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Quand le sensationnalisme et la désinformation l’emportent sur les droits humainsAnonyme, Miércoles, Junio 3, 2009 - 17:34 (Analyses)
Sophie Sénécal
Par le biais de cette lettre ouverte, je souhaite réagir à l’article de Sébastien Ménard intitulé « Les junkies se tournent vers les toilettes de l’UQAM » paru mardi le 2 juin dans les pages du journal de Montréal. Il est déplorable de constater que d’une part le journaliste Sébastien Ménard a décidé de mettre de côté l’éthique journalistique au profit du sensationnalisme et que d’autre part, les propos du directeur de la sécurité, Alain Gingras ne font qu’accentuer la dynamique de stigmatisation à l’endroit des personnes qui utilisent des drogues injectables (UDI). L’article stipule que « Des agents de sécurité ont ainsi été postés aux entrées de l’UQAM pour repérer les toxicomanes qui pénètrent dans les pavillons ». Il va sans dire que cette technique de profilage s’apparente à de la discrimination fondée sur le statut social. Il est triste mais nécessaire d’avoir à rappeler en 2009 que le droit contre la discrimination est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés (Art 15) de même que dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne (Art 10). Contrairement aux préjugés largement véhiculés qui prétendent que les UDI ne sont que des déchets de société, ce sont des êtres humains qui font partie de toutes les classes sociales. D’ailleurs, parmi les 30 000 personnes qui fréquentent l’UQAM de manière officielle (étudiant-e-s, profs, personnel administratif, personnel de soutien) il n’y a aucun doute que certaines de ses personnes consomment des drogues par injection et que ce problème de dépendance ne devrait pas les priver d’un travail ou de l’accès à l’UQAM. On y apprend également qu’« Entre les mois d’août et d’octobre, l’université tiendra plusieurs évènements sur la place Pasteur, à côté de la station de métro Berri-UQAM, afin de souligner son 40e anniversaire. L’UQAM assure que ces évènements ne sont pas organisés exclusivement pour faire fuir les toxicomanes, mais avoue qu’ils lui seront fort utiles pour agir en ce sens » Permettez-moi de préciser que même si la place Pasteur est un espace géré par l’UQAM, sa vocation reste d’abord et avant tout celle d’une place publique. Conséquemment, tout citoyen devrait y jouir de manière égale de cet espace. Il est aussi important de mettre les pendules à l’heure au sujet de l’affirmation du journaliste qui prétend que « L’institution a pris les grands moyens, depuis, pour protéger son personnel, en faisant vacciner à titre préventif une centaine d’employés contre les hépatites A et B ». Bien que les personnes qui utilisent des drogues par injection souffrent de plusieurs problèmes de santé, les hépatites A et B ne sont pas reliées directement à l’injection de drogues. Effectivement, ces maladies sont répandues dans toute la population, et donc un employé dans le secteur public se doit de recevoir ces vaccins. Ce qui est paradoxal dans les propos de M.Alain Gingras, responsable à la sécurité de l’UQAM, c’est que d’un côté, il considère qu’il ne peut pas régler les problèmes seul et que c’est pour cette raison qu’il « travaille en étroite collaboration avec la police et les organismes » et que de l’autre, il alimente une logique du « pas dans ma cour » et donc, le clivage entre les différents acteurs qui cohabitent dans le centre-ville de Montréal. Si M Gingras tient à entretenir des liens véritables avec les organismes communautaires qui travaillent avec les personnes marginalisées, il devrait cesser ce type de campagnes de désinformation qui ne mènent qu’à l’incompréhension et à l’intolérance. Il ne faudrait pas oublier non plus que le respect attire le respect et ce n’est pas en propageant des propos méprisants que l’UQAM réussira à obtenir des comportements responsables et sécuritaires de la part des personnes qui consomment par injection. En terminant, je voudrais simplement ajouter que ce qui fait la force du Quartier Latin, c’est justement sa diversité, et qu’il le veuillent ou non, les personnes qui consomment des drogues font partie intégrante de la société. Membre de l’Association pour la Défense des Droits des personnes qui Consomment des drogues du Québec (ADDICQ) |
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