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Mexique: Ce n'est pas «le changement climatique» qui est la cause première de la mort et des souffrances des exploités

Anonyme, Viernes, Febrero 22, 2008 - 12:03

Communistes Internationalistes de Montréal, Fraction Interne du Courant Communiste International

Contrairement à ce qu'on essaie de nous faire croire, ce n'est pas le changement climatique qui est responsable de la souffrance des populations. En réalité c'est l'avidité du capitalisme dans sa soif de richesse et de pouvoir. Le prolétariat ne doit pas se laisser avoir par la propagande des écologistes qui "luttent" pour que ceux qui nous exploitent fassent quelque chose dans les grands sommets où l'on "examine" les changements climatiques et où l'on ne fait rien, comme le sommet de Kyoto entre autres.

Nos camarades de la Fraction Interne du Courant Communiste International ont publié cet article en décembre 2007.
- Des Communistes Internationalistes de Montréal

Mexique :Ce n'est pas "le changement climatique" qui est la cause première de la mort et des souffrances des exploités, mais les conditions de vie et de travail que leur impose le capitalisme

Explosion de plate-formes pétrolières

Fin octobre et début novembre, trois événements ont profondément touché l'existence de milliers de personnes du sud du Mexique ; ils ont eu pour conséquence la mort de dizaines de personnes et le dépouillement total de milliers d'autres par la destruction de leurs foyers due aux inondations.

Le 23 octobre, 86 ouvriers de Petróleos Mexicanos sur la côte de Campeche ont dû abandonner en urgence les plate-formes pétrolières à cause de l'explosion d'un de ses puits provoquée par le tangage des plate-formes sous l'effet des pluies ; certains d'entre eux ont trouvé refuge sur un bateau et d'autres ont essayé de sauver leur peau grace à des sortes de ceintures de sauvetage appelées "mandarinas" du fait de leur forme sphérique et de leur couleur orangée. Ce sont ceux qui ont eu recours à cette deuxième solution qui ont fait le plus de victimes du fait que les ceintures étaient incapables de supporter les turbulences dues aux pluies orageuses. Ceux qui ont utilisé les "mandarinas" se sont, en réalité, trouvés pris dans de véritables pièges dont personne ne pouvait sortir vivant ; peu de temps après la "catastrophe", des ceintures déchirées ont été retrouvées sur les côtes de Campeche tandis qu'apparaissaient des corps mutilés parmi lesquels on a compté plus de 20 décédés.

L'inondation du Tabasco

7 jours après, l'Etat du Tabasco - qui est contigu à celui de Campeche - s'est trouvé quasiment en totalité sous les eaux, en partie du fait des pluies mais principalement par l'arrivée de torrents d'eau provenant du débordement de pas moins de trois rivières, dont l'une provenant des Chiapas et parcourant la plus grande partie de cet État.

Les pluies incessantes sur le sud du pays ont provoqué le remplissage complet des retenues d'eaux de pluie qui ont dû être libérées, mais cela a été fait sans que la population en soit averti préalablement ; cette tragédie, qui aurait pu être évitée, a mis en un instant la population en péril, car l'eau n'a mis qu'une quarantaine de minutes pour recouvrir les maisons, ne laissant aux habitants aucune possibilité de réagir. Le chiffre des sinistrés approche le million de personnes.

Glissement de terrain sur les berges du Rio Grijalva dans le Chiapas

Le 4 novembre, au milieu de la nuit, aux limites de Tabasco et de Chiapas, du fait des pluies diluviennes, un coteau s'est effondré sur la rivière Grijalva, ce qui a occasionné un bouchon de 800 mètres de long et 300 mètres de hauteur qui a, dans un premier temps, provoqué un petit tsunami lequel a complètement recouvert le village proche de San Juan de Grijalva. Sur une population de 400 habitants, seuls 120 ont été rescapés, c'est à dire que les 3⁄4 de ce village ont succombé à la tragédie.

Trois événements séparés mais la terreur, la mort et les souffrances ont une même cause : les conditions de vie que le capitalisme impose à la population

Depuis quelques années, la bourgeoisie - ses politiciens, ses médias, ses scientifiques - a pris l'habitude de mettre sur le dos du "changement climatique" l'essentiel des souffrances de l'humanité, comme si un tel phénomène venait du néant. C'est le capitalisme qui est responsable d'un tel phénomène avec l'exploitation effrenée de la nature, de même qu'il est la cause de tant d'autres maux de par sa propre logique de rapines immodérées, pour son seul bénéfice et au détriment des autres.

Il est vrai que les conditions naturelles du milieu ambiant auxquelles la population est soumise, comme les pluies, les tremblements de terre, les explosions volcaniques, etc. ont toujours existé. Cependant comme le système capitaliste n'oeuvre pas au bénéfice de la société dans son ensemble mais au seul bénéfice d'une classe particulière, la bourgeoisie, le reste de la population - dans la logique de ce système et selon la nature de la classe privilégiée - ne peut servir qu'à ses propres fins, c'est-à-dire comme une masse de salariés et d'exploités et comme chair à canon ; et tant que ces conditions se perpétuent, le but du capital est de chercher à obtenir le meilleur profit possible de l'exploitation de la force de travail, en investissant le moins possible dans la main d'œuvre, en réduisant au minimum les salaires, les budgets sociaux, les moyens de vie, les infrastructures communes, etc.

C'est ainsi que les conditions de sécurité dans lesquelles travaillent les ouvriers comptent, pour la bourgeoisie, autant qu'une guigne, de même que les conditions dans lesquelles ils vivent. Bien qu'ils aient su que les "mandarinas", dans le cas de la compagnie des pétroles Mexicains, ne supporteraient pas les conditions d'une tempête, ils les ont mises là pour "les cas d'urgence". Elles se sont révélées être ce qu'elles sont vraiment : un véritable piège à rat au milieu de la tempête de pluie qui a balayé la région.

Immédiatement, l'ensemble de la bourgeoisie s'est rué pour justifier la tragédie que les ouvriers du pétrole ont vécue dans leur chair et dans leur foyer, en prenant comme bouc émissaire le "changement climatique" ; mais ils ont tous gardé le silence sur les conditions dans lesquelles travaillent nos frères de classe.

Le Gouverneur de Tabasco, parlant des inondations, a mis la catastrophe sur le dos d'un front froid. Il oublie de dire qu'ils savaient tous que la ville de Villahermosa et une partie de la région de Tabasco se trouvent dans une cuvette - donc, que ce qui est arrivé aujourd'hui, avec les fortes précipitations, était prévisible - et que des investissements auraient pu être faits pour éviter la catastrophe. On dit même que, dans les Comptes de l'ex-gouverneur de la région, Roberto Madrazo Pintado, ceux-ci sont passés en tant que dépenses, par un jeu d'écritures, bien que les travaux pour éviter les inondations n'aient jamais été accomplis.

En même temps, concernant l'accident des plates-formes pétrolières, pour le chef de la Semarnap (Secrétariat à l'environnement et aux ressources Naturelles), Juan Rafael Elvira Quezada, le changement climatique est responsable de l'accident : "les vagues de 12 mètres qui ont frappé la plate-forme ont dépassé les standards et les systèmes de sécurité de la Pemex".

Et, cerise sur le gâteau, le président de la République, Felipe Calderón Hinojosa a sans hésiter et immédiatement déclaré : "L'origine et la cause de cette catastrophe se trouvent précisément dans le changement climatique énorme qui, qu'on le veuille ou non, l'a provoquée ".

Dans le cas de l'effondrement de la colline, ce sont les salariés qui, par leur position économique, forment les véritables ceintures de misère en vivant dans les conditions les plus malsaines et dans les lieux les moins vivables, comme c'est le cas pour ces habitants de l'ex-village de San Juan de Grijalva qui vivaient aux abords du lit d'une rivière avec tous les dangers que cela implique. Et, à aucun moment, les autorités n'ont proposé ou fourni d'autres lieux d'habitation, même après la tragédie. Elles n'ont reconnu qu'une vingtaine de 20 morts parce que les autres personnes ont disparu (!!!), tromperie avec laquelle elles prétendent dissimuler la véritable ampleur des tragédies que doivent subir les couches les plus menacées de la population ; c'est le même prétexte qui a été utilisé dans l'inondation de Tabasco : il n'y a pas de chiffres des morts, seulement des disparus.

Et face à la tragédie, on prétend réveiller la solidarité humaine en repassant, dans les médias, les images terribles et en nous appelant à fournir le maximum d'aide à ceux qui sont dans le malheur, comme si nous étions coupables des effets des catastrophes. D'un côté on nous appelle à fournir des aides, de l'autre on annonce des sommes extraordinaires d'argent octroyées par le gouvernement fédéral pour sauver la petite et moyenne industrie. Tandis que, dans ce lieu, on entend, de toutes parts, les plaintes des sinistrés qui ne voient pas arriver les approvisionnements indispensables à leur survie. Sans compter que, dans le cas des inondations, on estime qu'il faut trois mois environ pour que tout soit asséché, avec toutes les conséquences - maladies, chômage, pénurie... - que cela implique. Dans le cas de Tabasco, l'essentiel des souffrances est encore à venir.

Ainsi, contrairement à ce qu'on essaie de nous faire croire, ce n'est pas le changement climatique qui est responsable de la souffrance des populations. En réalité c'est l'avidité du capitalisme dans sa soif de richesse et de pouvoir. Le prolétariat ne doit pas se laisser avoir par la propagande des écologistes qui "luttent" pour que ceux qui nous exploitent fassent quelque chose dans les grands sommets où l'on "examine" les changements climatiques et où l'on ne fait rien, comme le sommet de Kyoto entre autres. Ce n'est pas en plantant un arbre que nous allons diminuer les problèmes qui nous affligent, mais en mettant à bas le système capitaliste. Notre combat commence par la lutte pour de meilleures conditions de vie - incluant des améliorations au niveau des salaires, des logements, de la santé, etc... - que, sans cesse, la classe dominante cherche à réduire au strict minimum en faisant que les prolétaires vivent dans les pires conditions de misère et qu'ils soient la proie facile des phénomènes naturels, des maladies et autres calamités. Les conditions de vie sont le reflet de la condition de classe de chacun. Alors que la bourgeoisie, détentrice des richesses, dispose de tous les moyens nécessaires pour éviter de subir de telles situations, le prolétariat, lui - qui ne possède aucun moyen de production et qui est obligé de vendre sa force de travail pour pouvoir subsister -, est celui qui, dans la réalité, dispose des moyens minimaux pour faire face aux maladies, aux catastrophes naturelles, etc. Pour l'essentiel, nos conditions de vie sont déterminées par la position économique que nous avons dans le système capitaliste. Mais c'est grâce à ces conditions que nous fait subir jour après jour le capitalisme que nous prendrons conscience que c'est seulement en mettant un terme à la domination de notre ennemi de classe que nous pourrons offrir un monde meilleur à l'ensemble de l'humanité.

La Fraction, décembre 2007

Bulletin Communiste 42 - FICCI

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