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UN RETENU EST MORT SAMEDI AU CENTRE DE RETENTION DE VINCENNES.

Anonyme, Martes, Junio 24, 2008 - 07:23

LA LETTRE VERSATILE DE JIMMY GLADIATOR
n° 86, 24 juin 2008
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UN RETENU EST MORT SAMEDI AU CENTRE DE RETENTION DE VINCENNES.

Ce témoignage de retenus a été retranscrit dimanche, par une communication
téléphonique avant la rébellion au CRA. Il montre dans quelles "conditions" le
Tunisien est mort, et avec quelle "violence" les retenus ont pu le vivre.
L'Etat aura beau s'acharner à affirmer que ce sont les manifestants à
l'extérieur qui sont responsables des évènements, il n'arrivera pas à supprimer
la légitimité des révoltes des retenus face à l'injustice de leur enfermement.
FERMETURE DE TOUS LES CENTRES DE RETENTION.

Bien le bisou
Jimmy
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Un retenu témoigne

« Le monsieur qui est mort hier dans le centre n'était pas cardiaque. Avant de
rentrer au centre il prenait déjà des médicaments tous les jours, il avait une
ordonnance du médecin. Il était dans un état psychiatrique, il disait qu'il
voulait aller à l'hôpital psychiatrique. Il demandait des médicaments et on ne
voulait pas lui en donner, l'infirmière ne lui donnait pas sa dose, il
demandait à d'autres retenus d'aller à l'infirmerie pour la lui demander. Si le
médecin lui avait donné sa dose il serait encore parmi nous aujourd'hui. La
veille du jour où il est mort, il tremblait beaucoup, il savait pas pourquoi,
il se sentait malade. Peu de temps avant de mourir, il a décidé de faire une
sieste et a demandé à son copain russe de le réveiller pour qu'il puisse aller
à l'infirmerie qui ouvre à 15h. Son copain est venu une première fois, il a
essayé de le réveiller, son visage était tourné vers le mur, on voyait pas très
bien. Il a cru qu'il dormait profondément et il a préféré le laisser dormir.
Dix minutes après il est revenu, ça s'est passé pareil. Du coup il est allé
cherché un autre retenu, et tous les deux ils ont essayé de le réveiller, ils
lui ont tourné la tête, il avait du sang sur le nez et la bouche, il était bleu
turquoise, il était tout dur, tout raide, froid. Ils ont crié au secours, tout
le monde est venu. La police a essayé d'évacuer le lieu, les retenus exigeaient
de savoir ce qui se passait. Panique totale. Les policiers ont demandé des
renforts, ils sont venus avec des boucliers, ils ont tapé les gens dans le
couloir, nous on n’a pas pas répondu (de toute façon ‘ya pas de pierres dans le
couloir avec lesquelles on aurait pu répondre), on a quand même été gazé.
J'étais devant la porte, j'ai pris le gaz dans les yeux. Le chef de permanence
a aussi pris le gaz en plein visage. Il était tout rouge. Alors la police a
bloqué toutes les allées pour empêcher d'accéder aux chambres. Ils ont bloqué
les portes coupe feu, ils ont essayé de faire une barricade. Les CRS étaient
dans la cour. J'ai demandé à parler au chef avec des camarades Ils ont autorisé
4 personnes à aller voir le chef. On lui a dit « On veut en savoir un peu plus
sur l'état du retenu pour pouvoir calmer la population ». Le chef nous emmené
dans le réfectoire pour discuter, il nous a dit « la priorité c'est de
s'occuper du retenu qui va pas bien. » Il a promis de nous informer. Deux
heures après, toujours rien. Les gens se sont alors agités près de la porte
n°1, un retenu s'agitait plus que les autres, les policiers nous ont chargés
mais ils avaient une cible, ils ont pris le retenu agité et ils sont rentrés
avec lui. J'ai encore parlé au chef : « vous envenimez la situation au lieu de
la calmer, il faut relâcher le retenu pour calmer la situation » le chef a dit
que comme il était agité on allait le mettre en isolement et si possible on le
relâchera sain et sauf, il a promis de rien lui faire. J'ai promis au chef de
calmer les autres. J'ai dit aux autres qu'il fallait pas tomber dans la
provocation qu'il fallait se calmer. Celui en isolement a été relâché 2h après.
On a voulu avoir le nom du policier qui nous a gazé pour porter plainte contre
lui mais ils n'ont pas voulu nous le donner. Au va et vient des policiers et
des pompiers on a compris qu'ils n'avaient pas pu le sauver. J'ai demandé au
chef permanent, il m'a dit que le monsieur était dans un état critique, mais
qu'il était en vie. Il n'a pas voulu nous dire qu'il était mort pour ne pas
avoir des représailles. Le chef de rétention (il était en civil) essayait de
téléphoner mais comme il y a un problème de réseau dans le bâtiment, il est
sorti dans la cour pour téléphoner. Je suis allé le voir, je lui demandé de
m'accorder 2mn, il a dit oui. On voulait savoir l'état de santé du retenu, il
m'a sorti le même refrain comme quoi son état était critique, mais qu'il était
en vie. Je suis resté sceptique. Les deux camarades du mort ont été appelés
pour faire un témoignage comme quoi quand il l'ont vu dans son lit il était
déjà mort, raide. Les policiers préparaient déjà leur défense. C'est
contradictoire parce que les policiers disaient toujours qu'il était vivant.
Ils ont fait signer un procès verbal aux retenu comme quoi quand ils sont
arrivés il était déjà mort. De l'autre côté, du côté de la porte 3, la
population s'est agitée, les policiers ont pris un retenu qui était très agité,
la population s'est alors encore plus énervée, du coup la police a relâché le
retenu. Quand ils ont sorti le retenu mort avec le samu et les pompiers, j'ai
encore parlé avec le chef qui me disait encore qu'il était vivant. Et puis on
nous a dit qu'il était mort à l'hôpital. Un des deux retenus qui a découvert
son camarade mort a parlé avec un policier, même lui a reconnu qu'il était mort
dans la chambre. Pourtant, depuis 16h, où on l'a retrouvé mort, jusqu'à 21h il
est resté ici. Pendant tout ce temps en fait ils étaient en train de prendre
des photos, de discuter avec le commissaire... Et puis le centre a pris feu
dans une chambre. C'est une chambre qui est près de la salle qu'on nous a
réservée pour faire nos prières. C'était quand on savait que c'était fini pour
lui. Les policiers ont éteint avec des extincteurs, les pompiers sont venus.
Tout a brûlé dans la chambre, les Chinois qui dormaient dedans ont perdu tous
leurs effets personnels. Les chambres 1 à 11 étaient bloquées, ça a brûlé du
côté de la chambre 20. Je ne sais pas s'il y a eu des représailles ou qui a mis
le feu, moi j'étais de l'autre côté. Aujourd'hui les policiers veulent pas
parler de ce sujet, ce n'est pas les mêmes qui étaient là hier soir, ils ont
changé d'équipe. J'ai parlé hier par téléphone avec un retenu du CRA1, ils ont
manifesté aussi là bas leur mécontentement. »



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