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Scission dans l'ex BIPR: POINT À LA LIGNE !Anonyme, Lunes, Julio 5, 2010 - 19:30
anonyme
Un texte éclairant la position organisationnelle du Groupe Internationaliste Ouvrier de Montréal qui s'est rangé, semble-t-il, sur la ligne des expulseurs de Battaglia Communista sauce stalinienne: «... Arrivés à ce point, nous avons compris que notre présence dans Battaglia Comunista n’avait plus de sens. Par ailleurs, la moindre de nos réserves était reçue comme une agression contre l’intégrité de la chapelle, et la moindre critique comme une manifestation diabolique d’arrogance intellectuelle : pour la direction sacerdotale de droit héréditaire et ses disciples, nous étions devenus des corps étrangers qu’il fallait expulser au plus vite, dans la meilleure tradition stalinienne par la force du nombre et de la calomnie...» "Point à la ligne" est un texte de "l’Istituto Onorato Damen" (http://www.istitutoonoratodamen.it) expliquant les raisons politiques et organisationnelles de la scission advenue au sein de Battaglia Comunista en 2009 Quelle nécessité y avait-il de créer, en pleine crise qui s’annonce historique, un institut dédicacé à la mémoire d’Onorato Damen, par un groupe de camarades marqués par une longue militance dans le PCIint - Bataglia Comunista ? Il y a quelques temps, convaincus comme nous le sommes, qu’il ne peut y avoir de dépassement révolutionnaire du capitalisme sans la reconstruction d’un authentique parti communiste internationaliste, nous aurions répondu : aucune nécessité. Par la suite, l’irruption de la crise économique a brutalement mis en évidence que les divergences internes, apparues dans le cours de ces dernières années sur quelques questions méthodologiques et politiques, étaient bien plus profondes que lorsqu’elles apparurent dans un premier temps. Les premiers signes que quelque chose était en train de changer, nous les avons eus quelques années plus tôt lorsque la fédération de Milan publia la brochure : Lutte de classe, État Politique, Parti du Prolétariat et communisme. On y affirmait : « Sous la poussée de fondements objectifs externes (en premier lieu les contradictions entre des forces productives en gigantesque croissance avec des rapports de productions figés), surgit une pratique révolutionnaire » pour rejoindre la conclusion que quand « la contradiction entre prolétariat et bourgeoisie [...] s’étend à une lutte ouverte de classe contre classe et recouvre un contenu politique : l’organisation politique de classe du prolétariat se transforme en parti politique. Porté à sa plus haute expression, le conflit social trouve sa solution dans la révolution totale ». Cette approche, profondément divergente du marxisme révolutionnaire et de la conception léniniste du parti, apparut à l’époque comme étant plus le fruit d’une hâtive et plate rédaction du texte (citations inexactes, contradictions entre elles, rédaction fort approximative, etc.) que comme le début d’une dérive destructrice sur les plans méthodologiques et politiques, aussi, ce fut sur notre insistance que la brochure fut retirée de la circulation. Cependant, quelques temps plus tard, la question fut à nouveau reprise dans un document rédigé, par les mêmes camarades de la fédération de Milan, avec l’intention de préciser encore mieux les rapports entre la classe et le parti. Mais ici, quoique de manière très confuse, la même position mécaniste de la brochure citée plus haut revint de fait. On y affirmait que « ce qui distingue toutes les positions idéalistes, mécanistes, conciliatrices et économistes d’une interprétation dialectique correcte c’est véritablement la question de la conscience et le rapport entre le parti et la classe. La question fondamentale est d’établir que la conscience provient de l’intérieur de la classe même, de façon autonome, à travers la progression des luttes revendicatives, qui à partir d’un certain point, deviennent politiques portant avec elles l’inévitable maturation de la conscience. Ou bien, elle arrive de l’extérieur, d’un parti qui naît hors de la classe qui se retourne pour faire tomber de haut, comme un démiurge, la conscience politique ». Comme on peut le constater, même ici, si d’une part on réfute la thèse selon laquelle la conscience de classe (pour être plus précis il faudrait dire : la conscience de classe pour soi) jaillirait par parthénogenèse de la lutte économique, d’autre part, on rejette également comme idéaliste l’hypothèse que le parti pourrait naître à l’extérieur de la classe et, pour cette raison, être privé de toute relation avec la classe et la lutte de classe, ce texte aboutit à la conclusion, mécaniste s’il en est, que « la conscience [...] ne vient pas de l’extérieur, le parti n’est pas un corps étranger à la classe, mais l’un et l’autre sont le fruit historique de la lutte de classe ». Pour éloigner le moindre soupçon d’être possédé par le démon de la polémique pour la polémique, nous préférons laisser la tâche de préciser la question à Onorato Damen qui, dans l’article paru pour la première fois dans le n°11/59 de Prometeo, relisait Lénine et écrivait au contraire que « sous cet aspect, et le problème ne supporte aucune hypothèse contraire, Marx et Engels et plus tard Lénine, et avec eux toute une armée de penseurs, de politiques, d’intellectuels liés au marxisme, ont tous eu comme tâche d’« introduire dans le prolétariat la conscience de sa situation et de sa mission », mais les éléments formateurs de cette conscience ayant leur matrice historique dans la classe laborieuse se reflètent tour à tour dans le cerveau de quelques hommes, comme dans un laboratoire de systématisation scientifique, pour retourner au sein de la classe afin de l’aider à faire sienne « cette conscience des fins » de façon plus claire et distincte ». Le parti puise dans la classe les « éléments formateurs de la conscience », toutefois il n’est pas le fruit historique de la lutte de classe, mais le produit de l’activité et de l’élaboration « des penseurs, de politiques, d’intellectuels liés au marxisme » et donc il ne peut naître qu’à l’extérieur de la classe. Le parti, « et la conscience de classe pour soi », qui le présuppose, plongent leurs racines dans les rapports d’exploitation entre le capital et le travail mais ne naissent pas spontanément de la lutte de classe que le rapport d’exploitation génère. En réalité parti et conscience révolutionnaires sont l’un à côté de l’autre mais ils « surgissent à partir de prémisses différentes » (Lénine - Que faire ? p. 72). D’autre part, si la conscience et le parti seraient « l’un et l’autre le fruit historique de la lutte de classe et si le développement de cette dernière est à son tour le produit du développement des forces productives », il persisterait un mystère inexplicable planant sur la naissance du parti communiste russe en 1912 et le fait qu’aujourd’hui, à l’époque de l’automatisation la plus avancée des processus productifs, la naissance d’un authentique parti communiste n’est pas non plus en gestation. L’histoire serait-elle devenue stérile ? Malgré cela, face à nos objections critiques, on nous répondit qu’il s’agissait de dérapages formels et le document fut mis à l’écart. Mais, par la suite, ces dérapages formels sont non seulement réapparus, mais se sont conjugués aux écarts ‘mouvementistes’ inscrits - comme nous l’avons à plusieurs reprises dénoncé - dans ‘l’ADN’ des éléments provenant des GPL dissous, qui constituaient la majorité de la section de Parme, et ont alimenté un lent et irréversible processus d’orientation de la majorité de Battaglia Comunista vers des positions mouvementistes et spontanéistes avec une forte fascination pour les situationnistes et l’anarcho-syndicalisme, positions plus proches de celles de ‘l’économisme russe’ du début du siècle précédent que de la tradition léniniste du PCInt. Ainsi, jusqu’à un certain point, il n’a plus été assigné au parti la tâche « d’introduire dans la classe la conscience de sa situation et de sa mission » mais –textuellement – « de favoriser la spontanéité des luttes ». Ce qui est en nette opposition avec Lénine pour lequel : « la tâche de la social-démocratie ( [1]) consiste à combattre la spontanéité, et préserver le mouvement ouvrier de la tendance spontanée du trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie » ( [2]). La présence organisée du parti dans la classe et les groupes d’usines communistes internationalistes, considérés comme la « première condition sine qua non » pour qu’une conscience communiste puisse se produire, ont été remisés aux archives et leur ont été substitué des organismes plus conformes à la nouvelle tâche par la mise en place d’un « réseau ouvrier et territorial de tous les travailleurs les plus conscients » en vue de « renforcer les luttes et faire en sorte qu’elles soient dirigées et organisées par les travailleurs eux-mêmes , par leurs comités de lutte par leurs assemblées », ou bien, comme « …une organisation de la jeunesse de la gauche communiste » ayant « l’objectif [...] de fondre les forces internationalistes dans une organisation estudiantine de classe en vue d’affronter concrètement le défi que cette phase du capitalisme nous tend » et « la création d’un journal politique des jeunes pour toute l’Italie... ». Ou encore, comme on pouvait le lire dans le tract de la majorité du Comité Exécutif et diffusé à Rome lors de la grève générale de la CGIL du 13 février dernier : « …comités de lutte et assemblées territoriales, sur le type des mouvements No Tav / No Dal Molin ». Entretemps, dans la fédération milanaise, on a pensé qu’il fallait également reconsidérer la question de la baisse tendancielle du taux de profit moyen et l’analyse de l’impérialisme. Tout-à-coup, à l’encontre de tout ce que nous disions, ce serait « l’augmentation de la productivité du travail, la création de plus-value relative [ad aver] a activé la plus importante des contradictions du capitalisme, la baisse tendancielle du taux de profit » et non, comme le soutiennent Marx et le livre III du Capital, l’augmentation de la composition organique du capital consécutif au développement des forces d’accumulation capitalistes. Objectivement, nous attendons toujours qu’on nous explique comment, diable, le capitalisme a-t-il fait pour survivre à « sa plus importante contradiction » bien que, durant le siècle dernier, la productivité du travail a enregistrée sa plus puissante croissance de l’histoire. Par contre, pour ce qui concerne l’analyse de l’impérialisme, on redécouvre même les guerres de libération nationale et la distinction entre « bourgeoisie qui attaque pour s’étendre » et « bourgeoisie nationale qui se défend », positions qui se rapprochent de celles qui considèrent la possibilité de guerres de libération nationale et qui appuient certaines fractions de la bourgeoisie des pays « périphériques », même la plus réactionnaire et la plus férocement anticommuniste comme, par exemple, la bourgeoisie arabe, chaque fois qu’il y a un conflit avec l’un ou l’autre grands pays impérialistes et plus particulièrement les USA. Dans la version originale de l’article « Terrorisme et démocratie » apparu dans Prometeo n°11 Série VI, pourtant amplement revue et corrigée, on pouvait lire : « Le terrorisme, dans son acception courante d’attaque des civils désarmés et des plus faibles, qu’il appartient à un camp social ou à l’autre, fait partie de l’idéologie bourgeoise, quel que soit le scénario de référence, celui d’une bourgeoisie agressive qui déploie son offensive, ou celle d’une bourgeoisie nationale qui se défend. Un mouvement révolutionnaire qui tenterait alors de se frayer une voie à l’intérieur d’une guerre de libération nationale, devrait malgré tout tenir compte de la présence de l’armée occupante ». D’ici - peut-être pour favoriser le prosélytisme envers la gauche extra-parlementaire bigarrée - à la réhabilitation de la Résistance, le pas accompli a été extrêmement court : « La plus grande partie des partisans rouges - pouvait-on lire dans la recension du livre Cœurs rouges et cœurs noirs, parue dans BC n° 10/2008 - ont combattu dans l’espoir de voir surgir avant ou après, avec toute la confusion idéologique qu’on veut, un monde sans classes et sans frontières, ainsi que comme tous les ‘cœurs rouges’ qui depuis la fin de la dernière guerre à aujourd’hui sont tombés sous les féroces coups de la violence anti-ouvrière et anticommuniste ». Arrivés à ce point, nous avons compris que notre présence dans Battaglia Comunista n’avait plus de sens. Par ailleurs, la moindre de nos réserves était reçue comme une agression contre l’intégrité de la chapelle, et la moindre critique comme une manifestation diabolique d’arrogance intellectuelle : pour la direction sacerdotale de droit héréditaire et ses disciples, nous étions devenus des corps étrangers qu’il fallait expulser au plus vite, dans la meilleure tradition stalinienne par la force du nombre et de la calomnie. Il nous faut l’admettre : peut-être pour d’évidentes raisons psychologiques, nous avons eu beaucoup de difficultés à reconnaître dans les ‘bavures formelles’ le début d’un processus de dégénérescence irréversible qui, depuis, s’est confirmé. Auparavant, nous pensions qu’il était question de ‘défaillance’ de quelques camarades. Par contre, nous aurions dû comprendre que, lorsque une organisation révolutionnaire n’est plus en mesure de réparer les erreurs individuelles par le débat et la confrontation critique interne, c’est le signe que l’organisation est profondément dégénérée et que son expérience historique est épuisée ou tarie. En réalité, l’effondrement de l’ex-URSS, si d’un côté il a confirmé la justesse et la validité de la critique de la contrerévolution stalinienne et de la nature capitaliste du soi-disant socialisme réel produite par le PCInt et plus généralement par toute la gauche communiste italienne, d’un autre côte, il a révélé aussi les multiples faiblesses d’élaboration (théorique) par ce courant au cours de cette période. En d’autres termes, une fois la duperie russe dévoilée, la base fondamentale de sa raison d’être s’est effondrée ainsi que le voile qui recouvrait son réel délabrement. Pour notre part, - peut-être que le retard dans la compréhension de la véritable nature de la situation vient de ce qui suit - nous étions convaincus que Battaglia Comunista, par son histoire, par le fait que ses fondateurs lui avaient laissé un patrimoine des plus respectables, avait la capacité d’entreprendre un nouveau processus d’élaboration de systématisation scientifique des données inhérentes à la situation du prolétariat. Par contre, en dépit de la critique lucide du mécanicisme développée par Onorato Damen, la précipitation de la crise a mis en évidence qu’un certain ‘scientisme positiviste’ hérité de la seconde et troisième internationale, qui non seulement n’a pas été digéré, mais a été repris à un point tel que la crise révolutionnaire, l’émergence de la pratique révolutionnaire, pourrait être conçue comme l’aboutissement inéluctable des contradictions inhérentes au développement capitaliste des forces productives. C’est un bond en arrière d’un siècle et peut-être plus, d’autre part, certains considérèrent l’élaboration et la formation théorique comme une perte de temps au détriment de l’activité de propagande et de prosélytisme. Une telle chose a revêtu une pertinence et un sens tel que la même majorité des camarades composant l’actuel Comité Exécutif se sont soustraits à la confrontation politique en déclarant explicitement ne pas posséder les instruments théoriques nécessaires pour une évaluation correcte des questions mises sur la table. Mais comme le rappelait Lénine : « Sans théorie révolutionnaire il ne peut exister de mouvement révolutionnaire ». C’est encore plus vrai aujourd’hui car la domination idéologique de la classe dominante imprègne chaque moment de la vie quotidienne des prolétaires, plus que jamais en concurrence entre eux. Et notre conviction est que, si nous ne repartons pas de l’analyse de toutes les causes de la défaite historique qu’a subi le prolétariat au cours du dernier siècle et qui vont au delà de la contrerévolution russe, les prolétaires ne pourront pas parvenir à la conscience d’appartenir à une même classe d’exploités, ni même a imaginer l’auto-organisation révolutionnaire. Afin de ne pas alimenter une énième scission, ni non plus à constituer un autre soi-disant Parti Communiste Internationaliste, nous voulons résolument nous engager sur la voie consistant à faire vivre un point de référence ouvert à la contribution de tous ceux qui ont à cœur le sort du prolétariat et qui pensent que les problèmes de la révolution socialiste du XXI° siècle ne peuvent être affrontés avec les mêmes schémas de la Troisième Internationale, ni revenir à ses positions, quand ce n’est pas sur celle de la Seconde ou de l’économisme russe des premières années du siècle précédent. Pour pouvoir retisser le fil rouge rompu par une défaite de dimension historique, il faudra nécessairement le courage de dire point à la ligne (Punto e a capo), autrement dit, il faut tourner la page et analyser au moyen du plus rigoureux matérialisme historique les profondes mutations qui se sont produites dans les formes de la domination idéologique de la bourgeoisie, dans l’organisation et la division internationale du travail, dans la composition de classe, dans le rapport entre capital et travail en relation avec le développement des formes de domination impérialiste et des processus de globalisation capitaliste dans le cours du dernier siècle. Et à qui dédier cette nouvelle initiative sinon à Onorato Damen ? Pas seulement pour nous avoir averti que l’expérience de Parti Communiste d’Italie, duquel il fut un des fondateurs, était en train de se tarir et qu’il fut le principal animateur du Comité d’Entente (la première tentative d’organisation de l’opposition antistalinienne) mais surtout, parce que mieux que tous dans la Gauche Communiste Italienne, il comprit que sans une boussole solidement orientée dans la direction du matérialisme historique, ténue est la frontière entre le mécanicisme et l’idéalisme, entre Marx et Hegel et fausse l’idée de la révolution en soi. [1] ) Lénine écrivit ‘Que faire ?’ d’où cette citation est tirée, avant que l’aile révolutionnaire de Parti Social Démocrate Russe, dont il était le principal représentant, se détache du parti pour fonder en 1912, le regroupement des bolcheviks, qui en 1918 adopte le nom définitif de Parti Communiste Russe. [2] ) Op. cité.
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