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Un autre budget au service des capitalistesEric Smith, Domingo, Marzo 2, 2008 - 22:37 Au-delà des joutes politiciennes qui ont retenu l'attention des journalistes sur la colline parlementaire et du spectacle minable offert par l' «opposition» officielle et son chef Stéphane Dion, le budget présenté mardi dernier par le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty n'a rien eu d'étonnant. Une fois de plus, il s'agit pour le gouvernement d'assurer la rentabilité du capital canadien, tout en consolidant les fonctions répressives de l'appareil d'État. Les quelques critiques qui ont été entendues sur ce budget ont surtout fait ressortir ce qu'on n'y trouve pas: il n'y a là, en effet, aucune mesure, sauf quelques grenailles, pour venir en aide aux travailleurs et travailleuses qui subissent la crise du secteur manufacturier et de l'industrie forestière. Rien, non plus, pour le logement social, la santé ou l'éducation, qui en auraient pourtant bien besoin. Parmi les nouveaux investissements de l'État, on retiendra surtout l'augmentation de 5,9% du budget de la défense, largement supérieure à la hausse du coût de la vie, ainsi que la création d'une fiducie de 400 millions $ -- le «Fonds de recrutement de policiers» -- visant à favoriser l'embauche de 2 500 nouveaux flics, qui seront chargés de maintenir la loi et l'ordre bourgeois à travers le pays. Cela s'ajoute à l'embauche de 1 000 policiers supplémentaires au sein de la GRC, qui découle du budget de 2006. Bizarrement, cette annonce est survenue en même temps que celle de la mise sur pied d'un nouveau programme visant à réduire de 10% le nombre de porcs reproducteurs canadiens. Faut-il voir un lien entre ces deux décisions, voire un possible effet de «vases communicants»? Aux dires du président du Conseil du patronat du Québec, Michel Kelly-Gagnon, la «meilleure nouvelle de ce budget» reste la création d'une société d'État indépendante qui gèrera désormais la caisse d'assurance-chômage. Depuis les réformes amorcées dans les années 1980 par le gouvernement Mulroney (et poursuivies allègrement par les gouvernements libéraux qui lui ont succédé), le régime d'assurance-chômage n'est plus l'ombre de ce qu'il a déjà été. Alors qu'à une époque pas si lointaine, environ 85% des travailleurs et travailleuses qui se retrouvaient en chômage avaient droit aux prestations, à peine 40% des chômeurs et chômeuses ont désormais accès au régime. C'est ainsi que la caisse d'assurance-chômage a fini par accumuler des surplus totalisant plus de 50 milliards de dollars, qui ont été utilisés pour combler le déficit budgétaire de l'État. Cette réforme réalisée sur le dos des chômeurs et chômeuses a réellement eu un «effet structurant» pour les capitalistes canadiens. Elle a eu pour effet d'attacher, littéralement, les travailleurs et travailleuses à leur employeur (celui ou celle qui quitte «volontairement» son emploi perd en effet tout droit aux prestations). Ce faisant, elle a fortement contribué à maintenir une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de tout le prolétariat canadien. Dans le contexte de l'actuelle crise du secteur manufacturier, les effets de cette réforme se font sentir avec plus de force que jamais. En créant le nouvel Office de financement de l'assurance-emploi du Canada, le gouvernement vient consacrer le vol de la caisse d'assurance-chômage et il s'assure qu'à l'avenir, le régime demeurera tel qu'il est -- i.e. qu'il restera pourri, puisque ses revenus et dépenses devront s'équilibrer. Soit dit en passant, le budget Flaherty vient ici répondre à une «revendication» pilotée par le Bloc québécois, les centrales syndicales et certains groupes de «défense» des chômeurs et chômeuses, dont les accointances avec les partis bourgeois sont notoires. Avec des «amis» comme ça, les chômeurs et chômeuses n'ont certes pas besoin d'ennemis... Bref, le dépôt et l'adoption du budget Flaherty sans opposition digne de ce nom prouvent une fois de plus qu'on n'a rien à attendre du parlement bourgeois et qu'on est bien mieux de s'organiser pour combattre et renverser le système capitaliste, de fond en comble. -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 171, le 2 mars 2008.
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