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De la nécessité de déserter les contre-sommets illustrée par le " siège de Strasbourg "Anonyme, Viernes, Mayo 22, 2009 - 12:30 Hé oui ! Quitte à jouer le rabat-joie, le donneur de leçons ou le vieux c… (à mon âge, c’est précoce, diront mes contradicteurs... ) me voilà à affirmer bien fort : aller à Strasbourg, comme à tout autre contre-sommet, est une erreur ! Pourtant loin de vouloir jouer les moralistes ou les donneurs de leçons c’est une critique constructive que je voudrais apporter à tous ceux qui prendront la peine de se confronter à cet article et avec qui je partage la révolte légitime contre l’OTAN comme contre toutes les guerres. Je m’exprime ici en tant que révolutionnaire soucieux de l’avancée du mouvement et souhaitant apporter sa pierre à l’édifice Dans la mesure où nous ne disposons pas d’un rapport de force suffisant pour empêcher la tenue de ce type de congrès, toute agitation autour ne sera que la manifestation de notre impuissance. Le constat doit être le suivant : le mouvement est trop faible pour affronter l’État sur son terrain (celui de la force), notre tache première est donc de renforcer le mouvement. A quoi bon se lancer dans un combat perdu d’avance ? Montrer que nous existons, "vivre des choses intenses" ne font en rien avancer la cause révolutionnaire. Nous nous faisons plaisir tout au plus, et encore pour ceux qui ne se font pas choper. Si nous organisons un contre-sommet c’est pour contrer le dit sommet, sinon autant rester chez soi. Empêcher les quelques tyrans de boire du champagne (pour une fois dans l’année le remarqueront-ils seulement ?) en bloquant les accès aux fournisseurs ne les empêchera pas d’organiser la militarisation voire la prochaine guerre venant au secours de leur capitalisme en banqueroute. Par contre s’ils se trouvent face à un mouvement de résistance populaire autonome, massif et a-nationaliste ces derniers pourront toujours organiser tous les sommets qu’ils voudront, ce sera à eux de constater leur impuissance et plus rien ne pourra freiner leur chute. C’est à cette tâche que les anarchistes révolutionnaires doivent s’affairer et non pas servir d’entraînement à la police et d’alibi au pouvoir. Ces contre-sommets ne servent donc à rien et cela de l’aveu même de certains participants aux Black Blocs Rappelons un principe stratégique de base : frapper là où l’ennemi ne nous attend pas. Ne pas l’attaque de front là où il est en position de force mais là où il est faible. Les contre-sommets sont des pièges à loup dans lequel le pouvoir est trop content de nous voir tomber. A quoi bon s’amuser à la guérilla urbaine quand plus de 200 compagnies de CRS sont dépêchées et que l’armée occupe les rues ? Pourquoi aller à l’affrontement quand l’ennemi est plus fort que nous ? Pourquoi aller se casser les dents à Strasbourg pour un résultat quasi nul alors que le climat social actuel réclame la présence des révolutionnaires dans les rangs des travailleurs en lutte (et sûrement pas en prison ou à l’hôpital) ? Tant qu’à mener des actions ou à faire de la propagande anti-militariste/anti-guerre autant les mener ailleurs qu’à Strasbourg. La contestation aurait très bien pu être décentralisée. En agissant ainsi la liberté d’action aurait été bien plus grande, les forces de répression s’étant rendues massivement au sommet. Aller à Strasbourg, c’est faire le jeu du pouvoir. C’est lui permettre de s’exercer, de tester dans la pratique sa méthode de contre-insurrection ainsi que de ficher les militants et de galvaniser les troupes en les mettant face à un ennemi réel (imaginez le moral des CRS dépêchés à Strasbourg s’ils s’étaient retrouvés seuls avec personne à affronter, à cogner... un KO psychologique en perspective). Une autre erreur de stratégie est celle de ne pas discerner celle qu’applique la police, à savoir de déserter un quartier populaire afin que le Black Bloc s’y déchaîne. Alors qu’il aurait fallut s’y faire des alliés, la tactique de destruction est restée la même. Résultat : une incompréhension totale de la part des habitants, ces dernier allant jusqu’à poser le classique "mais que fait la police ?". Voilà comment légitimer auprès de la population la plus exploitée l’occupation policière et la répression. Ces moments sont des instants de contestation spectaculaire. Tout y est orchestré, préparé, ritualisé aussi bien du côté des manifestants et activistes que du côté du pouvoir. Comme s’il s’agissait d’un rendez-vous : "venez tel jour, tel lieu, vous connaissez le programme", flics et Black Blocs se retrouvent comme de vieilles relations. Chacun joue son rôle et tout le monde rentre à la maison (sauf pour les malchanceux, mais la règle du jeu veut qu’il y en ait). On ne peut guère douter de la sincérité de chacun dans son engagement. Mais il reste que cette sincérité n’amène qu’à une confrontation rituelle avec la symbolique de l’OTAN. Rituelle parce qu’elle obéit à des codes très établis, différents pour chaque groupe. Rituelle y compris dans les risques pris par les manifestants au cours des rencontres avec les forces de l’ordre. Rituelle parce qu’elle revient à intervalle régulier - quelle déception ce serait à la fin d’un sommet de ne pas se donner rendez-vous au prochain. Mais à reproduire les rassemblements nous ne construisons plus que ce rituel romantique et il n’y a rien à gagner ainsi contre des icônes. Il est assez curieux de voir la presse d’ordinaire si vive contre les "casseurs" et autres "débordements" être aussi peu vindicative à l’égard du Black Bloc. On pourrait croire que c’est l’air du temps, que l’époque est à la contestation radicale et que cela se ressent jusque dans les lignes des journalistes qui capteraient que "d’autres formes de luttes sont possibles", en particulier l’affrontement activiste. C’est peut être en partie vraie, il faudrait vraiment être aveugle pour ne pas voir que les mentalités ont changé et que des pratiques de plus en plus dures se développe et se démocratisent comme l’attestent par exemple les séquestrations de patrons. Ce serai toute fois être bien naïf sur le rôle de nos chers médias et des intérêts qu’ils défendent. Et ces intérêts ne sont sûrement pas ceux de la révolution. La mise en avant de telles pratiques n’est pas neutre. L’intérêt que j’y vois, le voici : flatter les activistes du Black Bloc, leur faire penser que ça y est, les voilà enfin reconnus et compris, les encourager dans cette voie. Pourquoi ? La réponse est simple, pour orienter les éléments les plus radicaux de la société vers l’impasse de l’activisme, de l’agitation. Tant que les révolutionnaires cassent des vitrines et incendient des poubelles, ils ne s’organisent pas à la base pour une nouvelle société, tant que tous leurs efforts sont tournés vers l’insurrection, ils ne préparent pas la révolution. Voilà l’endroit où le pouvoir veut nous acculer. Il cherche aujourd’hui à créer un ennemi intérieur afin de légitimer la répression et la société de contrôle et de contrainte qu’il développe. Cela peut aussi servir à les exciter un peu, à les encourager à aller un cran au-dessus en leur faisant penser qu’un cap est franchi. La mise en avant d’un livre comme l’Insurrection qui vient participe à la même démarche de création de points de fixation. En déclarant ce livre comme représentatif du mouvement en cour, en lui donnant la médaille de l’œuvre subversive du moment (ce qui reste dans la même logique consistant à flatter ceux qui s’en réclame), le pouvoir oriente les esprits les plus malléables vers ces types de courant et se protège ainsi d’un mouvement révolutionnaire et de lutte de classe. Cependant, on peut quand même trouver des points positifs dans ce genre de rassemblement et dans celui-ci en particulier. L’avantage indéniable de ce type de manifestation est de rassembler des gens venus du monde entier. Cela permet de créer des liens et des solidarités à une échelle a-nationale. Rencontrer des militants d’autres pays, partager leurs expériences, échanger des idées, prendre des informations sur les luttes en cours dans chaque pays… Voilà le grand intérêt de ces moments. Mais ce genre de rassemblement peut être organisé en dehors des lieux assignés par l’Etat. C’est à nous de créer de nouveaux espaces où de telles rencontres soient possibles, en toute autonomie d’organisation. Un autre événement positif est la jonction faite avec certains habitants des cités qui avaient rejoint le cortège, du moins au début. C’est certainement ce qu’il y a eu de meilleur à retenir de ces trois jours. Il est inutile je pense de préciser que malgré toutes les critiques que j’ai pu faire, moi-aussi je me sens solidaire des victimes de la répression. Chacun peut exprimer sa solidarité en exigeant la levée des poursuites et la libération des détenus en écrivant ou appelant le tribunal de Strasbourg : Quai Finkmatt - BP 1030 - 67 070 Strasbourg Cedex (Fax : +33 ou 03.88.75.27.27 ; Tel : +33 ou 0 3.88.75.29.30). Chacun peut également se rapprocher du du Comité anti répression de cette ville : www. antirepression.org ou en appelant le 06.37.98.30.87 Pour conclure, je conseillerai simplement à chacun d’abandonner le folklore pour participer à la constitution d’un mouvement révolutionnaire à la base. Diffusons nos idées et nos pratiques dans la population, ne soyons pas des professionnels de l’agitation, de la contestation radicale mais soyons des porteurs d’un autre futur. Ne jouons pas à l’insurrection, à la guérilla urbaine quelques jours à l’occasion de grands rassemblements mais préparons la révolution en profondeur dans les luttes jour après jour. Composons nos stratégies à partir de notre réalité et arrêtons de répondre aux rendez-vous fixés par l’ennemi. Fred |
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