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Saguenay : Fête de l’exode des travailleuses et travailleurs de la région et Contingent anticapitalisteAnonyme, Lunes, Mayo 2, 2011 - 17:56
Équipe du Blogue du Collectif Emma Goldman
Voici notre bilan critique, que l’on veut malgré tout constructif, du rassemblement, suivi d’un compte-rendu du Contingent anticapitaliste organisé par le Collectif Emma Goldman à l’intérieur de la marche. La journée d’hier marquait le 125ième anniversaire des incidents survenus à Chicago, alors que se déclenchait en 1886, une grève générale pour la journée de travail de 8 heures ; un dur combat qui mena, quelques jours plus tard, à la pendaison de syndicalistes anarchistes qui avaient participé à l’organisation de cette lutte historique. Hier, c’était plutôt une « Fête des travailleurs et travailleuses du Saguenay-Lac-St-Jean » à laquelle nous conviait quelques syndicats, les groupes communautaires et des associations étudiantes de la région avec au programme des « actions symboliques ». L’événement a attiré au total un peu plus de 70 personnes et fut une déception pour de nombreuses et nombreux participant-e-s qui y ont vu une démonstration d’apathie incroyable, malgré le fait qu’étaient soulignées les coupures d’emploi sauvages de deux milieux de travail de Jonquière, le journal Le Réveil et le magasin Walmart. Voici notre bilan critique, que l’on veut malgré tout constructif, du rassemblement, suivi d’un compte-rendu du Contingent anticapitaliste organisé par le Collectif Emma Goldman à l’intérieur de la marche. Organisée près de seulement deux semaines à l’avance, la marche d’hier avait pour thème : « L’heure des comptes ». La région ayant été particulièrement touchée par des fermetures sauvages d’entreprise dans les dernières années, ce thème aurait pu, en cette Journée Internationale des travailleuses et travailleurs, annoncer une riposte combattive et de classe contre ces affronts bénis par l’État bourgeois qui ont provoqué l’exode de travailleuses et travailleurs de la région et l’augmentation du chômage. Au lieu de cela, l’événement a pris la forme d’une marche sur la piste cyclable et les trottoirs entre le Walmart de Jonquière (fermé par la grande corporation en 2005 après avoir été le premier magasin de la chaîne à se syndiquer en Amérique du Nord) et l’un des bâtiments du journal Le Réveil (dont le nombre d’employé-e a été drastiquement coupé suite à un lock-out de près d’un an où Pierre Karl Péladeau est sorti victorieux malgré l’emploi de scabs de l’extérieur pour continuer de produire le journal). Annoncée comme une fête, dont la Police de Saguenay avait malgré tout été prévenue en premier lieu, la marche ne comportait aucune bannière de tête et personne n’y portait de pancartes, à l’exception de drapeaux de leur syndicat respectif et de Solidarité Populaire Saguenay-Lac-St-Jean qui avait amené une bannière. Celle-ci fut même suivie par un travailleur en décapotable scintillante qui agitait fièrement son drapeau syndical, bien assis dans les sièges de cuir de son objet d’aliénation, alors que les deux autobus qui avaient été louées pour attirer les étudiant-e-s d’Alma et de Chicoutimi ont attiré un nombre de personne clairement honteux (le moins que l’on puisse dire). Profitant sans aucune gêne du rassemblement, plusieurs politiciens de la campagne électorale ainsi qu’un député péquiste ont joint l’événement et y ont tenté de se faire du capital politique auprès des participant-e-s. Puisque le ridicule ne tue pas, l’actuel conseiller municipal de Chicoutimi se présentant aux élections fédérales pour le Parti Libéral, Marc Pettersen, y était présent avec un gros drapeau du Saguenay-Lac-St-Jean, histoire de nous rappeler que nos élites régionales appellent toujours au calme et à la modération au nom du régionalisme et de l’emploi en région lorsque la situation est mure pour qu’éclatent de durs conflits pour la défense des droits des travailleurs et travailleuses. Le prix payé pour cette paix sociale est astronomique ; il n’y a qu’à penser à l’exode des travailleurs et travailleuses de Dolbeau et de La Baie, aux suicides qui ont suivi et à tous les autres problèmes sociaux que ces situations ont provoqué. Les sentiments identitaires du clownesque Pettersen sont donc bons pour nous garder dans l’apathie ; puisque tant que les élites régionales arrivent à faire gober aux travailleurs et travailleuses qu’ils ont les solutions en main, ces derniers et dernières ne reprennent pas le pouvoir sur leur vie nécessaire pour s’organiser de façon collective et sans intermédiaire. C’est ainsi qu’on se fait fourrer! Malgré les coûts astronomiques pour la région de l’activité capitaliste vorace de Walmart et Quebecor, particulièrement ciblés par la marche, les « actions symboliques » de celle-ci révélaient une passivité stupéfiante et tout-à-fait révoltante. Arrivé-e-s à un édifice du journal Le Réveil par le trottoir, une organisatrice et un organisateur ont ainsi d’abord scotché une facture sur la porte du bâtiment et posé un « tie-wrap » autour de la poignée. L’action finale, devant le Walmart désormais placardé comme un gigantesque bloc de béton, a consisté en l’accrochage de factures sur un petit arbre de noël, qui plus est, a ensuite été ramené en voiture pour ne pas laisser de trace. Plutôt que de mobiliser les participant-e-s à la marche dans l’action collective contre les coups portés par le Capital, ces actions ont été une humiliation comme quoi la résignation et l’exode seraient maintenant devenues les seules solutions devant une classe dirigeante qui traite historiquement les travailleurs et travailleuses comme des bandits et des esclaves salarié-e-s. À ce défilé, se joignit tout de même le Contingent anticapitaliste organisé par le Collectif Emma Goldman auquel participèrent près d’une vingtaine de personnes. Alors que, selon le magazine Forbes, le monde compterait actuellement 1140 milliardaires se partageant plus de 4 500 milliards de dollars et que les gouvernements accroissent continuellement les bénéfices dont ceux-ci jouissent, le Collectif Emma Goldman souhaitait démontrer une opposition claire au système capitaliste, aux inégalités extrêmes qu’il génère et à l’exploitation de l’homme par l’homme. Le Contingent anticapitaliste comprenait une belle bannière de tête (« Ni robots, ni esclaves », un slogan du Mai 68 français) et était animé par de la musique de circonstance ainsi que des slogans plus combattifs lancés dans le porte-voix du collectif. Bien qu’un peu plus de personnes étaient attendues dans le contingent, celui-ci semble tout de même avoir eu un effet dynamique dans l’événement et a démontré qu’une frange plus jeune et radicale de la classe des travailleuses et travailleurs est également prête à se mobiliser contre les affronts des capitalistes dans la région. Toutefois, nous en repartons avec l’idée qu’il reste beaucoup de travail à réaliser afin de démontrer que la contestation en vaut la peine, qu’elle peut en fait mener à des gains concrets. Pour se faire, nous devons défendre l’action directe et collective (c'est-à-dire l’action sans l’intermédiaire des élites et des gens qui tentent de nous contrôler) pour rompre avec la passivité et reprendre le sentiment de pouvoir sur nos vies. C’est seulement ainsi, par l’action combattive de classe, que nous pourrons montrer qu’il peut être viable de travailler, vivre et rester dans une région périphérique comme le Saguenay-Lac-St-Jean en toute dignité. Sur ces bases, en tout respect pour les organisateurs et organisatrices de la manifestation de cette année, travaillons pour un premier mai différent l’an prochain. L’Équipe du Blogue du Collectif Emma Goldman, Photos en ligne sur le blogue
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