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Massacre de Mayerthorpe: Bien des questions sans réponses (1ere partie)Anonyme, Viernes, Marzo 28, 2008 - 13:24 (Analyses | Repression)
Alexandre Popovic
Il y a trois ans, quatre agents de la GRC étaient abattus dans un fond de rang en Alberta. Dans ce premier texte d'une série de deux, nous remettons notamment en question l'idée reçue voulant que le soi-disant laxisme du système judiciaire serait à blâmer dans cette tuerie qui représente le plus important massacre de policiers de l'histoire moderne du Canada. Trois ans après le massacre de Mayerthorpe qui coûta la vie à quatre agents albertains de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), bien des questions restent encore sans réponse. À en croire la version officielle, cette tuerie serait l'oeuvre d'un seul individu, un personnage controversé dénommé James Roszko qui, après avoir abattu les quatre policiers, Roszko se serait ensuite enlevé la vie. Le carnage de Mayerthorpe dépasse l'entendement à plusieurs égards. Comment quatre agents de la GRC ont-ils pu devenir des cibles aussi faciles ? N'ont-ils pas été formés à se servir de leur arme à feu avant d'être acceptés au sein de la Gendarmerie ? En guise de réponse, les médias ont été unanimes à dépeindre Rozsko comme un individu exceptionnellement dangereux, un véritable as de la gâchette qui était réputé tant pour sa haine des policiers que pour sa passion des armes à feu. Mais si les fantasmes meurtriers de Roszko étaient aussi notoires qu'on le dit, n'y a-t-il pas lieu alors de se demander si les quatre agents juniors décédés qui semblaient si mal préparés à affronter à une telle menace n'ont pas carrément été envoyés à l'abattoir ? C'est peut-être la préoccupation qu'avait à l'esprit le mystérieux auteur d'un graffiti apparu dans les mois ayant suivi la tuerie sur le mur de brique du détachement de la GRC de Whitecourt, une ville voisine de Mayerthorpe, qui disait, avec une faute d'orthographe : «RCMP killed there own.» Traduction: «La GRC a tué les siens.» (1) À moins que le graffiti faisait référence aux rumeurs, vite démenties par la GRC, voulant qu'un des agents abattus aurait été atteint par le «tir ami» d'un de ses confrères... Quand on compare le zèle cachottier que déploie aujourd'hui la GRC dans cette affaire avec la nonchalance lamentable dont elle fit preuve quelques années plus tôt relativement à une mort suspecte au sujet de laquelle Roszko aurait dû être considéré comme le principal suspect, qui sait quel sinistre secret la Gendarmerie essaie-t-elle de cacher ? Chose certaine, quand on sait que les têtes dirigeantes de la GRC eurent la prudence de transférer la direction de l'enquête sur la mort des quatre policiers albertains à des officiers de la province voisine de Colombie-Britannique, il devient difficile de ne pas soupçonner qu'il n'y a pas anguille sous roche en quelque part dans cette affaire... De troublantes incohérences sont d'ailleurs apparues dans la version officielle véhiculée par la GRC, notamment grâce à deux reportages chocs diffusés à la célèbre émission de journalisme d'enquête du réseau CBC, The Fifth Estate. À tel point que de plus en plus de gens se demandent si la GRC n'essaie pas d'étouffer la vérité au sujet du massacre de Mayerthorpe. En juillet 2007, l'enquête policière connaît un premier développement d'importance alors que deux jeunes hommes sont arrêtés sous des accusations de complicité dans le quadruple meurtre. Toutefois, le scepticisme tant à l'égard de leur culpabilité qu'envers l'enquête de la GRC à leur sujet, n'a cessé de grimper depuis. D'ailleurs, si les deux accusés ont bel et bien trempés dans la pire tuerie de membres de la Gendarmerie depuis les 120 dernières années, comment peut-on alors expliquer que d'anciens membres de la GRC prirent la peine de les défendre publiquement ? Et si leur arrestation n'était que le plus récent chapitre d'une opération de camouflage plus vaste comme le suggère certains ? En attendant d'avoir la réponse à ces questions, nous vous proposons de jeter un regard nouveau sur cette funeste affaire. La faute de la GRC ou du système ? Le présumé tueur ayant été retrouvé sans vie, il fallait trouvé un coupable additionnel à qui faire partager le blâme concernant le plus important massacre de policiers de l'histoire moderne du Canada. Le système judiciaire est vite apparu comme un bouc émissaire idéal aux yeux de certains sympathisants de la GRC. Il est vrai que Roszko s'est retrouvé plus souvent qu'à son tour devant les tribunaux. En tout et pour tout, Roszko a été accusé de trente-six infractions criminelles de son vivant. Sur ce nombre, il a été trouvé coupable pour douze d'entre elles. Par ailleurs, tous semblent s'entendre pour dire que Roszko était une véritable bombe à retardement qui faisait peser une menace sérieuse sur sa communauté. En plus d'être impliqué dans des trafics illicites allant du pot jusqu'aux pièces d'autos volés, Roszko était un prédateur sexuel réputé qui n'hésitaient pas à jouer du fusil. Certains croient donc que si les lois canadiennes étaient plus dures et les tribunaux davantage impitoyables, alors peut-être que Roszko aurait été derrière les barreaux au lieu d'être en liberté et peut-être que les quatre agents de la GRC seraient encore en vie aujourd'hui. Certains partisans de la surenchère sécuritaire ne se sont pas fait priés pour exploiter politiquement les retombées du massacre de Mayerthorpe. Dès le lendemain de la tuerie, le président de l'Association canadienne de la police professionnelle, Tony Cannavino, s'est empressé de critiquer les sentences, jugées trop légères, qui sont imposées à ceux qui contreviennent à la législation sur les stupéfiants, tout en appelant Ottawa à augmenter les fonds alloués à la lutte contre la culture de cannabis. D'autres cherchèrent à utiliser le carnage pour dissuader le gouvernement libéral d'aller de l'avant avec son projet sur la décriminalisation de la possession de moins de 15 grammes de marijuana. (2) Au-delà de la rhétorique anti-drogue, qu'en est-il au juste ? Le cas Roszko est-il le produit d'un système de justice qui aurait poussé le «laxisme» un peu trop loin ? Pour répondre adéquatement, il faudra examiner le parcours de Roszko dans le système judiciaire. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur un rapport consacré à ce sujet rendu public par le ministère de la Justice de l'Alberta, en octobre 2005. (3) Né le 8 novembre 1958, James Michael Roszko connaît ses premiers démêlés avec la loi avant d'atteindre l'âge adulte. En février 1976, il est en effet arrêté pour avoir cambriolé un magasin d'armes à feu d'Edmonton. Dans l'année qui suit, il est à nouveau arrêté pour d'autres infractions de vol, de recel et de cambriolage. Trouvé coupable de la plupart de ces accusations, Roszko écope d'amendes et doit se soumettre à des ordonnances de probation. En avril 1979, Roszko est arrêté de nouveau, cette fois-ci pour sous l'accusation de s'être livré à du harcèlement téléphonique auprès de membres du détachement de la GRC de Mayerthorpe, en plus de devoir répondre de trois accusations de bris de probation. Comme on le voit, les tensions entre Roszko et la GRC ne datent pas d'hier. Précisons le contexte dans lequel Roszko se lance dans cette série d'appels téléphoniques à la GRC. Désireux d'obtenir un cautionnement pour un ami qui vient de se faire épingler, Roszko se heurte à l'attitude des policiers, à qui il reproche «leur manque de coopération et leur propension à ne pas le prendre au sérieux». Une fois déclaré coupable des quatre accusations, Roszko est condamné à purger des peines concurrentes de 15 et de 30 jours d'emprisonnement. Au début des années '90, Roszko sait comment se rendre populaire auprès des jeunes du coin. Il les invite sur sa ferme, où il tient des fêtes lors desquelles la bière coule à flots. Mais certains des jeunes découvrent à leurs dépends que la générosité de Roszko a aussi un prix. Car celui-ci a un faible pour les jeunes garçons. Il lui arrive même de leur forcer la main pour avoir des rapports sexuels avec lui, parfois à la pointe d'une arme à feu. Roszko, qui mesure 1,75 mètre et pèse 65 kilos, passe aussi maître dans l'art de l'intimidation psychologique. Il lui arrive plus d'une fois de rôder autour de la maison de ceux qui pourraient être tentés de témoigner contre lui. Sa réputation de maniaque des armes à feu ne craignant ni la loi, ni personne, contribue aussi à refroidir les ardeurs de plus d'un dans un milieu rural où le prochain détachement de la GRC se trouve souvent bien plus loin qu'à une distance de quelques coins de rue. En 1993, l'agent de la GRC Mike Statnyk du détachement de Mayerthorpe patrouille les rues lorsqu'une situation suspecte attire son attention. Un homme au volant d'un camion semble vouloir forcer un jeune homme à monter à bord de son véhicule. L'agent Statnyk intervient et demande au jeune si tout va bien. Celui-ci répond que oui, mais l'agent Statnyk éprouve des doutes car il estime que le langage corporel du jeune individu dit tout le contraire. De fil en aiguille, le constable Statnyk réussit à faire parler le jeune, identifié sous le prénom de Bradley dans le rapport du ministère de la Justice. Une pluie d'accusations s'abat alors sur Roszko. En décembre 1993, il doit répondre de deux chefs d'accusation d'avoir pointé une arme à feu sur autrui, ainsi qu'un chef d'agression armée, de séquestration, de possession d'une arme dans un dessein dangereux, d'entrave à l'administration de la justice, de bris de condition et d'incitation à commettre un acte criminel, à savoir un homicide. Cependant, l'affaire va se terminer en queue de poisson. D'abord, la hiérarchie de la GRC décide de retirer le dossier de Roszko des mains de Statnyk. Ses supérieurs motivent leur décision en invoquant une poursuite au civil intenté quelques mois plus tôt par Roszko contre Statnyk, qu'il accuse de détention illégale et de poursuite malveillante à son égard lors d'un incident distinct remontant au mois de mars précédent. Le constable Statnyk avait alors arrêté Roszko sous l'accusation criminelle d'avoir fait du tapage en employant un langage obscène. Au moment de son arrestation, Statnyk avait interpellé Roszko pour deux infractions au code de la sécurité routière, soit avoir omis de porter une ceinture de sécurité et avoir circulé dans un véhicule aux vitres teintées. Estimant que le policier prenait trop de temps à rédiger les deux constats, Roszko aurait alors prononcé un gros mot, d'où l'accusation de tapage. Celle-ci tombera plus tard tandis qu'un tribunal rejetera éventuellement l'action au civil de Roszko, celui-ci ayant apparemment négligé de s'en occuper adéquatement. Quant à Bradley, celui-ci se montre des plus réticent à témoigner contre Roszko. Ayant quitté l'Alberta pour la Colombie-Britannique, la poursuite va jusqu'à le faire arrêté pour s'assurer de sa présence à la cour. Bradley réussit toutefois à convaincre le tribunal de son intention de témoigner. Il est donc remis en liberté. Mais il fait faux bond le jour du procès. La poursuite n'a donc aucune preuve à présenter et le tribunal n'a d'autre choix que de prononcer l'acquittement de Roszko, en juin 1996. L'affaire aurait pu en rester là. Mais Roszko cherche à se venger du policier Statnyk, qui est aujourd'hui à la retraite. En entrevue à Fifth Estate, Statnyk affirme avoir appris de la bouche d'un informateur que Roszko avait approché un individu dans le but de le faire assassiner. De plus, Roszko tourne aussi autour de sa maison familiale. (4) Statnyk confie à Fifth Estate qu'il était devenu convaincu que l'embrouille avec Roszko allait finir par dégénérer en fusillade meurtrière sur sa propriété. L'ex-policier raconte même qu'à l'époque, il avait enseigné à sa fille de neuf ans comment se servir d'une arme à feu et avait mis des armes à feu chargées à différents endroits dans sa maison à la disposition des membres de sa famille. Certains seront peut-être tentés de croire que Statnyk était en train de sombrer dans la paranoïa. Sauf que son récit ressemble à tellement d'autres que la tentation d'y croire l'emporte sur le doute. Pourtant, on s'explique mal que Roszko n'ai jamais été accusé d'avoir comploté pour faire assassiner Statnyk, ni pour avoir fait vivre la famille de ce dernier dans un climat de psychose. Après tout, ce n'est pas comme si Roszko ne possédait aucun antécédents en semblable matière, lui qui avait déjà été condamné pour harcèlement contre des membres de la GRC du même détachement où travaillait Statnyk. En fait, à écouter Statnyk, on a l'impression d'entendre un homme qui ne peut compter que sur ses propres moyens pour défendre sa famille contre un maniaque que rien ne semble pouvoir arrêter. Pourtant, l'homme en question porte toujours l'uniforme à ce moment-là. Qu'est-il arrivé au légendaire esprit de corps qui unit supposément les membres de la Gendarmerie entre eux ? Mystère. La GRC aurait abandonné Statnyk à son sort que le résultat aurait été le même. Si Roszko peut s'en tirer indemne en faisant la vie dure à un policier et à sa famille, on ose à peine imaginer le calvaire qu'il pouvait faire vivre à de simples citoyens. Dans son reportage diffusé en décembre 2005, Fifth Estate révèle le cas pour le moins troublant de Dale Mindus, un jeune homme qui a perdu la vie dans des circonstances plutôt suspectes, en février 1998. Dale Mindus fait parti de ces jeunes que Roszko a pris pour cible. À l'époque, Mindus vit chez sa soeur, Tracy, laquelle est marié à un robuste gaillard du nom de Cash MacMillan. Quand Roszko traîne dans les parages, Mindus verrouille les portes et s'assure d'avoir un fusil chargé à porté de main, se rappelle Tracy, qui était enceinte durant cette période. Elle raconte à Fifth Estate qu'à l'époque, Roszko prend l'habitude de se stationner sur la route à l'opposé de sa maison. Roszko peut alors rester dans son véhicule sans bouger pendant des heures. La plupart du temps, il disparaît quelques minutes avant que Cash MacMillan ne revienne de travailler. Ce dernier déclare à Fifth Estate avoir contacté la GRC à une trentaine de reprises pour se plaindre du comportement de Roszko. À chaque fois, la police lui répond qu'elle ne peut rien faire tant que Roszko demeure sur la route. Un jour, Cash MacMillan les appelle pour se plaindre que sa femme Tracy a vu Roszko pénétrer à l'intérieur de sa cour. La police lui répond : avez-vous des témoins ? Un des policiers va même jusqu'à suggérer à MacMillan que la chose la plus sécuritaire à faire est de déguerpir le plus loin possible pour fuir Roszko ! Excédé par l'inaction policière, MacMillan confie à un des agents qu'il ne voit d'autre choix que de se faire justice lui-même. Ce à quoi l'agent lui répond: fais-le dans la maison... Un jour, Tracy téléphone à Cash, qui est encore à son travail. À bout de nerfs, elle lui dit que Roszko est encore devant la maison. MacMillan décide alors de quitter son travail prématurément. À la vue de Cash, Roszko démarre son véhicule. Mais cette fois-ci, MacMillan est bien décidé à mettre fin une fois pour toute au petit manège de Roszko. Il le prend en chasse sur la route et arrive à couper son véhicule. Un face à face s'ensuit, lors duquel MacMillan assène un coup de poing au visage de Roszko et lui dit de ne plus s'approcher de sa famille. Roszko porte ensuite plainte contre Cash MacMillan pour voies de fait. Celui-ci ne s'inquiète pas outre-mesure de cette accusation, car il est persuadé qu'il aura une défense solide à faire valoir lors de son procès. MacMillan prévoit en effet faire témoigner son beau-frère, Dale Mindus, qui est le premier de la famille à avoir goûté à la médecine de Roszko. Mais les choses se corsent une semaine avant l'ouverture du procès, lorsque MacMillan reçoit un appel de Mindus, qui est parti vivre dans un immeuble à appartements à ce moment-là. Mindus l'informe que Roszko vient de lui téléphoner pour lui demander s'il avait l'intention de témoigner au procès. Lorsqu'il répond 'oui', Roszko lui dit qu'il n'en aura pas la chance car il va mourir avant. Cette sinistre va d'ailleurs se concrétiser. En effet, quelques jours plus tard, MacMillan est réveillé par un appel au beau milieu de la nuit. Un locataire de l'immeuble où loge Mindus l'informe que ce dernier est très mal en point. Lorsqu'il arrive sur place, MacMillan retrouve son beau-frère, gisant au pied d'un escalier de dix marches. Mindus est blessé à la tête et a déjà perdu beaucoup de sang. Il meurt peu de temps après. Selon le compte-rendu officiel de l'incident, Mindus avait bu pas mal ce soir-là et sa tête aurait frappé un mur de brique. Or, comme le montre les images filmées par Fifth Estate, on ne trouve aucun mur de brique dans cet escalier. De plus, une femme vivant dans un appartement dont la porte d'entrée donne directement sur ledit escalier affirme n'avoir entendu aucun bruit. Mais ce n'est pas tout. Cash MacMillan constate la présence d'une empreinte de doigt au milieu d'une tache de sang sur une des portes de l'immeuble. Il prend une photo et contacte la GRC. Mais la Gendarmerie lui répond qu'il s'agit-là de l'empreinte d'un des ambulanciers dépêchés sur les lieux. MacMillan demeure sceptique, car il sait pertinemment bien que les ambulanciers portent des gants pour faire leur travail. Le reporter de Fifth Estate demande alors à MacMillan si les policiers prennent au moins la peine d'aller constater par eux-même cette mystérieuse empreinte. «Non, ils ont refusés», répond MacMillan, qui ne cache pas qu'il ne croit pas un mot de la version officielle voulant que Dale Mindus aurait chuté dans les escaliers après une soirée un peu trop arrosée, causant ainsi des blessures qui lui seront fatales. Il croit plutôt que le corps de son beau-frère a été placé délibérément à cet endroit. L'attitude de la GRC dans ce dossier laisse pour le moins perplexe. D'un côté, on a une mort potentiellement suspecte d'une personne qui avait été elle-même menacée de mort quelques jours avant de perdre la vie. De l'autre, on a une force policière qui, jusqu'à présent, ne s'était jamais montré d'un grand secours pour la famille MacMillan et qui semble avoir bâclée son enquête sur la mort de Dale Mindus. Et au centre, on a évidemment un James Roszko qu'on imagine triomphant puisqu'il s'en tire tout à fait indemne une fois de plus, et ce, malgré son comportement des plus suspect, l'historique de ses rapports avec Dale Mindus et son intérêt manifeste à réduire ce dernier au silence. On voit bien qu'ici, ce n'est pas le soi-disant laxisme judiciaire qui est en cause, mais bien le manque de volonté, voire l'indifférence, de la GRC. Mais vous n'entendrez probablement jamais personne dire : si la GRC avait menée une enquête digne de ce nom sur la mort de Dale Mindus, peut-être alors que Roszko aurait écopé d'une longue peine d'emprisonnement et peut-être que le massacre de Mayerthorpe aurait ainsi pu être évité. Car, plus de deux ans après la diffusion du fameux reportage de Fifth Estate, les révélations pourtant bouleversantes sur cette ténébreuse affaire n'ont trouvé aucun écho auprès de la presse écrite et se sont heurté à un véritable mur de silence. Notons toutefois que Roszko ne bénéficiera pas toujours d'une telle chance – si c'est bien de la chance dont il s'agit ici. Car, à la même époque, ses tribulations judiciaires se poursuivent dans d'autres dossiers. Roszko traîne plus particulièrement une cause pendante d'agression sexuelle à répétition sur un jeune garçon d'âge mineur. Dans cette affaire, Roszko avait été accusé en mars 1994 après que sa victime eut porté plainte pour divers abus sexuels, allant de la masturbation jusqu'au sexe oral, qu'elle commença à subir alors qu'elle n'était âgée que de 11 ans. Les abus se prolongèrent sur une période de sept ans, entre 1983 et 1989, au rythme d'une à trois fois par semaine, et cessèrent lorsque la victime quitta la région. Déclaré coupable au terme d'un premier procès, en septembre 1995, Roszko est condamné à cinq années d'emprisonnement. Roszko, qui a toujours nié avoir posé les gestes reprochés, porte le verdict en appel et obtient gain de cause puisque la cour ordonne la tenue d'un nouveau procès, en juin 1997. Cependant, au second procès, le verdict de culpabilité est maintenu, bien que la sentence soit réduite à deux ans et demi d'incarcération. À cela s'ajoute une interdiction de posséder des armes à feu pour une période de dix ans. À partir d'avril 2000, Roszko purge sa peine au pénitencier à sécurité médium de Bowden, en Alberta. Il bénéficie d'une libération conditionnelle en décembre 2001. Mais, en juin 2002, Roszko est renvoyé derrière les barreaux pour son manque de coopération avec son agent de probation. Deux mois plus tard, la Commission nationale des libérations conditionnelles le remet en liberté malgré son refus obstiné de suivre toute thérapie. Ses tribulations judiciaires de Roszko ne sont pas terminées pour autant. Durant son séjour en prison, Roszko subit son enquête préliminaire relativement à cinq accusations d'agression armée et avoir pointé une arme à feu sur deux individus qui avait eue la témérité de s'aventurer sur sa propriété, en septembre 1999. Il faut dire que Roszko n'a jamais fait un grand mystère du sort qu'il réserverait à ceux qui s'inviteraient sur ses terres sans sa permission. «Trespassers will be shot», pouvait-on lire sur un écriteau posé sur sa propriété. Traduction: les intrus seront se feront tirés dessus. Roszko va même jusqu'à couper les arbres autour de sa propriété pour être sûr de pouvoir voir venir de loin quiconque s'approcherait. Cité à procès en mars 2001, Roszko est cependant libéré de toutes ces accusations en octobre 2003 lorsque la poursuite choisit de ne pas présenter de preuve, les deux victimes s'étant tellement empêtrées dans leurs menteries que la probabilité d'une condamnation était devenue plus qu'incertaine. Après sa libération de prison, Roszko adopte un profil bas. Sa réputation de pédophile fait de lui un paria au sein de la petite communauté de Mayerthorpe, une ville comptant 1570 habitants située à 130 kilomètres au nord-ouest d'Edmonton. Ses seuls autres démêlés avec la loi surviennent en décembre 2004, lorsqu'il est inculpé de deux chefs de méfaits. Encore une fois, c'est le désir obsessionnel de Roszko de tenir à distance les intrus qui est à l'origine de cette affaire. Ainsi, Roszko avait dissimulé une ceinture à clous dans son allée. Lorsqu'un employé d'Epcor vient prendre le relevé du compteur d'électricité, les pneus de son véhicule sont crevés. Les scrutateurs d'Élections Canada vivent une expérience identique. Roszko démontre une fois de plus qu'il est prêt à prendre tous les moyens nécessaires contre quiconque pour dissuader ceux qui auraient l'imprudence de venir fourrer leur nez dans ses affaires. C'est d'ailleurs précisément ce que des agents de la GRC s'apprêtent à faire... Le jour du massacre L'histoire commence de façon tout à fait banale. James Roszko avait fait l'acquisition d'un camion blanc de marque Ford vers la fin de l'année 2004. Peu de temps après, il découvre qu'un hayon arrière est cabossé. Lorsque Roszko soulève le problème auprès du concessionnaire Kentwood Ford, basé à Edmonton, celui-ci se dit prêt à offrir la réparation, mais pas à remplacer le hayon endommagé. Insatisfait, Roszko prend alors la décision de mettre fin à ses paiements sur le véhicule. Entre-temps, le concessionnaire Ford ne parvient pas à valider les informations concernant le crédit de Roszko tandis que ce dernier ne retourne pas ses appels. Un bureau de huissier est donc mandaté pour reprendre possession du véhicule. Dans le milieu de l'après-midi du 2 mars 2005, deux huissiers s'annoncent à l'entrée de la propriété de Roszko, à Rochfort Bridge, une petite localité basée près de Mayerthorpe. Roszko se montre immédiatement hostile envers les deux huissiers, à qui il refuse le droit d'entrer en plus de les envoyer promener. Il lâche ses deux Rottweiler avant de prendre la poudre d'escampette en démarrant en trombe sur la route à bord d'un camion blanc. Il s'agit vraisemblablement du même véhicule que les huissiers ont pour mandat de récupérer. Il est possible qu'en quittant les lieux avec le camion recherché, Roszko se serait imaginé qu'il venait de priver les huissiers et les forces de l'ordre de tout motif légal pour pénétrer sur sa propriété, dont la dimension s'élève à 200 hectares. D'ailleurs, quand on sait ce que les policiers vont bientôt découvrir dans son hangar, on comprend facilement pourquoi il tient tant à les garder à distance. Si tel était le but recherché, la manoeuvre se solde par un échec car les deux huissiers ne tardent pas à contacter le détachement de la GRC de Mayerthorpe. Quatre policiers arrivent ensuite sur les lieux et fournissent aux huissiers des outils pour venir à bout du cadena verrouillant la barrière en fer qui bloque l'accès à la propriété de Roszko. Puis, les policiers suivis des huissiers pénètrent à l'intérieur d'un hangar géant de type Quonset se trouvant sur la propriété de Roszko. C'est à cet endroit qu'ils découvrent une plantation de marijuana, comptant environ 280 plants, ainsi qu'une génératrice qui avait récemment été volée. Ils remarquent aussi la présence d'un camion gris dernier cri de la marque Ford qui a été amputé de ses portières et de plusieurs autres pièces et d'un camion Chevy de type Sierra sur lequel les numéros de série ont été effacés. Les policiers voient aussi différentes pièces de véhicules, dont des pare-chocs, des tableaux de bord, des garde-boue et des pneus neufs. Ils en déduisent que Roszko trempe dans le recyclage de véhicules volés. Le travail des policiers ne fait alors que commencer. Les détachements de Mayerthorpe et de Whitecourt sont contactés afin qu'ils envoient des renforts tandis qu'un mandat de perquisition est sollicité pour procéder à la saisie des plants de cannabis. La perquisition, qui débute en soirée, dure toute la nuit et se poursuit le lendemain. Pendant tout ce temps, Roszko multiplie les appels téléphoniques pour dénicher un endroit sûr où il pourrait mettre son camion Ford à l'abri des huissiers. Le relevé des appels effectués sur son appareil cellulaire indique qu'il a cherché à joindre à de multiples reprises Shawn Hennessey, un mécanicien travaillant au magasin Kar Tire, de Barrhead, une ville située à 60 kilomètres de distance de chez Roszko. Lorsque Roszko parvient à entrer en contact avec Hennessey, celui-ci se montre méfiant. Il refuse d'autoriser Roszko à planquer son camion chez lui parce que ce dernier ne veut pas lui expliquer les raisons de sa demande. Roszko téléphone également à sa tante et à sa mère dans le même but. À force d'insister, sa tante finit par céder. Roszko stationne le véhicule dans une remise située sur les terres de sa tante, lesquelles sont basées à 24 kilomètres de chez lui. Le 3 mars, à 4h am, le hangar de Roszko a été vidé de tous les plants de marijuana qu'il contenait. À ce moment-là, la présence policière sur les lieux se limite à deux jeunes agents, soit les constables Leo Johnston, du détachement de Mayerthorpe, et Anthony Gordon, du détachement de Whitecourt. Vers 9h am, ceux-ci sont rejoints par les constables Peter Schiemann et Brock Myrol, tous deux du détachement de Mayerthorpe. Puis, vers 9h15 am, ou vers 9h56 am, dépendamment des versions diffusées par la GRC, deux autres policiers viennent s'ajouter sur les lieux. Il s'agit des constables Steve Vigor et Garrett Hoogestraat de la section des vols de véhicules automobiles du détachement de la GRC d'Edmonton. Selon un communiqué de la GRC diffusé le lendemain (5), les deux policiers d'Edmonton auraient entendus des détonations d'armes à feu provenant du hangar au moment même où ils descendaient de leur véhicule. Toujours selon cette version, un suspect armé aurait ensuite fait irruption du hangar et un échange de coups de feu serait survenu entre lui et les deux agents. Touché par balle, le suspect aurait alors fait marche arrière en retournant à l'intérieur du hangar. À partir de ce moment, l'alerte est donnée à tous les corps policiers de la région. Les unités des groupes tactiques d'intervention (l'équivalent du SWAT) d'Edmonton et de Red Deer sont appelés sur les lieux, autour duquel un périmètre de sécurité est errigé. Les Forces armées canadiennes sont même contactées. Si l'on se fie à la version officielle, les policiers présents ignorent à ce moment-là dans quel état se trouve les quatre constables qui seraient toujours à l'intérieur du hangar. Tout ce qu'ils savent, c'est qu'aucun des quatre ne répondent aux appels radios qui leur sont adressés. Bien qu'un tel silence ne soit sûrement pas bon signe, rien ne permet toutefois de conclure avec certitude que les quatre policiers ne sont plus de ce monde. Peut-être sont-ils à l'article de la mort ou en train de se vider de leur sang. Dans un contexte où la vie de certains de ces quatre constables est peut-être sérieusement en péril, chaque minute peut compter. Or, que font donc leurs nombreux collègues policiers qui ont pris position autour des lieux pendant ce temps-là ? Hé bien, à en croire la version officielle, ils auraient attendu plus de quatre heures avant d'intervenir ! Vers 14h00, un robot équipé d'une caméra vidéo aurait été envoyé en éclaireur pour filmer des images de l'intérieur du hangar. Puis, vers 14h15, les unités du SWAT donnent l'assaut. Les corps sans vie de quatre agents de la GRC auraient été découverts dans le hangar, de même que celui du suspect, qui sera vite identifié comme étant le propriétaire des lieux, soit James Roszko. Selon la GRC, Roszko portait trois armes à feu sur lui, soit une carabine semi-automatique Heckler & Koch, modèle 91, de calibre .308, équipée d'une lentille télescopique, un pistolet Beretta 9mm et enfin un fusil à long canon. Roszko n'était pas seulement armé jusqu'aux dents, il semblait également vachement bien préparé. Selon un rapport d'autopsie obtenu par CBC, Roszko a même mis des bas noirs par-dessus ses bottes, un vieux truc de chasseur pour couvrir le bruit de ses pas et ses traces dans la neige. Il portait d'ailleurs plusieurs couches de vêtements, cinq sur le haut de son corps et trois sur le bas. (6) À en croire la GRC, Roszko aurait donc pris par surprise les quatre agents, lesquels n'auraient pas été en mesure d'opposer une résistance digne de ce nom. Blessé par balles, Roszko aurait ensuite préféré se donner lui-même la mort plutôt que de se rendre ou encore d'être abattu à son tour par la police. Un homme qui semble aussi bien préparé ne peut donc pas avoir agit sur un coup de tête. Mais il y a seulement un hic: si le projet de Roszko consiste vraiment à abattre un maximum de policiers, quitte à y laisser sa propre peau, comment alors expliquer qu'il déploie autant d'efforts durant les dernières heures qu'il lui reste à vivre à chercher un endroit sûr pour planquer un camion dont il n'aura vraisemblablement bientôt plus aucun besoin ? Mystère ! Place aux doutes Le massacre de Mayerthorpe donne d'abord lieu à toute une gamme d'émotions. Les sentiments d'horreur, de consternation, de tristesse, de colère et d'indignation se succèdent chez les proches des quatre policiers tués, qui eux font l'objet de funérailles à grands déploiements. Bref, il ne fait aucun doute que cet événement passera à l'histoire. Compte-tenu des circonstances particulièrement funestes, on se serait attendu à ce que la grande famille de la GRC resserre les rangs et fasse preuve d'unité dans le deuil. Mais la poussière n'est même pas retombée que déjà certains officiers à la retraite de la GRC choisissent de laver leur linge sale en public et n'hésitent pas à tirer à boulets rouges sur la manière dont les opérations ont été gérées sur la propriété de Roszko. C'est ainsi que l'émotion laisse vite place au doute. Al Kirbyson est un ancien sergent d'état-major de la GRC qui a pris sa retraite en 1994, après 36 années de service. Il croit qu'il y a eu confusion au niveau des priorités et que les policiers qui se trouvaient sur la propriété de Roszko étaient trop au-dessus de leurs affaires. Selon lui, la Gendarmerie aurait dû prioriser la capture de Roszko, sans quoi les policiers présents sur les lieux ne se trouvaient pas en sécurité. (7) Clyde Kitteringham, un ancien surintendant de la GRC qui consacra une bonne partie de ses 39 années de service à travailler dans l'Alberta rurale, va encore plus loin dans ses critiques. Il dénonce sans détour ce qu'il appelle «un manque flagrant de protection des policiers qui ont été tués la semaine dernière par James Roszko». (8) Convaincu qu'il y a eu négligence au niveau de la supervision ce jour-là, l'officier à la retraite appelle même à la tenue d'une enquête indépendante pour examiner cette question ainsi que celle de l'évaluation du risque que représentait Roszko. Il est vrai que les quatre agents assassinés étaient tous d'assez jeunes policiers, leur âge variant de 25 à 32 ans. Aucun d'entre eux n'ont d'ailleurs eu affaire à Roszko durant les années '90, soit la période lors de laquelle il est réputé avoir fait la pluie et le beau temps à Mayerhtorpe et ses environs. Avec ses quatre années et trois mois de service, le Cst Schiemann était celui qui comptait le plus d'expérience alors que le Cst Myrol, qui avait commencé à travailler dans la GRC depuis seulement un mois, était le plus novice des quatre policiers assassinés. Paradoxalement, le policier comptant le plus grand nombre d'années d'expérience était aussi celui qui était le moins outillé parmi les quatre constables décédés. En effet, lors de la journée fatidique, l'agent Schiemann ne portait ni arme à feu, ni gilet pare-balles. En fait, il était habillé en civil et n'avait même pas été affecté à cette opération ce jour-là. Que faisait-il là, alors ? La GRC a une explication à ce sujet. Si le Cst Schiemann ne portait ni arme, ni uniforme, c'est parce qu'il devait se rendre à Edmonton pour aller faire des emplettes pour son détachement ce jour-là et que le port de l'uniforme est «généralement inapproprié» dans de pareilles circonstances. Quant à sa présence sur la propriété de Roszko, la GRC l'explique en disant que le policier qui devait transporter le Cst Myrol sur les lieux afin de relayer l'agent Gordon avait été rappelé à son détachement à la dernière minute, et que le Cst Schiemann s'est alors offert spontanément d'aller le conduire à cet endroit. D'après Kitteringham, les responsables de la GRC auraient dû dépêché le SWAT pour sécuriser les lieux avant d'y envoyer des agents juniors. Une opinion que le responsable aux relations avec les médias, le caporal Wayne Oakes, balaie du revers de la main. «Si nous avions envoyé plus de monde là-bas, nous aurions plus de monde à enterrer», rétorque-t-il. (9) Mais comment la GRC peut-elle prétendre avec une si grande certitude que la présence du SWAT ou d'un nombre additionnel de policiers n'aurait fait aucune différence alors que du même souffle la Gendarmerie est la première à admettre qu'elle est parfaitement incapable d'expliquer comment Roszko a pu s'y prendre pour éliminer quatre policiers ? Car ce même Cpl Oakes reconnaît lui-même que la GRC ne sait même pas si Roszko s'est d'abord caché dans son hangar à attendre que les policiers y entrent pour ensuite les abattre ou s'il a plutôt attendu que les policiers pénètrent d'abord dans son hangar pour ensuite y entrer à son tour et aller les descendre une fois rendu à l'intérieur. En d'autres mots, la GRC semble nager en plein mystère. Malgré leur prétention à l'ignorance, les porte-paroles de la GRC ne se privent pourtant pas de répéter sur toutes les tribunes que la tuerie de Mayerthorpe est le résultat d'une embuscade meurtrière tendue par Roszko. (10) N'y a-t-il pas quelque chose de légèrement contradictoire entre ces deux affirmations ? Soit vous ne savez vraiment rien ou soit savez quelque chose. Ce ne sont pas là les seules incohérences dans les prises de position publiques des porte-parole officiels de la GRC dans le dossier Mayerthorpe. Normalement, si nous avions affaire au pire massacre de policiers de l'histoire moderne du Canada, on s'attendrait à ce que la GRC crie sur tous les toits qu'elle ne ménagera aucun effort pour découvrir ce qui s'est passé ce jour-là, quitte à retourner chacune des pierres se trouvant sur la propriété de Roszko s'il le faut. C'est le genre de baratin que nous servent habituellement les porte-parole policiers lorsqu'ils veulent convaincre l'opinion publique qu'ils sont bien déterminés à aller jusqu'au fond des choses. Or, trois jours à peine après la tuerie, certains responsables de la GRC laissent déjà entendre que l'on ne connaîtra peut-être jamais toute la vérité sur le massacre de Mayerthorpe. «Nous n'avons pas de boule de cristal avec laquelle nous pouvons recevoir toutes les réponses en soufflant la poussière dessus», dit le Cpl Oakes. (11) La Gendarmerie donne ainsi l'impression qu'elle cherche à réduire les attentes de l'opinion publique en la préparant subtilement à accepter de vivre avec le fait qu'elle ne saura peut-être jamais le fin fond de l'affaire. Disons que ça augure plutôt mal pour la recherche de la vérité... (LA SUITE DANS LA DEUXIÈME PARTIE) Sources: (1) The Globe and Mail, «What have the Mounties learned from a tragedy?», Dawn Walton and Katherine Harding, February 25, 2006, p. A4. |
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