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Tunisie : Tribunaux assiégés et avocats agressés par les autorités

Anonyme, Sábado, Enero 1, 2011 - 17:04

Maître Mohammed Nouri

(Sihem Bensedrine) Aujourd’hui 31 décembre 2010, très tôt dans la matinée, tous les tribunaux du pays ont été assiégés par la police. Les avocats étaient mobilisés pour porter un brassard rouge à l’appel du conseil national de l’Ordre en signe de soutien au mouvement de protestation de sidi Bouzid qui ont éclaté le 18 décembre dernier et qui ont été violemment réprimés, entraînant trois morts par balles et de nombreux blessés.

Les autorités ont empêché les avocats d’arriver aux sièges des tribunaux. Des centaines de policiers ont également été déployés à l’intérieur des tribunaux pour empêcher toute action de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et tout port du brassard. Les procureurs ont observé les violences contre les avocats à l’intérieur des salles d’audiences et dans l’enceinte des palais de justice dans plusieurs villes du pays, sans réagir.

De nombreux avocats ont ainsi été agressés, blessés et leurs robes déchirées notamment dans les tribunaux de Gafsa, Jendouba, Mahdia, Monastir, Sousse, Sfax, Bizerte et surtout Tunis.

Ainsi Maître Rabeh Kheraïfi a été kidnappé et violemment frappé à la tête par des agents de police en civil alors qu’il s’approchait du palais de justice à Jendouba ; Il a été menacé de mort par les policiers qui lui ont dit qu’ils avaient pour instruction de le tuer ; l’avocat a été ensuite jeté dans un endroit désert à la sortie de la ville, son état de santé est inquiétant.

Les avocats Faouzi Ben Mrad, Mohamed Essayadi et Amer Messaoud ont été à leur tour violement agressés. L’avocate Samia Abbou, quant à elle, a perdu connaissance suite aux coups qu’elle a subis ; elle a été évacuée à la maison des avocats suite au refus des autorités de laisser l’ambulance la transporter à l’hôpital. L’avocate Latifa El Habachi, maîtres Hichem Garfi et Nizar Essouilhi ont été évacués vers les hôpitaux, leur état n’est pas rassurant, la majorité se plaignent de fractures. Le barreau a appelé à une nouvelle Assemblée générale pour lundi prochain.

Le conseil national des libertés en Tunisie

- Note avec inquiétude la recrudescence des exactions à l’encontre des avocats qui vont jusqu’à la menace de mort en passant par les agressions physiques ;

- Il lance un appel à tous les militants des droits de l’homme à l’intérieur comme de l’extérieur du pays, pour exprimer leur solidarité et condamner ces agissements sauvages d’un pourvoir irrespectueux des lois.

- Il fait assumer la responsabilité de toutes ces exactions et de toutes ces violations des droits de l’homme au président de la République, garant de l’application des lois, et à son ministre de l’Intérieur qui a donné des instructions pour atteindre à l’intégrité physique des avocats de Tunisie.

- Il rappelle que ces exactions font suite au discours chargé de mises en garde que Ben Ali a prononcé le 28 décembre 2010, et où il a menacé le peuple tunisien de « l’application de la loi d’une façon intransigeante » ; Le CNLT se demande si, aux yeux du chef de l’Etat, l’application de la loi consiste à violer l’immunité de l’institution judiciaire et à lâcher des bandes de flics sans foi ni loi sur les citoyens ?

Dans la matinée du 31 décembre, les avocats ont subi la charge de centaines d’éléments de la police politique qui ont investi la salle du tribunal et la maison de l’avocat. Ils ont agressé et insulté les avocats, notamment Béchir Sid, l’ex bâtonnier, Maître Najet Laabidi, membre du bureau exécutif de l’Organisation Liberté et Equité et maître Samia Abbou, épouse de Maître Mohammed Abbou, militant des droits humains et militant politique. […]

Au tribunal de Tunis 2 à Sidi Houssine Sijoumi, le tribunal a été investi et les avocats ont été agressés, notamment Maître Latifa Habbachi qui a été conduite à bord d’une voiture de police où elle a dû rester une heure.

A Sidi Bouzid, une délégation venue en solidarité de Tunis, et pour s’informer dans le détail des développements de la situation faite aux citoyens, été agressée, notamment Maître Nabil Libassi qui a été frappé et à qui ont a saisi son appareil photo. La police politique a également agressé Maître Ridha Soualhi.

A Jendouba, plusieurs avocats ont été empêchés de pénétrer dans le palais de justice et Maître Rabeh Kharaïfi a été kidnappé par un groupe de personnes en civil qui l’ont abandonné dans un quartier limitrophe de la ville et ont menacé de le tuer.

A Sousse, des agents de la police politique ont agressé maître Halim Moeddeb, militant du Parti démocratique progressiste devant le tribunal, sous le regard des citoyens.

A Gafsa, les avocats ont été agressés de façon odieuse au tribunal de Première Instance et trois d’entre eux ont été interpellés : Faïçal Tlijani, Farid Rabhi et Néji Zouari. Le tribunal a été assiégé et des citoyens ont été sauvagement agressés. Tous les cafés autour du tribunal ont été vidés.

A Bizerte, le tribunal a été encerclé et les avocats ont été empêchés d’y ternir leur réunion de solidarité avec la population de Sidi Bouzid. Les opposants politiques et les défenseurs des droits de l’homme et les syndicalistes qu’y étaient rassemblés à l’URT ont été violemment agressés, et blessés

gravement parfois selon des témoins.

A Mehdia, Maître Hichem Garfi a été violemment agressé et a dû être transporté en ambulance à l’hôpital dans un état critique.

Pour le Bureau exécutif de l’Organisation

Maître Mohammed Nouri

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)



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