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La leçon d'ineptieOlivier Savary, Viernes, Febrero 26, 2010 - 12:05 (Analyses)
Olivier Savary, Samuel D. Plourde
En réponse au Montréal Campus, pour suivre les interventions d'Alex Popovic et du COBP; ce texte devait être publié dans l'ASSAULT (le journal de l'AFESH-UQAM) dont la publication est retardée. Le journalisme de bas étage auquel se prête David Riendeau dans son article La leçon d’anarchie, publié dans le Montréal Campus du 10 février 2010 (pp. 4-5), nous rappelle ce que font nos grands médias sensationnalistes. Sous couvert « d’enquête exclusive » – terme qui sous-tend l'impartialité du journaliste et l’objectivité de ses conclusions – il semble plutôt que notre journaliste en devenir tente de régler ses comptes avec le milieu contestataire québécois. Il espère sans doute que ses méthodes lui assureront une place au sein de l’empire Québécor. En utilisant cette rhétorique journalistique, il invalide lui-même son propos, qui reste tout aussi condamnable. Les « preuves » qu’il nous sort de son chapeau ne prouvent que son incompétence journalistique. La recherche que nous présente le pseudo-journaliste est truffée de démagogie, de mauvaise foi et d’arguments fallacieux, ce qui nous amène à nous questionner sur les intentions réelles d’une telle entreprise « journalistique ». Tous les éléments qu’il présente dans son article sont en effet accessibles au public et facilement trouvables. Même les « preuves » qui semblent émerger de son efficacité sherlock-holmsienne lui ont été remises sans embarras par les associations qu’il a visitées. Les attaques personnelles gratuites auxquelles il se livre démontrent sans aucun doute sa détermination à saper les efforts des quelques militant-e-s encore prêt-e-s à lutter pour leurs idéaux. La rédactrice en chef du Montréal Campus affirme, dans une réponse officielle aux nombreuses critiques à l’endroit de Riendeau, et de son article, que ce journal est « indépendant de l’institution qu’il couvre, mais aussi de toute contrainte économique et politique (sic), ce qui lui permet de pratiquer le journalisme sans aucune forme de censure, qu’elle provienne de l’intérieur ou de l’extérieur du campus. Indépendant également de toute association étudiante, sans quoi il n’aurait jamais pu publier la présente enquête. Cette chance est rarissime dans le monde médiatique d’aujourd’hui. […] Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes les gardiens d’une démarche journalistique libre et objective. (SICK) » Au contraire, nous affirmons que derrière les propos et, surtout, dans la forme de l’article, se cache une vision politique bien précise, qui s’oppose à la liberté d’expression. La pseudo-objectivité de son traitement masque à peine l’idéologie que Riendeau défend maladroitement. En s’attaquant aux groupes contestataires et, surtout, en déployant le spectacle pitoyable d’une critique appauvrie et ordinaire de la gauche, il réaffirme la suprématie du système en place, peut-être bien malgré lui. Le caractère critique dont il se revendique fait plutôt place à la rhétorique journalistique bien connue; la dénonciation du « fait voilé » donne libre cours à l’énonciation d’opinions, qui elles sont à peine voilées. Affirmer, comme le fait la rédactrice en chef, que les journalistes, même ceux et celles du Montréal Campus, sont exempt-e-s de contraintes socio-économiques, c’est se placer au-dessus de l’idéologie; nous affirmons qu’ils et elles baignent en plein dedans. L’indépendance par rapport aux associations étudiantes, nous pouvons encore l’admettre, mais croire en l’indépendance face aux contraintes socio-économiques des journalistes ne prouve que la méconnaissance de la situation de tout individu vivant en société. Ce que Riendeau avance est connu depuis longtemps de tout-e étudiant-e le moindrement connecté-e à la réalité universitaire. Toutes les associations étudiantes octroient des subventions par le biais d’un comité composé de membres élu-e-s qui décident démocratiquement des groupes qui en bénéficieront et des montants qui leur seront alloués. Pour être éligibles aux subventions, ces groupes doivent présenter des prévisions financières et remplir des conditions d’admission très strictes. Ainsi Riendeau nous rappelle que la demande d’HO a été rejeté par l’AFESH. Toutefois, il accorde une importance démesurée au groupe, le diabolise, attaque personnellement ses membres, mais, surtout, instrumentalise le fait banal que « [ceux-ci] gravitaient autour de l’association du Vieux-Montréal durant la grève de 2005 ». Mais que veut-il nous dire exactement ? Qu’ils et elles sont ou ont été étudiant-e-s ? Dans sa tentative de créer le scandale, Riendeau fabrique des liens flous entre des groupes anarchistes et le mouvement étudiant, mais il échoue lamentablement à créer un scoop digne de ce nom, vu l’insignifiance de ce qu’il pose sur papier. Il est maintenant évident que la volonté de monter un spectacle dépasse toute considération éthique et que le journaliste ne se préoccupe plus de la qualité de ce qui est énoncé, ni de la façon de le traiter, mais s’acharne sur la quantité de scandales à offrir bêtement aux lecteurs et lectrices. Le texte se termine sur l’accusation grossière selon laquelle l’exécutif aurait plus de pouvoir que les étudiant-e-s; conclusion tout aussi grossière que le reste de l’article d’ailleurs. Les liens causaux qu’il fait ne sont dignes que de Richard Martineau, porte-étendard de la débilité de notre temps. Quel intérêt objectivement journalistique Riendeau défend-il dans son encadré racontant un fait divers de la vie du chroniqueur-scab, sinon justifier le ton emprunté ou alors il tente simplement de flatter ses futurs employeurs. Espérons seulement qu’il n’aura pas l’audace de pousser sa carrière de journaliste et que l’Histoire se chargera de l’oublier. Cet article est en réponse à ceux-ci : |
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