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Un revenu minimum européen contre la crise

Anonyme, Jueves, Octubre 28, 2010 - 10:45

Daphnée Leportois

« Nous risquons d’avoir le triste record du plus grand nombre de personnes dans la pauvreté ». L’eurodéputée portugaise Ilda Figueiredo rappelle que 2010 est l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et propose la création d’un revenu minimum européen. Une arme de destruction de la crise.

17 % de la population européenne, soit 85 millions de personnes, vivaient fin 2008 en-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 60% du revenu médian de leur pays. En 2005, ce pourcentage était de 16 %. Et en raison du « nombre croissant de travailleurs pauvres », le taux de risque de pauvreté de la population ayant un emploi stagne à 8%. Entre emplois précaires et bas salaires, difficile d’échapper à la pauvreté.

Depuis, il y a eu la crise et son avalanche d’« effets sociaux douloureux ». L’offre d’emplois a chuté : plus de 6 millions de citoyens européens ont perdu leur emploi au cours des deux dernières années. Et le chômage est passé de 6,7% début 2008 à 9,5% fin 2009.

Un « investissement social de base »

L’eurodéputée portugaise a appelé à « établir un véritable droit au revenu », fixé à 60% du revenu médian de chaque État. Car, au-delà des bons sentiments, le revenu minimum est « un investissement social de base » : il vise la cohésion sociale mais aussi la bonne santé de l’économie. Il s’agit en effet de stimuler la compétitivité en soutenant l’accès au marché du travail via le revenu minimum, dont l’objectif « n’est pas simplement d’assister mais, surtout, d’accompagner les bénéficiaires pour leur permettre de passer des situations d’exclusion sociale à la vie active ».

L’idée est donc d’amortir les conséquences de la crise économique. Ilda Figueiredo l’a rappelé : « il doit y avoir une dimension sociale dans les politiques macro-économiques ». Or, aujourd’hui, l’attention se porte principalement sur l’aspect "assainissement des finances publiques". Aux yeux de l’eurodéputée, les institutions européennes ne doivent donc pas pousser les États à rester rivés sur les montants du déficit et de la dette publics, ni à poursuivre des politiques d’austérité. Parce que la réduction à court-terme des déficits budgétaires est contre-productive : « procéder à des coupes dans les dépenses, y compris les dépenses sociales, [...] aggrave la pauvreté ». Or « l’exclusion permanente de grands groupes de population de notre société affaiblit la compétitivité [...] et augmente la pression sur nos budgets publics ». La pauvreté n’apporte donc rien de bon à l’économie d’un pays.

Briser le cercle vicieux de la crise

Conclusion : « investir dans les systèmes de revenu minimum est donc un élément clé de la prévention et de la réduction de la pauvreté ». Le rapport insiste : le revenu minimum ne doit pas être perçu comme des frais engagés « mais comme un élément clé dans la lutte contre la crise ». C’est un instrument financier pertinent de redistribution des richesses : son « action anticyclique » s’inscrit, tout particulièrement en temps de crise, dans une stratégie de lutte contre la récession, vu qu’il fournit des ressources supplémentaires, qui renforcent la demande et la consommation du marché intérieur.

C’est pourquoi de nombreux eurodéputés ont appelé la Commission à prendre en compte cette initiative du Parlement : « Il est temps de faire preuve d’audace [...] et de mettre fin à ce scandale insupportable qu’est la pauvreté durable », s’est écriée l’eurodéputée Karima Delli Verts/Alliance libre européenne (ALE). « Il ne suffit pas de faire de la belle rhétorique », a résumé Ilda Figueiredo. Reste à savoir si, alors que les États poursuivent des politiques d’austérité, ces appels pourront être entendus.


 

À lire : dans le rapport sur le rôle du revenu minimum dans la lutte contre la pauvreté et la promotion d’une société inclusive en Europe, un rappel : « la pauvreté et l’exclusion sociale sont des violations de la dignité humaine et des droits humains fondamentaux ». Et un constat : « malgré la prospérité économique et toutes les déclarations sur la diminution de la pauvreté, les inégalités sociales se sont aggravées ».

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