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Quelques visages (considérations toutes subjectives sur les "événements")Anonyme, Miércoles, Diciembre 15, 2010 - 17:20 Je parcours les photos que, depuis quelques semaines, j’emmagasine dans la mémoire de mon ordinateur. Grèce, Italie, Royaume-Uni, France, Espagne...Elles semblent se faire écho : la même révolte, la même violence, les mêmes slogans, les mêmes cibles. Mais une analogie me frappe en tout premier lieu : deux visages, dont les traits sont marqués par un mélange de stupeur et de terreur. Ces visages sont ceux de Camilla, femme du prince de Galles, et de Costis Hatzidakis, ancien ministre grec des transports. Quelque chose dans leur regard est né, au milieu de l’étonnement et de la peur soudaine, et ce quelque chose est probablement le reflet de "ce qui se passe" actuellement, au détour des combats de rue, de Lyon, en octobre, à Londres, Rome et Athènes, au cours de ce mois de décembre. Camilla, qui salue les « sujets », vitre baissée, tancée d’un coup de bâton, menacée du sort des rois/reines qui prétendent régner innocemment -« Off with their heads ! Off with their heads ! »- ; Costis Hatzidakis, frappé au visage, et du nom qui est celui des gens de sa classe : celui de « voleur ». Dans leur regard à tout deux, l’étonnement de voir ainsi les moutons devenir lions. L’avenir nous en dira probablement plus sur ce qui se joue actuellement que toutes les supputations que je pourrais formuler au cours de ce texte, mais il est bien évident que nous ne « rejouons » nullement les révoltes des années 70, et que ce que nous faisons est bien plus « grave ». Depuis quelques années déjà, la révolte gronde partout en Europe et dans le monde, et nous assistons aux prémices d’un mouvement international, qui porte bien en lui les germes de la révolution. Il ne s’agit nullement de dire que, parce qu’une héritière et un député auront été corrigé, le communisme est à portée de main, non : mais je ne puis que constater la montée irrésistible d’un besoin vital de bouleversement du monde. Et, chaque fois que la révolte déborde, j’en viens à espérer qu’il sera, dans un avenir proche, possible de vivre ces instants de revanche dans nos rues, sans qu’aucune intersyndicale, aucun départ en vacances ne puisse stopper nos ardeurs. Je crois faire partie d’une génération qui a tout intérêt à renverser l’ordre qui pèse sur nos vies, car elle n’en a jamais été la génération dorée. Ce que les regards ronds et, finalement, stupides, de Camilla et de Hatzidakis me renvoient, c’est l’image d’une génération zéro, que je pense à même d’incendier le vieux monde, profitant de ce qu’il se tétanise devant l’imprévu. Nous ne sommes pas des casseurs, des anarcho-autonomes, des jeunes de banlieue, des étudiants, des lycéens, nous ne sommes rien de ce qu’on peut penser de nous, ou prétendre penser de nous. Il n’y a aucune différence entre l’étudiant d’Athènes qui, deux cocktails molotov à la main, traverse la place du parlement, vers les putrides lignes de flics en faction, et le jeune chômeur de Clichy qui, la rage au cœur, lance pierre sur pierre sur la BAC, les CRS ou la nationale. Le métallo italien pris dans l’émeute romaine respire au même rythme que le lycéen londonien rigolard, un casque pris à un agent de la MP sur la tête. Je crois que, cette semaine, j’ai tabassé un député, comme la semaine dernière j’ai donné des coups dans la Rolls du prince Charles. J’ai tiré à la grenaille sur des flics au-delà du périph’, j’ai envoyé des lettres piégées aux ambassades. J’ai tenu dans mes mains une pelle, dans les rues enflammées de Rome. J’étais un infirmier courant dans les rues de Paris. Un ouvrier chinois en grève. J’ai été beaucoup de monde. Je veux l’être en sortant de chez moi. Faisons un présent à la hauteur de ses possibles
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