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Les Neo Nazis Du CamerounAnonyme, Domingo, Octubre 5, 2008 - 19:53 (Analyses)
AIME MATHURIN MOUSSY
En quelques mois, de janvier à juillet 1933, la République de Weimar bascule dans la dictature et la terreur. Cette époque, bien que lointaine, n’est pas différente de ce que les camerounais vivent au quotidien : crise politique, économique, sociale et culturelle. De 1990 à 2008, Le Cameroun traverse ses années de torpeur et d’horreur. C'est le ministère de Goebbels qui régente et censure la presse écrite, la radio, le cinéma, l'art… Dès septembre 1933, une loi oblige à adhérer à une Reichskulturkammer (chambre nationale de la culture) pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de rédacteur en chef d'un journal. Aujourd’hui, pour être journaliste au sens absolu du terme, avec une certaine aisance financière, il faut soit être membre des diverses connexions du pouvoir ou proches d’elles. Raison pour laquelle, des artistes, journalistes contestataires, sont voués aux gémonies. Les cas des musiciens « Joe la Confiance » et « Lapiro de Mbanga » sont là pour illustrer cette pratique. Nous ne saurions citer le nombre de journalistes ayant fui la prison, qui sont en exil. L’ambassadeur d’Hitler à Paris, Otto Abetz, jouit d’importantes entrées dans le monde parisien. À la fin de 1935, ses efforts débouchent sur la fondation d’un « Comité France-Allemagne » qui, grâce à une liste de membres prestigieux réussit à atteindre un cercle assez large et diversifié de la vie publique française. Ces jours, Paul Biya passant le clair de son temps en Europe, a pu par ses diplomates créer des amitiés dans les cercles culturels et intellectuels français, pour bâillonner tous ceux qui de l’étranger voudraient apporter un autre son de cloche à sa lecture des événements ; tandis que les camerounais de l’étranger sont abandonnés à eux-mêmes, sans oublier les ambassades qui sont dans leur majorité vétustes. Les intellectuels et la collaboration Parmi les intellectuels qui collaborèrent, citons Bertrand de Jouvenel ou Drieu La Rochelle. De nouveaux journaux sont fondés, la direction étant souvent confiée à ses hommes de confiance, tels Jean Luchaire, Jean Fontenoy, Henri Jamet ou Jacques de Lesdain, pendant l’occupation. Il en est de même au Cameroun, des journaux sont crées à tour de bras, comme pour montrer que la démocratie est effective. Ce ne sont que des façades, pour faire croire à l’opinion internationale qu’il existe une liberté d’expression. Paul Biya sait pertinemment que pour faire fonctionner un journal, il faut beaucoup d’argent, et pour cela, ceux qui voudront continuer de vivre seront obligés de lui faire des courbettes, puisque les journaux ne sont pas subventionnés. Cette subtilité a trouvé ses exécutants, dans les années 1994-1995, certains hommes d’affaires proches du pouvoir font une OPA sur la presse. Un de ces précurseurs dans la presse opère aujourd’hui comme ministre du gouvernement de Paul Biya. Pour gagner la sympathie des écrivains et leur soutien à la politique de collaboration vichyste, ceux-ci deviennent l’objet d’une attention toute particulière. Voyons quel traitement de valeur les intellectuels collabos bénéficient au Cameroun ; de triste mémoire l’appel des intellectuels et universitaires en 2004 à voter Paul Biya ; les initiateurs de cette forfanterie, jouissent d’immenses strapontins dans le gouvernement actuel. De nombreux écrivains sont alors disposés à s’engager en faveur de l’idée d’une collaboration avec l’occupant, tels que Alphonse de Châteaubriant ou Louis-Ferdinand Céline. Voyons sans fermer les yeux, comment certains écrivains, musiciens, jadis défenseurs des laissés-pour- compte, sont devenus les chantres d’un pouvoir de plus en plus violent et insoucieux de nos jours au Cameroun, comme leurs homologues français. A son époque, Louis-Ferdinand Céline, écrivain d’abord perçu comme un Zola moderne, célébré par la gauche française, rendu célèbre par son roman le plus connu « Voyage au bout de la nuit » reçoit le prix Renaudot en 1932. Souvenons-nous de ce musicien qui se déclarait être le « libérateur » du peuple camerounais, ayant eu un disque d’or qui l’a rendu célèbre, a pu humer l’odeur de quelques liasses, et s’est retrouvé en train d’animer la caravane de campagne électorale d’une prédatrice de l’économie camerounaise, une incarnation du monolithisme. Déçu, Céline rédige un court texte antisoviétique qui se vendra bien. Tout comme dans le cas du Cameroun, il y a des myriades de Céline, ceux qui n’ont pas cru au changement, ou qui ont pensé que le changement se ferait du jour au lendemain, ont vite fait de passer chez l’adversaire. Céline aura alors l'idée de rédiger des pamphlets où il écrira à l’instar de « L'École des cadavres » en 1938 : N’a-t-on pas vu des propos similaires être déversés par des universitaires en 1991, avec le mouvement « autodéfense de l’université de Yaoundé », et, plus proche de nous, le rappel à l’ordre des élites de Yaoundé qui déclaraient en mars 2008 que : « Ceux qui veulent mettre la capitale à feu et à sang, sont priés de rentrer chez eux… ».Ces propos n’ont pas été dénoncés par le pouvoir en place. Les intellectuels Du Réveil Louis Aragon est lui aussi, avec Paul Éluard et quelques autres, parmi les écrivains qui prennent résolument parti, durant la Seconde Guerre mondiale, pour la résistance contre le nazisme. Au Cameroun aussi il y a des écrivains bien que rares, qui ont pris sur eux de résister : Mongo Beti, Eboussi Boulaga, Sindjoum Pokam, Jean Marc Ella, etc. Louis Aragon vivra une rupture avec son ami Pierre Drieu La Rochelle, qui après avoir « hésité entre communisme et fascisme » se tourna vers le nazisme. Sorte de suicide intellectuel, qui le poussera à vraiment se donner la mort à la libération. Il y a beaucoup de personnages dans l’aréopage du pouvoir en place qui étaient des chevilles ouvrières du changement, qui sont passées du changement au conservatisme ; kodock, Bello Bouba, Dakole Daïssala, etc. Pourront-ils se donner la mort si le changement s’opérait un jour au Cameroun, comme le fit Pierre Drieu le Rochelle à son époque ? Elsa Triolet, Albert Camus, Jean-Paul Sartre ont joué un rôle prépondérant dans la résistance française. A cette heure où la classe résistante a vieilli, et qu’il faille un renouveau tant culturel que politique, serions-nous en droit de compter sur une génération qui sache dire non aux sirènes du pouvoir et de l’argent ? Outre les militaires et autres volontaires, des intellectuels, comme Maurice Schumann, René Cassin et Jacques Soustelle, avaient également rejoint Londres où de Gaulle a constitué le gouvernement en exil. Dans le contexte camerounais, et si on se réfère aux grands mouvements qui ont conduit aux révolutions contemporaines, ne faudrait-il pas un peu de niaque à la diaspora et tous ses intellectuels, pour qu’elle forme un gouvernement en exil ? Paul Biya a échoué ! Misant sur l'intelligence et les capacités de Jean Moulin, le général de Gaulle le charge d'unifier les mouvements de résistance et tous leurs différents services (propagande, renseignements, sabotage, entraide) sur le territoire français. Il serait aussi temps, dès lors que les forces camerounaises de l’étranger sont dispersées et éparses qu’un rassemblement fédérateur se forme dans l’intérêt du peuple camerounais. Comme à la préparation du débarquement en Normandie, cette fédération des intelligences camerounaises, sera chargée de créer le Conseil National de la Résistance qui contribuera de manière forte à rendre possible le débarquement des forces de changement, pour redonner au mot « indépendance » tout son sens. |
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