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Répression, racisme et criminalisation : il est grand temps d'organiser la riposte à la dite «Sécurité nationale»PASC, Jueves, Enero 6, 2011 - 16:41
Réseau de la Commission Populaire
L'usage accru par le gouvernement conservateur des concepts de «sécurité nationale » et de « terrorisme » afin de justifier la surveillance, la détention arbitraire, les listes d'interdiction de vol, la déportation, l'exil, la retenue de visa d'entrée, les coupures dans le financement, l' implication dans la torture, la suppression et la criminalisation de la dissidence ont réveillé l'intérêt pour établir un réseau s' opposant à cette dérive sécuritaire. Depuis plusieurs années, le Canada, contrairement à son image de tolérance et d’ouverture longtemps véhiculée ici comme à l’étranger, a durci son discours, mais surtout ses lois et ses mesures administratives. Amorcé sous les gouvernements Chrétien et Martin, ce virage sécuritaire et discriminatoire s’est accéléré durant les cinq dernières années sous la gouverne des néoconservateurs de Stephen Harper. Sécurité nationale et mesures « sécuritaires » en immigrationLe concept de sécurité nationale est devenu central non seulement dans la rhétorique politico-médiatique du gouvernement, mais surtout dans l’élaboration et l’application des mesures concernant les migrant-es de toute origine. Qu’on pense à la dernière mouture de la loi concernant les travailleurs saisonniers agricoles (principalement sud-américains), au refus de modifier le programme des aides familiales résidentes (principalement des femmes asiatiques), au refus de rapatrier Abousfian Abdelrazik l’an passé, à la déporatation vers la torture de Maher Arar et aussi de trois autres canadiens d’origine proche-orientale (Abdullah Almalki, Muayyed Nureddin et Ahmad Abou El-Maati), à la situation déplorable d’Omar Khadr, au coup monté du Projet Thread (les 19 de Toronto en 2003) ou à l’imposition de visas pour les Mexicains et les Tchèques, dans tous ces cas et bien d’autres, on applique la même logique: les autorités utilisent la peur et la xénophobie pour stigmatiser des individus et des communautés entières. Les institutions qui gèrent le problème des immigrant-es sont maintenant les agences répressives, c’est-à-dire l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS). L’outil principal de contrôle des demandeur-es de statut, des réfugiéEs potentiels-les et mêmes des résidant-es permanant-es est la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés (LIPR). Très complexe, elle a été modifiée plusieurs fois au cours des dernières années pour rendre plus difficile l’accès au pays; on pense ici à la suppression du droit d’appel pour les demandeur-es de statut de réfugié ou à la mise en place de l’entente dite du tiers pays sûr. Cette loi est surtout malheureusement connue pour l’infâme mesure des certificats de sécurité, disposition qui suspend les droits fondamentaux d’individus soupçonnés d’activités terroristes : arrestation et détention indéfinies sans accusation, preuves secrètes ( incluant des informations obtenues sous la torture), éventuel procès à huis clos et à la clé un renvoi sans appel vers le pays d’origine. Depuis plusieurs années, cinq hommes d’origine arabo-musulmane vivent un véritable enfer kafkaïen, malgré le fait que cette mesure administrative a été invalidée par la Cour suprême du Canada. Listes noires, mise-à-l’index, et loi antiterroristeDevant la contestation importante qu’a soulevée l’utilisation des certificats de sécurité, le gouvernement fédéral s’est tourné vers la récente Loi antiterroriste canadienne, adoptée en décembre 2001 à la suite des événements du 11 septembre. Le gouvernement libéral de l’époque a accéléré l’adoption de cette loi en étouffant les débats sur les abus potentiels et en refusant tout amendement substantiel. Les objectifs explicites des changements à la législation étaient de permettre au gouvernement d’agir de manière “préventive” et d’élargir la définition du terrorisme afin d’y inclure un appui indirect. La loi a inscrit de nouveaux délits au Code criminel, incluant le financement et la facilitation des activités terroristes. Elle donne aussi davantage de pouvoir aux forces policières, notamment de leur permettre d’effectuer des arrestations « préventives » et de forcer des témoins à témoigner devant un juge. Un usage plus large des preuves secrètes a aussi été permis. De plus, la Loi antiterroriste rend plus facile pour les agences de sécurité l’utilisation de la surveillance électronique. Deux des mesures ayant généré le plus de controverse, les arrestations préventives et les enquêtes intrusives (forçant des témoins à témoigner), étaient temporaires et sont tombé à échéance en 2007. Elles ont été introduites par le gouvernement conservateur à l’automne 2007 et ensuite réintroduites dans le projet de loi C-17 (Loi sur la lutte contre le terrorisme), qui est présentement au stade de la première lecture au parlement. Il est important de noter que la plupart sinon la totalité des clauses de la Loi antiterroriste visent des crimes et des prétendus délits terroristes qui pourraient simplement – et avec bien moins de stigmatisation – être jugés comme des conspirations criminelles « ordinaires ». Les récentes arrestations faites par la GRC, sous les dispositions de la Loi antiterroriste, dans le cadre de l’opération grossièrement intitulée « Projet Samossa », sont le dernier épisode d’une longue série noire visant en grande partie les communautés arabo-musulmanes. L’accueil méfiant et agressif réservé aux réfugié-es tamoul-es arrivé-es par bateau en août dernier nous donne une bonne idée de la nouvelle approche répressive et raciste qui est maintenant celle de la forteresse Canada. Par ailleurs, l’un des mécanismes les plus largement utilisé par les États et les agences gouvernementales dans le cadre de leur politique de sécurité nationale est la création de diverses listes noires : la liste noire grandissante des « entités terroristes » du Canada (dont font parties le Hezbollah libanais et l’Association mondiale tamoule), listes d’interdiction de vol, listes de personnes « suspectes », la liste 1267 de l’ONU, etc. Par ces listes, un grand nombre de groupes et d’individus se retrouvent pris dans le filet des mesures répressives des États, et les médias de masse ont, pour la plupart, accepté sans broncher ces listes comme étant légitimes. Des personnes sont emprisonnées, des biens et avoirs sont saisis, et des mouvements politiques sont amputés et forcés à la clandestinité, au Canada et ailleurs. Une industrie militaro-sécuritaire florissanteProfitant de ce climat politique, l’agenda sécuritaire a créé sa propre expansion économique avec la croissance fulgurante de l’industrie « sécuritaire ». L’industrie militaro-sécuritaire a étendu ses activités aux secteurs de la sécurité, de la surveillance et de l’interrogation, profitant et se nourrissant ainsi de la « guerre au terrorisme », dans laquelle la dissidence politique est de plus en plus étiquetée de « terrorisme ». L’association canadienne des fabricants d’armes, à titre d’exemple, s’appelle désormais l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité (AICDS). Criminalisation de la dissidenceLa répression sans précédent qui s’est déchaînée lors du sommet du G20 à Toronto au coût d'un milliard de dollars et qui se poursuit jusqu'à ce jour jumelée au harcèlement grandissant depuis plus d’un an des mouvements sociaux par le SCRS et les différents corps de police, sont des manifestations claires de cette montée de la criminalisation de la dissidence. Les récentes coupures des ONGs un tant soi peu réprobatrice des orientations gouvernementales nous offre par ailleurs un autre exemple de cette stratégie de musèlement de la critique. Toutes ces opérations policières, ces mesures dites administratives, ces nouvelles lois ne sont pas des cas ou des abus isolés : au-delà du non-respect des droits humains, nous avons en action devant nous un système politique et économique structuré ayant des objectifs clairs de contrôle des individus, de marginalisation de communautés entières, de création de boucs émissaires et de bâillonnement de toute résistance au silence. Organiser la riposte à la dérive sécuritaire : le Réseau de la Commission populaire*L'usage accru par le gouvernement conservateur des concepts de «sécurité nationale » et de « terrorisme » afin de justifier la surveillance, la détention arbitraire, les listes d'interdiction de vol, la déportation, l'exil, la retenue de visa d'entrée, les coupures dans le financement, l' implication dans la torture, la suppression et la criminalisation de la dissidence ont réveillé l'intérêt pour établir un réseau s' opposant à cette dérive sécuritaire. Un tel réseau a vu le jour initialement pour donner suite à la Commission populaire sur les mesures « sécuritaires » en immigration, organisée par la Coalition Justice pour Adil Charkaoui et Solidarité sans frontières en mars 2006. Ce réseau s'est maintenu informellement jusqu'à l'automne 2008 où il s'est réactivé à la veille de la déportation d'Ivan Apaolaza Sancho, un militant basque qui a été déporté pour des motifs de sécurité nationale sans que le gouvernement canadien n'ait fourni aucune preuve contre lui. Renommé « Réseau de la Commission populaire », ce processus a rassembler différents groupes et projets : l'appui aux détenus sous certificats de sécurité (citons en exemple le site web mis sur pied pour Mohammed Mahjoub, un réfugié égyptien résidant à Toronto qui a été arrêté en vertu d' un certificat de sécurité en juin 2000) ; le Projet Retour au bercail (qui, entre autres, appelle à une journée d'action autour du 10 décembre 2010 pour soutenir Abousfian Abdelrazik1 et mobiliser l'opposition au régime 1267 de l’ONU); un groupe de surveillance du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ainsi que différents projets visant à développer et diffuser du matériel d'éducation populaire portants sur le programme de sécurité nationale.
Au terme d’un processus de consultation débuté en mars dernier, cinq axes ont été identifiés comme priorités de débat et d’action : (1) Perspectives historiques sur la sécurité nationale : criminalisation de la dissidence et marginalisation des communautés; (2) Industrie militaro-sécuritaire; (3) Surveillance du SCRS; (4) Listes noires, mise-à-l’index, et Loi anti-terroriste; (5) Mesures sécuritaires en immigration. Des activités portant sur ces thèmes (conférences et panels, ateliers de discussions, « walking tour », etc) auront lieu le vendredi soir 4 février 2011 ainsi que les samedi et dimanche 5 et 6 février.
La projection débute à 19h30 -> Un classique de l'Office national du film (ONF), réalisé par Michel Brault, 1974, 107 minutes. Version originale française, sous-titrée en anglais. -> Une courte présentation sur la Crise d'octobre, ainsi que sur les récentes arrestations massives de juin 2010 à Toronto lors du G20, précédera la projection du film à 19h. Le film débutera à 19h30. Une co-présentation du Réseau de la Commission populaire,dans le cadre de la série de cinéma subversif “KEEPING IT REEL” de QPIRG Concordia. DIMANCHE 16 JANVIER: ATTROUPEMENT ILLÉGAL? Rendez-vous : 14h Carré Berri (coin St-Catherine/Berri) métro Berri UQAM Le Réseau de la Commission populaire vous invite à une visite guidée des lieux symboliques de la répression politique à Montréal. Venez découvrir un côté sombre et souvent méconnu de votre ville : les arrestations de masse à caractère discriminatoire lors de manifestations. Qu’il s’agisse des 108 arrestations suite à l’action du « Commando Bouffe » du Reine Elizabeth, des 371 personnes arrêtées du 15 mars 2002, des 238 arrestations effectuées en marge de la réunion ministérielle de l’OMC le 28 juillet 2003 ou des 103 arrestations lors d'un bed-in au Cégep du Vieux Montréal le 13 novembre 2007, elles ont toutes un point en commun : les accusations qui en découlaient se sont pour la plupart soldées en acquittement. La visite, qui sera animée par des personnes arrêtées lors de ces manifestations, sera aussi l’occasion de réfléchir à la répression politique dans son ensemble et aux moyens d’y résister. JEUDI 27 JANVIER : BEATS SOLIDAIRES CONTRE LA DÉRIVE SÉCURITAIRE Il Motore 179 Jean-Talon O. 10$ à la porte (18+) Afin de se mobiliser en vue du forum et d’avoir le plaisir de (re)découvrir des artistes de qualité et ayant du contenu pertinent, le RCP vous invite à une soirée-bénéfice hip hop au Il Motore le 27 janvier. La soirée sera composée du duo de Toronto Test their logik (Testament et Illogik), du producteur-chanteur Boogat, du collectif Micros armés et de l’artiste 23 (Tu-three). Des billets sont disponibles en pré-vente au coût de 8$ en nous écrivant
* Le réseau de la Commission populaire est un réseau montréalais surveillant et s'opposant au plan « de sécurité nationale ». Le réseau est un espace permettant aux individus et aux groupes qui font face à l'oppression au nom de la « sécurité nationale » - comme les peuples autochtones, les immigrants, les communautés racialisées, les organisations politiques radicales, les syndicats - et leurs alliés de former des alliances, partager de l'information et coordonner des stratégies afin de défendre leurs droits et leur dignité.
Clip Vidéo contre la dérive sécuritaire
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