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[Vancouver 2010] Silence: la démocratie capitaliste est là!Eric Smith, Miércoles, Agosto 5, 2009 - 10:32 (Communiqués | Aboriginal Nations | Droits / Rights / Derecho | Globalisation | Pub (commerce) | Repression | Resistance & Activism)
Le Drapeau rouge-express
«Le Mouvement des jeunes Autochtones exige le boycott et l’annulation des Jeux olympiques d’hiver de 2010. Ces jeux auront lieu sur des territoires autochtones qui n’ont jamais été cédés. Les Jeux d’hiver qui auront lieu du 12 au 27 février 2010 représentent la continuation de l’histoire de colonisation et de génocide envers les premières nations.» (Déclaration du Native Youth Movement, mars 2007) * * *
À seulement quelques mois des Jeux olympiques d’hiver qui auront lieu à Vancouver, les politiciens de cette grande ville de l’Ouest canadien viennent d’adopter une série de règlements qui visent officiellement à assurer la «sécurité» pendant la tenue des Jeux, et qui auront notamment pour effet de censurer tous ceux et celles qui voudront exposer un point de vue critique quant à cet événement largement promu par les capitalistes. Ces règlements seront en vigueur «temporairement», nous dit-on, de janvier à mars 2010, si la province accepte de modifier la Charte de la Ville – ce qui ne devrait être qu’une formalité. Le maire Gregor Robertson et la gestionnaire municipale Penny Ballem se sont donc arrogé le droit de déterminer ce qui pourra être dit et ce qui ne le pourra pas, sous peine d’être sanctionné par la justice bourgeoise. La liberté de parole, la liberté de rassemblement et la libre expression, que la bourgeoisie aime pourtant présenter comme une «caractéristique fondamentale» de son système politique, deviendront un exercice des plus périlleux pour la population de Vancouver. L’objectif de ces règlements est de «garantir la sécurité des Jeux» et de «protéger les droits commerciaux» des entreprises qui comptent faire leur beurre avec cet événement. Voilà donc une bonne nouvelle pour les Bell, Rogers Communications Inc., RBC Financial Group, Petro-Canada, General Motors of Canada, Hudson’s Bay Co., Rona Inc., ALDA Pharmaceuticals Corp. et autres «partenaires» et commanditaires qui anticipent les retombées juteuses de ce grand happening capitaliste. Voici un aperçu des mesures que l’on retrouve dans ces règlements: • droit de fouille à volonté dans les six sites désignés par la municipalité, incluant la bibliothèque municipale, le centre communautaire Roundhouse, le théâtre Queen Elizabeth et le parc David-Lam; • aucune «perturbation ou nuisance» ne sera tolérée (le règlement ne précise aucunement ce qu’on entend par là, ni ne prévoit si c’est la police ou les agences de sécurité privées qui auront la responsabilité de l’appliquer); • plus de 900 caméras de surveillance supplémentaires seront installées un peu partout sur les différents sites; • pour s’assurer que les éventuelles manifestations ne troublent pas la «quiétude des Jeux» (sic), les mégaphones et amplificateurs, de même que «toute chose ou appareil susceptible d’émettre du bruit» seront interdits; • les seules affiches autorisées seront celles qui auront été approuvées par la Ville; • aucun dépliant ou feuillet ayant un «contenu commercial» ne pourra être distribué dans et autour des sites olympiques (officiellement, cette disposition vise à faire en sorte qu’une compagnie qui n’est pas un commanditaire officiel ne puisse profiter des Jeux pour se faire connaître; mais comme les défenseurs des libertés civiles l’ont fait remarquer, le règlement ne précise pas qui aura la responsabilité de distinguer ce qui relève du commerce de l’expression politique légitime, ni sur quels critères on se basera pour en juger). Même si les conseillers municipaux qui ont voté pour ces règlements se défendent de bien vouloir interdire les manifestations et d’attaquer la liberté d’expression politique des opposants aux Jeux, dans les faits, leur jupon dépasse de plusieurs centimètres. Une répression tous azimuts Rappelons que la facture de la sécurité pour tout ce cirque est maintenant évaluée à près d’un milliard de dollars (Le Devoir, 12/02/2009), qui seront payés à même les impôts des contribuables. On parle ici de quelque 7 000 policiers, 5 000 agents privés et 4 500 soldats des Forces canadiennes qui, d’une manière ou d’une autre, seront là pour étouffer la voix des opposantEs. Le grand chef des opérations du Vancouver 2010 Integrated Security Unit de la GRC, Gary R. «Bud» Mercer, gérera la plus grande pointe de la tarte – un budget de 492 millions de dollars, dont 76 millions $ serviront à payer les trois bateaux de croisière où logeront plus de 5 000 flics. Ancien maître-chien de la GRC (!), Mercer a joué un rôle clé dans la répression du mouvement de lutte de la nation shuswap en 1995 à Gustafsen Lake. Deux ans plus tard, il était au côté de l’infâme «Sgt. Pepper», le sergent Hugh Stewart, quand celui-ci a ordonné l’utilisation du poivre de Cayenne contre les étudiantEs qui protestaient contre la présence du dictateur indonésien Suharto et du président chinois Jiang Zemin sur le campus de l’Université de la Colombie-Britannique, dans le cadre du sommet de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique). (Soit dit en passant, le même Stewart devait par la suite participer à la planification de la sécurité lors du Sommet des Amériques. La GRC l’a sorti de sa retraite et embauché comme planificateur principal de son «groupe intégré de la sécurité» en prévision des Jeux.) Pour en revenir à Mercer, celui-là fut aussi accusé de voies de fait graves en l’an 2000, suite à une plainte privée déposée par un militant environnementaliste. Selon le plaignant, Mercer avait saboté et fait tomber une plate-forme utilisée par les manifestantEs et qui se trouvait à 50 mètres d’altitude, dans le cadre de la lutte contre les coupes à blanc et la destruction des forêts en Colombie-Britannique. Le juge de paix qui avait d’abord approuvé la mise en accusation s’est toutefois récusé un peu plus tard. Ce bourreau du capital, qui a les mains sales mais a été blanchi plus d’une fois, a donc la confiance de la GRC et du Comité organisateur des Jeux. Des militantEs du Réseau de la résistance aux olympiques, des Autochtones et d’autres opposantEs aux Jeux ont dénoncé publiquement le fait que les agents qui travaillent actuellement sous ses ordres se livrent depuis déjà quelques mois à diverses formes de harcèlement (filatures, interrogatoires, prises de contact auprès de leurs parents et voisins, etc.). Cela s’ajoute au harcèlement des pauvres (qui comme par hasard, sont souvent autochtones) et au «nettoyage» des quartiers où ils et elles vivent, afin de présenter aux riches touristes étrangers qui se pointeront aux Jeux l’image «proprette» (et surtout déformée) qu’ils souhaitent voir. Les profits juteux que les capitalistes engrangent grâce aux événements comme celui-là et le divertissement des grands de ce monde se font toujours sur le dos de ceux et celles, les prolétaires et les peuples opprimés, qui ne possèdent rien, mais que l’on siphonne jusqu’à la dernière goutte. Une raison de plus pour dire Non aux Jeux de Vancouver! et À bas l’impérialisme canadien! -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 217, le 5 août 2009. [ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ)
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