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Mexique : Santa María Ostula, 8 nouveaux assassinats contre des paysans indiens

Anonyme, Sábado, Diciembre 19, 2009 - 16:36

Jean-Pierre Petit-Gras

Sur la côte nahua du Michoacan, quelques milliers de comuneros nous montrent un chemin... Pensons-nous avoir notre mot à dire ?

Pouvoir politique, propriétaires fonciers et narco-trafiquants contre comuneros indiens.

Par un article publié en août dernier, nous informions de la récupération, par les membres d'une communauté nahua, de terres dont ils avaient été spoliés au cours des années 1960 sur la côte pacifique de l'état du Michoacán, au Mexique.

Les 3000 habitants des 3 villages participant à cette réoccupation avaient pu mettre en échec les tueurs envoyés par les pseudo propriétaires.

Nous essayions, dans ce texte, d'insister sur l'importance du mouvement des reprises de terres opérées par des communautés indiennes (indígenas, comme elles se nomment). Ce qui est en jeu dans ce type de conflit, à nos yeux, c'est la capacité d'une fraction de l'humanité à résister à l'extension de la propriété privée sur la terre et les êtres qui l'habitent. Grâce à une culture demeurée vivante malgré des siècles de tentatives d'acculturation, les indiens d'Amérique continuent de voir la madre tierra comme un élément sacré, que l'on ne peut utiliser qu'avec respect et modération. La terre mère représente le principal ciment, en outre, d'une cohésion sociale basée sur une solidarité inébranlable, des connaissances multiples et anciennes, et un puissant désir de vivre ensemble. Cest pourquoi il ne saurait être question de commercer avec elle. Pas plus qu'avec les bras, le temps, la vie des individus qui l'habitent.

Chez nous, cette culture semble moribonde, voire tombée dans l'oubli. Les plus « révolutionnaires » des partisans du néo-libéralisme, tout autant que ceux du socialisme étatique et industriel, y voient la marque d'un archaïsme réactionnaire, d'un passéisme folklorique ou gentiment baba-cool.

Nombreux sont pourtant ceux qui estiment qu'une réflexion de fond s'impose, à propos de notre propre histoire. Que la culture populaire, ouvrière mais plus encore paysanne, occitane comme alsacienne, bretonne, portugaise ou berbère, constitue l'outil indispensable pour qui envisage une résistance collective un tant soit peu sérieuse à l'étau de l'atomisation, l'enfermement et l'aliénation de masse que les machines du système capitaliste industriel continuent, de manière de plus en plus automatique, d'actionner sur nos corps et âmes. Car cette culture est la seule qui contienne les éléments d'une véritable remise en question de la logique capitaliste, étatique et industrielle. Elle s'appuie, en effet, sur une vision du monde incluant la théorie et la pratique d'une autonomie possible des groupes humains, solidaires et reliés les uns aux autres, mais maîtres de leur vie sur des territoires dont ils sont responsables, et qui leur assurent l'essentiel de leur alimentation et des autres biens rendant la vie possible et désirable.

Il faut savoir, en attendant, que 8 comuneros nahuas de ces villages en résistance ont été assassinés depuis août 2009. Les tueurs, lourdement armés, sont évidemment liés aux narco-trafiquants, eux-mêmes étroitement imbriqués dans les affaires politiques régionales et nationales. Le gouverneur du Michoacán, rappelons-le, est membre du PRD, le parti qui a pu un temps faire rêver de nombreux mexicains à un possible changement démocratique dans leur pays. Un parti, pourtant, totalement impliqué, comme le PAN du président Calderón, comme le PRI qui a spolié et étranglé le pays pendant plus de 70 ans, dans la nouvelle version de la guerre totale décidée par le capitalisme pour s'approprier les terres et les « ressources » encore habitées et protégées par les populations indigènes.

Mais les nahuas d'Ostula, de Coire et Pómaro ont créé une garde communale, pour défendre leur vie et cette terre qui lui donne son sens.

Les indiens du Mexique ne sont pas encore tous morts. Et c'est, à nos yeux, une excellente chose. Car nous risquons fort d'avoir besoin d'eux.

Jean-Pierre Petit-Gras

P.S. En ces temps de cadeaux idiots et inutiles, pourquoi ne pas faire un petit virement au trésorier des « biens communaux » de Santa María Ostula :

Banque : BANAMEX - SUCCURSALE : LÁZARO CÁRDENAS NÚMERO 447.

Titulaire du compte : VÍCTOR CELESTINO GRAGEDA

Compte numéro 7989603,

CLAVE NÚMERO 002497044779896031.



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