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Lettre à BombardierAnonyme, Miércoles, Junio 8, 2011 - 12:00
MaC
Madame Bombardier, Je vous écris en référence au Le couple à la mode sur lequel vous déverser votre fiel bien au-delà de ce qu'eût prescrit la bienséance qui semble vous avoir quittée l'espace d'un instant. Je ne commente pas sur les accusations anticommunistes primaires. Et Amir, un « machiste » ? J'eus pensé que vous le connaissiez mieux. Qu'est-ce qui vous rend aussi aigrie? Est-ce de voir que la morale ne s'arrête pas à l'étiquette, et qu'elle peut aussi viser les puissants qui aiment à jouer impunément avec les ressources des peuples? Ces puissants, vous semblez craindre de les voir renversés par le "commandeur d'un nouvel ordre moral" qui, partout, en lieu et place du colonialisme et du capitalisme sauvage, nous donnerait quelque chose comme le respect de nous-mêmes. René Lévesque était-il lui aussi un de ces genres de " branchouillés, de révoltés à la petite semaine et de rêveurs qui, sous couvert de progrès, nous ramèneraient à ce monde folklorique et doctrinaire du Québec d'antan.", quand il nationalisait l'Hydro-Québec et qu'on le traitait de communiste? Tiens, c'est vous qui vous mettez à parler comme ce québec doctrinaire d'antan, le québec du patronage et des petits copains du pouvoir. Ceci dit, vous ne faites pas exception, on voit beaucoup de voix paniquées tenter d'empêcher la montée en popularité d'Amir, vous n'êtes pas la seule, il faut bien défendre son monde, ses privilèges et sa classe, comme aurait dit Mao Zedong. Ce qui est le plus drôle, quand même, c'est qu'en plus de quitter votre traditionnelle grandeur morale pour faire dans le combat de rue et les coups envoyés sous la ceinture, vous nous servez une leçon d'économie: "Le Québec actuel que délaissent les touristes est une société frappée de paralysie qui peine à s'arrimer à l'économie en évolution. Tout projet de développement se heurte à un mur de refus: hier à Montréal le chantier dont le Cirque du Soleil aurait été l'icône, aujourd'hui l'exploration de nos ressources naturelles, demain le Plan Nord sans doute. Pendant ce temps, les industries des technologies nouvelles regardent ailleurs et la ville de Montréal stagne, donc périclite." Je vous épargne de vous corriger sur la personnalité d'Amir: le temps montrera bien assez vite combien votre jugement s'est enrayé. Mais je ne peux pas m'empêcher de vous enjoindre, et je le dis par charité, de ne plus jamais aborder le sujet de l'économie. On vous imaginait déjà mal en jalouse, mais en économiste, vous sortez carrément du registre. S'arrimer à l'économie en évolution? Mais qu'est-ce que vous connaissez à ces histoires de capital de risque, de bioéconomie et j'en passe? On n'y croit pas. Je vous épargne les détails, mais si vous connaissiez quoi que ce soit à l'économie, vous diriez: comment allons nous faire quand la crise s'aggravera? Que faisons-nous avec l'endettement des ménages? Vous voulez des cirques et des mines! Ha! Mais c'est le spectacle que vous aimez, il faut cesser de vous dissimuler: ce monde fonctionnerait encore si on y croyait juste un peu plus, le développement pourrait continuer, les catastrophes disparaîtraient... mais ça n'est pas de l'économie, c'est du spectacle! Et surtout, pourquoi les Québécois-e-s devraient-ils aider une économie de la finance qui ne profite qu'à une seule minorité? Mais j'imagine que c'est de cette minorité que vous tenez vos informations, et que c'est elle que vous craignez de voir démasquée dans le nouvel ordre moral du commandeur Khadir. Comme il est difficile de défendre des privilèges quand on se met partout à poser des questions! J'imagine que c'est aussi pour cette minorité que vous écrivez. Mais pourquoi feignez-vous encore de vous adresser à nous. "J'écris pour les bourgeois et le capital financier, et nous n'aimons pas Amir Khadir". Voilà qui eût été plus franc et qui eût sonné moins faux. Je suis désolé, toujours chagriné, de devoir vous l'apprendre: la petite bourgeoisie nationale n'est plus à la mode. Plus d'entre-deux: ou alors le grand capital étranger, ou alors quelque chose comme de la dignité retrouvée. C'est une occasion de vous refaire: plus vite vous cesserez de lamenter la perte de l'ancien monde, et plus vite vous pourrez devenir la championne des bonnes valeurs du nouvel ordre moral du commandeur khadir. Autrement vous pourriez finir oubliée, et je sais combien cela vous chagrinerait, enfin, j'arrive assez bien à frétiller d'empathie à votre endroit. Ne dites pas que je ne vous donne pas de conseils. Je suis sans doute trop familier, mais les temps sont troubles, et en pareille époque, il ne faut pas être chiche en matière de générosités. Comme on disait en mai 68: "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi!". Mes salutations anticapitalistes les meilleures,
La Commune (UCL-Montréal)
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