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J'ai peur (Mise en perspective de la répression au G8/G20 à Toronto)Anonyme, Miércoles, Junio 30, 2010 - 18:35 Suite aux violences lors du G8/G20 à Toronto, je commence à avoir peur du pays dans lequel je vis, le Canada, ce pays dont la paix et le respect ont été longtemps des valeurs fondamentales mais qui sont abandonnées par les gouvernements et les autorités qui semblent préférer le contrôle à tout prix. Rappelons que la police a arrêté plus de 900 personnes durant cette fin de semaine agitée, soit deux fois plus que lors de l'imposition des mesures de guerre de Trudeau (436 arrestations). Pourtant je n'ai pas entendu parler ces derniers jours de bombes ayant explosé dans des boîtes aux lettres ou ailleurs, de ministres kidnappés, ni d'assassinats. Juste quelques chars de police maganés et quelques vitrines brisées, le "business as usual" d'une victoire en coupe Stanley. L'arrestation massive d'innocents par Trudeau a été vue historiquement comme une violation sévère des droits de l'Homme et fait partie des moments « honteux » de l'histoire de ce pays. Le nombre de prisonniers relâchés sans accusation, donc innocents, depuis la fin du G20 dépasse déjà le nombre total d'arrestations par Trudeau et le budget consacré à cette répression sans précédent semble être le sujet important pour les politiciens et la plupart des médias. Regardons les faits en mettant de coté le brouillard des gaz policiers, la fumée des voitures brulées par les "casseurs", le spin de RP des autorités et la surenchère médiatique sur la "violence". À noter qu'il n'y a quasiment pas de blessés (en tout cas du coté de la police), on est loin du bilan d'une fin de semaine de violence telle qu'on l'entend habituellement. Avant d'accuser les manifestants de violence, il est bon de se rappeler que si des voyous cassent des vitrines et brulent une voiture de police après une victoire du CH comme cela a eu lieu l'année dernière à Montréal, cela ne signifie pas que tous les fans du canadien sont des criminels. Même chose avec les manifestants. Si des voyous cassent des vitrines et brulent des voitures de police, les manifestant ne peuvent ni ne doivent être accusés par amalgame. Pendant qu'on y est, réglons tout de suite le dossier des voitures de police brulées. En fait il y a eu 5 chars de police d'"abandonnés" à cet endroit dont deux ont été incendiés par le Black Bloc sans que les nombreux policiers présents ne fassent un quelconque geste pour les empêcher. Quelqu'un peut-il m'expliquer SÉRIEUSEMENT pourquoi les policiers ont laissé leurs voitures en plein milieu d'un carrefour sur le parcours des manifestants ? Laisser ces véhicules sans protection à cet endroit c'est comme déposer son portefeuille le soir sur un banc du centre ville et se plaindre le lendemain matin parce qu'il a été volé. Certains journalistes ont d'ailleurs commencé à faire une enquête car il semblerait que ces véhicules ne sont PAS enregistrés à la police de Toronto à laquelle ils sont censés appartenir. Maintenant quelques fait troublants qui me font douter de la version officielle reprise par la plupart des médias (à savoir que la police a agi avec fermeté pour protéger la ville et l'ordre contre la violence). 1) Les comportements violents de la part des policiers vis à vis des manifestants ont commencé dès le matin soit plus de 5 heures avant les premières violences des soit-disants "casseurs". La veille même du début des manifestations, les policiers ont commencer à violer la loi en entrant de force dans un domicile (voir http://bit.ly/alQq85 ) pour arrêter des jeunes depuis relâchés, à 4h00 du matin sans mandat et en s'en prenant même à la famille voisine (Voir http://bit.ly/cjWun5 ). 2) Quand on lit cet article ( http://bit.ly/damHUt )du Toronto Star sur le protocole de Miami qui explique comment la police doit provoquer des violences pour justifier une répression brutale des manifestants pacifiques, on se rend compte qu'il a été appliqué à la lettre avant, pendant et après le G20 et ce au détail près (incluant les saisies d'"armes" bidons avant le sommet et l'auto-congratulation après le sommet même si on a battu tous les records historiques du Canada en terme de répression policière, de violation des droits de l'Homme et d'attaque à la liberté de la presse . 3) Il est surprenant que le groupe du black bloc (les soit disant casseurs anarchistes) ait été très facilement identifié et identifiable bien avant la casse et que les 19 000 policiers armés jusqu'au dent n'aient rien fait pour les arrêter alors qu'ils arrêtaient déjà des personnes non violentes. 4) Il est surprenant que les nombreux policiers armés qui étaient autour de la casse n'aient pas levé le petit doigt et aient laissé faire cette casse devant leurs yeux. Cela s'est passé à un des carrefours les plus importants du cortège et il y avait des policiers anti-émeute tout autour ! Surtout qu'on peut voir que même s'ils cassent des vitrines avec ce qui leur tombe sous la main, les "casseurs" ne semblent pas armés ni violents avec les gens autour d'eux. Mais peut-être que les policiers tenaient à ce que cette casse ait lieu, c'est ce qu'on peut penser quand on découvre que la police a refusé de répondre quand on lui demandait si elle allait utiliser des agents provocateurs (c'est à dire des policiers déguisés en casseurs qui cherchent à provoquer de la violence comme la SQ a fait à Montebello). Voir reportage préalable au G8/G20 sur position de la police à ce sujet http://bit.ly/9JED2C 5) Il y a des centaines de photos et de vidéos ou l'on voit les policiers brutaliser des enfants, des jeunes filles, des personnes âgées et des femmes qui ressemblent à tout sauf à des casseurs et qui ne pourraient pas effrayer grand monde. 6) De nombreux journalistes ont été arrêtés, voire tabassés par les policiers. Parmi eux : un producteur de CTV, deux photographes du National Post, un journaliste du Guardian et un de la Presse Canadienne. Il est intéressant de voir le témoignage du reporter de TVO qui s'est fait menacer d'arrestation s'il ne quittait pas le quartier et qui a vu le journaliste du Guardian se faire tabasser parce qu'il demandait de quel droit on l'arrêtait dans l'exercice de ses fonctions http://bit.ly/9hZJfZ 7) Plusieurs lois secrètes ont été passées sans que le Parlement soit consulté. L'une d'elle permet d'arrêter toute personne qui refuse de montrer ses papiers d'identité à la demande d'un policier ou d'un agent de sécurité privé. Oui maintenant n'importe quel agent de sécurité (certains n'ont pas été engagés pour leur QI) peut demander les papiers et arrêter la personne qui refuse de les montrer. Voici un témoignage d'une personne arrêtée sous ce motif qui raconte au passage comment il a été traité durant ses 20 heures d'emprisonnement pour, je le rappelle, ne pas avoir présenté ses papiers http://bit.ly/d1rtVk Une journaliste alternative explique les mauvais traitements faits aux femmes dans le centre de détention. N'oublions pas que déjà plus de la moitié des personnes emprisonnées ont été relachées sans charges. Elles étaient donc innocentes (mais néanmoins maltraitées)! Et pour ceux qui doutent encore, voici ce qu'est devenu la relation citoyen/police au Canada : La police charge et arrête brutalement au hasard des personnes paisibles dans un parc http://bit.ly/9sgBtf La police charge les manifestants qui chantent l'hymne national http://vimeo.com/12908820 La police charge des manifestants pacifiquement assis sur le gazon, les frappe et les gaze avant même qu'ils puissent se lever http://bit.ly/9lUTR4 La police utilise des gazs explosifs (muzzle blasts) contre les gens qui manifestent pacifiquement devant le centre de détention qui a été installé dans un quartier résidentiel ! http://bit.ly/ac4O9Y Je ne cautionne pas la casse, ni le vandalisme et encore moins la violence. Mais c'est encore pire quand elle est organisée par ceux qui sont censés nous protéger et faire respecter la loi. Je ne pense pas que les policiers et leurs dirigeants soient tous des épais, loin de là. Je ne pense pas que 19 000 policiers entrainés et armés jusqu'au dent avec 1 milliard de budget ne soient pas capable d'attraper une cinquantaine de casseurs post-adolescents. J'en arrive à la conclusion, que le but de tout ça est de décourager les canadiens de manifester ou d'exprimer démocratiquement leurs opinions et ça c'est la définition d'un État policier non démocratique. Et je suis inquiet car dans l'histoire de l'humanité, à chaque fois qu'un pouvoir a utilisé la force pour museler sa population, cette dernière a réagi plus fortement jusqu'à avoir gain de cause. Veut-on vraiment que nos gouvernements continuent cette escalade qui ressemble pas mal à un cercle vicieusement dangereux pour notre société, nos droits et nos enfants. Est-ce vraiment le type de pays (Canada ou Québec) que nous souhaitons ? Voulons-nous vivre dans un pays ou nous ne pouvons dénoncer les erreurs du gouvernement ailleurs qu'autour de la machine à caf ? Veut-on vivre dans un pays ou on aura peur de dire qu'on veut protéger la planête ? Dans un pays ou on aura peur de dénoncer les sables bitumineux ? Dans un pays ou on aurait peur de dire qu'on ne veut pas participer à la guerre en Irak comme nous l'avons fait avec succès en 2003 ? Veut-on vivre dans un pays ou la dissidence ne pourra s'exprimer que violemment parce que rendue illégale par les autorités ? Et avant de se dire que c'est juste à cause des conservateurs et de Stephen Harper, rappelons-nous qu'il s'est passé la même chose à Québec en 2001 lors du Sommet des Amériques et nous étions dirigés par le PLC à Ottawa et le PQ à Québec. C'est juste qu'à l'époque on ne connaissait pas encore le Protocole de Mimai donc on ne voyait pas forcément que les débordements étaient planifiés. Pour finir, je veux exprimer un petit tracas personnel. Quand un journaliste canadien se fait arrêter dans une manifestation en Russie ou ailleurs, cela fait un scandale médiatique majeur à la une de tous les journaux et en ouverture des bulletins de nouvelles. Quand un pays arrête des journalistes, voire même des faux journalistes, les salles de rédaction se mobilisent à l'unisson pour dénoncer cette situation intolérable derrière le drapeau de RSF. La police canadienne vient d'arrêter, voire brutaliser plusieurs journalistes dans l'exercice de leurs fonctions et cela génère au plus des brèves dans nos médias. Est-ce que la liberté de la presse est fondamentale chez les autres mais secondaire chez nous ? Les droits des canadiens à l'information est-il négociable pour les pupitreurs et rédacteur en chef de nos médias ? J'aimerais bien une réponse de leur part car celles que j'imagine me font frémir d'effroi. Philippe Le Roux PS : Il faut noter que la plupart des références que j'utilise ci-dessus proviennent de journalistes et de médias "officiels". PPS : Ce texte est produit sous licence libre et peut donc être diffusé librement à condition de ne pas l'altérer, le modifier ou supprimer les liens vers les preuves documentaires qui le supportent. Cet article est publié à titre personnel et n'engage personne d'autre que moi (et probablement les millions de québécois et de canadiens qui tiennent à vivre dans un pays de paix, de respect et de libertés individuelles ou la loi est votée par les parlements et respectée par tous). |
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