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Appel au boycott... du muguet !Anonyme, Jueves, Abril 29, 2010 - 07:05
Cédric Rutter
RUTTER CEDRIC Le 1er mai, c'est aussi la fête du travail. Ici, la raison oubliée : une manifestation réprimée à Chicago en 1886, puis la décision de commémorer internationalement ce jour pour revendiquer la journée de 8 heures contre celle de 12. Maintenant, les socialistes, les communistes, les internationalistes se réunissent. On marche ensemble, on trinque, on refait le monde, on chante de vieux chants révolutionnaires... O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao - Oh, t'arrêtes de chanter, toi ! De nos jours, le 1er mai, c'est des milliers de travailleurs réunis pour une dizaine de jours. On en appelle à toute la France. Précaires de tout le pays, venez en Loire Atlantique. Même TF1 relaie l'appel pour lever l'armée de réserve industriel. Voici les habituels travailleurs des saisons : étudiants, mère au foyer qui veulent arrondir le SMIC du mari, punk à chiens, hippies semi-nomades, intérimaires normalement routiers, maçons ou caissiers de supermarché, des africains avec ou sans papiers... - Mamadou, Mamadou... Eh Bamboula ! Ces Africains sont venus de la Guinée-Konakry en conflit depuis que la France a fait semblant de partir. Ils sont venus dans le pays des Droits de l'Homme. - Tout le monde ici. Je ne veux pas entendre une mouche voler. Chacun dans son rang. Le premier qui fait le zouave, il vire. Ach, Schnell ! En fait, non, cela ne me semble pas nouveau. Impression de déjà-vu provenant des films censés nous faire travailler la mémoire. Ambiance des années 40 en Allemagne, en France occupée ou à Guantanamo, on va au travail entassés dans des camions. Une fois dans les rangs, le silence est de rigueur. On ne peut pas regarder dans les yeux les Kapos qui auraient trop peur de voir de l'humanité en nous. Si on se relève pour s'étirer un peu, on nous dit de nous remettre à cueillir immédiatement. On prend notre nom et à la deuxième sommation, nous sommes punis : retour au chômage ! - Toi, toi et toi, vous virez. Dans les années 40, ces gens-là, on les aurait envoyé bruler avec les juifs, les tsiganes et les résistants de tous bords. Ils ont les cheveux longs ou rasés, ils s'habillent en kaki, font des boulots saisonniers pour payer le gasoil de la fourgonnette-maison, la bouffe pour les chiens et l'alcool ou d'autres drogues bon marché. Ils passent la moitié de l'année sur les routes d'un festival à l'autre. Ils n'ont pas d'attaches. Alors comment ces propriétaires terriens pourraient les comprendre, s'dentifier un peu à eux ? Peut-on généraliser avec tous les producteurs de muguet ? « Non, me répond la propriétaire du camping qui voit des bataillons de cueilleurs chaque année, il y en a bien un ou deux chez qui cela se passe bien. Les autres se prennent pour des seigneurs. Nous sommes désolés. » Cette France me fait peur. Cela ne devait être que du passé. A l'école, on nous a fait intégrer que nous allions toujours vers le mieux : l'évolution. Nous avons vaincu les barbares, les infidèles, les nazis, les soviétiques. Nous sommes le progrès. Pourtant, depuis quelques années, l'ennemi intérieur est de plus en plus montré comme se cachant sous un voile, dans ses mosquées à minaret, il mange hallal dans nos restos, sont polygammes... Ces exploiteurs agricoles néocolonialistes jouent avec la peur du chômage. Et en plus, c'est la crise, nous dit-on. Les travailleurs subissent un chantage économique. Et cela marche. Mais le chantage économique peut s'inverser : refusons d'acheter certains produits ! Les produits d'Afrique du sud, on n'en a pas voulu. La politique d'appartheid a dû changer. Actuellement, des appels au boycott contre l'Israël colonialiste sont lancés et ont des répercussions. Alors, boycottons toutes les formes d'exploitations, surtout si elles sont proches de nous. Le 1er mai, achetez du muguet aux gosses de votre quartier, pas chez le fleuriste qui vend du muguet qui vient de l'industrie qui ne respecte ni l'humain, ni la terre. Allons plutôt manifester ! Toute ressemblance avec la réalité, des personnages réels, des propos tenus ou faits ressemblants n'est absolument pas fortuit.
cédric rutter
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