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Les vœux pieux des objectifs du millénaire de l’ONU

Anonyme, Domingo, Octubre 3, 2010 - 13:31

Le Drapeau rouge-express

Du 20 au 22 septembre dernier, les chefs d’État se sont réunis à New York pour faire une mise au point sur l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés en 2000 et dont la réalisation est prévue en 2015. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon s’est dit inquiet par rapport à l’atteinte de ces objectifs, entre autres à cause de la diminution de l’aide internationale faite par les pays riches.

Cette année, il y aurait un manque à combler de 20 milliards de dollars d’aide, en raison d’une baisse de la contribution de la moitié des pays «donateurs» pris dans la crise. Nicolas Sarkozy a appelé de son côté à une taxe sur les transactions financières pour atteindre les objectifs et il est soutenu par le Brésil, la Norvège et le Chili. Comme si une réformette de ce type pouvait assurer un développement au bénéfice des populations des pays dominés par l’impérialisme.

Le Canada en a profité pour faire valoir ses intérêts, sous le couvert de sa réputation d’un pays généreux envers les plus pauvres (sic) et qui a un rôle important dans les missions de paix comme en Afghanistan et en Haïti (resic). Il faut souligner que le Canada maraudait durant cette assemblée annuelle de l’ONU pour accéder au Conseil de sécurité. Le premier ministre Stephen Harper a annoncé que le Canada consacrera un demi-milliard de dollars sur trois ans à la lutte mondiale contre la malaria, la tuberculose et le sida, une bonification d'environ 30 % de son aide à cet égard par rapport aux sommes initialement prévues.

Au final de cette rencontre, ce sont 40 milliards de dollars qui iront dans un programme pour améliorer la santé des femmes et des enfants. Une grande partie des promesses de financement viennent de pays pauvres qui se sont engagés à réserver une part plus importante de leur budget à la santé sur leur territoire. Les fondations des hommes les plus riches du monde, Bill Gates (États-Unis) et Carlos Slim (Mexique), des ONG comme Amnistie internationale et des multinationales comme The Body Shop, LG Electronics et Pfizer font aussi partie des donateurs. Encore une fois, ça sent l’hypocrisie et la charité impérialiste.

Outre la réduction de moitié de la pauvreté extrême dans le monde d'ici à 2015, les OMD consistent à assurer l'éducation primaire universelle, promouvoir l'égalité des sexes, réduire des deux tiers la mortalité infantile et des trois quarts la mortalité maternelle, combattre le sida, le paludisme et d'autres maladies, protéger l'environnement et mettre en place un «partenariat mondial pour le développement».

On estime que chaque année dans le monde, huit millions d'enfants meurent avant l'âge de cinq ans et que 350 000 femmes décèdent durant la grossesse ou l'accouchement. Le nombre de personnes sous-alimentées tournerait officiellement autour d’un milliard de personnes. Ce nombre s’est accru depuis 2007, quand la flambée du prix des denrées alimentaires, marchandises rentables pour les monopoles impérialistes, a entraîné un appauvrissement des paysannes et des prolétaires les plus vulnérables aux variations de prix.

Faut-il encore souligner que ces crises alimentaires ne sont pas le résultat de rareté ou de pénurie, mais bien du fonctionnement normal du système capitaliste arrivé à son stade impérialiste. Une production de monocultures axée vers l’exportation au lieu de répondre aux besoins des populations locales, une pratique de dumping faisant chuter les prix des récoltes des pays dominés, une concentration de la propriété terrienne semi-féodale laissant des millions de paysans sans terre dans la misère qui rejoignent les populations grandissantes des bidonvilles dans les pays dits émergents comme l’Inde et le Brésil, voilà le cheminement des dernières décennies qui sont très loin d’un progrès socio-économique. Les programmes d’aide alimentaire et l’intervention du FMI, de la Banque mondiale et de l’ONU ont eu comme conséquences une dépendance accrue aux monopoles impérialistes, qui eux ont continué de s’enrichir et de se concentrer dans tous les pays.

«Les plus démunis sont encore plus pauvres aujourd'hui qu'ils ne l'étaient en 1990 alors que c'est pour eux que les objectifs ont été fixés», a déclaré au quotidien La Presse Shalil Shetty, dirigeant d'Amnistie internationale et ancien directeur de la campagne de l’ONU sur les OMD. Le caractère bourgeois et mensonger du huitième objectif aurait dû sonner des cloches chez les progressistes ayant véritablement à cœur les conditions de vie des plus pauvres.

Un partenariat mondial pour le développement est possible seulement pour favoriser les intérêts des impérialistes; il ne peut satisfaire à la fois les besoins des masses et ceux des capitalistes. Comment une compagnie pharmaceutique comme Pfizer, dont les bénéfices nets sont de 8 milliards en 2008, peut-elle prétendre contribuer au bien-être de l’humanité quant elle est responsable de la mort de millions de personnes privées de médicaments à cause du droit au profit? Ce ne sont pas le manque de connaissances et le retard scientifique qui sont responsables de la souffrance et de la mort évitable, ce sont des monopoles capitalistes comme Pfizer ou Monsanto, les banques et les États impérialistes qui les protègent politiquement, juridiquement et militairement.

Beaucoup de réformistes, comme le NPD et Oxfam, demandent une augmentation de l’aide internationale de la part des pays riches et la fin de la spéculation financière, entre autres sur les denrées alimentaires. C’est encore une fois alimenter l’illusion sur la compatibilité des intérêts impérialistes avec ceux des masses populaires de tous les pays. Le rôle positif des pays capitalistes avancés à travers l’aide internationale, le commerce équitable, le microcrédit et autres formes de solutions miracles typiquement issues de la petite bourgeoisie est impossible.

Quel mensonge que de faire la promotion d’une consommation citoyenne dans les pays riches qui aiderait supposément les producteurs les plus pauvres, comme le fait Équiterre! Cela ressemble au social-impérialisme de l’URSS révisionniste, qui maintenait des rapports de dépendance et de domination tout en achetant à un prix légèrement supérieur au marché les matières premières des pays dominés. Les pays périphériques continuent de produire des matières premières (cacao, café, fruits et céréales, minerais, bois, etc.) pour les exporter dans les pays riches afin qu’ils soient transformés et revendus un peu partout, mais surtout consommés dans les pays riches.

Par exemple, le chocolat Équita d’Oxfam continue d’être transformé en Suisse et au Québec; le café Équita est torréfié au Canada et la plupart des producteurs des coops ne peuvent même pas consommer leurs produits. Croire à un commerce équitable et à un capitalisme productif plutôt que spéculatif, le tout dans une harmonie consensuelle et pacifique, c’est une vieille conception réactionnaire que Lénine dénonçait déjà en 1916 dans son ouvrage L’impérialisme, stade suprême du capitalisme. Seul le socialisme peut résoudre l’anarchie de la production qui est de plus en plus socialisée, mais qui ne répond pas aux besoins du monde.

La pauvreté, la sous-alimentation, le manque de logements décents, une santé et une éducation qui se détériorent pour des millions de personnes, c’est la conséquence du système dans lequel on vit au sein même des pays impérialistes. Aux États-Unis, c’est 45 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim, et ce nombre augmente au Canada et en Europe aussi. Les banques alimentaires dépendantes des subventions et des donations sont à sec, tandis que les demandes se font de plus en plus pressantes. Le chômage permanent et le filet de sécurité sociale de plus en plus minimaliste illustrent bien les contradictions de ce système, contradictions qui sont encore plus vives dans les pays périphériques.

Les bourgeoisies impérialistes, leurs agents dans les mouvements populaires et alternatifs et leurs valets à la tête des pays dominés défendent avec acharnement leurs intérêts au détriment de la vie de centaines de millions de personnes essayant de survivre jour après jour. Les écarts de richesse n’ont jamais été aussi grands dans l’histoire de l’humanité, à une époque où les conditions de développement permettraient d’assurer à tout le monde de vivre convenablement. Il appartient aux masses populaires du monde et au prolétariat des pays impérialistes de défendre leurs intérêts la tête haute pour en finir avec les horreurs de ce système capitaliste. Pour cela, il est nécessaire de bâtir nos organisations révolutionnaires dans tous les pays.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 242, le 3 octobre 2010.
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