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La militarisation croissante de l'Amérique LatineAnonyme, Sábado, Octubre 18, 2008 - 10:45 (Analyses | Economy | Guerre / War | Imperialism | Politiques & classes sociales | Poverty | Résistance mexicaine | Solidarite internationale) Nous présentons ci-dessous un article extrait du bulletin #44 de la Fraction Interne du Courant Communiste International. En Amérique Latine i il y a auss une militarisation croissante. Seul le prolétariat pourra empêcher une éventuelle guerre impérialiste en luttant par la lutte de classe pour sa propre société à l’échelle internationale. La militarisation croissante de l'Amérique Latine Ces derniers mois, une série d'événements ont marqué une accélération de la course aux armements et à la militarisation des pays d'Amérique Latine, une présence militaire croissante des grandes puissances impérialistes et un aiguisement des conflits internationaux dans la région. Il est certain que les tensions impérialistes en Amérique Latine n'atteignent pas - pour le moment - le niveau d'une guerre ouverte comme c'est le cas dans d'autres régions du globe. Cependant, le fait que cette croissance de la militarisation et des conflits ait lieu dans une région qui était considérée jusqu'à il y a quelques années comme une zone de domination exclusive et d'influence incontestée des Etats-Unis est une preuve de plus qu'il n'existe plus aujourd'hui aucun point du monde, aucun pays, aucune bourgeoisie, qui ne soit immergée dans la fuite en avant du capitalisme dans la voie vers une nouvelle guerre impérialiste mondiale. Il suffit de faire un bref rappel des faits pour se rendre compte de la gravité croissante de la situation. Les Etats-Unis renforcent leur zone stratégique de sécurité et d'approvisionnement Historiquement, pour les Etats-Unis, l'Amérique Latine a toujours été une zone stratégique "naturelle", tant comme barrière de protection, que comme zone d'approvisionnement de matières premières et énergétiques. Cependant, cela a fait de l'Amérique Latine un enjeu pour les puissances impérialistes rivales des Etats-Unis, non pas au point de "leur disputer" la région, mais plutôt d'essayer de la déstabiliser pour affaiblir les Etats-Unis. Ce fut le cas, par exemple, durant la Seconde guerre mondiale, quand l'Axe allemand réussit à faire basculer de son côté plus d'un gouvernement d'Amérique du Sud (comme le Brésil et l'Argentine), ou durant l'époque de la Guerre froide quand l'ancienne URSS réussit même à instaurer une tête de pont sous le nez des Etats-Unis à Cuba.(1) Actuellement, dans le cadre des préparatifs guerriers en vue d'une confrontation impérialistes généralisée possible, les Etats-Unis cherchent depuis déjà plusieurs années à renforcer leur domination absolue sur "leur" zone stratégique au moyen d'un ensemble d'actions militaires "préventives" et "dissuasives" contre toute tentative de contestation locale et d'ingérence d'autres puissances et au moyen aussi d'une militarisation croissante dans laquelle toutes les nations du sous-continent sont entraînées. Selon les spécialistes(2), ces actions s'articulent autour de trois axes : Le premier est la zone de sécurité géographique immédiate des Etats-Unis qui inclut le Canada, le Mexique, le Golfe du Mexique et les Caraïbes. Ces dernières années, au Traité de libre commerce [TLC-NAFTA en anglais] USA-Canada-Mexique ont été ajouté des traités de caractère militaires tels que celui appelé "l'Alliance pour la Sécurité et la Prospérité de l'Amérique du Nord" dont l'objectif est précisément de créer une zone de sécurité stratégique commune aux trois pays. Dans le cas du Mexique, il y a eu en outre successivement les accords appelés "Plan Puebla-Panama" et la récente "Initiative Merida", au travers desquels le gouvernement mexicain reçoit des Etats-Unis - sous le prétexte du "combat contre le crime organisé" - de plus grands moyens et une plus grande assistance militaires. La conséquence de ces accords est une militarisation croissante du Mexique qui constitue un exemple de la tendance générale dans tous les pays : toujours plus de militaires de haut rang occupent des postes au gouvernement ; l'armée se substitue à la police dans de plus en plus de régions, sur les routes et dans les villes (sans compter la création de la Police Fédérale Préventive - formée d'ex-militaires - et l'Agence Fédérale d'Enquêtes, une sorte de FBI) ; les affrontements de soldats avec les délinquants se succèdent tout comme les abus des premiers contre la population civile ; le contrôle militaire des frontières, le harcèlement contre les émigrants d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud et en général la surveillance de la classe ouvrière (au moyen de caméras, de barrages, de contrôle de papiers d'identité...) sont chaque jour plus grandes ; de même, de plus en plus de moyens des budgets sont employés dans l'achat d'armement et dans la modernisation de l'armée. Il y a un tournant idéologique et diplomatique de la bourgeoisie mexicaine d'une position "non-interventionniste" vers une position où l'on parle sans réserve aucune d'une "guerre interne" permanente et de la nécessité que "le Mexique soit présent dans les conflits internationaux" (selon les récentes déclarations du Président Calderón). Le second axe est la région andine. Le "Plan Colombie", par lequel les Etats-Unis ont dirigé une aide immense et une assistance militaire au gouvernement d'Uribe, sous le prétexte du combat contre le narco-trafic et la guerrilla, a pratiquement transformé la Colombie en une base militaire depuis laquelle les Etats-Unis cherchent à contenir les prétentions "indépendantistes" de bourgeoisies locales (Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua...) qui, à leur tour, sont excitées par les grande puissances rivales aux Etats-Unis. Le troisième axe pour les Etats-Unis est constitué par les pays du "Cône Sud" du continent qui inclut les gouvernements les plus puissants de cette aire et pour certains d'entre eux avec de plus grandes prétentions impérialistes régionales : le Brésil et l'Argentine. Dans cette région, les USA ont transformé le Paraguay en une base militaire depuis laquelle ils mènent de constants exercices militaires pour montrer aux bourgeoisies de la région qui détient la véritable force et les dissuader de toute prétention centrifuge. De manière plus "intégrale", les Etats-Unis ont essayé aussi ces dernières années de constituer une force militaire latino-américaine d'intervention sous son autorité. La réalisation de celle-ci a donné lieu jusqu'à maintenant à l'occupation d'Haïti par une force multinationale soit-disant de "paix", menée par le Brésil, qui a semé la répression dans cette île. Finalement, comme si tout ce qui précède n'était pas suffisant, à partir du 1er juillet de cette année, les Etats-Unis ont réactivé - sous le prétexte de pouvoir mener "des aides humanitaires" - la "4e Flotte", un corps naval destinés spécialement à patrouiller les côtes d'Amérique Latine, une flotte dont les opérations avaient été suspendues depuis la fin de la Seconde guerre mondiale mais qu'ils considèrent aujourd'hui nécessaire de remettre en action ! Cependant, toute cette militarisation de l'Amérique Latine impulsée par les Etats-Unis a une contre-partie dans les tendances croissantes à la remise en cause de la domination complète des Etats-Unis par quelques bourgeoisies nationales, tendances qui sont appuyées ou impulsées (quand elles ne sont pas générées) par les puissances impérialistes rivales des USA. Les puissances rivales derrière la contestation croissante de la domination des USA en Amérique Latine Ces dernières années, les luttes inter-impérialistes pour le contrôle du pétrole et du gaz à l'échelle planétaire sont devenues critiques. Pour la première puissance, la sécurité de l'approvisionnement du pétrole et du gaz provenants du Mexique et de la région andine (Venezuela, Bolivie...) ainsi que le contrôle des gisements en "eaux profondes" tant du Golfe du Mexique que de ceux récemment découverts dans les eaux du Brésil. Mais c'est justement sur cet aspect que les Etats-Unis doivent agir avec la plus grande fermeté et attention pour maintenir leur hégémonie dans la région. D'un côté, le projet de "réforme énergétique" qu'avance l'actuel gouvernement mexicain pour brise le monopole de la production par la compagnie étatique PEMEX est devenu une question de "sécurité nationale" pour la bourgeoisie nord-américaine. Il doit garantir le contrôle complet du flux de pétrole vers les Etats-Unis et éviter aussi l'entrée d'entreprises de pays potentiellement, ou ouvertement ennemis, comme l'Espagne ou la Russie. D'un autre côté, les Etats-Unis doivent batailler aussi contre les prétentions impérialistes régionales d'un pays comme le Brésil qui a déclaré l'étatisation de l'extraction de pétrole en "eaux profondes". Et, finalement, les Etats-Unis doivent affronter l'opposition ouverte du gouvernement du Venezuela qui, dans le cours des dernières années, est devenu le principal foyer de contestation et de polarisation des différentes bourgeoisies nationales (Bolivie, Equateur, Nicaragua...) contre les Etats-Unis. Ainsi, plusieurs épisodes qui montrent l'aiguisement des luttes inter-bourgeoises dans la région se sont succédés ces derniers mois, telle que l'incursion de l'armée colombienne en territoire d'Equateur en mars dernier, pour attaquer et massacrer un groupe des FARC (qui comprenait la deuxième autorité de celles-ci), groupe qui allait rencontrer une délégation de... la France pour négocier (sans le concours des USA) la libération d'Ingrid Betancourt, incursion qui a conduit à la mobilisation des armées d'Equateur et du Vénézuela à la frontière avec la Colombie et à la menace d'une guerre inter-bourgeoise régionale. Plus récemment, la déstabilisation de la Bolivie a conduit le Président Evo Morales d'expulser l'ambassadeur américain, mesure qui a été de nouveau relayée par le gouvernement de Chávez. Cependant, derrière l'attitude soit-disant "nationaliste" de Chávez, il est devenu évident que depuis déjà quelques mois que cette tendance à la contestation est appuyée et alimentée chaque fois plus ouvertement et de manière décidée par une autre grande puissance : la Russie Dans le même mesure que les Etats-Unis ont élevé un bouclier anti-missiles en Europe orientale dirigé contre la Russie, celle-ci a converti le Venezuela en une espèce de Cuba des années de la "Guerre froide" - en un point de chantage et de menace contre les Etats-Unis. Ainsi , de l'installation d'une usine de fusils kalashnikov e la vente d'hélicoptères il y a quelques mois, la situation a évolué rapidement vers une complète "alliance économique et stratégique" entre la Russie et le Venezuela depuis juillet de cette année, qui inclut d'un côté la cession aux géants russes Gazprom et Lukoil des régions pétrolière étendues de la Bande de l'Orinoque et de l'autre côté de créer un "système intégral de défense anti-aérienne de moyenne et grande portée" (sic !)(3). Et pour ceux qui pensent que tout cela n'est rien qu'une fanfaronnade de plus de la part de Chávez, des bombardiers stratégiques russes ont atterri le 10 septembre pour réaliser des manoeuvres "d'entraînement" dans la région durant plusieurs jours, sans compter que la Russie établira une base permanente d'avions de chasse Shukov, et qu'en novembre une flotte russe réalisera aussi des manoeuvres dans les Caraïbes.(4) Mais, en plus des difficultés dans la région andine, les États-Unis ont à aussi lutter contre les prétentions hégémoniques de plus en plus ouvertement affirmées par la bourgeoisie brésilienne. Ainsi, dans les derniers mois, le Brésil a conclu non seulement une série d'accords diplomatiques et de traités commerciaux et financiers (comme la Banque du Sud) avec divers pays d'Amérique du Sud (Argentine, Chili, Venezuela entre autres) en vue d'une meilleure “intégration” politique et économique du sous-continent différente, pour le dire ainsi, des tentatives “d'intégration” que mènent les Etats Unis, mais il a aussi lancé une initiative pour créer un accord de “défense” militaire entre pays d'Amérique du Sud, une sorte d'OTAN des pays sous-développés ; une initiative qui semble être le prolongement des efforts des Etats Unis pour créer une force multinationale, mais à la “petite” différence que dans la proposition du Brésil, les Etats Unis ne sont pas inclus. Il est évident que même tous les pays sud-américains ensemble ne pourraient s'opposer ouvertement aux Etats Unis au plan militaire, et on peut en déduire jusqu'à quel point les bourgeoisies du Cône Sud ont été récemment excitées par d'autres puissances impérialistes (France, Allemagne, Chine ou Russie...) pour qu'elles commencent à se vanter avec un langage “indépendantiste”, comme l'ont fait récemment les plus hauts fonctionnaires politiques et militaires brésiliens, dans le sens que “en aucune hypothèse”(5) ils ne permettraient l'ingérence de la IVème flotte nord-américaine dans les eaux brésiliennes, justement quand on venait de découvrir d'importants gisements de pétrole et, qu'au contraire, le Brésil devait renforcer ses forces armées ; renforcement dont participe la construction d'un sous-marin nucléaire en collaboration avec ... la France ! Enfin, la militarisation croissante de l'Amérique Latine n'est qu'une claire expression de plus des tendances à l'aiguisement des tensions impérialistes, à la polarisation de tous les pays, à la formation de nouveaux blocs impérialistes qui, à terme, ne pourra que déboucher sur une guerre impérialiste généralisée si le prolétariat, l'unique force sociale capable de l'éviter, ne parvient pas à freiner de telles tendances en imposant, au moyen de sa lutte de classe, sa propre alternative historique. De là l'importance cruciale que la classe ouvrière ne se laisse pas séduire et entraîner derrière ces préparatifs guerriers, alors que les bourgeoisies de toutes parts les décrivent comme des “mesures de défense nationale”, de “lutte contre le terrorisme” ou même comme des actions “anti-impérialistes et révolutionnaires”. Ces préparatifs qui, pour le prolétariat, ne peuvent qu'entraîner, de manière immédiate, plus de sacrifices économiques, plus d'oppression politique et, à terme, les massacres et la barbarie généralisés. Notes: Bulletin communiste #44 FICCI
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