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EDGAR RODRIGUES (1921-2009) : L’HOMME ET SON ŒUVREAnonyme, Miércoles, Septiembre 2, 2009 - 08:05 Ce texte a été écrit en portugais par José Maria Carvalho Ferreira pour le catalogue d’une exposition consacrée à Edgar Rodrigues en 2002. À la suite de son décès le 14 mai 2009, il a été publié dans une version espagnole dans le n° 358 de la revue anarchosyndicaliste CNT de juillet 2009. C’est à partir de cet article qu’a été faite cette traduction. Écrire sur Edgar Rodrigues n’est pas une tâche facile. À mon avis, en tenant compte de notre amitié et de notre camaraderie ainsi que de la reconnaissance du travail de recherches immense réalisé par cet homme, je pense que je ne serai probablement pas la personne la plus indiquée pour lui rendre hommage. Malgré la subjectivité qui accompagne mon raisonnement, c’est donc justice de reconnaître le gigantesque travail de recherches que Edgar Rodrigues a réalisé sur l’histoire sociale du Brésil et du Portugal ainsi que sur l’histoire du mouvement libertaire à l’échelle mondiale. De manière globale, nous pourrions considérer que ses recherches et sa vie s’inscrivent dans quatre niveaux d’analyse essentiels : 1. l’histoire des travailleurs anonymes qui ont lutté pour l’émancipation sociale Edgar Rodrigues reste l’auteur exceptionnel qui aura sorti de l’anonymat de la lutte des milliers de travailleurs qui ne se sont soumis ni aux vicissitudes du capitalisme ni à celles du bolchevisme soviétique, ainsi que les vaincus de l’histoire réduits au silence par les professionnels de l’histoire officielle. Travailleur infatigable et minutieux, Edgar Rodrigues a construit une base de données avec des biographies uniques d’hommes et de femmes qui ont lutté avec générosité et courage contre l’oppression et l’exploitation. Il sera difficile de faire mieux que ce qu’il a réalisé. Il faut maintenant continuer ses recherches et donner une visibilité sociale à son héritage historique. En second lieu, quand il vivait au Portugal et surtout dès qu’il émigra au Brésil, il est essentiel de signaler la dénonciation systématique de la dictature salazariste qu’il a faite dans des périodiques et des livres et, d’autre part, la solidarité qu’il a montré envers les exilés portugais au Brésil. En cette époque postmoderne, il existe une tendance à oublier cette attitude de solidarité et de critique des perversions du fascisme portugais. Aussi, il est impératif de reconnaître le travail intense qu’Edgar Rodrigues a réalisé dans les années 1950 et 1960, exprimant et démontrant avec des faits indiscutables comment la vie quotidienne de l’humble peuple portugais était marquée par la faim. Il montra aussi comment beaucoup de ceux qui luttèrent pour l’émancipation sociale connurent la mort barbare dans les cachots et les camps de concentration de la dictature salazariste. Au troisième niveau d’analyse, à mon avis, il conserve une volonté de fer pour diffuser l’idéal anarchiste dans tous les coins du monde, surtout dans les pays où s’écrivent et se parlent les langues portugaise et espagnole. La compilation de l’histoire du mouvement libertaire de différents pays et principalement des biographies d’acteurs influents dans la lutte pour les idées et les pratiques circonscrites aux principes et aux objectifs historiques de l’anarchisme est, sans aucun doute, un grand travail d’actualisation et de systématisation d’une recherche qui fut commencée par Max Nettlau dans les premières décades du XXe siècle. Au point de vue éthique et philosophique, dans la vie et l’œuvre d’Edgar Rodrigues il y a toujours un commun dénominateur : une attitude humaniste et une morale marquée par la solidarité, le pacifisme, la liberté, l’égalité et la fraternité. Son œuvre écrite est riche de milliers d’articles parus dans les revues de divers pays et régions d’Amérique latine et d’Europe du Sud, qui constituent un hymne de révolte et de lucidité contre les méfaits du capitalisme et des dictatures, mais qui sont également importants comme éléments de pédagogie d’un anarchisme éthique et moral qui cherche à semer des graines d’anarchie pour le peuple travailleur et pour tous ceux qui subissent les vicissitudes de l’aliénation et de l’ignorance provoquées par l’État, les partis, les Églises et le marché. À 82 ans, Edgar Rodrigues peut encore jouer un rôle important comme historien social du mouvement libertaire. Dans ce parcours infatigable qui, je l’espère, continuera pendant de nombreuses années, je ne pourrai manquer d’évoquer sa femme, dont l’appui a été inestimable dans tout le parcours historique de Edgar Rodrigues. Incontestablement, il a pu réaliser ce qu’il a fait parce que Ondina se trouvait toujours à ses côtés, dans les bons et les mauvais moments, compagne de ses nombreuses années de lutte pour l’émancipation sociale. José Maria Carvalho Ferreira |
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