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La minute du patrimoine révolutionnaire: La Java des bons enfants

Anonyme, Jueves, Enero 22, 2009 - 09:50

Voix de faits

La minute du patrimoine est une chronique musicale. L'idée est de faire connaître l'histoire et les dessous de certaines chansons révolutionnaires.

Cette semaine: La Java des bons enfants

Pendant des années, cette chanson a été attribuée à Raymond Callemin, dit Raymond la Science (un membre de la Bande Bonnot). Normal, c'est le crédit qui était indiqué sur le tout premier enregistrement sur disque de cette chanson... Or, il n'en est rien. La chanson a plutôt écrite par Guy Debord dans les années 1960, et endisqué en 1973 avec une musique de Francis Lemonnier et la voix de Jacques Marchais. Le pastiche, parce que c'est bien de cela dont il s'agit pour qui écoute attentivement, était d'autant plus crédible que de nombreuses authentiques chansons de la «belle époque» étaient tout aussi violentes et insolentes (voir par exemple La Dynamite ou encore La Chanson du Père Duchesne). La Java des bons enfants figurait sur «Pour en finir avec le travail», un disque produit par des situs et leurs amis (toute l'histoire par ici).

La chanson fait référence à la journée du 8 novembre 1892, durant laquelle l'anarchiste Émile Henry, âgé de 19 ans, dépose une bombe dite "à renversement" au siège des mines de Carmaux à Paris. Après la découverte de l'engin explosif, celui-ci est emmené au commissariat de police de la rue des Bons-Enfants et y explose faisant 5 morts. Émile Henry est arrêté après quelques attentats le 27 avril 1894 et guillotiné un mois plus tard.

Pour l'anecdote, notons que l'État français a depuis fait reconstruire le commissariat à l'angle de la rue des Bons-Enfants (photo courtoisie d'un camarade de l'UCL-Mtl)...

La chanson a depuis été notamment reprise par les René Binamé (c'est eux que l'on entend en haut) et Les Amis de ta femme.

Le petit clip ci-bas reprend la version originale que l'on trouvait sur l'album «Pour en finir avec le travail».


Paroles:

Dans la rue des Bons-Enfants,
On vend tout au plus offrant.
Y avait un commissariat,
Et maintenant il n'est plus là.
Une explosion fantastique,
N'en a pas laissé une brique,
On crut qu'c'était Fantômas,
Mais c'était la lutte des classes !

Un poulet zélé vint vite,
Qui portait une marmite,
Qu'était à renversement,
Il la retourne imprudemment.

Le brigadier, l'comissaire,
Mêlés au poulet vulgaire,
Partent en morceaux épars,
Qu'on ramasse sur un buvard.
Contrairement à ce qu'on croyait,
Y'en avait qui en avait,
L'étonnement est profond:
On peut les voir jusqu'au plafond.

Voilà bien ce qu'il fallait,
Pour faire la guerre au palais,
Sache que ta meilleure amie,
Prolétaire, c'est la chimie.

Les socialos n'ont rien fait,
Pour abréger les méfaits,
De l'infamie capitaliste,
Heureusement vient l'anarchiste.
Il n'a pas de préjugés,
Les curés seront mangés,
Plus de patrie, plus de colonie,
Et tout le pouvoir il le nie.

Encore quelques beaux efforts,
Et disons qu'on se fait fort,
De régler radicalement,
Le problème social en suspend.

Dans la rue des Bons-Enfants,
Viande à vendre au plus offrant,
L'avenir radieux prend place,
Et le vieux monde est à la casse.

(Source: Wikipedia)

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