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Message d’Ehsan Fattahian, prisonnier politique kurde iranien condamné à mortAnonyme, Lunes, Noviembre 9, 2009 - 22:47 [ Mise à jour: Iran Ehsan Fattahian, militant kurde iranien, a été pendu tôt le matin du 11 novembre 2009. ] Selon le Comité international contre les exécutions, au moins quatorze prisonniers politiques kurdes d’Iran sont menacés d’exécution et sont actuellement dans les couloirs de la mort des prisons du régime fasciste d’Ahmadinejad. Malgré une campagne internationale de soutien lancée par Amnesty, des réfugié-es politiques d’Iran, Human Rights Watch le Comité des militants des droit humains en Iran, le régime n’a répondu que par ses silences méprisants aux demandes de ces ONG. Ce régime qui risque d’exécuter notre Camarade Eshan Fattahian, demain 11 novembre, a encore fait la preuve de sa barbarie et des crimes contre l’humanité qu’il commet depuis 30 ans. Message d’Ehsan Fattahian : « Je n’ai jamais eu peur de la mort » Message d’Ehsan Fattahian, prisonnier politique kurde iranien condamné à mort dont l’exécution est prévue pour le 11 novembre 2009, publié par militant-es des droits humains en Iran le 9 novembre : Les dernières lueurs du soleil au crépuscule Je n’ai jamais eu peur de la mort. Même maintenant, alors que je sens sa présence étrange et honnête près de moi, je veux encore sentir son arôme et la redécouvrir ; la mort est le plus ancien compagnon de cette terre. Je ne veux pas parler de la mort, je veux poser les questions qui sont derrière elle. Aujourd’hui, lorsque le châtiment est la réponse à ceux qui cherchent la liberté et la justice, comment peut-on la craindre ? Ceux d’entre «nous» qui ont été condamnés à mort par «eux» ne sont coupables que de chercher l’ouverture vers un monde meilleur et plus juste. Est-ce qu'«ils» sont aussi conscients de leurs actes ? J’ai commencé ma vie dans la ville de Kermanshah, dont le nom est toujours sur la langue de mes compatriotes pour sa grandeur, la ville dont on dit qu’elle est le berceau de la civilisation. Alors que mes pensées se développaient, j’ai pu voir et sentir l’injustice et la discrimination, une injustice qui me touchait pas seulement en tant qu’individu, mais en tant que membre du genre humain. Je suis parti dans des milliers de directions différentes pour trouver les raisons de l’injustice. Hélas, ils avaient tellement fermé les perspectives pour ceux qui cherchaient la justice que je n’ai pu y trouver ma voix. J’ai migré vers un autre horizon, hors des limites superficielles, pour trouver les réponses à mes questions. Je suis devenu un membre de Komalah (1) pour trouver mon identité volée. Pourtant, je ne me suis jamais séparé de ma première maison et j’y retournais par moments pour renouveler mes souvenirs. Et ensuite, un jour, ils m’y ont trouvé lors d’une de mes visites, m’ont arrêté et m’ont mis dans une cage. Dès le premier jour, l’accueil que m’ont réservé mes geôliers m’a convaincu que mon destin serait similaire à ceux qui ont marché avant moi le long de cette route : torture, accusations fabriquées, tribunal biaisé, un verdict injuste et motivé politiquement et finalement la mort. Laissez-moi m’exprimer sur cette route : après avoir été arrêté le 20 juillet 2008 à Kamyaran, j’ai été emmené au bureau local du ministère des renseignements. Quelques heures plus tard, j’avais les yeux bandés et étais enchaîné et ne pouvais plus ni voir ni bouger, une personne, qui s’est présentée elle-même comme secrétaire du procureur, a commencé à m’interroger. Ses questions étaient hors sujet et pleines d’accusations (laissez-moi vous rappeler qu’il est strictement contraire à la loi d’interroger les gens ailleurs que das les cours et les tribunaux). Ce fut la première des nombreuses sessions d’interrogatoires auxquelles j’ai dû faire face. La même nuit, je fus emmené au siège provincial du ministère des renseignements à Sanandaj où m’attendait une vraie fête : une cellule sale avec des toilettes répugnantes. Les couvertures n’avaient pas été lavées depuis des années. Ce fut le début de trois mois de montées et de descentes d’escaliers de ma cellule à la salle d’interrogatoire, où à chaque fois j’étais battu le long du parcours. Les honorables enquêteurs étaient tellement désireux d’obtenir une promotion ou de gagner un peu plus d’argent qu’ils m’ont accusé de toutes sortes de choses bizarres, même des accusations qu’ils savaient fausses. Ils ont utilisé tous les moyens en leur pouvoir pour prouver que j’avais participé à des opérations armées. A la fin, ils ont simplement pu prouver que j’avais été membre de Komalah et que j’avais participé à des activités de propagande contre le régime. La condamnation à dix ans de prison lors du procès initial est une bonne preuve qu’ils ‘avaient qu’une seule accusation. La 1re branche du Tribunal révolutionnaire de Sanandaj m’a condamné à 10 ans de prison, qui devaient se dérouler à la prison Ramhormoz, hors du Kurdistan. L’establishment politique et administratif en Iran a toujours été favorable à des politiques centralisées, mais, apparemment, dans mon cas, ils avaient décidé l’inverse ! Récemment, des cours d’appel provinciales sont devenues l’autorité judiciaire pour décider dans les dossiers relevants de prisonniers politiques, y compris dans les cas de peines de mort. Les cas de peines capitales étaient de la juridiction de la cour suprême. Aussi, le procureur de Kamayran a fait appel du jugement initial et, de façon surprenante et contre la loi iranienne, la 4e branche de la cour d’appel du Kurdistan a transformé les 10 ans de prison en condamnation à mort. Selon l’article 258 du Code pénal iranien, les cours d’appel ne peuvent décider d’une peine plus lourde que si la condamnation initiale est inférieure à la peine minimale stipulée par la loi. L’acte d’accusation présentée par le procureur stipulait l’accusation de Moharebeh (ennemi de Dieu). La peine minimale dans des cas similaires est d’un an de prison. Maintenant, jugez par vous-mêmes et comparez la peine de 10 ans de prison (en exil) avec le minimum requis par la loi, et voyez combien la condamnation à mort est illégale, contraire à la loi et politique. Laissez-moi ajouter que, peu avant que ma peine fût transformée en condamnation à mort, j’ai été emmené de la prison de Sanandaj au centre de détention du ministère du renseignement, où on m’a demandé de faire de faux aveux devant une caméra, de montrer des remords pour des actes que je n’avais pas commis et de rejeter mes convictions. Je n’ai pas répondu à leurs demandes illégitimes, alors on m’a dit que ma peine de prison serait transformée en condamnation à mort. Ils ont été rapides à tenir leur promesse et ils m’ont prouvé à quel point les tribunaux acceptent toujours les demandes des services de renseignement et des autorités non judiciaires. Comment peut-on dès lors critiquer les tribunaux ? Tous les juges ont prêté serment de rester impartiaux en tout temps et en toute circonstance, de juger selon la loi et rien que la loi. Combien de juges de ce pays peuvent dire qu’ils n’ont pas brisé leur serment et qu’ils sont restés équitables et impartiaux ? Selon moi, ils peuvent se compter sur les doigts de la main. Lorsque l’ensemble du système judiciaire en Iran ordonne des arrestations, des procès, des peines de prison et des condamnations à mort au moindre geste de la main d’un enquêteur sans éducation, que peut-on attendre de quelques juges de seconde zone dans une province qui a toujours subi la discrimination ? Oui, selon moi, ce sont les fondations de la maison qui sont en ruines. La dernière fois que j’ai rencontré en prison le procureur qui avait ordonné la première peine, il a reconnu que la peine était illégale. Pourtant, pour la deuxième fois, il a été décidé que mon exécution devait avoir lieu. Cela va sans dire que l’insistance d’appliquer la peine à n’importe quel prix est le résultat de pressions exercées par les groupes politiques et des renseignements au sein de l’appareil judiciaire. Les gens qui font parties de ces groupes ne voient la question de la vie ou de la mort d’un prisonnier que sur la base de leurs propres intérêts politiques et financiers. Ils ne voient que leurs propres objectifs illégitimes, même lorsque c’est la question du droit d’un prisonnier à la vie, le plus fondamental des droits humains. Qu’il est inutile d’attendre d’eux qu’ils respectent les traités internationaux alors qu’ils ne respectent même pas leurs propres lois ! Dernier mot : si les dirigeants et les oppresseurs pensent qu’avec ma mort, la question kurde va disparaître, ils se trompent. Ma mort et la mort de milliers d’autre comme moi ne guériront pas la douleur, ils ne feront qu’ajouter des flammes à son feu. Il n’y a aucun doute que chaque mort est le début d’une nouvelle vie. Ehsan Fattahian, Prison Centrale de Sanandaj (1) Komalah est une organisation kurde qui se définit comme marxiste, voir le site de Komalah. http://www.komalah.org/english/index.htm [ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ) |
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