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Du nationalisme à l’internationalisme (7ème et dernière partie)

Anonyme, Lunes, Octubre 6, 2008 - 16:03

Depuis la Première Guerre mondiale, le capitalisme est un système social en décadence. Il a cessé d'être en mesure d'accorder des réformes et des améliorations en faveur de la classe ouvrière. Il n'y a plus de fractions capitalistes, bourgeoises, progressistes sur lesquelles le prolétariat pourrait s'appuyer pour sa propre lutte. Le Parlement n’est plus un organe de réformes, comme cela a été constaté par la 3ième Internationale Communiste (2e congrès) "le centre de gravité de la vie politique est sorti complètement et définitivement du Parlement".

Les communistes internationalistes de Montréal publient en sept parties, avec l’accord de l’auteur, la brochure Du nationalisme à l’internationalisme. Ci-dessous : la 7ième et dernière partie.

1ère partie : http://www.cmaq.net/node/30896

2ième partie : http://www.cmaq.net/node/30929

3ième partie : http://www.cmaq.net/node/30974

4ième partie : http://www.cmaq.net/node/31002

5ième partie : http://www.cmaq.net/node/31031

6ième partie : http://www.cmaq.net/node/31086

Du nationalisme à l’internationalisme
7ème et dernière partie

Le sommet des Amériques à Québec en avril 2001

Des dirigeants d’entreprises, des médias et des sociétés d’état se sont préparés au sommet des Amériques lors d’une conférence internationale sur l’énergie tenue à Montréal le 14 février 2001. Il est très intéressant de lire l’invitation à cette conférence :

« …La 12e Conférence internationale sur l’énergie organisée par Hydro-Québec et Gaz Métropolitain se déroulera cette année pour la première fois dans le cadre de La Conférence de Montréal. Au moment où la déréglementation du secteur énergétique soulève de sérieuses interrogations dans l’opinion publique, ce nouveau volet de la Conférence, accessible à tous les participants inscrits, explorera le thème de l’énergie dans un contexte de libre-échange.
À la veille de l’important Sommet sur les Amériques qui réunira à Québec 34 chefs d’État d’autant de pays du continent, les nombreux invités et experts de la Conférence de Montréal offrent une occasion privilégiée de réfléchir sur les grands enjeux qui seront au centre du Sommet de Québec. Cette 7e édition de la Conférence revêt dans le contexte une importance particulière pour les dirigeants d’entreprises et des grandes organisations qui auront à s’adapter aux changements que le projet d’élargissement de la zone de libre-échange des Amériques laisse prévoir, " de déclarer le président fondateur de La Conférence de Montréal, monsieur Gil Rémillard.

Faire affaires avec les délégations étrangères

La formule unique de la Conférence de Montréal permettra d’offrir comme par le passé des sessions spéciales destinées aux dirigeants d’entreprise et aux entrepreneurs sur les aspects pratiques et juridiques des échanges commerciaux internationaux portant par exemple sur l’évaluation des risques, le financement de projets et l’environnement économique et juridique de plusieurs pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, la Jamaïque, le Mexique, la République Dominicaine, l’Uruguay et le Venezuela représenteront leur pays respectif et seront à la disposition des participants à la Conférence.

Partenaires
La 7e édition de La Conférence de Montréal est organisée en collaboration avec la Banque Interaméricaine de développement et bénéficie du concours spécial du gouvernement du Canada et de la participation active du gouvernement du Québec. Plusieurs commanditaires rendent également possible la tenue de ce forum dont Bombardier, PowerCorporation du Canada, Hydro-Québec, Gaz Métropolitain, BCE, Alcan, Air Canada, la Société pour l’expansion des exportations, la Banque de développement du Canada, la Caisse de dépôt et placement du Québec, CAE, l'Institut Interaméricain de Coopération pour l'Agriculture, SNC-Lavalin, le Fonds de Solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec, les quotidiens La Presse et The Gazette et de nombreux autres partenaires.
»

Tous ces bourgeois, hauts fonctionnaires, représentants des médias et de la FTQ grâce à son Fonds de solidarité, se préparaient au sommet de Québec. L’État capitaliste, canadien et québécois, est bien représenté par la Société pour l’Expansion des Exportations, la Banque de Développement du Canada et la Caisse de Dépôt et Placement du Québec. L’organisation de la conférence « bénéficie du concours spécial du gouvernement du Canada et de la participation active du gouvernement du Québec. »

Ces loups qui vivent de la sueur et du sang des prolétaires partout dans le monde furent bien protégés : 7 000 policiers, des centaines de soldats avec des grenades lacrymogènes, des balles de plastique et de caoutchouc, des centaines d’arrestations et des dizaines de blessés.

Toute cette meute des forces de l’ordre pour d’une part protéger des dizaines de politiciens véreux de tout le continent comme Bush, Jean Chrétien et Bernard Landry, des hommes et des femmes d’affaires et des hauts fonctionnaires; et d’autre part, pour attaquer des dizaines de milliers de manifestants, des ouvrières et des ouvriers de l'industrie et des services, des enseignantes et des enseignants, des travailleuses et des travailleurs de la santé, des étudiantes et des étudiants, des retraités, des chômeuses et des chômeurs, des travailleuses et des travailleurs précaires et j’en passe.

Lors de ce sommet, j’ai pu constater que le service d’ordre syndical avait détourné les manifestants vers des terrains de stationnement à des kilomètres de la manifestation. À quoi a bien pu rimer cette marche citoyenne en direction d’un stationnement municipal, loin d’où se déroulait toute l’action liée au Sommet? Nous pouvions résumer les discours périmés des dirigeants syndicaux avec la phrase suivante : “ Une action citoyenne dans le cadre de la société civile (il ne faut surtout pas parler de classes sociale ici) peut faire fléchir la mondialisation”. Ils clamaient et clament toujours qu’il n’y a pas de classes sociales, que l’État est neutre. On a pu aussi voir la mobilisation des gauchistes et des groupes communautaires pour la défense de la démocratie bourgeoise. Ce sont les spécialistes du mouvement altermondialiste qui effectuent un pas en arrière pour défendre un « bon capitalisme » contre un « mauvais capitalisme ». Pour eux, les prolétaires transformés en de simples citoyens devraient se battre pour des lois et règlements contre les actions des multinationales dans le cadre de la démocratie bourgeoise. Ces spécialistes du militantisme – ces animateurs sociaux – s’opposent à l’action révolutionnaire d’un prolétariat qui pourrait prendre conscience de ses intérêts en vue d’une société communiste à l’échelle planétaire.

Depuis la Première Guerre mondiale, le capitalisme est un système social en décadence. Il a cessé d'être en mesure d'accorder des réformes et des améliorations en faveur de la classe ouvrière. Il n'y a plus de fractions capitalistes, bourgeoises, progressistes sur lesquelles le prolétariat pourrait s'appuyer pour sa propre lutte. Le Parlement n’est plus un organe de réformes, comme le dit l'Internationale Communiste (2e congrès) " le centre de gravité de la vie politique est sorti complètement et définitivement du Parlement ". La tâche essentielle du prolétariat réside dans la destruction de l'ensemble des institutions étatiques bourgeoises y inclus le Parlement, où il se doit d'établir sa propre dictature sur les ruines du suffrage universel et autres vestiges de la société bourgeoise.

Découverte de l’existence de la Gauche communiste

Le passage du maoïsme au marxisme ne se fait pas facilement. Les habitudes et les idées acquises dans des groupes maoïstes sont un frein dans la connaissance du marxisme et dans son application concrète au niveau des luttes de classe et à l’intérieur des organisations de la Gauche communiste. Mes premières idées de la Gauche communiste se développèrent en 2001-2002 en lisant le journal Notes Internationalistes (N.I.) publié par le Groupe Internationaliste Ouvrier (GIO), un affilié du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR).

En consultant le site internet du BIPR, j’ai découvert un marxisme qui s’était enrichi depuis des années dans les différentes luttes de classe et des débats entre les différents groupes issus du camp prolétarien. Un bilan qui montrait l’isolement de la classe ouvrière qui avait pris le pouvoir en octobre 1917, qui montrait que la société russe des années 20 n’était qu’un capitalisme d’état planifié qui n’avait rien à voir avec la dictature du prolétariat. La cause principale de cette défaite fut l’échec de la vague révolutionnaire allemande de 1919-1923 qui condamna la révolution en Russie à l’isolement et à une rapide dégénérescence.

Le plus grand mensonge qu’ont colporté le PCC (m-l), En Lutte!, le PCO et que l’actuel PCR et d’autres groupes maoïstes répètent depuis des décennies, c’est que le régime stalinien d’URSS, c’était une représentation du communisme. Sur ce point, les maoïstes montrent bien qu’ils sont des organisations du capital en faisant croire que le stalinisme c’est une société dans laquelle le prolétariat exerce sa dictature. Au contraire de Marx et Lénine, ils répètent la doctrine de Staline qu’il est possible d’établir le « socialisme dans un seul pays ». Pour embarquer de jeunes militants dans cette doctrine, les maoïstes m’avaient fait croire et ils le disent encore que la répression stalinienne a été grandement exagérée par les médias bourgeois. Selon eux, Staline aurait fait quelques erreurs (Voir Note ) mais, peu importe, finalement, c’était quand même la dictature du prolétariat en URSS. Nous étions très fortement encouragés à lire une caricature du marxisme que sont Les principes du léninisme de Staline. Il n’est pas facile de sortir du «marxisme-léninisme », cette invention de Staline qui rejette le pouvoir des comités ouvriers et associe le parti communiste directement à l’État. Dans tous ces groupes marxiste-léninistes, les critiques de la dégénérescence de la révolution russe et de la 3ième Internationale par les opposants internationalistes à Staline comme la Gauche italienne (Bordiga), la Gauche germano-hollandaise (Anton Pannekoek et Herman Gorter) et la Gauche communiste russe de Gavril Miasnikov étaient complètement ignorées [Voir http://www.cmaq.net/node/27147 sur l’origine de la Gauche communiste]. Il était aussi fortement déconseillé de lire les écrits de Trotski même ceux d’avant 1925 et ainsi que ceux de Rosa Luxembourg.

Pour les maoïstes et les marxiste-léninistes, le capitalisme commence en URSS et en Chine après la mort de Staline et de Mao. Khrouchtchev et les « révisionnistes » auraient été les destructeurs du socialisme. La réalité c’était que le capitalisme d’état russe avait besoin d’être modernisé particulièrement pour répondre aux besoins militaires de la guerre froide, c’était là le but des « révisionnistes ». La classe ouvrière russe ne s’est pas révoltée parce que ce n’était pas sa société qui était transformée mais plutôt la forme de son exploitation. Les communistes avaient été éliminés physiquement et politiquement par Staline et ses sbires qui s’étaient accaparé le parti communiste russe créé par la classe ouvrière.

En Chine, dès 1928, après l’écrasement des mouvements prolétariens de Shanghai et de Canton, les ouvriers cessèrent de militer au sein du parti. Par la suite, il y eut une guerre civile conduite par un bloc de classes dans laquelle la paysannerie servit de chair à canon. Elle prit fin par l’instauration d’un régime soumis à la Russie stalinienne. La Chine n’a jamais été un état prolétarien et le maoïsme n’a été qu’une façon d’enrégimenter les paysans pauvres et les ouvriers afin qu’ils se sacrifient aux intérêts du capital national. Mao, quant à lui, était animé d'une incroyable soif de pouvoir, il copia les aspects brutaux de la planification du capitalisme d’État stalinien et il institua un régime arbitraire qui aboutit à des millions de meurtres (plus de trente millions de morts, rien que lors du « Grand Bond en Avant » de 1958).

Un autre acquis important de la Gauche communiste qui me sortit de ma torpeur « marxiste-léniniste » concernait la dégénérescence de la 3ième Internationale. Celle-ci avait mis de l’avant la tactique de Fronts Unis ou de Fronts Populaires comme ce fut le cas en Espagne, en France et en Chine. Ces fronts mélangeaient les intérêts d’une fraction de la bourgeoisie à ceux du prolétariat et ne servaient finalement qu’à détourner la classe ouvrière de ses objectifs révolutionnaires ultimes. Pour les maoïstes, cela veut dire « rejoindre les masses » et pour y arriver, ils créent des comités, fronts, syndicats, etc. avec le qualificatif de rouge pour leurrer les ouvriers et leur faire croire que ce sont des organisations de défense de leurs intérêts.

Par exemple le PCR a créé en 2008 un de ces comités rouge: le comité Fahad. Ce comité soutient des bourgeoisies arabes en écrivant dans un tract distribué en janvier: « que l’influence de l’islamisme sur les peuples n’est pas due à l’intégriste moyenâgeuse, mais au fait que les organisations islamiques se battent aussi contre les bourgeoisies vendues [sic] aux impérialistes… ». Contrairement aux maoïstes, je pense que la prolifération des organisations et du terrorisme “islamique” est une expression du désespoir des classes capitalistes mineures dans les pays les plus âprement opprimés par l’impérialisme. Les maoïstes en viennent en fin de compte à soutenir l’implication du prolétariat dans un des camps de la bourgeoisie.

Une autre divergence importante que j’ai découverte est la conception du parti. Pour les maoïstes, la classe ouvrière prend le pouvoir par l’intermédiaire de leur « parti ». Dans les pays de la périphérie capitaliste ce sont des fronts unis qui prennent le pouvoir en mettant de l’avant les revendications de la démocratie bourgeoise. L’exemple des maoïstes népalais en est un exemple flagrant avec leur revendication d’élections proportionnelles. Selon la théorie du « socialisme dans un seul pays », ils créent un parti par pays et vont jusqu’à créer dans certains pays, un parti par nation. Toutes les organisations que s’est donné le prolétariat au cours de son histoire ont toujours été des organisations internationales. Les deux phrases du Manifeste du Parti communiste: « Les ouvriers n’ont pas de patrie » et « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ont toujours été un principe fondamental que les révolutionnaires marxistes ont nommé l’internationalisme prolétarien.

Les partis maoïstes sont des partis bourgeois qui utilisent la terreur dans leur rang pour régler les luttes de clans, il n’y a pas de place pour les fractions.

Pour la Gauche communiste :

    1° le parti est international et internationaliste
    2° il est la concrétisation organisationnelle politique révolutionnaire des prolétaires ayant une conscience de classe
    3° le rôle de ce parti ne sera pas de prendre le pouvoir au nom de la classe ouvrière mais de participer à l’unification de ses luttes ainsi qu’à leurs contrôles par les ouvriers eux-mêmes
    4° seule la classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes (comités ouvriers, soviets) peut instituer le socialisme
    5° cette tâche ne peut être déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient.

Ces acquis de la Gauche communiste répondaient grandement à mes questionnements sur mes activités passées et surtout à Que faire dans les années 2000 ?

À l’automne 2004, la critique des syndicats par la Gauche communiste m’a amené à faire le bilan de mes trente années comme militant syndical. (Voir la brochure Du syndicalisme critique à la critique du syndicalisme. Témoignage d’un ex-syndicaliste en colère. )

J’ai pris aussi connaissance d’un autre groupe de la Gauche communiste, la Fraction Interne du Courant Communiste International (FICCI).

Leur tract international co-signé avec les Communistes Internationaliste de Montréal souligne la réalité actuelle du système capitaliste et met le prolétariat devant ses responsabilités historiques de seule classe révolutionnaire, de seule classe capable de mettre fin à ce système infernal [voir http://www.cmaq.net/node/28967 Misère + Barbarie = Capitalisme].

Ce survol des différences entre des organisations gauchistes et celles de la Gauche communiste est certes bien incomplet et j’invite le lecteur à consulter par lui-même la littérature et les sites web de la Gauche communiste. Je considère cependant que le BIPR est la cristallisation organisationnelle et internationale de la conscience de classe du prolétariat. Il est le seul pôle qui reste au sein du camp prolétarien, autour duquel peut s'organiser un regroupement des forces communistes. De par sa continuité organique directe avec la Gauche italienne, de par son programme et de par son existence organisationnelle internationale, le BIPR reste selon moi la seule organisation qui a aujourd'hui les moyens d'assumer une réelle politique de regroupement international.

Réal Jodoin février 2008

Note : Mao, le « grand timonier » va même jusqu’à donner une note à Staline : 70% de bon et 30% de mauvais.

Site Web de la Fraction Interne du Courant Communiste International (FICCI)
http://www.bulletincommuniste.org/

Site Web du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR)
http://www.ibrp.org/

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Il est possible de commander la brochure, au coût de 6$, (comptant ou chèque au nom de Réal Jodoin) en écrivant à CIM_ICM, C.P. 55514, Succ. Maisonneuve, Montréal, QC H1W 0A1



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