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Rapport Manley: la bourgeoisie décidée à poursuivre la guerreEric Smith, Lunes, Febrero 4, 2008 - 11:15 (Analyses | Guerre / War)
Le Drapeau rouge-express
Comme on pouvait s'y attendre, le rapport du «Groupe d'experts indépendants [sic] sur le rôle futur du Canada en Afghanistan», mis sur pied par le gouvernement Harper et dirigé par l'ex-ministre libéral des Affaires étrangères John Manley, propose de poursuivre la «mission diplomatique» canadienne en Afghanistan (lire: l'intervention militaire) au-delà du mois de février 2009, date à laquelle elle doit en principe se terminer. Nous écrivons «comme on pouvait s'y attendre» pour des raisons évidentes, que le collectif Échec à la guerre a fort bien décrites dans un communiqué diffusé mardi dernier. C'est que contrairement à ce que son nom indique, ce «groupe d'experts» n'a jamais rien eu d'indépendant: ses cinq membres siègent en effet aux conseils d'administration de plusieurs grandes corporations canadiennes, incluant des entreprises des secteurs militaire et pétrolier. John Manley, pour un, a notamment présidé le Task Force on the Future of North America, qui a recommandé en 2005 la mise en place du fameux Partenariat pour la sécurité et la prospérité entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Au nom des «intérêts du Canada» (qui passent bien avant ceux du peuple afghan dans son rapport officiel), le comité Manley propose donc de prolonger la mission militaire canadienne dans la région de Kandahar. Ces «experts» justifient cette recommandation par la nécessité, pour le Canada, de ne pas perdre la face devant la communauté internationale. Tant que les forces d'occupation n'auront pas réussi à mettre sur pied une armée et une force de police dignes de ce nom en Afghanistan, il ne saurait être question de retirer les troupes canadiennes. Une fois cet objectif atteint, «le Canada pourra un jour passer d'un rôle militaire à un rôle civil» (John Manley, cité par Le Devoir, 23/01/2008). Dans l'optique de la grande bourgeoisie, la domination canadienne et étrangère sur l'Afghanistan se poursuivra donc pour l'éternité, en s'appuyant idéalement sur un État croupion soumis aux diktats des grandes puissances impérialistes. Mais un tel dénouement n'est pas envisageable à court ou à moyen terme. Cela, parce que «la situation dans le sud du pays a évolué de manière beaucoup difficile que prévu»: les «talibans» s'avèrent en effet bien plus coriaces que ce que les stratèges impérialistes avaient envisagé (Le Devoir, 26/01/2008). John Manley rappelle lourdement que c'est l'ancien gouvernement libéral de Paul Martin qui a choisi de déployer les troupes canadiennes dans la région de Kandahar. Il aurait pu ajouter que c'est celui de Jean Chrétien, dont il faisait partie, qui a décidé de participer à cette guerre aux côtés de l'impérialisme US, après que George W. Bush eut exigé de ses alliés traditionnels qu'ils choisissent leur camp («vous êtes avec nous ou contre nous») après les attentats du 11 septembre 2001. Ce faisant, il rappelle surtout à l'actuelle «opposition» (?) libérale quelle est la position de la grande bourgeoisie canadienne dans le contexte international actuel -- une position à laquelle Stéphane Dion devra se tenir, sous peine d'être évincé de la direction du Parti libéral. S'il y avait encore des gens pour penser qu'en défaisant le gouvernement Harper dans une éventuelle élection, on pourrait mettre fin à la guerre impérialiste, la parution du rapport Manley vient sans doute de dissiper leurs dernières illusions. Qu'on se le dise: la lutte contre la guerre impérialiste ne se mènera pas dans les couloirs du parlement canadien; elle triomphera dans les rues de Bagdad, à Kandahar et partout au Moyen-Orient, à travers la lutte révolutionnaire des masses contre les fauteurs de guerre impérialistes et leurs alliés. -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 168, le 27 janvier 2007.
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