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L'art de la guerreDavidRuffieux, Jueves, Marzo 26, 2009 - 12:57
David Ruffieux
La situation de la chasse en France est unique en Europe et paradoxale. La France peut se targuer, malheureusement, de tous les superlatifs concernant la chasse. L'influence politique des chasseurs est surprenante. Voici la situation. James Oliver Curwood, le romancier américain, qui inspira à Jean-Jacques Annaud son film ‘L’Ours’, est devenu dans la force de l’âge un environnementaliste et un amoureux de la nature. Ayant été un avide chasseur lui-même, il fut frappé par la beauté pénétrante et mystérieuse de la vie animale. On lui connaît d’ailleurs cette phrase dans son roman ‘The Grizzly King, « The greatest thrill is not to kill but to let live. » Celle-ci se traduit en français par «Il y a un plaisir plus grand que celui de tuer: celui de laisser la vie. » Cette admonition presque incantatoire du tueur repenti renferme, à mon sens, en peu de mots et avec une grande simplicité toute une sagesse universelle. C’est une citation qui me vient souvent à l’esprit comme un avertissement, pour mieux rendre compte de cet état fragile et éphémère dans lequel l’homme place les autres créatures de cette planète et, par résonance, sa propre destinée. Car le lien entre l’animal et l’humain est non seulement inscrit dans les abysses les plus profonds de notre histoire, mais il semble de plus en plus évident, alors que la connaissance progresse, que notre survie même dépendra de la continuation de ce lien. Or il y a rupture; il y a crise écologique, déclin de la biodiversité et extinction des espèces sauvages. Le divorce entre les animaux et nous est peut-être prononcé depuis la disparition du mammouth, lorsque des hordes d’humains réussirent, par leur seule pression prédatrice, à anéantir les préhistoriques pachydermes. Ce ne sera jamais que le début d’une longue guerre amorcée contre le genre animal qui se poursuit avec une effroyable et impensable démesure dans notre ère dite moderne. De la nature, l’humain très tôt dans son histoire, a fait un champ de bataille où les orgies sanglantes transforment le cueilleur en chasseur, celui-ci déjà marqué par un esprit paléolithique de conquêtes et de domination. En abattant l’animal, les premiers chasseurs assuraient non seulement leur survie et celle de leurs groupes, mais spirituellement marquaient la victoire sur la nature, sans doute terrifiante et fascinante à leurs yeux. Les hommes de Cro-Magnon dessinaient dans les grottes de Lascaux, il y a 17000 ans, moins de prédateurs que les Cro-Magnon des grottes de Chauvet, quelque 14000 ans plus tôt. On y voit sur la roche plus de chevaux et de bisons, ce qui indiquerait que nombre de prédateurs avaient déjà disparus, relégués dans les confins des sociétés humaines, ou avaient peut-être déjà été exterminés. La pensée humaniste, qui met au premier plan le développement des qualités essentielles de l'être humain mais aussi son bien-être, se félicite de la prédation de l’homme qu’elle juge naturelle, normale et même essentielle au développement humain. Pas étonnant donc que, forte d’un humanisme triomphant et par définition anthropocentrique, notre civilisation inachevée présente la chasse comme une activité saine, utile, nécessaire à l’homme, allant même jusqu'à invoquer son rôle de régulateur des écosystèmes. Yves Bonnardel a souligné le caractère mythique de la prédation, la fascination qu’elle exerce sur la psychologie humaine et comment nos attitudes s’en trouvent déterminées. Le chasseur, sorti de l’état de nature, est anobli d’une mission divine; il devient gestionnaire de la nature, gardien des espèces avec l’échec malheureux qu’on lui connaît. « Nature is red in tooth and claw. » disait Charles Darwin (La Nature est rouge de dent et de griffe), ceci pour traduire sa vision d’un ordre naturel sanglant et violent où la sélection avantage le fort, et condamne le faible. Dans ce schéma, le chasseur devient plus que spectateur de la nature, il la regarde de toute sa hauteur. Combien de fois n’a-t-on pas entendu dire, pour expliquer la prédation de l’homme, qu’il est naturellement au sommet de la chaîne alimentaire. Anthropocentristes, humanistes, judéo-chrétiens, fanatiques du genre humain, pro-viande, tous s’accorderont pour sanctifier l’homme au sommet de toute chose. Facile alors, bien convaincus de cette mythologie, de dévaloriser les animaux et d’en faire nos proies. Pourtant, les animaux sont nos victimes, et l’ordre naturel présupposé par certains carnivores humains, humanistes jusqu’au bout des ongles, est seulement le prétexte pour « légitimer différents types de dominations, ou systèmes sociaux inégalitaires… » et donc le spécisme. Jim Mason raconte que les premiers humains n’étaient pas fondamentalement des chasseurs, mais bien des végétariens opportunistes qui pouvaient se nourrir de charognes trouvées au hasard de leurs déplacements. Il s’agit aussi plus de chasseurs occasionnels de petits animaux, d’insectes, etc. Des preuves attestent que la prédation, organisée, planifiée et coordonnée n’apparaît que 20000 ans avant notre ère, ce qui semble corroborer les dessins des grottes de Chauvet et le manque de prédateurs qui y est décrit. Il est plus facile à l’homme paléolithique d’attraper des baies sauvages qu’un lièvre ! Il est donc d’une logique enfantine que la chasse, contrairement aux idées reçues, n’est pas naturelle à l’homme mais qu’elle est davantage le résultat d’un développement socio-culturel, plutôt que sa cause. Il s’est opéré un changement transformant des créatures humaines relativement pacifiques, en groupes de chasseurs, dominateurs, conquérants et violents. Alors que la chasse est pratiquée dans sa grande majorité par des hommes, les femmes se répartissaient les autres tâches, ce qui entraîna une division du travail, mais surtout changea la nature des relations entre femmes et hommes, vers des sociétés sexistes, patriarcales et fortement hiérarchisées. La chasse devient un symbole de statut social, de richesse, de puissance et de prestige, à la base d’un système discriminatoire. Comme le souligne le sociologue David Nibert, dans ‘Animal Rights, Human Rights’ ce système dont nous avons hérité, s’est renforcé à chaque étape de notre histoire toujours plus meurtrière et brutale pour arriver au paroxysme actuel de la barbarie capitaliste. Au fil des siècles et des sociétés humaines, à travers la domestication, l’esclavage, puis les guerres constantes de conquêtes, la chasse (et donc la consommation de viande), loin d’être une nécessité en soi, devient l’activité des plus privilégiés, des classes dominantes, et le plaisir des princes. On se rappellera les festins médiévaux, ces orgies de chair animale, pendant lesquelles les nobles bedaines, comme celles d’Henry VIII et de ses courtisans, s’empiffraient de sangliers, de cerfs, de canards, de pigeons et d’autres animaux. Les grands de ce monde dépensaient une forte proportion de leur fortune à s’éblouir les uns les autres dans des agapes, dont le but était moins festif que la démonstration d’un rang et d’un pouvoir. Voilà les bases historiques de la chasse. Jetons maintenant un regard sur la chasse contemporaine, loisir, outil de gestion de la nature et d’assouvissement masculin. Depuis la Révolution française, la noblesse a perdu son privilège exclusif de chasser. La roture et la bourgeoisie pouvaient s’adonner à cette activité, dont la pratique avait été le privilège de l’élite. L’acte patriotique d’instaurer le droit de chasse pour tous les citoyens permettait à ceux-ci la possibilité de louer un domaine de chasse aux propriétaires terriens. Pour les plus petits des Français, les ruraux, fermiers et ouvriers, la chasse était un loisir mais aussi un moyen d’éliminer les espèces dites « nuisibles » et protéger les récoltes. Pour les grands noms de France, les domaines boisés donnaient lieu à la chasse à courre et à de grandes battues et tueries aristocratiques, où s’y retrouvaient des notables, notamment en Ile-de-France et dans l’Ouest. Banquiers bedonnant, riches commerçants, magistrats et avocats aisés, se partagèrent les forêts non seulement par désir de distinction sociale mais aussi pour en tirer un profit. La situation de la chasse en France est unique en Europe et paradoxale. La France peut se targuer, malheureusement, de tous les superlatifs concernant la chasse. C’est le pays où la période de chasse y est la plus longue, de juillet à mars, soit 7,5 mois. Le nombre d’espèces des oiseaux chassés y est le plus important avec 66, dont plus d’une vingtaine sont des espèces menacées. L’Union européenne a d’ailleurs fixé des dates de chasse (loi 79/409 de la directive « Oiseaux- 1979) qui ne sont pas respectées par les chasseurs français, qui chassent la nuit dans la moitié des départements et tuent des oiseaux migrateurs encore incapables de voler. Le classement en espèces « nuisibles’ » est une aberration du point de vue écologique, puisque toute espèce animale est utile dans la nature. Parmi les millions d'animaux tirés, piégés, déterrés ou empoisonnés en France, on trouve des renards, des ragondins, des fouines, des rats musqués, des corneilles noires, en tout 18 mammifères et oiseaux. Notamment, la martre et la belette ont été retirées de cette liste le 2 décembre 2008 pour êtres réintégrées seulement quelques semaines plus tard, en 2009 ! Sur quels critères et données scientifiques a-t-on basé ces décisions ? Il serait vain de chercher quelque rationalité, si l’on veut bien considérer la composition des commissions qui décident de ce classement pour le moins bizarre. Conscients de cette chute de popularité, de l’action des écologistes, les chasseurs se sont organisés pour redorer le blason de la chasse et paraître « cool » et « verts » auprès d’une population à 80% défavorable à la chasse, mais néanmoins, peu incline à joindre aux paroles les actes. En effet, en 1999, une pétition est lancée par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), représentant français de ‘Birdlife International,’ avec ‘France Nature Environnement.’ Cette pétition avait pour objectif de demander au Parlement Européen de ne pas modifier la directive « Oiseaux », mais aussi de mettre la législation française en conformité avec cette directive, concernent les dates de chasse, violée par les chasseurs français en toute illégalité. Le nombre de signataires est de 1,13 millions, représentant seulement 2% de la population française ! Tout ce qu’il faut pour que le mal triomphe, c’est que de bons français(es) ne fassent rien…Mais l’Europe, elle, tint bon, mais pour combien de temps ? En effet, les fanatiques de la gâchette sont bien organisés. La chasse française, d’après la Fédération nationale des chasseurs, c’est 70000 associations de chasse, 95 fédérations départementales ou interdépartementales, 22 fédérations régionales et 1350 administrateurs, élus et bénévoles. La chasse représente une économie de 23000 emplois et 2,3 milliards d’euros. La France est le premier pays cynégétique d’Europe, devant l’Espagne et l’Italie. Mais ce n’est pas tout. Dans son blog, Jenofa Cuisset, qui se décrit comme une combattante de l’écologie, nous invite à méditer sur la signification des chiffres : « Les élus dépassent très largement leur représentation démographique : les chasseurs ne représentent que 2 % de la population, mais à l’Assemblée Nationale, ils ont constitué un groupe parlementaire qui rassemble 220 députés sur un total de 577 (soit 38 %) ! » De plus, en janvier 2008, le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, a demandé au ministre du Développement durable, Jean-Louis Borloo, d'organiser un Grenelle de la chasse. Dans une période parlementaire surchargée, et avec beaucoup de discrétion, les députés ont adopté le 18 décembre 2008, une proposition de loi du sénateur UMP Ladislas Poniatowski, qui fut votée par le Sénat en mai et qui étendrait les droits des chasseurs. Si cette loi passait, voici la liste des cadeaux que l’UMP va faire aux chasseurs. Les fédérations pourront être agréés au titre de la protection de la nature, et seront consultées sur les projets d'aménagement du territoire. Elles auront le droit de saisir la justice et de se porter partie civile. De plus, en cas d’infraction, le permis des chasseurs n’est plus retiré d’office puisqu’il faudra une décision du juge. Toute victoire des groupes de pression des chasseurs, qui ont également leur parti politique, le CNPT, est une défaite pour la faune sauvage et la nature, en générale. Le mouvement écologiste, s’il est cohérent avec lui-même, ne doit pas s’y méprendre. Les chasseurs défendent des intérêts particuliers aux dépens de l’intérêt général. C’est l’une de ces choses qu’on voudrait ne pas à avoir à s’avouer, un peu comme le mauvais temps, mais il y a des gens qui aiment tuer, c’est un fait ; cela leur confère un plaisir, cela leur procure un pouvoir. Par conséquent, leur philosophie, leur pensée et leurs pulsions morbides doivent êtres combattues sans relâche par tous les moyens possibles. C’est la mission que doit se donner l’écologie radicale, si nous voulons conserver le peu de planète qu’il nous reste, et léguer un monde meilleur à nos enfants. Ces individus qui tuent et nuisent, et/ou qui légifèrent pour que d’autres tuent et nuisent à leur tour, sont la gangrène de la Terre, ce sont les véritables et authentiques nuisibles; ils sont une maladie qu’il faut éradiquer. Les chasseurs ne tuent pas que des animaux. Le ‘Rassemblement anti-chasse’ (RAC) dans son site Internet nous donne quelques chiffres concernant les accidents de chasse en France. Il y est dit que 95 % des accidents (221 pour l’année 1999-2000) interviennent durant la chasse. Les autres accidents se produisent lors d'opérations de nettoyage d'armes par exemple ou de braconnage. Parmi ces accidents, 86 % concernent les chasseurs ou les accompagnateurs et 14 % impliquent les non-chasseurs. Dans 75 % des cas, c'est la chasse en battue qui fait le plus de victimes, avec 142 accidents sur 190. Le nombre de décès fut de 25 morts en 2005, mais ces chiffres n'incluent pas les décès survenus longtemps après l'accident, et le nombre de décès est estimé à 250 par an. Ces chiffres ne traduisent les nuisances que ressentent les non-chasseurs, promeneurs, vélo cyclistes, ramasseurs de champignons, qui aimeraient pouvoir jouir des domaines forestiers et de la nature en générale. Il n’est pas rare que des habitants se plaignent que des chasseurs viennent jusqu’à chasser dans leur jardin, et doivent baisser la tête pour éviter les volées de plomb. Octobre 2008, c’est un cerf traqué par un équipage de chasse à courre, qui traverse le stade de football où se déroulait un match. L’animal se réfugie, dans un jardin situé à Avilly-Saint-Léonard, dans l’Oise, où il est achevé au fusil, ce qui suscite le dégoût et la colère des habitants, outrés. Nous pouvons aussi lire le témoignage de Jean-Michel, qui n’est pas un écologiste radical mais un garde-chasse : « J’ai 39 ans et je suis garde-chasse particulier depuis une dizaine d'années et non-chasseur contrairement aux 90% des garde-chasse français. Depuis cinq à six ans, les actes d'incivisme se multiplient de façon répétée aussi bien par les chasseurs que par des promeneurs. En effet, certains chasseurs en battue, sont en état d'ébriété. Des chasseurs se croient en terrain conquis, refusent les contrôles des garde-chasse particuliers, peu mais certains m'ont menacé de mort. Des organisateurs de battue dénigrent les promeneurs du dimanche. Des particuliers qui jettent dans la nature ou volent dans les vergers... J'ai donc alerté à plusieurs reprises les ministères de l'intérieur et de l'environnement pour dénoncer ces actes d'incivisme. Ils n'ont rien voulu savoir et n'ont pas pris ma demande en considération. Mon Pauvre Jean-Michel, assurément, vous êtes bien en France ! A Valenciennes, le samedi 21 mars, c’est 6000 chasseurs qui ont exprimé leur colère contre Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Environnement. Les 1000 policiers présents, dont six compagnies de CRS, n’auront pas suffit pour empêcher les débordements, avec jets de pierres, de pancartes et de boulons sur les forces de l’ordre. De l’aveu même de Michel Marcotte, le président de la Fédération nationale des chasseurs du Nord « le comportement irresponsable » de certains chasseurs, « venus plus pour casser que pour défendre la chasse », a fait de cette manifestation un échec. Devant l’inaction des gouvernements, du parlement, des élus, — dont beaucoup sont chasseurs ou amoureux de la tauromachie, comme par exemple Michèle Alliot-Marie, notre ministre de la défense — il faut agir. Confrontés à l’indifférence de la plupart des francais(es), des médias, pour mettre hors d’état de nuire une petite communauté cynégétique parasitaire, il faut que les écologistes radicaux organisent la résistance. Nous avons d’ailleurs l’opportunité de réfléchir et de nous inspirer de ce que d’autres militants on fait, bien avant nous, pour écarter du pouvoir les réprésentants de la chasse. Pour comprendre la détermination et le courage de ces hommes et ces femmes exemplaires, il faut aller en Grande-Bretagne. En 1964, John Prestige fonda l’Association des Saboteurs (HSA) de la chasse, à Brixham, en Angleterre. A cet époque, il fut envoyé pour faire un reportage sur une race de chiens, spécialement entraînés pour la chasse au cerf. Ce qu’il allait voir, allait changer le cours de sa vie. Un jour pendant son travail, il aperçut des chasseurs acculant une biche en gestation dans un village, où elle fut abattue sans merci. Cette scène le marqua si profondément qu’il décida de s’opposer à la chasse et à tous les sports de sang. Il créa un groupe dont le but était d’entreprendre toutes les actions légales possibles, pour empêcher les chasseurs de tuer la faune. En une seule année, plusieurs groupes se rallièrent à la HSA, à travers toute l’Angleterre, au Devon, au Somerset, en passant par Avon, Birmingham, Hampshire et Surey. En particulier, un activiste du nom de Ronnie Lee, fondateur de la ‘Band of Mercy’ qu’on peut traduire par la ‘Bande de la compassion’ commença ses opérations de sabotage de la chasse à Luton. Aujourd’hui des groupes de saboteurs existent en Irlande, en Espagne et aux Etats-Unis. Les saboteurs agissent autant que possible dans le respect des lois, utilisant comme armes de combat, des cornes de chasse, des siffets pour perturber le travail des chiens, répandant ici et là, des leurres olfactifs, créant de fausses pistes, tout est bon pour interférer avec l’action de chasse. Il faut savoir que le parlement britannique a voté une loi interdisant la chasse à courre avec les chiens, une loi qui est régulièment violée par des chasseurs peu scrupuleux, influents et agissant avec une large impunité. Les tactiques de sabotage varient en fonction des types de chasse. Ses missions de sabotages sont évidemment très mal perçus par les chasseurs. Fidèles à leur violence envers la faune, la réaction des chasseurs à l’encontre des activistes atteste, on ne peut mieux, de leur profond délabrement moral et de leur infecte mentalité. Voici quelques exemples pour éclairer notre point. Le 27 décembre 2008, 7 saboteurs en opération pour enquêter sur des allégations de chasse illégale furent agressés par 15 hommes armés portant des cagoules. Les assaillants cassèrent ou volèrent le matériel des activistes. Après 4 appels au services de police, finalement un policier arriva sur les lieux, sans suite. Le 1er janvier 2009, dans le Yorkshire, un saboteur est attaqué alors qu’ il prend des photos, sa caméra est prise et brisée sur-le-champ. Il y a eu des accidents mortels, tel le décès de Tom Worby, le 3 avril 1993, un saboteur qui fut écrasé par un fourgon de chiens de chasse à courre dans le comté de Cambridge, fonçant sur son groupe. La veste de Tom Worby s’accrocha au rétroviseur du véhicule et en se dégageant, il tomba sur la route où sa tête fut écrasée par les roues arrière du fourgon. Alors que les saboteurs sont régulièrement la cible des chasseurs, il est rare que des chasseurs soient victimes de violences de la part des activistes. Pourtant ce sont bien ces activistes que certains médias représentent comme de violents extrémistes, allant même jusqu’à l’injure de les traiter de terroristes. Les terroristes qui tuent et torturent la faune, violent la loi, et agressent des militants pacifiques, ne sont pas jamais décrits dans la presse comme les criminels qu’ils sont. Tel est le paradoxe de notre époque nauséabonde où la presse et le pouvoir politique s’allient et tentent de censurer, de vilifier et de victimiser un mouvement fondamentalement et désespérément pour la justice et le droit. Nous en sommes là et la phrase de John Field Gerald Kennedy prend un sens tout particulier: «Ne vous demandez pas ce que le pays peut faire pour vous, mais demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays.» En efftet, demandez vous un peu, ce que vous pouvez faire pour votre pays, pour l’avenir de vos enfants? La plupart de mes concitoyens, je les connais, ils feront peu, comme ils ont fait si peu contre les Nazis, sous l’Occupation, comme ils font si peu dans la crise environnementale qui nous menace aujourd’hui. L’esprit collaborationniste et passif est une constante du caractère de trop de français. Mais l’Histoire nous engage à espérer, car elle nous montre qu’une profonde injustice peut se transformer en un lendemain porteur d’espoir pour tous ceux et celles qui souffrent de la bêtise humaine. Devant les tirs portés contre le mouvement de défense des droits des animaux, sa désorganisation, ses luttes de pouvoir, ce mouvement doit réagir et au plus vite. Nous avons en face de nous des adversaires, que nous avons démontrés, je l’espère, violents, hypocrites, en position d’influence, protégeant des intérêts particuliers, utilisant la loi, les médias, et des réseaux politiques structurés, financés par des donateurs aux poches profondes. Pourtant, chaque jour est une défaite pour cet ennemi; cela aura de quoi rassurer les sceptiques mais aussi ceux qui seraient tentés d’abdiquer. Nous ne reviendrons pas en arrière et gageons que l’Histoire nous donne raison maintenant. Les querelles d’église doivent cesser entre les tenants du bien-être animal et ceux des droits des animaux, chacun contribuant à éclairer et soutenir l’autre dans sa cause propre, mais tous tendant vers le même et unique but de libération et de justice. Tous les militants pour la paix, pour l’environnement, pour la justice sociale et les droits, doivent comprendre les enjeux qui leur sont communs et, à défaut de travailler ensemble, ne pas se nuire. Alors que certains feront l’éloge d’un mouvement pacifique, d’autres agiront au nom de l’action directe. Tous ont raison, à partir du moment où ils mènent une action qui nous rapproche un peu plus chaque jour de notre objectif. Devant la force de destruction des groupes de chasse, témoins des horreurs sociales et environnementales que cette activité génère à travers le monde, il ne nous est pas permis d’espérer de faire appel au côté humain et à la compassion des chasseurs les plus fanatiques. Les militants, outre toutes les actions légales qu’ils peuvent entreprendre, souvent longues, coûteuses et toujours incertaines, ont d’autres moyens puissants qui, à travers notre Histoire, ont fait leur preuve. Selon le philosophe Steve Best, de l’université du Texas à El Paso, ces moyens se résument en trois formules: instaurer la peur chez eux, les abattre financièrement, traîner leurs noms dans la boue. L’application méthodique, contextuelle, scientifique, intelligente et combinatoire de ces trois actions terrassera notre Goliath. Notre ennemi applique déjà ces tactiques, c’est dire à quel point elles sont efficaces. Mais notre ennemi, contrairement à nous, manque de flexibilité et fait preuve d’inertie; il agit dans un cadre rigide de règles. Pour gagner notre cause, en plus de tous les autres efforts légaux et disons vertueux, il nous faut détruire sa morale, attaquer ses intérêts là où il s’y attend le moins. Notre mouvement doit être un embarras perpétuel, une agitation qu’il ne peut contrôler, son crédit, sa probité, son honneur sont autant d’impostures qu’il faut étaler au grand jour. L’Histoire nous enseigne que ces tactiques sont à la base de la réussite de grands combats pour la justice sociale, tels que le vote des femmes, le droit des travailleurs, la fin de l’Apartheid, l’indépendance de l’Inde de Gandhi, la cause noire de Luther King dans l’Amérique ségrégationniste, etc. Toutes ces luttes, aussi pacifiques que notre bonne morale veut bien se les représenter, n’auraient jamais été des succès sans ses formes de guérillas actives et ses actions militantes directes. Le pacifisme est une utopie confortable et une théorie peu efficace, appliquée seule; en toute évidence, il lui faut son bras armé et ses actions souterraines. A l’heure où des centaines de milliers d’animaux meurent, souffrent, traqués, gazés, piégés, empoisonnés, tirés au fusil, au harpon, à l’arc, pris dans les filets de la pêche industrielle, à l’heure où des centaines de milliers d’autres animaux sont matraqués pour leur fourrure sur la banquise, au Canada ou ailleurs, à l’heure où des flottes de navires tuent ces merveilleuses créatures que sont les baleines, la complicité des gouvernements dans de tels carnages est flagrante, abjecte et simplement immorale. Il reste aux militants du monde la nécessité d’y mettre un terme et cela, quels que soient les tactiques employées. Peut-être plus immoral encore, serait de ne pas y recourir. Bibliographie: ‘La plus belle histoire des animaux’ Boris Cyrulnik, Jean pierre Digard, Pascal Picq, Karine-Lou Matignon. Edition du Seuil 2000, Collection Points. Cette analyse est publiée dans le blog de David Ruffieux, voir tous les articles sur:
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David Ruffieux
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