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Dion s'écrase, la bourgeoisie poursuit sa guerreEric Smith, Domingo, Febrero 24, 2008 - 21:17
Le Drapeau rouge-express
Comme on pouvait s'y attendre, les deux ailes du parti unique de la grande bourgeoisie canadienne (libéraux et conservateurs) se sont entendues cette semaine à Ottawa sur le libellé d'une motion, qui sera bientôt soumise à la Chambre des communes, visant à prolonger la «mission» de l'armée canadienne en Afghanistan au moins jusqu'en 2011. Depuis le dépôt du rapport Manley à la fin janvier (voir Le Drapeau rouge-express n° 168, http://ledrapeaurouge.ca/2008/01/rapport-manley), on savait que les dés étaient jetés et que la position de la bourgeoisie canadienne était fermement arrêtée en faveur du maintien de la participation du Canada à l'occupation impérialiste d'un pays autrefois souverain, et désormais sous tutelle. CertainEs avaient peut-être espéré que les partis d'opposition, qui regroupent une majorité de députéEs, feraient échec aux plans du gouvernement Harper et du haut commandement des Forces canadiennes, qui sont tous deux bien décidés à consolider l'alliance entre le Canada et l'impérialisme US, dans le cadre de la «guerre contre la terreur» déclenchée par l'administration Bush aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001. Mais cette «opposition» s'est dégonflée comme une baudruche. Sur le plan strictement politique, il est évident que Stephen Harper a l'air d'un génie à côté du chef de l'opposition Stéphane Dion. Ce dernier semble en effet avoir oublié sa colonne vertébrale au vestiaire du Palais des congrès le 2 décembre 2006, lorsqu'il a remporté, contre toute attente, l'investiture du Parti libéral. Mais ce n'est pas la mollesse tout à fait singulière de Dion (sans doute inégalée sur la scène politique canadienne depuis le bref passage de Joe Clark au poste de Premier ministre en 1979-80) qui explique ce dénouement consternant. Libéraux et conservateurs ont compris -- et leur unité est parfaite sur cette question -- que les intérêts de la grande bourgeoisie passent par le renforcement et le déploiement des capacités militaires de l'armée canadienne, dans le camp du plus fort, qui est celui de la première puissance hégémonique, les États-Unis. Le jour même où il a annoncé son accord avec les amendements proposés par les libéraux comme «conditions» pour leur acquiescement au prolongement de la mission canadienne, Stephen Harper a également annoncé que les dépenses militaires seront désormais automatiquement indexées de 2% chaque année à compter de 2011-2012 -- cela, alors que le Canada compte déjà le sixième budget militaire en importance des pays membres de l'OTAN. Le Premier ministre a motivé ainsi la décision de son gouvernement: «Les pays qui ne contribuent pas de manière significative à la sécurité planétaire ne sont pas considérés comme des joueurs sérieux. Oh! certes, ils sont appréciés de tous, ils sont vus d'un bon œil de tous, mais lorsque des décisions difficiles doivent être prises, personne ne tient compte d'eux... Le Canada a besoin d'une armée crédible pour être un leader crédible.» (La Presse canadienne, 21/02/2008; Le Devoir, 22/02/2008) Bref, ce n'est pas tant pour aider le peuple afghan à se libérer des chaînes de l'oppression (cela, on s'en doutait bien!) que l'armée canadienne est déployée en Afghanistan, mais pour défendre et consolider la place de l'impérialisme canadien du côté des dominants, dans le cadre du partage injuste et inégal du monde qui persiste à l'échelle internationale. -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 170, le 24 février 2008.
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