de « catholique pratiquant » et prenait congé de lui en lui souhaitant ses « meilleurs vœux pour la poursuite de ses travaux. »

« Quand le Vatican fera-t-il enfin face à son passé sombre ? » demande le porte-parole des Freien Bürger. « C'est un scandale pour la démocratie allemande que son Parlement planifie d’offrir en septembre la possibilité à un homme qui rend honneur à un protecteur des responsables de massacres commis dans la Croatie fasciste, de prononcer un discours en son sein. »

Plus d'informations sous : www.freie-buerger.org