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Compte-rendu du FSM, par un caravanier Bamako-DakarAnonyme, Jueves, Febrero 17, 2011 - 10:41 News letter 6 - Only one forum possible : revolution ! Un sympathique, et même instructif — sur la question des migrants — compte rendu, disons du FSM, par un camarade « caravanier » Bamako-Dakar proche du MSV. Arrivée sur Dakar la nuit du 5 au 6 février Gigantesque capitale, on arrive par l’autoroute qui traverse la ville. La bonne surprise est le nombre impressionnant de graffitis et tags sur les murs. Beaucoup de tags par contre partisans d’hommes politiques, en mode pro et anti Wade (le président du Sénégal). (Pour les pro hommes politiques, on apprendra que les taggeurs sont payés… manipulation même des pratiques subversives !!) La mauvaise surprise est que pour passer les embouteillages de la ville, on est escorté par des flics en motos… super l’image pour les populations de Dakar… on est quelques-uns à crier «À bas l’escorte policière» mais en vain… Sur l’université Cheik Anta Diop où se déroule le Forum social mondial (FSM), il y a 63'000 étudiants. De plus, on apprendra plus tard que le recteur de l’université a changé juste avant le FSM. La première explication de l’organisaton pourrie du FSM arrive par là : le recteur a supprimé 40 à 50% des salles attribuées aux ateliers du FSM, et en plus il a décidé que les examens auraient lieu pendant cette prériode du FSM. Résultats : les étudiant.e.s ne pouvaient pas assister au FSM, les gens du FSM ne trouvaient pas les salles, tout le monde se marchait dessus. L’objectif politique évident est que l’État du Sénégal a voulu minimiser l’impact du FSM pour ne pas permettre aux jeunes étudiant.e.s d’avoir quelques possibilités de révolte. On va y revenir… On est donc logés sur un terrain de foot en sable, sous des tentes de réfugiés avec écrit : «Arabie Saoudite, Royaume de l’Humanité», la bonne blague… Le lendemain, marche d’inauguration du FSM dans les rues de Dakar, pas trop de flics au départ, beaucoup à l’arrivée. Beaucoup de monde, comme d’habitude des camions avec de la musique qui empêchent les gens de crier leurs slogans. Forte chaleur, ambiance bonne enfant. Pas mal de tags sur le début de la marche, «Liberté pour les prisonnier.e.s» sur une pub géante, la Radio TV sénégalaise : «L’État et la police tuent, médias complices», la BNP «Banque de dictateurs», les banques «Voleurs !», une dépendance du ministère de la Santé : «Santé gratuite !», une pub géante Air France : «Stop expulsion, à bas les frontières», «Vive les révoltes des peuples», «Révolution sans les femmes = c’est déjà perdu, vive les révoltes populaires !», «Danger, jeunesses du monde révoltées !», etc… Marche sympa avec notre groupe de potes.sse du coup. Le soir, nous voilà a découvrir que le terrain de foot sur lequel on loge est couvert un peu partout de cartouches de gaz lacrymogènes. En fait, les conditions des étudiant.e.s sont compliquées, donc souvent des grèves se terminent par des affrontements sur le lieu de l’université. On aura la chance d’avoir sur le terrain de foot l’installation du «camp des jeunes», un genre regroupement des jeunes de l’université qui n’ont pas eu la possibilité de s’installer sur le lieu du FSM, et qui font surtout la fête tous les soirs. Participation à un atelier du FSM… oui quand même… Instrumentalisation de l’insécurité au Niger : participation à un atelier organisé par Migreurop, des assos du Niger, et les groupes militants allemands luttant contre Frontex… beaucoup parlé de Frontex, alimentant notre rage contre cet outil assassin de l’Europe, qui s’externalise au nord de l’Afrique, fournissant radars, navires, avions de contrôle, formant les flics des pays d’Afrique et coordonnant les missions de lutte contre l’immigration. (On apprend que leur siège à Varsovie se trouve au 22 e et 23e étage du gratte-ciel.) Après l’atelier, petite discussion avec une amie de Migreurop : elle nous apprend qu’en Bosnie (nouvelle route migratoire depuis les dures fermetures en Italie, Grèce (un nouveau mur ultra-sécurisé est en construction à Evros), Turquie et Égypte (là-bas les militaires tirent à balles réelles sur les aventurier.e.s, des dizaines de morts depuis plusieurs mois). En Bosnie donc en ce moment, plusieurs dizaines d’aventurier.e.s sont dans une situation très critique, kidnappé.e.s par les autorités. Il n’y a aucun cadre légal, et le problème de Migreurop est de trouver des contacts sur place. La «mobilisation classique» (interventions de députés européens et d’associations plus ou moins militantes occidentales qui font pression sur les autorités) ne fonctionne pas pour les libérer. La seule chose que faisait aussi des juristes sur place en Bosnie était «Vous voulez demander l’asile en Bosnie ?» — «Non, on veut être libérés !» Si par hasard vous avez des contacts dans cette zone : écrivez à Migreurop, sur internet, vous trouverez leur contact téléphonique direct. Réunions : marre du FSM… Avant même l ’ arrivée à Dakar, notre volonté avec nos potes maliens, burkinabais, camerounais et européens étaient de créer des espaces d ’ actions et de discussions autres que ce forum, où beaucoup d ’ ONG arrivent en 4×4 et se valorisent … où les ateliers sont enclavés dans l ’ université et où évidemment les gens des quartiers ne vont pas … etc. Nous avons donc fait des réunions le soir… une des volontés, celle d ’ aller devant la prison centrale de Dakar, en solidarité aux prisonniers. Repérage et discussions avec un ancien taulard : 2000 ou 3000 enfermés, des dizaines par petites chambres, si tu n ’ as pas d ’ argent tu manges pas souvent, des enfermés qui passent 3, 4, 5 ans en attente de procès … bref la taule comme partout qui enferme les pauvres et crée un sentiment de peur qui empêche les révoltes … il y a de plus eu beaucoup d ’ arrestations d ’ émeutier.e.s qui se sont révoltés ces derniers mois contre les délestages : coupures d ’ électricité très fréquentes et longues dans les quartiers pauvres (entreprise Sénélec). Nous entrons dans la prison, mais pas comme nous l ’ aurions voulu… Mardi, nous faisons des affiches pour appeler au rassemblement devant la taule en fin d ’ aprem… Comme à chaque fois … cela ramène peu de monde. Nous nous retrouvons à environ 25 et partons à la taule. Là-bas, nous allons directement au portail au fond d ’ une petite rue et balançons des slogans «Liberté, solidarité, à bas les prisons» sur fond de djembé… Au moment de lire un témoignage d ’ un mec qui a fait 5 ans de taule avant son procès et d ’ y être innocenté ……… 20 flics en civil matraque à la main sortent du portail de la taule et nous tabassent dans la rue, nous essayons de fuir mais pour la plupart les coups sont violents et nous laissent à terre. Ils arrêtent 16 personnes dont certain.es après les avoir poursuivis pendant plusieurs centaines de mètres. Ils nous emmènent dans la prison, et continuent à tabasser certain.es et sont hystériques qu ’ on ait touché à leur prison. Ils essayent de nous faire peur en nous embarquant dans un véhicule direction le commissariat mais finissent par nous ramener à la taule pour un dernier discours de morale : «Laissez-nous faire notre travail, ici il y a des criminels, nous les mettons hors d ’ état de nuire, il y a des lois au Sénégal, demandez une autorisation … je ne laisserai personne toucher à ma prison». Bilan : deux potes à l ’ hôpital le soir-même (côtes abimées pour l ’ un, et l ’ autre s ’ est fait écraser les testicules), pour les autres, des contusions un peu partout. Mercredi, pièce de théâtre Un pote éthiopien qui vit en Allemagne a confectionné une bande sonore sur laquelle nous répétons ensemble avec lui, et une dizaine de personnes, une petite pièce de théâtre sur les frontières, sans parole, que une bande de sons, pour qu ’ elle soit compréhensibles de toutes et tous, peu importe les langues parlées. La pièce raconte une histoire vraie, celle d ’ Oury Jalloh, Guinéen qui a fui la guerre et est parti en pirogue pour se retrouver plus tard en Allemagne et rejeté de l ’ Asile. Cet homme s ’ est fait assassiner en prison à Berlin, les flics l ’ ont tabassé et l ’ ont brûlé vif en faisant passer ça pour un suicide. Des luttes se sont enclenchées en Allemagne par rapport à lui et à tou.tes les autres. Bref nous avons joué cette pièce à plusieurs endroits pendant la caravane et à Daker sur la plage, pas beaucoup de monde mais des discussions intéressantes après. Jeudi : manifestation contre Frontex Manifestation contre le bureau Frontex à Dakar, entre 500 et 1000 personnes, beaucoup de flics en tenue qui nous encadraient derrière et devant … et des flics en civil dedans. Encore un point pourri du FSM : soit-disant cette manifestation est organisée ou au moins soutenue par le FSM, mais en fait aucune pub ni aucune annonce n ’ est faite sur le FSM, c ’ est nous (la caravane Bamako-Dakar / réseau Afrique-Europe Interact) qui avons annoncé cette manif. Et encore plus pourri, le lendemain, une photo de la banderole en manif «Pour un monde sans frontières» est en Une du journal du FSM, mais sans article qui dit qu ’ il s ’ agit d'une manif. Bref silence total (à part les deux ateliers qui en parlaient) autour de Frontex dans le FSM… Action symbolique : deux personnes sont entrées dans le bâtiment et se sont fait passé pour des journalistes ayant rendez-vous, ils se cachent dans les chiottes en attendant que la manif arrive et déploient une banderole d ’ un balcon qui donne sur la rue : «FRONTEXPLODE» (Explose Frontex). Des tags sont faits sur les murs du batiment : «À bas Frontex, police assassine». On arrive aussi à s ’ imposer pour prendre le micro de la manif pour parler des violences subies lors de l ’ action devant la prison, parce qu ’encore des gens d’assos ont pris la parole pour remercier la police d’avoir encadré la manif … beurrrrrkkkk. Quartier Hann Le soir nous partons avec les gens du réseau Afrique-Europe Interact, dans un quartier de Dakar, en minibus sénégalais … pas assez de place du coup, 15 personnes sur le toit… c’était trop bien ! Les gens partent en minimarche à la plage d’où partent les pirogues vers l’Europe. Nous, ça nous énerve cette démarche d’arriver comme ça en force, en mode touristes-appareil photos sur la plage sous couvert de «militantisme», les gens de la population, nous regardent sans comprendre… (Et si on fait une manifestation, il y avait un camp de militaires tout près avec des militaires français dedans !!) Du coup on laisse la troupe et on discute avec les gens sur la plage. On apprend par un mec qui a déjà fait l’aventure : les pirogues partaient en grand nombre d’ici jusqu’en 2006 jusqu’aux îles Canaries. Après 2006, il y a beaucoup de contrôles directement sur la plage et des patrouilles : au début espagnoles ensuite sénégalaises. Un radar a été installé au large. Lui-même a fait l’aventure, arrivé au large des îles Canaries, il a été arrêté et mis 5 jours en détention, pour interrogatoire et identification, puis transféré sur le continent européen au camp de détention de Ténérife, gardé par les militaires espagnols et où plusieurs milliers de personnes sont en attente de l’expulsion, du transfert ou de la libération. Lui et son groupe ont été ensuite expulsés, mais les militaires leur avaient dit qu’ils seraient transférés à Barcelone. Un mensonge de plus. Au Sénégal, ils ont été libérés avec 10'000 francs cfa (15 euros). C’était en 2006. Après la plage nous allons dans une petite salle ouverte, une soirée culturelle est organisée par une association locale «asso de jeunes rapatriés». Nous jouons notre pièce de théâtre et ensuite une troupe de jeunes sénégalais joue leur pièce de théâtre-forum super bien faite sur les frontières, et s’en suit donc la partie forum de discussion mais qui est vite coupée par le programme culturel de projections vidéo sur une place du quartier… dommage pour le début de discussions bien fortes ! Participation à un second atelier : la Marche mondiale des femmes Des nanas représentant tous les continents et beaucoup de pays sont là et ont vraiment la patate avec comme vision un combat contre le patriarcat et le capitalisme, mais des différences de réalités importantes. Une intervention qui reste plus ancrée dans le cœur et dans les tripes que les autres : une nana du Congo RDC. Les femmes tentent de s’organiser pour dénoncer ce qui s’y passe. Il faut rappeler que le viol est utilisé comme arme de guerre. Elle raconte… nos larmes montent mais elle a la patate et nous envie de soutenir ces luttes-là car elle le dit elle-même : il est vraiment très difficile de lutter quand la population et principalement les femmes sont terrorisées et quand les gens du village d’à côté ont été violés, torturés et tués. Comment dans notre vision il peut y avoir soutien de ces luttes ????? (des féministes de pays africains soutiennent déjà en diffusant des informations, en soutenant des revendications à des institutions, en donnant de la force morale, etc.) Petite explication de cette guerre ignoble : comme la plupart des guerres, il y a l’exploitation d’un minerais derrière, et non pas «des barbares africains qui se font la guerre entre eux» comme les occidentaux ont comme stéréotype et comme les médias participent à le diffuser… et non !! derrière tout ça il y a aussi l’Europe, il y a toi, il y a moi, il y a elles et eux. Car la ressource naturelle derrière est le coltan utilisé pour fabriquer … les téléphones portables (Ericsson, Alcatel, Sony, Samsung etc… assassinent !! et tou.tes ceux qui achètent). Les bandes armées extraient (souvent en forçant des personnes à creuser) du coltan pour les revendre dans les pays fontaliers à des entreprises occidentales… Il est beaucoup plus facile de faire le business des ressources naturelles en «déstabilisant» le pays, ça a souvent été comme ça dans la Françafric et pour terrorriser la population rien de tel que des viols systématiques avec déchirement du vagin, des femmes enceintes éventrées, des tortures, etc. Alors comment on peut soutenir ces luttes même si il n’y a pas de solutions toutes faites ??? En Europe, en se demandant et en expliquant aux gens d’où vient ce qu’ils elles consomment, et en attaquant par différents moyens les multinationales qui pillent (le coltan avec toutes les entreprises de téléphonie, pétrole avec Total, etc., uranium avec Areva, bois, eau et logistique avec Bolloré – première entrepirse de logistique commerciale, humanitaire et militaire : SDV logistique, etc…). «À toutes les filles et les femmes, sur la ligne de front, à toutes les filles et les femmes qui n’acceptent plus la soumission, qui subissent violences et tensions, qui luttent chaque jour pour leur libération… sur la ligne de front !!» Rencontres rapides sur le FSM Au détour de l’annonce faite pour le rassemblement devant la prison, on rencontre un stand avec un texte sur un bout de carton «Fin des longues peines dans les prisons algériennes». On parle avec Abdellah Lamani, ancien détenu civil du conflit pour le partage du Sahara occidental entre Algériens et Marocains, et qui a passé 23 ans en prison (1980 à 2003). Il a réussi a écrire clandestinement un livre «l’horreur» en prison, qu’il nous a chaleureusement offert. 150 pages d’horreurs dans ces prisons au sud de la ville de Tindouf qui existent encore. Son combat est désormais de lutter contre ces prisons, et de diffuser son livre et son histoire afin de (re)trouver des prisonnier.e.s et leurs proches afin de combattre les États et les tortionnaires de ces prisons, de cette guerre. Une mini manif d’un collectif de hip hop «G-hiphop», du quartier de Guediawaye, banlieue de Dakar, quartier où les émeutes de l’électricité sont régulières, qui dénonce la mascarade du FSM, ses prix exhorbitants, ses marchands de Nescafé, ses 4×4 des grosses ONG, et qui prennent des contacts pour faire connaître leurs rages, leurs sons, leurs luttes. Minimarche des lycéens, qui demandent à être orientés parce qu’il n’y a que très peu de place à l’université. Le vendredi, dernier jour du FSM, on part au rassemblement devant l’ambassade égyptienne, quelques flics mais on est deux cent personnes, alors ils se tiennent tranquille. Beaucoup de prises de parole, on intervient via des slogans pour exiger la solidarité et la libération des prisonniers de la révolution. Ensuite sur le retour petite pause devant l’ambassade d’Israël. Et c’est vraiment un quartier bourgeois et de gens de pouvoir, avec aussi les ambassades ultra-sécurisées, et la Banque mondiale… La dernière petite intervention sera lors de la cérémonie de clôture du vendredi après-midi, où lorsque les gens se sont eux elles-mêmes félicité.e.s du départ de Moubarak (tout en remerciant le président du Sénégal Wade, scandaleux), une prise de parole gueulante dans le public a lancé «Vive les émeutierEs, vive les incendiaires, vive les casseurs.ses, liberté pour les révoltéEs, etc…» et mini accrochage avec une toubab : «Nous sommes non violents, c’est comme ça que la révolution a réussi» — «T’as qu’à regarder les comptes rendus des affrontements de la place Tarhir», «Vive les révoltéEs». Le soir du départ, zik et bière sur la plage, en famille et en mode à la prochaine… On réussit à squatter pour quelques dizaines d’euros le bus de la caravane du Maroc. Cette caravane se compose de plus de 50 personnes, marocaines mais surtout des migrants ; soit réfugiés soit en situation légale au Maroc pour le moment… et quelques Européens dont la majorité travaillent et vivent au Maroc. Elle est partie de Rabat pour le FSM à Dakar (5 jours) avec des escales en «retraçant» le trajet d’un.e migrant.e mais le plus important était la destination de l’île de Gorée à côté de Dakar. Le but était très important : se retrouver sur l’île où leurs ancêtres ont été mis en esclavage et enfermés, et passer deux jours de rencontres/discussions pour aboutir à la rédaction pour la première fois d’une Charte mondiale des migrants faits par les migrants eux. elles-mêmes (environ 200 personnes, dont beaucoup représentaient des collectifs de migrant.es), pour contrer les chartes de merde faites par les institutions internationales. Cela faisait 1 ou 2 ans que des collectifs de migrants la préparaient, Gorée fut alors une mise en commun / débat / ajouts. Ce n’est pas une charte fixe, elle se veut un outil de lutte comme des revendications à porter par tout un chacun, dans le sens de l’appropriation par les personnes migrantes elles-mêmes. Elle est consultable en ligne. Retour : coopérative El Fatima à Nouadhibou, Mauritanie Nuit passé dans un centre géré par Caritas Mauritanie qui accueille des migrant.es. C’est super galère de trouver un travail (il y en a peu, plus racisme très ancré envers blacks considérés comme inférieurs). Mais parfois il y a des situations qui sortent de la galère. Rencontre avec une femme camerounaise qui a monté son atelier de couture/ broderie/ teinture/ bracelet en 2003, devenu la coopérative El Fatima. Commencé chez elle dans une salle toute petite, puis avec environ 300 euros de départ (aide de Caritas), elles arrivent à avoir un atelier. Maintenant, elles font des formations pour femmes étrangères et mauritaniennes. Il y a environ 13 femmes et quelques hommes qui y travaillent et vendent : en Mauritanie, en Guinée, au Portugal, en France (à chaque fois c’est un contact qui s’y trouve et qui vend un peu pour elles). Juste un bel exemple, mais dans les pays de transit (Mauritanie, Maroc, Libye) malheureusement la majorité des personnes même qui veulent s’y installer galèrent pour lancer une petite activité pécuniaire (pas de financement de départ, racisme quotidien…). Centre de détention pour migrant.e.s, avec parfois des mineurs de 18 ans, qui restent entre quelques jours et quelques mois, jusqu’à ce qu’il y ait assez de personnes pour expulser collectivement. Il peut y avoir entre quelques personnes jusqu’à une centaine de personnes. C’est le Croissant Rouge mauritanien qui se charge de la nourriture et des soins. Les conditions de détention (c’est pas une surprise…) sont très dures. Comme partout aussi, les gardiens volent l’argent des détenus, qui doivent tout reprendre à zéro. Beaucoup de bastonnages d’après les témoignages de détenus. Les règles sont strictes donc les places pour des révoltes sont faibles (pas d’histoire de révolte d’après une personne qui vit à Nouadhibou). Le centre existe depuis 2005-2006. Enfin, une mobilisation à laquelle des jeunes ami.e.s marocain.e.s nous ont invité : le Forum des quartiers du monde, en octobre 2011 à Salé au Maroc, dans une dynamique de mobilisation des quartiers, pas un forum de «riches», mais bien un forum dans un quartier populaire, où l’idée est de briser les frontières et de parler des luttes et des vies de quartiers dans le monde.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaanecdotes Café Touba : Une alternative au café Nescafé ? Non en fait c’est aussi récupéré par Nescafé. Il s’agit d’un café hyper addictif, un mélange de café et d’épices, fort et trop bon… La plage est infestée de flics : Alors ouais un petit joint et 6 flics qui débarquent, sans cartes et direct tendu limite à vouloir tabasser. Donc un toubab qui prend sur lui la repsonsabilité, on est nombreux ça empêche l’arrestation, une belle morale du chef flic en civil et armé de son flingue. En prenant à part des potes africains, et en les accusant que c’est eux qui nous encouragent à fumer, et qu’ils ont eu la chance de ne pas être embarqués. Sur le fronton de la plage, un gros «À bas les frontières» et un «Police partout, justice complice» ; «La police assassine». Backchich visa : Comme d’hab on fait les choses qui se disent importantes au dernier moment, on trouve le moyen de partir de Dakar la veille même : la Caravane marocaine contre les frontières qui a fait Rabat-Dakar et nous nous incrustons pour le retour. Du coup vite vite on va faire les visas pour ce pays militarisé qu’est la Mauritanie et il nous les faut le jour même. Dégoutés, le mec de l’ambassade nous fait tranquillement 1000 francs CFA de plus que prix initial, en nous disant que avec lui c’est comme ça. Pressé par le temps on n’a pas pu lui tenir tête… notre premier backchich … dans un bureau d’une ambassade ! La santé au Sénégal : Ça nous a valu quelques réflexions et discussions sur nos positions politiques personnelles anti-État. Comment ne pas soutenir les personnes demandant une prise en charge de la santé par l’État ? Au vu des conditions, on a l’exemple fort de ce taxi man nous racontant la mort de son fils de 10 ans à l’hôpital public par mauvais diagnostic, et donc mauvais soins, en plus payant… il nous montre la photo de son fils, le malheur et la rage que ça leur a causé à lui et à sa femme. Du coup, si on souhaite bien évidement une autogestion du système de santé, la diffusion des pratiques alternatives aux soins chimiques des produits brevetés, il est clair que les luttes pour l’accès basique et gratuit à la santé devraient être soutenues, au travers du soutien aux personnels et aux populations en lutte, mais aussi dans la dénonciation des entreprises et laboratoires pharmaceutiques qui sont là pour se faire de l’argent sur les maladies. «La CGT auforum» : Petite perturbation d’un atelier de la CGT sur les travailleurs sans papiers. Des membres des collectifs de sans-papiers étaient présents mais ils elles souhaitaient attendre la fin des exposés des intervenants pour prendre la parole. Je décide du coup de réagir dès que l’un d’eux dit «Le gouvernement fait reculer le droit des étrangers» en gueulant en gros «C’est vous qui faites reculer les droits, vous collaborez avec le gouvernement, vous avez cassé les piquets de grève des travailleurs sans-papiers, vous êtes corrompus et vous avez balancé aux flics des camarades lors des luttes des retraites, vous êtes des casseurs de lutte». J’apprendrai plus tard qu’à la fin des exposés, il n’y avait plus de temps pour débattre. Nuit à Nouadibou, Mauritanie : Dans le centre de Caritas, avec des croix et la photo du pape Benoît 16, où des migrant.es nous ont préparé une soirée culturelle. À part quelques débuts de débats intéressants, nous pouvons voir que l’Église détruit la fête et les cultures traditionnelles… on se croit en soirée mi-église évangéliste, mi pièce de théâtre où souvent «Dieu nous sauvera». On tripe intérieurement, envie de lancer soirée-débat «Diversité des sexualités, et plaisirs»… «Vivent les gouiiiines, les trans’ et les pédéééés !!!!» (aaah ça fait du bien…) Bon, pour celles et ceux qui ont eu la motiv de lire nos impressions si peu intéressantes sur nos tribulations depuis un mois, on vous embrasse particulièrement et passionément. Fin de la transmission, silence radio maintenant (non faut pas !), on se retrouve par surprise… La lutte continue. «Le meilleur moyen de lutter contre la prison, c’est de ne pas se laisser enfermer à l’extérieur.» Rage et Amour. |
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