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Quand la religion fait souffrir

DavidRuffieux, Martes, Diciembre 8, 2009 - 17:04

David Ruffieux

Lénine avait raison. La religion est un opium, une source de réconfort qui, comme les narcotiques, a des effets sédatifs pour les âmes torturées qui cherchent des réponses : malheureusement aussi souvent tordues, irrationnelles et incroyables soient-elles.

La simple et humble réalité de ce monde ne procure que peu de soulagement tant et si mal qu’il faille toujours renouveler les fantasmagories les plus sottes et les plus indignes de nous; tâche difficile que de se raisonner face aux absurdités que la religion, par la croyance aveugle et l’endoctrinement des masses, jusqu’au fanatisme le plus violent, inculque aux générations. Peu d’entres-nous y échappent ; la religion est souvent un apprentissage incontournable de l’enfance, une nécessité sociale, un besoin d’appartenance à un groupe, un rouleau compresseur de l’intellect, ce qui rappelle combien il est difficile de s’affranchir des valeurs et des systèmes de pensées des autres, des cultures dominantes, et d’être soi-même sa propre lumière.

Les athées, les sceptiques, qui ne croient pas en Dieu sont priés de se taire et de rester tolérant à l’intolérance et au rétrécissement de la pensée et du jugement. Les 16% d’athées aux Etats-Unis doivent se sentir bien seuls dans un pays où religion et militarisme exacerbé s’accommodent sans peine. God is on our side. Les faveurs accordées aux croyants vont si loin qu’on oserait se demander si la nation américaine est sécuritaire pour les autres Américains. Mais puisqu’on ne brûle plus les hérétiques au bûcher, on leur impose poliment de se mettre en retrait pour laisser la parole aux prêtres, aux imams, aux rabbins et aux autres représentants zélés et prolixes de la foi et du mystère. De quels mystères au juste ?

En fait, il y en a beaucoup dans les religions, la parole divine est riche et colorée d’événements et d’images surnaturelles, de prédictions et de prophètes de malheurs si bien qu’on se demande comment elle a pu survivre jusqu’à nous, les modernes ; les anges, Adam et Eve, l’Immaculée Conception, la Résurrection du Christ, la genèse, Armagédon, le paradis et l’enfer, font couler beaucoup d’encre. Tout cela s’est remarquablement conservé à travers les temps. Il aurait été préférable que chacun se trouve libre de puiser dans les écritures saintes ce qui lui convient pour son bien-être et d’interpréter la parole de Dieu selon sa convenance, dans le repos du foyer, plutôt que d’imiter la foi commune et de suivre le dogme jusqu’au champs de bataille. Mais depuis longtemps, les autorités religieuses ont très largement limité la liberté morale et intellectuelle de leurs paroissiens, au contour bien défini des églises. Les rites hypnotisent le croyant impressionné, démuni face aux puissants, sachant à peine lire et plier sous le poids d’un labeur éreintant qui ne laisse guère l’opportunité d’un développement de la critique et d’une réflexion.

La religion, en tant que système de contrôle social très efficace, aura aussi accédé au pouvoir politique pour étendre son influence des couches sociales les plus crédules aux élites les plus savantes. Du roi à Dieu, il ne semble y avoir qu’un pas, vite franchi lorsque l’ordre et le respect des classes l’exigent et pour rappeler la nature divine du souverain et donc de sa légitimité face au peuple assujetti. Les guerres de religion, en particulier, sont les exemples les plus dramatiques de la perversité de la foi aveugle, de la folie des hommes fanatisés qui accompagne le sentiment religieux et l’intolérance qui en résulte au travers de notre histoire.

Pour Dieu, des rivières de sang coulent ; le Croisé à court de boulets catapulte des enfants sur les murailles des forteresses arabes; Chrétiens et Arabes se massacrent, tandis que plus tard ce sont les Protestants et les Catholiques du 16 ième siècle qui s’étripent dans les horreurs de la Saint –Barthélemy. Qui penserait qu’on condamnât de pauvres cochons au bûcher pour sorcellerie durant l’Inquisition ou encore des végétariens hérétiques refusant le lard du carême ! Il aura fallu à Galilée, pour sauver sa peau, qu’il se rétracte de son génie devant les malfaisants en robe de pourpre. Et pourtant, elle tournait bien autour du soleil, la Terre. Le bûcher est décidément commode aux ecclésiastiques pour laver les crimes des génies cherchant la lumière dans les ténèbres du culte.

Encore aujourd’hui, les tensions entre religions sont palpables, avec l’insolvable question de la Palestine et d’Israël, et le fanatisme islamiste à la conquête de l’Occident qui aura envoyé des avions de lignes dans les tours du Wall Street Center. Le monde a-t-il vraiment changé depuis le 11 septembre ? Les minarets et la bourca suscitent une certaine inquiétude en Europe à en juger par le récent référendum suisse du mois de novembre 2009, qui demande l’interdiction de nouveaux minarets. Les musulmans d’Europe ont-ils besoin de signes si hautement ostentatoires de religion? Certes, l’histoire chrétienne est riche de reliques qui abondent dans les rues de nos villes, inutile, à mon sens, d’en ajouter d’autres dans une société laïque qui se veut républicaine. Les Suisses ont exprimé une peur, une crainte de voir se développer l’islamisme dans leur pays. La réaction inattendue des Suisses a créé un grand désarroi chez les élites qui, comme toujours, sont en décalage avec le peuple.

Verrait-on un référendum en terre d’Islam pour des constructions de cathédrales ? Il y a peu de chance. Les Chrétiens du Moyen-Orient se font très discrets dans leur foi, peut-on en attendre de même des musulmans les plus radicaux d’Europe ? Malgré les appels au calme des responsables des trois religions monothéistes, le christianisme, le judaïsme et l’islam, doit-on s’attendre à des appels à la violence, aux fatuahs qui appellent au meurtre d’un écrivain comme Salman Rushdie, ou le fanatisme le plus écervelé qui tua de 8 balles le réalisateur de film Theodoor van Gogh, le 02 novembre 2004, pour sa critique du traitement de la femme par la religion musulmane? L’Europe a le droit et le devoir de se protéger de l’intégrisme religieux et de séparer l’Etat et l’Eglise.

Les Européens, s’ils aspirent à vivre en paix, ont tout intérêt à faire disparaître dans le tissu urbain les signes de religion de manière à les rendre les plus discrets possible. Il en va de même des rites cruels, les sacrifices d’animaux, les abattages religieux, et en finir avec cette brutalité quotidienne qui s’exerce sur des animaux sensibles au non de la religion ; Les pratiques religieuses qui compromettent le bien-être animal doivent cesser en Europe. Hier soir, en regardant le film documentaire Earthlings du réalisateur Shaun Monson, qui traite du traitement des animaux, l’une des séquences montra un pauvre chien que des individus traînaient en laisse, avant de le jeter vivant dans un camion d’ordures. Ceci se passe quelque part au Moyen-Orient, où l’on ose à peine imaginer la condition animale dans certains de ces pays, comme l’Egypte, la Tunisie, les Emirats-arabes. En France, la fondation Brigitte Bardot s’efforce de rendre obligatoire l’étourdissement des animaux avant l’abattage rituel, qui consiste à trancher la gorge de l’animal conscient, mais il semblerait que les groupes de pression religieux s’efforcent de maintenir ces méthodes d’un autre âge, au nom de la liberté de culte, dans toute la communauté européenne. Les députés européens se sont mis à genoux devant eux.

Dans les faits, en France, ce sont 200 000 moutons qui sont abattus pour l’Aïd al Adha, dont plus de 70 000 de manière illégale et clandestine selon le Ministère de l’Agriculture. Il n’est pas surprenant que les aliments religieux sont de plus en plus nombreux à circuler dans la chaîne alimentaire conventionnelle, à l’insu du consommateur non averti. Chaque fois que j’y pense, la France me fait honte par son immobilisme et sa couardise en matière de bien-être animal. En Belgique, l'association Gaiia s’efforce, comme la Fondation Brigitte Bardot, de médiatiser les dysfonctionnements systématiques des abattages rituels qui conduisent à des souffrances intolérables et à des comportements cruels; il est évident que les méthodes employées dans les abattoirs contreviennent trop souvent au rite religieux, rendant, dès lors, invalide la notion même d’abattage rituel. Rien ne différencie, en définitive, l’abattage rituel de l’abattage conventionnel avec étourdissement. Les autorités musulmanes de Belgique persistent à croire que l’abattage se fait selon selon les rites religieux.

Il n’y a pas qu’en Europe où le fanatisme religieux encourage les sacrifices d’animaux. Dernièrement, au Népal, des centaines de milliers d’animaux sont tués à coups de d’épée pour apaiser la déesse Gadhimai. Il s’agit d’un festival religieux, qui se déroule tous les cinq ans, et qui attire des millions de fidèles pauvres et illettrés. Quelque 250 bouchers se rassemblent dans un temple sacré où près de 20 000 buffles sont amenés par les fidèles pour être massacrés en quelques instants, dans une totale frénésie collective et alcoolisée. Le gouvernement népalais a refusé de mettre un terme à ces tueries, malgré les appels de rares personnalités religieuses, puisqu’il considère ces sacrifices comme une tradition religieuse vieille de plusieurs siècles. Jusqu’à ce jour, j’ignorais l’existence de ces sacrifices perpétrés par une fraction de la communauté Hindou et ce fut tout un choc. Mais que sont ces rituels sanglants, par rapport au massacre de milliards d’animaux de boucherie dans les abattoirs de l’Occident ? Qui sommes-nous pour condamner des pratiques barbares, quand nous-mêmes sommes incapables de mettre un terme aux nôtres?

Fondation Brigitte Bardot:
http://www.fondationbrigittebardot.fr/site/homepage.php?Id=2

Global Action in Favor of Animals:
http://www.gaia.be/

Film Earthlings, documentaire exeptionnel sur la condition animale dans le monde.
http://www.earthlings.com/


[ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ)
* remplacé la rubrique Spécisme (?) par Religion ]

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