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Réveil de la lutte ouvrière au Mexique

Anonyme, Domingo, Noviembre 8, 2009 - 20:32

La manifestation du 15 octobre à Mexico est à l'évidence le début d'un combat, un réveil des travailleurs au Mexique, après des décennies durant lesquelles ils ont eu à supporter l'exploitation et les sacrifices en tous genres que leur a imposés la bourgeoisie.
Pour les travailleurs du secteur public du Québec qui commencent leur lutte, l’exemple des travailleurs mexicains indique qu’il faut élargir la mobilisation au plus grand nombre. La défense des entreprises du secteur public est un faux débat, c’est la défense des intérêts des travailleurs avant tout qu’ils soient du public ou du privé. Le tract ci-dessous provient de nos camarades mexicains de la Fraction Interne du CCI.

Les communistes internationalistes de Montréal CIM
cim_...@yahoo.com

FACE AUX ATTAQUES ET AUX PROVOCATIONS DE LA BOURGEOISIE
LA LUTTE DE CLASSES EST INÉVITABLE!

DES LICENCIEMENTS MASSIFS D'OUVRIERS

Le 11 octobre plus de 40 000 travailleurs du secteur de l'électricité au Mexique se sont subitement retrouvés sans emploi. La nuit précédente, la police fédérale anti-émeutes avait pris d'assaut les installations de “Luz y Fuerza del Centro”, compagnie para-étatique dont Calderon - le président du pays - avait décrété la "liquidation" et, de ce fait, le licenciement massif d'ouvriers.

Dans le pays, ces ouvriers s'ajoutent au million de travailleurs qui ont déjà perdu leur emploi durant la seule année 2009. En outre, le ministre du "travail" Lozano a déclaré, avec un cynisme inouï, que ces dizaines de milliers de d'ouvriers jetés à la rue en un seul jour “ne toucheront pas l'allocation chômage de l'État”. Enfin, l'effronté Calderon conseille à ces ouvriers de rejoindre les 12 millions de travailleurs qui survivent aujourd'hui dans des travaux individuels précaires. Et cela sans compter les milliers et milliers d'ouvriers qui doivent endurer toutes les atteintes à leurs conditions de travail et à leur salaire quand ça convient aux patrons, comme le soit-disant "chômage technique”, sans compter les millions qui sont des chômeurs permanents (et que les chiffres officiels cachent), ni ceux qui s'évertuent à aller chercher du travail aux États-Unis.

Mais la classe capitaliste et son gouvernement - qui s'est autoproclamé "gouvernement de l'emploi” (sic!) - ne se contentent pas de licencier massivement, ils attaquent de front toutes les conditions de vie de la classe ouvrière.

DESTRUCTION DES CONDITIONS DE SUBSISTANCE, DE SANTÉ, D'ÉDUCATION...

Les électriciens savent déjà que la liquidation de “Luz y Fuerza” aura aussi comme conséquence une augmentation, allant jusqu'à doubler, des tarifs de l'électricité, en s'alignant à ceux de l'autre entreprise étatique qui est restée en charge du service (la Commission Fédérale d'Électricité). Au vu des constantes augmentations de prix de ces derniers mois qui ont touché directement ou indirectement les ouvriers (augmentations des prix de l'essence, du gaz, des aliments...), il ne fait aucun doute que le gouvernement va chercher à augmenter aussi le prix de l'électricité.

Parallèlement, dans la même période et après un petit tour de piste à la chambre des députés, le gouvernement vient de décider une nouvelle augmentation des impôts déjà si lourds et absurdes, ce qui va se traduire par une nouvelle flambée générale des prix.

En revanche, les trois premières années de l'actuel gouvernement ont vu le budget de l'armée augmenter de 67 % et celui de la police de 250 % (sic!), pendant que le budget de l'éducation, de la santé et autres dépenses qui participent aux revenus des ouvriers (c'est ce que l'on appelle le "salaire social" ou "indirect") est de plus en plus réduit. Le résultat est évident : tandis que la militarisation des villes et de régions entières du pays avance à pas de géant, les conditions d'alimentation, de logement, de santé et d'éducation empirent tout autant, menaçant directement la vie des ouvriers et de leur famille.

Ainsi, par exemple, devant la démolition du système de santé et d'hygiène et le manque de travaux publics, la menace d'épidémies s'étend ; et cela pas seulement au niveau d'affections récentes, comme la grippe H1N1, mais aussi au niveau d'autres que l'on considérait comme totalement éradiquées et qui reviennent actuellement en force - on dirait que la société recule dans le temps. Il en est ainsi de l'épidémie de dengue [grippe tropicale, ndt] : alors qu'en 2000 il n'y avait que quelques centaines de cas dans les régions les plus chaudes et pauvres du Mexique, dans les dernières années on les compte par dizaines de milliers, et la maladie s'étend de plus en plus, atteignant aussi des régions dans lesquelles elle n'avait jamais existé. Le plus significatif, c'est que la dengue se transmet par la piqûre d'un moustique qui se reproduit dans des eaux stagnantes ; voilà pourquoi, de façon plus parlante que toute statistique officielle, cette épidémie reflète la pénurie croissante de logements salubres, de drainage, d'eau potable, de services publics et de salubrité... et reflète donc la misère croissante dans laquelle s'enfoncent de plus en plus les prolétaires.

LES CAPITALISTES MAINTIENNENT LEURS PROFITS SUR LE DOS DES OUVRIERS

Ainsi, la classe capitaliste et son État exploitent au maximum possible les ouvriers, par tous les moyens dont ils disposent. Et, pour faire face au mécontentement croissant et évident de la classe ouvrière, l'État capitaliste ne répond qu'en développant et en raffinant ses moyens de domination idéologique, d'oppression politique et de répression. Ainsi, á côté des attaques multiples contre les conditions de vie des travailleurs, nous voyons comment ils nous matraquent quotidiennement avec leur cirque électoral et parlementaire ; nous voyons des corps répressifs dans les rues, plus nombreux et de plus en plus fortement armés ; et, finalement, nous voyons comment les moyens d'information au service de la bourgeoisie - spécialement la télévision - cachent la réalité de la situation sociale grâce à des tromperies systématiques et gigantesques et à des mensonges.

Le gouvernement en est à un tel niveau de mensonge qu'il ne cherche même plus à pousser les ouvriers à accepter de plus grands sacrifices au nom d'un “avenir supposé meilleur pour leurs enfants” - comme il faisait avant - dans la mesure où, aujourd'hui, ceux-ci sont déjà saturés de ces fausses promesses et savent que ce “meilleur avenir” n'arrivera jamais tant que le capitalisme existera. La propagande actuelle du gouvernement présente les attaques qu'il porte contre les conditions de vie et de travail des ouvriers comme s'il s'agissait d'action dans leur propre intérêt ! Ainsi, le licenciement massif des 40 000 électriciens, (également celui d'autres milliers de travailleurs du secteur public, comme ceux de la Réforme Agraire et ceux de Tourisme), est présenté par le gouvernement comme "un acte contre les minorités privilégiées" !; et, comble du cynisme, la hausse des impôts - qui signifie une augmentation des prix et donc une réduction du salaire réel et un plus grand appauvrissement de tous les travailleurs - comme... "un soutien aux pauvres" !

Cependant, bien que la bourgeoisie cherche à cacher, avec ses mensonges, les attaques contre les conditions de vie des ouvriers, la généralisation de ces attaques à tous les secteurs, dans le privé et dans le public, dans les usines, dans les bureaux, les écoles et les hôpitaux, à la ville et à la campagne, elle ne produit qu'indignation et mécontentement qui se généralisent chaque jour un peu plus, chaque fois plus qu'une nouvelle attaque s'abat, qu'il y a un nouvel abus ou un arbitraire de la part de la classe capitaliste et de son État. L'indignation et le mécontentement de la classe ouvrière s'approfondissent encore plus à mesure que celle-ci prend conscience de la cause des licenciements massifs, de la réduction du salaire réel, de l'appauvrissement croissant : l'appât du gain de la classe capitaliste.

En effet, avec la contraction du marché, la baisse de la production et la chute des profits, l'actuelle crise économique du système capitaliste décadent n'entraîne pas seulement un redoublement de la concurrence entre les capitalistes (dans laquelle les plus puissants survivent aux dépens des plus faibles qui font faillite), mais surtout elle a comme conséquence directe que la classe capitaliste fait tout pour récupérer ou maintenir son taux de profit en redoublant l'exploitation des travailleurs salariés, ce qui notamment se manifeste de deux manières : d'une part, "en faisant des économies" sur le coût de la force de travail, c'est-à-dire en jetant les ouvriers qui "ne lui sont pas nécessaires” tandis qu'augmente la charge de travail pour ceux qui conservent leur emploi ; d'autre part, en diminuant le salaire réel des travailleurs, direct et indirect (le salaire "social), afin de conserver pour elle une plus grande part de plus-value.

Toute la propagande des moyens d'information (qui sont tous au service des capitalistes), ainsi que les campagnes et autres programmes d'une prétendue "aide aux pauvres" - laquelle n'est rien d'autre qu'une aumône visant à calmer le mécontentement - cherchent à masquer, avant tout, ce fait élémentaire que la crise met à nu : la classe capitaliste n'a que faire de la vie des prolétaires ; son seul but est de tirer le maximum de profits par tous les moyens, que ce soit au travers du licenciement de dizaines de milliers d'ouvriers, de la misère, des épidémies, de la malnutrition, du manque d'éducation de millions de travailleurs et de leurs familles, et même par le sacrifice de la vie de ceux-ci. Mais, en elle-même, la crise présente un "avantage" pour les ouvriers : elle leur montre, avec une clarté éblouissante que, entre la classe capitaliste et la classe ouvrière, les intérêts sont totalement opposés ; elle met complètement à nu l'antagonisme, la lutte mortelle qui existe entre les deux classes sociales fondamentales de l'actuelle société : la bourgeoisie et le prolétariat.

LA LUTTE DE CLASSE EST INÉVITABLE!

Ainsi, en assénant leurs attaques anti-ouvrières débridées, attaques qui sont de plus en plus provocatrices (bien que cyniquement présentées comme "un soutien aux pauvres"), et en mettant en avant leurs meutes judiciaire et policière, la bourgeoisie et son État sont ceux qui poussent de plus en plus les prolétaires à se relever, à exprimer leur colère et à lutter pour leurs conditions de vie et de travail.

La manifestation massive et combative de soutien aux électriciens du 15 octobre, qui a rassemblé près de 300 000 travailleurs de différents secteurs, a été une premiere expression importante du mécontentement qui se généralise, de la conscience qu'ils ont de la nécessité de s'unir et de se défendre. Bien sûr, pour obliger la bourgeoisie à reculer, pour freiner ses attaques, le prolétariat devra développer la force et la combativité qu'il a déjà commencé à exprimer.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que la classe ouvrière ne doit compter que sur ses propres forces, sur sa propre lutte et sur sa propre unité, qu'il lui faut absolument développer et élargir à travers l'extension de la lutte à d'autres secteurs de travailleurs et à travers son unification sur la base de revendications communes (la défense de l'emploi, du salaire, des prestations), grâce à des formes communes d'organisation et de participation active (des assemblées générales et des comités de délégués élus et révocables), grâce à des manifestations et à des actions de plus en plus massives et unitaires, qui brisent les divisions de corporation ou de secteur et qui montrent réellement à la bourgeoisie ce qu'est l'unité et la force de la classe ouvrière.

Ce chemin, c'est celui par lequel les ouvriers devront apprendre à déjouer tous les pièges, les manoeuvres, les tromperies, les menaces et les fausses promesses de la bourgeoisie. Le dilemme auquel les électriciens se confrontent aujourd'hui est le suivant : soit continuer d'étendre la mobilisation et la combativité vers d'autres secteurs de travailleurs – dont plusieurs sont prêts aujourd'hui à entrer en lutte - pour chercher à faire reculer l'État capitaliste grâce à la force d'une mobilisation massive, soit "ajourner leurs actions", c'est-à-dire freiner leur mobilisation et s'assoir pour assister “au dialogue avec le gouvernement”, aux cirques "légalistes", à "la controverse constitutionnelle” qui devrait définir si l'État "a agi conformément au Droit" en liquidant leur entreprise (comme si l'État n'était pas justement l'organe de la bourgeoisie qui promulgue et utilise les lois pour soumettre la classe ouvrière), comme les y poussent leurs "faux amis", c'est-à-dire les députés, les avocats et les leaders syndicaux, qui sont tous de vieux serviteurs de l'État bourgeois et qui cherchent à manipuler les ouvriers.

La manifestation du 15 octobre est à l'évidence le début d'un combat, un réveil des travailleurs au Mexique, après des décennies durant lesquelles ils ont eu à supporter l'exploitation et les sacrifices en tous genres que leur a imposés la bourgeoisie. Ainsi, dans cette manifestation, différents mots d'ordre étaient criés : depuis les appels à rejoindre la lutte, à soutenir le SME (le syndicat d'électriciens), l'exigence de sauver les emplois, les insultes au Président Calderon - la tête visible des exploiteurs - les protestations contre l'"illégalité" de la fermeture de la compagnie... Cependant, significativement, parmi tous ces mots d'ordre, parmi les expressions plus ou moins claires, plus ou moins bien ou mal dirigés, du mécontentement et de la combativité croissante, on a pu entendre aussi celle-ci :

"S'il n'y a pas de réponse... il y aura une révolution !" D'une manière embryonnaire, s'exprime ici le fil conducteur du mouvement de la classe ouvrière : la lutte immédiate par la défense de ses conditions de vie et de travail après s'être étendue, unifiée et devenue plus combative, devra se développer dans la lutte pour en finir à jamais avec l'exploitation du travail salarié.

"Le régime capitaliste d'appropriation, dans lequel le produit réduit en esclavage d'abord celui qui le crée et ensuite celui qui se l'approprie, sera remplacé par le régime d'appropriation que le caractère des moyens modernes de production réclame : d'une part, appropriation directement sociale, comme moyen pour maintenir et élargir la production ; d'autre part, appropriation directement individuelle, en qualité de moyen de vie et de jouissance. Le régime capitaliste de production, en convertissant chaque fois plus les prolétaires en l'immense majorité de la population, crée la force obligée, si elle ne veut pas périr, de réaliser cette révolution" (F. Engels, Anti-Dühring).

Octobre 2009.

Fraction Interne du Courant Communiste International.

Bulletin Communiste 47 - Fraction interne du CCI

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